L’année financière 2014 a débuté dans l’inquiétude qui avait caractérisé le deuxième semestre 2013 : que se passerait-il lorsque le quantitative easing américain, la création mensuelle de 85 milliards de nouveaux dollars, prendrait fin ? Une annonce anticipée avait causé en juin la panique sur les marchés boursier et obligataire, l’injection d’argent frais ne trouvant pas de débouchés dans une économie mondiale anémique, et alimentant du coup les bulles financières. Sur ce plan, c’est en laissant dans son sillage un parfum d’amateurisme que Ben Bernanke quitta la direction de la Federal Reserve dont il avait été le gouverneur pendant huit ans. Mme Janet Yellen, personne connue pour sa compétence et sa modération de centre-gauche, prit sa suite en janvier 2014. Son mari, George Akerlof, prix Nobel d’économie en 2001, par ailleurs très respecté, lui serait de bon conseil.
Janvier secoua la direction du Parti Communiste chinois quand il apparut que les familles de dirigeants chinois parquaient leurs économies dans les havres fiscaux, et leurs enfants à des postes décemment rémunérés dans les grandes banques d’investissement américaines. La preuve était faite que ce n’était pas seulement au capitalisme sauvage que la Chine s’était convertie mais aussi au capitalisme de connivence, et là aussi avec l’enthousiasme du nouveau converti.
En avril, Michael Lewis, ancien de Salomon Brothers et auteur de nombreux ouvrages à succès, publiait Flash Boys, le produit d’une enquête menée par lui dans le milieu du High Frequency Trading. Le public y découvrait que le courtage à haute fréquence : l’achat et la vente de titres par des robots, plusieurs milliers de fois par seconde, était miné par la fraude. Émoi dans Landerneau car qui aurait pu s’en douter ? Pour Lewis, l’expérience de son titre précédent : The Big Short (Le casse du siècle) se répétait, ouvrage qui avait mis en évidence que la finance avait tenté de se refaire en 2008 en organisant des paris sur… l’effondrement du système financier. Alors que The Big Short accumulait les témoignages d’acteurs de cette arnaque colossale, le régulateur lui n’avait rien vu. Même scénario donc en 2014, cette fois pour le HFT : le régulateur ne s’était douté de rien ! Il en allait tout autrement bien entendu des quelques dizaines de témoins interrogés par Lewis dans chacun de ses livres. Une confirmation de plus du fait que non seulement la finance est incapable de s’autoréguler mais aussi que la présence d’un régulateur n’améliore pas sensiblement la qualité de la régulation, très probablement en raison de cette affection que les Anglo-saxons qualifient de « regulatory capture »
En fait, la preuve fut apportée en 2014 que la présence du régulateur est même susceptible d’empirer la situation. Ainsi dans le cas du scandale du Forex qui agita l’année. On savait déjà – en fait depuis 2008 – que les chiffres du LIBOR, les taux interbancaires des prêts internationaux libellés en dollars, étaient manipulés par les courtiers chargés de les établir. La banque britannique Barclays en avait fait tout particulièrement les frais, sa direction ayant été décapitée en 2012 du fait que l’opinion publique s’était rebiffée – prenant d’ailleurs à contre-pied le régulateur qui n’anticipait là qu’une procédure de routine. Or l’on découvrait que le marché des changes était lui aussi manipulé par les banques qui agissaient en collusion. Non pas que la fraude ait été d’envergure : les filouteries ne portaient que sur ce que le monde de la finance considère comme de très petites sommes, mais, enquête faite, il devenait clair qu’il n’était pas question ici de manipulateurs isolés : chacun s’y était mis, et avec entrain ! Il apparaissait une fois encore que la victoire de Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976, avait été totale : foin du client – ce gagne-petit ! – la banque travaille pour ses investisseurs, à l’exclusion de qui que ce soit d’autre !
Autre parallèle entre l’affaire du LIBOR et celle du Forex : le régulateur était impliqué, non pour avoir fermé les yeux comme à son habitude, mais ici dans le rôle du complice. Si, livrés à eux-mêmes, les courtiers étaient parvenus à manipuler les taux d’un à un et demi point de base (un centième de pour-cent), quand il agissaient à l’instigation du régulateur, c’est à concurrence de dizaines de points de base (jusqu’à 46), qu’ils avaient trafiqué les chiffres : une affaire d’une tout autre ampleur donc. Pourquoi l’avaient-ils fait ? Dans l’intérêt général : pour donner au secteur bancaire l’apparence d’une meilleure santé alors que la crise faisait rage. Ici, dans le cas du Forex, et mettant en cause une fois encore la Banque d’Angleterre, le régulateur avait fait comprendre aux courtiers que les manipulations constituaient un péché véniel sur lequel il serait fermé les yeux. La personne sur qui l’on put mettre un nom perdit son emploi, et l’affaire en resta là. Qui pourrait bien réprimander le régulateur après tout ?
Aucune interdiction d’exercice n’intervint, on serait tenté d’ajouter « bien entendu », pour aucune des banques prises la main dans le sac : les crimes financiers sont assimilés depuis de nombreuses années déjà à des blagues de potaches qu’il vaut mieux ignorer. Des amendes considérables sont cependant infligées dans certains cas, se chiffrant en centaines de millions d’euros ou de dollars, équivalant pour les établissements pénalisés souvent à plusieurs semaines de bénéfices, voire même plusieurs mois !
Interdiction d’exercer, il en fut cependant question dans le cas de la BNP Paribas, dans le collimateur du régulateur américain pour avoir créé et géré au bénéfice du Soudan une structure de banques écrans permettant à ce pays de contourner l’embargo économique mis en place par les États-Unis. Pourquoi diable avoir nargué ceux-ci sur un terrain où on sait cette nation tout particulièrement chatouilleuse ? En raison selon toute vraisemblance des intérêts économiques, plus spécifiquement pétroliers, de la France au Soudan. Durant les tractations visant à déterminer les pénalités qui seraient infligées, il fut question d’interdire à la BNP pour un temps toute transaction en dollars, ce qui aurait signé son arrêt de mort en tant que banque internationale. L’accord se fit sur un limogeage de fait d’une partie de la direction de la banque, de la maison-mère et de sa succursale suisse ; on apprenait en fin d’année que certains de ses dirigeants, MM. Prot, Pébereau et Bordenave, faisaient l’objet d’une enquête pour délit d’initié. Plus grave encore, le centre névralgique de sécurité financière de la banque dût émigrer aux États-Unis, transférant de facto BNP Paribas, et jusqu’à nouvel ordre, de la sphère d’influence française à la sphère d’influence américaine.
2014 fut aussi l’année durant laquelle l’affaire DEXIA aura connu son dénouement. La banque franco-belge avait sombré corps et biens en 2011. Les collectivités locales n’en restaient pas moins redevables des « crédits structurés » qu’elles avaient contractés auprès de DEXIA et d’autre vendeurs de ce que la presse avait appelé très charitablement des « produits toxiques » mais qu’il aurait été justifié de décrire de l’appellation plus appropriée d’un point de vue technique d’« escroquerie ». On se souviendra en effet que les « crédits structurés » combinent un prêt et une « option à barrière », le montant de la prime de l’option offerte par la collectivité locale à la banque accordant le crédit étant défalqué du taux du prêt, bonifiant celui-ci. La transaction transformait de fait le bénéficiaire du crédit en assureur de la banque sur des risques exotiques auxquels celle-ci se trouvait exposée par ailleurs : risque de change sur le franc suisse, le dollar, et bien d’autres encore. Comme on le sait, le concepteur du montage ou, si l’on veut, de la combine, la banque JP Morgan Chase, ne fut jamais inquiétée.
L’héritier de DEXIA, la SFIL, la Société de Financement local, ne disposant pas du volant financier lui permettant de continuer à payer les pots cassés, il fut décidé très pragmatiquement d’éteindre les poursuites judiciaires engagées par les collectivités locales contre les banques : un fonds d’un montant modeste épongerait une part des pertes essuyées et, selon une formule désormais bien rodée dans l’après-2008, plutôt que d’exiger des coupables qu’ils rendent compte de leurs méfaits, on préféra attribuer à pas-de-chance la responsabilité de toute l’affaire.
Thomas Piketty était en 2014 loin d’être un inconnu dans le monde anglo-saxon : ses articles relatifs à la concentration des richesses, en particulier ceux qu’il avait co-signés avec Emmanuel Saez de l’université de Berkeley, y avaient fait parler d’eux depuis de nombreuses années déjà. La publication en France en septembre 2013 du Capitalisme au XXIe siècle avait suscité un intérêt poli mais aussi une levée de boucliers dans la droite, un chroniqueur du Figaro allant jusqu’à parler à propos du livre de « marxisme de sous-préfecture ». La publication aux États-Unis de la traduction de l’ouvrage en juin 2014 suscita au contraire un très vif intérêt en dépit de l’allergie bien connue de ce pays aux thèses marxistes. Le Financial Times se formalisa lui de la sympathie manifestée au Capitalisme au XXIe siècle, et lança une offensive contre l’ouvrage, s’efforçant de mettre en cause la qualité de certaines données rassemblées par Piketty, accusations non totalement dénuées de fondement. L’offensive du quotidien britannique fit cependant long feu : il battit en retraite, allant même jusqu’à attribuer à Capitalism in the Twenty-First Century son prix du meilleur « business book » de l’année.
Enfin, à Bruxelles, le 1er novembre José Manuel Barroso laissa la place à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne. Le fait que celui-ci ait été longtemps la personnalité politique la plus éminente du Grand-Duché de Luxembourg, havre fiscal de premier rang, n’avait fait tiquer personne. On avait préféré s’interroger sur une commissaire s’étant auto-désignée à son poste ou sur un commissaire à l’énergie et au climat qui irait réguler un secteur où il avait exercé auparavant la fonction de lobbyiste. On jugea pour ce dernier, comme à l’habitude, que son activité mercenaire antérieure constituait un gage d’expertise dans son domaine.
Las ! pour M. Juncker à peine en poste, la presse quotidienne internationale se faisait l’écho de LuxLeaks, la révélation de 28.000 pages de documents d’archives de la firme d’audit PricewaterhouseCoopers répertoriant les conditions d’imposition défiant toute concurrence dont bénéficient les sociétés transnationales au Grand-Duché. M. Juncker ayant été pendant longtemps non seulement Premier ministre mais aussi ministre des finances de la petite nation, il paraissait peu vraisemblable qu’il ignore la chose – par ailleurs amplement documentée au fil des années à la fois dans la presse spécialisée et dans un certain nombre de best-sellers de la littérature financière.
Cet incident ajoutait au trouble régnant à la direction des affaires en Europe et dans la zone euro en particulier, la guerre que se livrent par voie de communiqués – car ils ont cessé de se rencontrer – M. Weidmann à la tête de la Bundesbank, la banque centrale allemande, et M. Draghi à la tête de la Banque centrale européenne, faisant désormais les choux gras de la presse financière. M. Weidmann n’avait pas digéré le coup de force du président de la BCE quand celui-ci avait déclaré solennellement en juillet 2012 que tout serait fait pour qu’aucun pays membre ne quitte la zone euro. Une telle prise de position était du seul ressort d’un Président européen, fonction qui, comme chacun sait, n’existe pas, et, l’occasion faisant le larron, M. Draghi s’était engouffré dans la brèche et s’était prononcé, au nom de la zone euro, pour sa survie. La cour constitutionnelle de Karlsruhe n’en est pas encore revenue !
La question se pose cependant : combien de temps encore pourront perdurer les relations en chiens de faïence entre MM. Weidmann et Draghi sans provoquer en Europe d’irréparables dégâts.
23 réponses à “L’ENA hors-les-murs, « 2014 : Malversations financières en tout genre », N° 447, décembre 2014”
2014
Oui le Capitalisme (qui renait ETERNELLEMENT de ses cendres soi-disant) c’est très très long, surtout vers la fin…
Résumé: la captation des richesses par un trés petit nombre fait que le pouvoir se concentre entre leurs mains. Il en résulte que les états qui se prétendent encore démocratiques le sont de moins en moins.
S’agit-il là des états occidentaux ?
Je ne pense pas que l’on puisse qualifier une république (ou une monarchie) parlementaire d’état démocratique. Dans une démocratie, le peuple fait la loi, il ne choisit des individus pour la faire à sa place…
Tout au plus peut-on qualifier ces états, d’états de droit constitutionnel (républicain ou monarchique) ce qui est sans doute mieux que rien.
Sauf, bien entendu, si ces états de droit ne sont que des apparences, des masques destinés à cacher la vraie nature d’un régime oligarchique où l’oligarchie s’affranchit des règles établies par ces états par le biais de la mondialisation pour régner absolument sur les peuples…
Mais voir le monde ainsi est sans doute la marque d’un esprit bien négatif ! 😉
Régulation.
La régulation exige-t-elle l’indépendance des régulateurs par rapport aux régulés? Si oui cette indépendance est-elle possible? Si oui comment?
En se fondant sur une analogie avec le second théorème d’incomplétude de Gödel (ce qui lui a valu les foudres de Sokal et Bricmont et un commentaire de PJ* ) Régis Debray a conclu à la nécessité pour les systèmes politiques de trouver en-dehors de leur espace propre, dans le domaine du religieux par exemple, leur fondement. Doit-il en être de même pour les systèmes financiers?
Auto-régulation, auto-organisation.
Est-elle possible?
Prigogine/Roddier/Jorion vs Thom?
Aristote vs Platon?
* « Est-il si certain que l’on n’écrira pas un jour, » le second théorème de Gödel** qu’on ne considère plus aujourd’hui que comme une curiosité dans l’histoire des mathématiques eut cependant le mérite d’inspirer à Régis Debray une importante découverte sur le politique » ? » (fin de « Le mathématicien et sa magie)
** Pour les « littéraires » qui voudraient se faire une idée simple sur le premier théorème d’incomplétude de Gödel il y a quatre lignes dans « A quoi sert l’infini en mathématiques? » de Patrick Dehornoy:
http://www.math.unicaen.fr/~dehornoy/Talks/DxxCourt.pdf
eh ben dis donc, il va falloir qu’ils fassent attention les trois penseurs contre Thom !
J’ai mis des points d’interrogation. Je n’ai pas les idées claires. J’attends vos lumières (et celles des autres).
Je ne sais rien techniquement sur le sujet (résultats de Von Neumann en cybernétique?).
Pour revenir les pieds sur terre l’indépendance des régulateurs, organismes et autres contrôleurs réputés indépendants est évidemment une grosse farce: il suffit de se poser la question de savoir qui les paye. Restent les banquiers centraux. Les maîtres du monde?
@ Jacques Seignan
Pas du tout! J’ai mis des points d’interrogation partout.
je sais qu’il y a eu une rude querelle scientifique entre Prigogine et Thom à propos, je crois, du déterminisme. A la suite de quoi Thom a écrit un article: « Halte au hasard silence au bruit. » J’en déduis, peut-être abusivement, que le hasard intervient dans la thermodynamique des systèmes ouverts.
Perso je suis plutôt pour une position immanentiste donc a priori opposé aux systèmes ouverts. Je ne sais pas ce que vaut l’argument de Roddier dans sa vidéo: l’univers est ouvert parce qu’il est fermé derrière le mur de la lumière. Pour moi c’est comme dire: la route est ouverte parce que la barrière est cachée derrière la colline.
Bonsoir à tous!
Souffrez que je m’incruste par ces quelques lignes au milieu de vos combats de titans/penseurs…
Une réflexion en provenance du terrain hexagonal :
Malveillance citoyenne (?)
Sans que personne n’en voit encore précisément les effets (qui se confondent déjà avec ceux annoncés de la crise financière), il apparaît depuis peu (je dirai sensiblement depuis environ Cahusac/Duflot et des poussières) parmi une proportion grandissante de la population active encore dotée d’un certain pouvoir d’achat, que cette « classe », dite moyenne, se trouve en phase d’abandon de toute bienveillance à l’égard de ses dirigeants de quelques bords qu’ils soient.
Cette information ne semble pas en être une, pourtant, je veux témoigner ici des effets indirects mais parfaitement observables de ce durcissement .
Je ne sais si le phénomène est causé par un sentiment de défiance, d’injustice, ou de découragement ou même les trois à la fois, mais le ressentiment à l’égard du « politique » a évolué,pour un grand nombre de citoyens dits moyens, en une forme de malveillance citoyenne tacite visant simplement à cesser d’alimenter la machine sociétale actuelle pour empêcher les profits éhontés en haut lieu et le règne d’une incompétence coupable à tous les niveaux…Une forme de sabotage intérieur en quelques sortes que je n’entend nullement dénoncer ici, mais dont les effets sont à mon sens pour beaucoup dans la paralysie actuelle du modèle français.
Pour être professionnellement confronté au secteur public comme au privé depuis plus de trente ans dans le secteur du bâtiment, l’évolution des mentalités est récemment passée à la vitesse supérieure…
Dans les services publiques, les décisions administratives ne sont aujourd’hui que refus, classements sans suite, avis défavorables, certains fonctionnaires ne craignant même plus d’affirmer qu’ils enfreindront la lois pour faire valoir leur position…
Dans le privé, à l’échelon du commanditaire, comme du réalisateur, c’est la même attitude (même si la notion de service publique ne représente rien pour eux)… Les commanditaires, gros ou petits, diffèrent siné-die, ou renoncent à l’investissement prévu ou bien réduisent drastiquement les budgets alors que les coûts d’objectifs sont conformes voir inférieurs au prévisions! Les réalisateurs, (surtout ceux dont les carnets de commande sont pleins!) n’investissent plus, réduisent les effectifs, et attendent des jours meilleurs…
Le phénomène s’amplifie en ce moment même et l’on se dirige, alors que les besoins et les moyens ne manquent pas, vers la mise en panne totale du secteur bâtiment courant 2015.
Les secteurs industriels et commerciaux qui y sont rattachés directement sont déjà gravement impactés, contraints de réduire l’activité et de licencier massivement.
L’année 2015 va être une douche glacée pour l’emploi et pour la Hollandie en général!
Qu’est-ce qui justifie une telle débandade alors que le secteur pourrait fonctionner quasi-normalement, que les prix du secteur sont malgré tout relativement stables, que les investisseurs ont toujours les moyens même si c’est un peu moins, et que les taux d’intérêt sont au plus bas?
La raison:
une inflation soudaine de réglementations excessives et/ou contradictoires, de flicage permanent mais non-organisé, de nouvelles instances décisionnaires/parasites agrées par le gouvernement , de blocages administratifs injustifiés et/ou hors la loi …!
En réponse:
Désobéissance, Malveillance citoyenne, Sabotage… ?
Partout, une sorte de grève tacite du zèle…
Pourquoi?
Ces Français là veulent seulement changer de président et pour eux tous les moyens sont bons pour faire tomber les stats au mini.
Ils vont y arriver, croyez moi! Même si il doivent continuer de traîner les pieds jusqu’aux prochaines élections.
Cette courbe du chômage qui refuse obstinément de s’infléchir (Oh la vilaine, très vilaine courbe!), aurait sans aucun doute plus de chance de s’inverser* si tout ceux qui en ont causé la chute, et qui nous dirigent encore (si mal… ou si bien…dans le mur) aujourd’hui, lâchaient un peu les manettes…Pour les confier à qui on voudra (ça ne pourra pas être pire! Enfin j’espère…).
Faites passer le message, vite!
Amicalement, Eric.
*Je ne parle pas du plein emploi…Quoique la robotisation dans le bâtiment ait bien peu de chance de remplacer notablement l’humain avant longtemps!
@ TORPEDO
« certains fonctionnaires ne craignant même plus d’affirmer qu’ils enfreindront la loi pour faire valoir leur position »
Il y a peu un de mes beaux-frères a fait valoir ses droits à la retraite. Le fonctionnaire chargé de la liquidation de ladite retraite lui a signifié que ses droits n’étaient pas (dans le sens que tout le monde devine) ceux qu’il escomptait: il se basait tout simplement sur une loi … à venir! Mon beau-frère est un teigneux qui connaît ses droits: il a fini, difficilement, à avoir gain de cause. Mais qu’en est-il du pékin moyen (moi par exemple) qui fait encore « naturellement » confiance à ses fonctionnaires pour l’application de la loi?
Cher LapinPasduToutBasique, je n’ai pas su résister… En utilisant vs = versus ça m’a fait penser à un combat, presque de tir à la corde. Connaissant votre vénération pour Thom il semblait donc que trois grands penseurs étaient nécessaires en face de lui 🙂
Cela étant, je ne suis pas sûr que l’on puisse établer des oppositions type auto-régulation/auto-organisation sans « affadir » ces questions. Si je m’en tiens à la biologie dans le développement d’un zèbre, il y a de l’auto-organisation (déjà découvertes par Turing) pour ses zébrures et bien sûr des complexes régulation en boucles et rétroactions, auto-organisation…
@ Jacques Seignan
Turing (1952) n’est pas le premier. Avant lui il y a eu Belousov et Zabotinski (1950) et surtout, bien avant, Lotka (1925). Dans tous ces cas il y a pour moi organisation mais non auto-organisation car la matrice organisatrice est l’équation elle-même et c’est une donnée. La réaction oscille (Lotka, Belousov-Zabotinski) ou se stabilise (tâches du léopard de Turing) selon la profondeur des bassins d’attraction (pour prendre la métaphore hydraulique chère à PJ).
Pour moi l’auto-organisation du processus nécessite l’auto-production de la matrice même du processus. ça ne me paraît pas gagné (c’est pour ça que je parle de von Neumann).
L’auto-organisation, pour moi, c’est comme l’information en biologie, ou la structure en linguistique: on en parle toujours, on ne la définit jamais. Thom a écrit « Halte au hasard, silence au bruit » à ce propos.
@ BasicRabbit, je suis en désaccord avec votre interprétation de l’auto-organisation. Prigogine a approfondi ce concept avec les structures dissipatives.
Non il n’ y a pas une équation comme vous dites mais deux — exprimant deux processus en concurrence (par ex. diffusion/réaction) : et c’est cela qui aboutit à une structure dans l’espace (motifs divers) ou dans le temps (oscillations). Les bassins d’attractions sont un autre concept lié aux chaos déterministes…
De toutes façons parler d’équation est un raccourci dangereux ; il vaut mieux parler de ce décrivent les dites équations sinon on tombe dans une sorte de mystique mathématique.
Enfin en ce qui concerne la structure en linguistique, au fond pas besoin d’en parler puisque ce sont les oppositions structurelles qui en sont la base et c’en est la découverte initiale ! Quant à l’information, je ne sais pas ce qu’on doit ajouter pour vous convaincre que dans un cadre rigoureux elle est parfaitement définie. Comme dit l’autre à quoi bon se décarcasser…
@ Jacques Seignan
Je suis actuellement dans une phase platonicienne. Je fais donc un peu (beaucoup?) l’avocat du Diable. Ou plutôt de Dieu si j’en juge par certains commentaires pas toujours éclairés, voire obscurantistes.
« Prigogine a approfondi ce concept avec les structures dissipatives. » Je suis basic-matheux (cad très très loin du niveau de Thom et de Grothendieck), pas du tout physicien ni chimiste (le cas de Prigogine).
Je crois que l’un des exemples types sur lequel Prigogine s’appuie est le phénomène de convection de Bénard. Pour un matheux c’est un système dynamique à un paramètre de contrôle (la température) avec (j’ai lu vite fait) trois phases, trois types d’organisation, l’une parfaitement organisée macrocospiquement (l’équilibre thermodynamique), la deuxième bizarrement organisée macroscopiquement (cellules de Bénard), la troisième chaotique. Je ne vois pas en quoi la deuxième phase est plus auto-organisée que la première. Pour moi le système dynamique est fermé: si on ouvre la boîte, le liquide s’écoule, adieu veau, vache, organisation, que ce soit en auto ou en vélo! C’est le contenant qui donne forme au contenu!
« Non il n’ y a pas une équation comme vous dites mais deux »
Pardon! C’est du jargon de matheux: équation=équation scalaire ou vectorielle (une, deux, une infinité d’équations « classiques », scalaires).
« Les bassins d’attractions sont un autre concept lié aux chaos déterministes… »
??
« De toutes façons parler d’équation est un raccourci dangereux ; il vaut mieux parler de ce décrivent les dites équations sinon on tombe dans une sorte de mystique mathématique. »
Là on est au coeur de ce qui me différencie actuellement de PJ: la physique (la phusis) comme métamathématique, les mathématiques ancillaires au service de la physique (la position de PJ, de Prigogine, de nombre de physiciens et scientifiques, de vous(?)), ou la mathématique comme métaphysique, platonicienne (mon cas actuellement). Autrement dit j’accepte tout à fait votre « mystique mathématique » à la condition de remplacer mystique par métaphysique: mystique renvoie pour moi trop à magie*.
» Quant à l’information, je ne sais pas ce qu’on doit ajouter pour vous convaincre que dans un cadre rigoureux elle est parfaitement définie. »
Je suis convaincu du contraire: l’information est un mot passe-partout employé à toutes les sauces. Cf. le film de Godard sur Thom
http://www.youtube.com/watch?v=B1t_o_CMA_E de 31’20 à 42′ environ.
* Cf. « Le mathématicien et sa magie ».
@ BasiRabbit,
pour ne plus saturer les lecteurs juste 3 points:
– Non les structures dissipatives de Prigogine ne se ramènent pas aux cellules convectives de Bénard… votre description est biaisée…
– chaos déterministe : allusion à Henri Poincaré, un géant !
– définition de l’information : je pensais à Claude Shannon, information/entropie : extrêmement rigoureux.
Enfin les maths modélisent, rien de plus. Parler de la réalité en faisant le raccourci équation / phénomène est une simplification, utile (et à la quelle je me suis adonné) mais ça ne va pas plus loin, si l’on peut dire quand on en voit les effets latéraux….
Jacques Bainville, Histoire de France, p. 262
Le commentaire d’un énarque jeune ou vieux ,serait bienvenu .
PS : faut il voir un apparentement pervers dans la succession inopinée d’un article sur l’arnaque ,et d’un autre s’adressant aux énarques ?
Vous me poussez au crime ! Je vais citer Bruno Masure :
. »
@TORPEDO
Bonjour, vous semblez bien connaître le domaine de la construction et de l’immobilier, vous n’ignorez pas qu’il manque actuellement des milliers de logements, l’accès au logement des jeunes est difficile en raison de la hausse du prix des loyers, de la hausse du prix de vente de biens immobiliers pour ceux qui rêveraient d’acheter.
Le secteur de l’immobilier est dans une « bulle » en raison du comportement de l’Etat qui se contente de mesures incitatives en direction des investisseurs, pensant agir par ricochet en direction des prétendants au logement.
Pour ce qui est des prétendants au logement, leurs situations ne s’améliorent pas: travail en voie de disparition, grande précarité quand ils ont la chance de trouver un emploi mal rémunéré, etc, etc..
Est-ce farfelu d’imaginer que l’Etat prenne en main directement (selon modalités à définir) la construction massive de logements là où il manquent, favoriser la création de fédérations de petits constructeurs (artisans et p.m.e.) qui seraient chargées de ce travail?
L’aspect positif serait l’embauche de salariés pour l’exécution de tâches non transférables à l’étranger mais surtout régler le problème crucial du logement.
Problèmes possibles qu’il conviendrait d’aborder pour y apporter une solution: la libre circulation des biens et des personnes qui pourrait mettre en concurrence les travailleurs d’ici avec ceux les moins payés au sein de l’U.E.
Mais surtout, et c’est de cela que nos chers gouvernants (trop chers!) ont peur, l’éclatement de cette fameuse bulle immobilière qui nous mettrait dans une situation similaire à ce que connait l’Espagne dans ce domaine, mais pourquoi dans ce cas ne pas prévoir une protection pour les petits épargnants ayant achetés leurs logements et laisser les « investisseurs » face aux conséquences de leur spéculation?
L’abbé (Pierre), reviens vite ils continuent leurs conneries!
L’histoire bégaie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Castors_(mouvement_coop%C3%A9ratif)
C’est d’ailleurs à partir et en s’appuyant sur le mouvement castors » qu’au lendemain de la guerre , est né le concept HLM-ILM .Il me semble qu’aujourd’hui, il y a une « filiale » du mouvement Emmaüs , capable de construire ou d’aider à construire , une maison à 100 000 €.
Encore faut il disposer d’un terrain ,et pas mal de collectivités essaient d’accompagner dans ce sens.
Le sujet du logement et/ou de la construction, et/ou de la propriété-location immobilière ,est un sujet à tiroirs inattendus, et très illustratif de la complexité des relations humaines .
On ne dira pas trop de bêtises si on veut faire court ,en disant que ce qui fait la cherté, ce n’est pas le coût de construction , c’est la spéculation sur le foncier nu ou bâti .
Et que ce qui fait la difficulté d’y accéder c’est la faiblesse voulue des revenus .
Pour en revenir à l’objet du billet de Paul Jorion, y-a-t-il des hommes politiques ou dirigeants honnêtes et soucieux du bien commun n’agissant pas par pur égoïsme et attrait pour le pouvoir?
L’ex premier ministre portugais José Socrates vient d’être mis en examen pour des faits de corruption et fraude fiscale, l’on découvre que l’épouse de l’ex ministre J. Cahuzac avait des comptes sur l’Ile de Man, etc, etc….
Ernesto Che Gevarra voyait dans les années ’60 l’émergence au 21e siècle « d’un homme nouveau » soucieux du bien commun, dégagé de son comportement concernant les biens matériels et de leur accumulation. Il s’est mis le doigt dans l’oeil, l’humain restera l’humain faute d’avoir un « comité d’éthique » veillant à chaque époque et génération au respect par tous des règles établies et acceptées!
S’il ne s’agit que d’être exempt d’attrait pour le pouvoir ,et de ne pas être égoïste ,François Hollande devrait répondre à vos critères .
Est ce que ça suffit à faire un peuple en marche ?
S’il semble effectivement honnête (jusqu’à preuve du contraire), il ne semble pas capable de s’entourer de gens clean.
Par ailleurs, tel qu’il mène sa politique, je ne suis pas sûr qu’il ait le soucis du bien commun en dépit de son étiquette revendiquée de socialiste, son oreille droite a plus d’acuité auditive que la gauche, il est donc capable d’écouter ce que lui chuchote le MEDEF et ne pas ouïr ce que hurle le peuple qui l’a élu!
Quant à la mise en marche d’un peuple cela obéi à une sorte d’alchimie difficile à déchiffrer!