Billet invité.
Il est arrivé à la BCE ce que la Commission de Bruxelles venait de subir : à peine un mirifique projet est-il énoncé qu’il est sans plus tarder démonté et considéré comme ne pouvant atteindre ses objectifs. Et il est proposé que la BCE achète les tranches les plus risquées des CDO du plan d’investissement Juncker, au prétexte qu’elles seront garanties par la Commission. Dans cette histoire, qui est l’aveugle, qui est le paralytique ?
La BCE est désormais suspectée de préparer un assouplissement quantitatif de gagne-petit, additionnant la portée présumée de ses différents programmes, dont celui-ci quand il sera décidé, pour aboutir à l’augmentation annoncée de 1.000 milliards d’euros de la taille de son bilan. Mais des calculs sur un coin de nappe d’analystes réputés, comme ceux de l’institut Bruegel, aboutissent à des estimations du double si l’on veut que la création monétaire en question remplisse son office présumé. Parallèlement, il est tenu pour acquis que la BCE organisera ses achats au prorata de la participation des banques centrales nationales à son capital, afin d’éviter toute accusation de financement de la dette publique d’un pays en particulier.
S’inscrivant dans ce cadre, Ignazio Visco, le gouverneur de la Banque d’Italie qui a pris la succession de Mario Draghi, aurait poussé les feux afin que l’enveloppe de la BCE soit bien supérieure, pour que la dotation de son pays le soit également. Selon Reuters, le gouverneur s’alarmerait de voir la pression déflationniste s’intensifier dans les prochains mois, aboutissant à ce que l’Italie entre de plein pied dans la déflation.
Il y a de quoi ! Standard and Poor’s vient d’abaisser sa note de l’Italie de BBB à BBB-, le dernier stade avant celui des obligations pourries. La dette publique italienne atteindrait selon ses calculs 2.256 milliards d’euros en 2017, en augmentation de 80 milliards d’euros par rapport à ses précédentes prévisions de juin dernier. Tel est le résultat inévitable de la coexistence d’une énorme dette et de treize trimestres consécutifs de décroissance. Le panorama italien continue de se détériorer, contribuant à la japonisation de la zone euro.
L’économie allemande peut-elle y faire obstacle ? Après l’avoir encensée, les commentaires se font plus prudents, voire très critiques à son propos. Non seulement en raison de sa dépendance aux exportations dans un environnement international peu propice, mais également de besoins en investissements auxquels il n’est pas répondu, le tout dans le contexte d’un désendettement hautement prioritaire, mais en réalité très fragile. Le rempart que représente l’Allemagne n’est pas si solide.
Olaf Gersemann, le chef du service économique du quotidien Die Welt, s’explique à ce sujet dans une interview à l’Obs, à propos de son dernier livre intitulé « La bulle allemande ». Il remarque que les statistiques ne prennent pas en compte les « dettes implicites » que représentent les retraites que l’État s’est engagé à payer dans un pays par ailleurs vieillissant, et que l’équilibre budgétaire serait menacé par l’élévation d’un seul point du taux de la dette allemande, qui tout en ayant commencé à diminuer dépasse toujours les 2.000 milliards d’euros. Il aurait pu y ajouter la quote-part de l’Allemagne à la dette publique supportée par l’Eurosystème, dont celle de la Grèce, dont il faudra bien faire quelque chose si elle n’est pas remboursée…
Puisque l’on en parle, l’économie japonaise vient à nouveau d’entrer plus brutalement que prévu dans une récession dont elle ne parvient à sortir que faiblement et par épisodes. Avec comme conséquence que la dette publique la plus importante du monde relativement au PIB continue allègrement de croitre…
Réponse de o1 , et en attendant le réponse de o3 Je comprends que vous soyez curieux de savoir comment…