Billet invité.
Dans un article récent, The Economist rend compte d’un travail réalisé par Gabriel Saez (co-auteur avec Camille Landais et Thomas Piketty de « Pour une révolution fiscale ») et Gabriel Zucman, qui non seulement renforce le travail et l’analyse de Piketty sur la répartition inégale des richesses (pour les USA) mais lui donne encore une autre signification.
Ainsi, en cette journée commémorative du centenaire de la première guerre mondiale, il est apparu à ces auteurs que le 0,01% des américains les plus riches (16.000 familles) possèdent 11,2% de la richesse totale, soit la répartition des richesses aux États-Unis la plus favorable aux plus riches (c’était en 1916) avant l’entrée en guerre de ce pays en Europe (1917).
En France, en 2010, les 1% les plus riches se partagent 17% du patrimoine brut total, de sorte que la répartition des richesses, bien qu’inégale, est 100 fois moins importante qu’aux États-Unis.
Cet écart est dû en grande partie à la mise en œuvre de l’impôt sur le revenu dès 1914 en France, avec des taux nominaux d’imposition qui ont parfois frisé les 80%, avec des taux effectifs atteignant 40%.
Pour autant, si on ne tient compte cette fois que des encours en assurance-vie, qui représentent quand même 40% du patrimoine financier en France (1500 milliards), on s’aperçoit que 72 000 familles détiennent 17% de ces encours, soit au plus 300 000 personnes pour une population totale de 65 millions : les 0,46%.
C’est d’ailleurs qualitativement que cette étude est aussi intéressante, puisqu’elle montre que contrairement aux années de la ‘belle époque’ (1900-1914), les plus riches ne le sont plus ou plus autant de la même manière, en possédant des actions, mais bien plutôt en possédant … de la dette (obligations), comme le montre d’ailleurs en France la répartition des encours de l’assurance-vie, composés à 85% d’obligations.
On assisterait ainsi au ‘retour des rentiers’, qui avaient été liquidés, au propre comme au figuré, au sortir de la guerre 14-18 par le fer et par l’impôt sur le revenu, puis par la répartition socialisée des richesses mise en œuvre après 1945, mais des rentiers d’un autre âge, non plus celui de « L’âge d’Or du capitalisme », celui du début du 20ème siècle, mais bien celui décrit par Marx au 19ème siècle, celui où la dette publique est la rente délivrée par la société aux plus riches et au capital.
Si l’on souhaite enfin s’attaquer aux inégalités quant aux richesses et à la concentration de celles-ci, il faudra bien plus qu’un ‘simple’ retour de l’impôt régulateur pour résoudre le problème puisque celui-ci ne servira bientôt plus qu’à payer le service de la dette publique des états aux créanciers, soit le service de la société à ses membres les plus riches.
Il faudra bien un jour s’attaquer à la dette elle-même par le défaut et à l’intérêt versé à cette dette en supprimant le loyer qui lui est ainsi versé.
Ou il faudra se résoudre à revenir à une démocratie censitaire, dirigée par et pour quelques milliers de familles.
64 réponses à “Les 72 000 familles et la dette, par Zébu”
L’argument de Piketty pour préférer la taxation et l’impôt au défaut sur la dette ( enfin , c’est ce que j’ai compris) , est que cette dernière laisse indifférents les hyper capitalistes ,et donc ne chatouille pas trop le système .
Un commentaire ?
Par ailleurs ,dans la démo , partant des USA on se retrouve avec une illustration ( un levier ? ) à taille franco -française . Le levier a-t-il le bras assez long ?
Avec une réaction tardive :
Sur la robotique et la disparition du prolétariat
@juannessy 12 novembre 2014 à 10:02
Dans tous les cas, ça se heurterait au pouvoir toujours en place, et ne résous pas tout…
Voici une autre proposition, mais (encore) trop en avance:
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Vers un Capitalisme Vertueux
Voici 2 siècles que l’humanité toute entière pédale dans le capitalisme, guidée par des « experts » enthousiastes. Croissance ! Compétitivité ! clament ils sans cesse, sans jamais se demander où cela pouvait bien mener, trop occupés qu’ils sont à pédaler, encouragés par les premiers du peloton qui, eux, en profitent bien.
Cela peut paraitre incroyable, mais on n’y a encore jamais réfléchi ! Du moins on refuse de prendre en compte de telles réflexions, en particulier celles dont les résultats furent publiés par le club de Rome, en 1972.
Donc, ça y’est, nous y sommes, nous avons atteint le bout du chemin! Mais les « experts » pédalent toujours. Ils n’ont pas encore admis que nous pédalions dans un triple bourbier: financier, social et écologique, dont il faudra bien sortir.
Certains commencent à se gratter la tête. Tout le monde cherche. Hélas, pas d’issue à l’horizon. Ils ne veulent pas y penser, mais il va bien falloir envisager de couper à travers la montagne pour rejoindre une autre vallée, avec tous les risques que cela comporte.
De plus on ne sait trop à quoi pourrait ressembler le nouvel itinéraire. Une seule certitude:
Il nous faut changer de direction pour ne pas avoir à être confrontés à pire encore.
Et surtout ne plus écouter les « experts » des siècles passés, qu’une seule chose préoccupe: Reprendre la course. Peu leur importe la destinée, fut-elle catastrophique.
Rappelons quelques vérités:
Le pouvoir réel est à ceux qui possèdent les Ressources essentielles, irremplaçables, et qui contrôlent aussi la monnaie. Ceux là ne pensent qu’à eux, c’est humain, et à rien d’autre sauf si le pouvoir politique les y contraint, parfois.
Or, depuis quelques décennies, la classe politique a abandonné la défense de l’intérêt général, pour passer du côté de ceux qui ont le magot. Ils ont trahi leur mission.
Faute d’idées, ils se sont mis à la remorque des « experts», qui guident la course, collés aux premiers. C’est plus sur…
Tout ce beau monde se détache du peloton ou les chutes se font toujours plus nombreuses.
Rappelons ce que sont les ressources essentielles, irremplaçables:
Le territoire, l’air, l’eau, les espaces cultivables, l’énergie, les matières premières, les infrastructures, tout ce qu’ont construit nos ancêtres, et aussi les immeubles et les grandes entreprises qu’il est impossible de multiplier. Grandes entreprises qui seules sont capables de réaliser toutes ces choses qui permettraient de nous affranchir des contraintes matérielles, ou presque, pour enfin accéder au temps libéré… 
Encore faudrait il que nous le voulions…
Quand on pédale sans autre objectif que de pédaler toujours plus fort, on a toutes les chances de gaspiller les ressources. Ce qui est fâcheux sur une planète limitée.
On voudrait provoquer la fin du monde, que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Le pire est que c’est voulu: C’est en effet le moyen pour ceux qui sont en tête de course de conserver leurs avantages sur le reste du peloton, d’autant plus facilement qu’ils sont… avantagés, puisque détenant l’essentiel des ressources!
Envisager autre chose que de faire pédaler le peloton dans une course stupide leur est donc inacceptable. D’où le refus de toute alternative à cette folie.
La compétition est encouragée dès le plus jeune âge, au prétexte qu’il s’agirait d’une valeur fondamentale. Et entretenue, glorifiée, tout au long de l’existence, partout. C’est d’autant plus facile que l’homme est prédisposé au combat. Nos ancêtres ont du se battre durant des millénaires, pour défendre leur territoire…
De plus, pendant qu’il pédale, le peuple ne pense pas. Il cherche à ne pas tomber, ou à doubler son concurrent. S’arrêter pour réfléchir est un luxe inaccessible pour la plupart. Luxe que l’on cherche à mettre définitivement hors de sa portée à travers la précarisation de l’emploi, ou le recul de l’âge de la retraite. D’autres pensent à sa place…
Voyons le bilan des 225 années écoulées depuis que le « peuple » a repris le pouvoir aux rois.
Si le « niveau de vie » s’est incontestablement élevé pour une minorité, les autres sont restés dans la misère, ou y retournent.
Les ressources de la planète ont été saccagées.
L’atmosphère et les océans ont été souillés à un point tel que la survie de notre espèce est incertaine.
Le moins que l’on puisse dire est que le peuple a été bien mal conseillé.
Pourquoi donc ?
Disons simplement que le peuple s’est fait berner par ceux qui, dans la Constitution de 1789, ont sacralisé la propriété privée et la liberté individuelle, sans du tout considérer l’intérêt général. A leur décharge, la situation politique, économique, écologique et sociale, n’était en rien comparable à celle d‘aujourd’hui.
On a raconté que tout le monde pouvait devenir riche, grâce à leur système. Tout le monde pouvait être premier ! Egalité des chances ! Quelque soient les conditions de départ. Comme si les ressources étaient infinies, et les territoires étanches afin d’éviter que ces ressources ne partent toujours aux mêmes endroits.
Et le bon peuple, toujours enclin au rêve, a cru en cette fable racontée par des « experts » dont elle simplifiait bien le travail. Compétitivité ! Croissance ! Entreprise ! Leur vocabulaire se réduit à ces trois mots. 
Les médias qui répandent spontanément leur « bonne parole », puisqu’ils en vivent, nous la rentrent dans le crâne, tous les jours, toute l’année.
Donc nous y sommes, dans le bourbier. Alors que faire ?
Il y a 2 options principales (si l’on exclue celle de continuer…):
– Soit le peuple reprend le contrôle de la politique abandonnée aux « élites », et laisse encore à d’autres le soin de gérer les ressources, mais en les obligeants à prendre en compte les contraintes naturelles et sociales.
– Soit le peuple prend directement le contrôle des ressources qu’il devra gérer (avec la responsabilité de déléguer les tâches, et non plus de les abandonner…)
La valeur des choses à racheter, dans le cadre de la réappropriation des ressources essentielles, serait déterminée par la « loi du marché » dans le nouveau système.
Appelons cette monnaie le D (comme démos) et, pour faire simple, on dirait 1 D = 1 euro.
On créerait une masse monétaire de montant égal à la valeur des biens à racheter.
La monnaie serait un bien commun au même titre que les ressources.
Voici quelques illustrations:
Un appartement de valeur 100 000 euros serait acheté 100 000 D à son propriétaire.
Si le propriétaire est occupant, il en deviendrait locataire à durée indéterminée, avec les mêmes privilèges que lorsqu’il en était propriétaire. Excepté la possibilité de revente, et aurait à payer un loyer à la collectivité.
La valeur des grandes entreprises serait estimée au cas par cas, relativement au nouveau système.
Une entreprise ne générant que de la pollution (pub, finance,…) aurait la valeur de ses murs.
Les banques seraient achetées à la valeur de leur capital réel. La valeur liée à leurs opérations serait nulle, puisque l’argent serait exclu du marché.
Les anciens propriétaires (actionnaires) seraient ainsi dédommagés.
La collectivité devenue propriétaire des ressources, pourrait alors les utiliser dans l’intérêt général, pour répondre à des objectifs sociaux et écologiques, et non plus « pour faire du fric ».
Les revenus très importants tirés des loyers et des bénéfices des entreprises socialisées, pourraient financer un Revenu de base et toutes sortes d’activités utiles au bien commun… 
Les ex-propriétaires disposeraient d’un stock de liquidités, du fait de la vente de leurs biens, liquidités qu’ils pourraient dépenser pour vivre confortablement, ou investir dans des entreprises compatibles avec les contraintes sociales et écologiques, avec éventuellement le soutien de la collectivité.
Il s’agirait là d’une forme de capitalisme vertueux piloté par la collectivité, par le biais des ressources dont elle aurait le contrôle exclusif.
Légaliser un tel système suppose de réunir une Assemblée constituante, pour écrire une Constitution enfin adaptée au contexte de notre époque, qui est sans grand rapport avec celui de 1789, si ce n’est que les rois ont été remplacés par les grands fortunés…
En particulier on y gravera que les ressources essentielles ou polluantes sont des biens communs exclus de la propriété privée. La collectivité en assurera la gestion, dans l’intérêt des générations présentes et futures.
De plus, par cette Assemblée constituante, le peuple reprendra le pouvoir des mains de l’élite autoproclamée, qui le lui a volé à travers des simulacres d’élections dites démocratiques, alors que le système politique, médiatique et financier choisit – de fait – les élites que le peuple devra élire… pour la forme.
Comment faire en pratique ?
Les peuples doivent chacun reprendre leur souveraineté nationale, à travers une Constitution prévoyant la propriété collective des ressources essentielles, et en vue de s’unir aux autres nations dans une Constitution mettant en commun l’ensemble de leurs ressources.
Pour purger la dette ( punir le rentier) ,le défaut est une illusion car socialement dé-structurante. Par contre, la vieille méthode (l’inflation) a fait ses preuves. En France, la propension à épargner est viscérale. Nombre de nos concitoyens subiront l’euthanasie plutôt de changer leur mode de vie. L’inflation (planétaire), à condition que l’on en prémunissent les plus faibles revenus en les indexant est la méthode la plus sûre (en fait la seule) qui permette d’éliminer les fortunes occultes (paradis fiscaux)
A ma connaissance, l’indexation des salaires sur les prix n’existe plus qu’en Belgique.
Et l’inflation ne se contrôle pas si aisément que cela, une fois lancée.
Il e semble même qu’il y a un an , il était question de la supprimer en Belgique .
Même notre nouveau gouvernement, le plus à droite que la Belgique ait jamais connu, n’a mis dans son programme qu’un « saut d’index », c’est-à-dire le gel de la mesure pour une période limitée. Et on parle d’exempter de ce saut les revenus les plus faibles. Ce sont donc les classes moyennes qui seraient le plus mises à contribution.
Je ne pense pas qu’on soit proche de supprimer l’indexation des salaires en Belgique. Même si l’érosion du filet social commence à se faire sentir, principalement via le transfert des personnes bénéficiant du chômage vers l’aide sociale.
@zébu
il me semble qu’il est plus facile de lutter contre une inflation trop élevée que lutter contre la déflation.
Il est régulièrement question de la supprimer en Belgique, et il sera régulièrement question de la supprimer tant qu’elle tiendra. Mais jusqu’à quand tiendra-t-elle sous les coups de boutoir de ceux qui répètent à l’envi que « cela nuit à la compétitivité de nos entreprises par rapport aux pays voisins » ?…
@ Mathieu
» « un « saut d’index », c’est-à-dire le gel de la mesure pour une période limitée » « …
Un « saut » d’index vous suit hélas toute votre vie , y compris dans les éléments de calcul de la pension.
Sur cet exemple… : Salaire mensuel actuel = 100 ; prévision d’indexation(= p.ex. 2%) au 01 février 2015 soumise au « saut » d’index p.ex. :
Situation au 01 février : vous espérez 100 x 1,02 soit 102……mais vous conservez 100…!
Prochaine prévision d’indexation au 01 novembre 2015 p.ex.
Situation au 01 novembre : indexation effective(=p.ex. 2%) ; l’évolution se base sur 100 et non sur 102…. vous toucherez donc 100 x 1,02 soit 102 et NON 102 x 1,02 soit 104,04.
La base de calcul pour toutes les autres indexations ( priez…!) est donc passée définitivement de 104,04 à 102 et cela pour toute la carrière…avec toutes les conséquences (moins-value).
@ Zébu
Non il y a aussi le Luxembourg .
http://politique.eu.org/spip.php?article2033
Débat intéressant Etienne de Callataÿ / Mateo Alaluf sur l’indexation des salaires .
Ben si Zébu. Le Smic est, par définition, indexé sur l’inflation, et même un peu mieux. C’est pas rien mon coco.
A propos de l’inflation, Piketty a admis qu’il avait quelque peu sous-traité le moyen de l’inflation pour réduire les inégalités
les plus riches possèdent de la dette… alors ils ne possèdent rien, une option, un warrant sur le défaut, la liquidation future. D’après toi l’euthanasie surviendra un jour avec le défaut. On peut aussi le voir de cette façon.
Piketty estime que les plus riches ne sont pas investis dans la dette souveraine, il propose de taxer la propriété, 10% par an. Et en France, si je ne m’abuse, l’assurance-vie rentre dans le patrimoine taxé à l’ISF. C’est à exploiter.
zébu, un peu de provocation, du sophisme :
on ne parle jamais des revenus des fonctionnaires, pour reprendre ton schéma, les souscripteurs d’assurance-vie prêtent à leur insu à l’Etat pour que ce dernier puisse aussi payer ses fonctionnaires. L’épargne confiée pour payer les fonctionnaires sera donc confisquée lors du défaut sur la dette, c’est le scénario de l’euthanasie…
(Qui sont finalement ceux qui vivent au détriment des autres ? … compliqué, non ?)
Et le fonctionnaire souscripteur d’assurance-vie, il perçoit les intérêts de la dette (le service de la dette) comme épargnant vertueux et légitimement son traitement payé avec sa propre créance… donc, lors de la confiscation fatale, il pourra toujours se consoler en prétextant qu’il est une sorte d’auto-entrepreneur actionnaire majoritaire… 😉
non, ce qui permet de payer les fonctionnaires c’est l’impôt, mais de moins en moins.
Si on fait défaut sur la dette, c’est justement pour pouvoir payer, aussi, les fonctionnaires, en allégeant le service de la dette.
Petite précision qui son importance, Karluss : les fonctionnaires français souscripteurs d’assurance-vie (et tous ceux qui ne sont pas fonctionnaires) ne souscrivent pas forcément des obligations de l’Etat français, bien au contraire (question de rendement) …
@zébu 12 novembre 2014 à 11:38
D’accord avec cette affirmation. Mais si les impôts ne suffisent plus à payer les fonctionnaires, il ne faut pas en déduire qu’une augmentation des impôts permettrait de régler le problème. Il existe aussi la possibilité de réduire la charge de fonctionnariat qui épuise le pays. S’il y avait moins de fonctionnaires on pourrait peut-être simplifier l’administration et la rendre plus efficace.
« Le coût comparé des rémunérations des fonctions publiques (centrales, fédérées, locales) des pays de l’Union place l’Allemagne en tête du palmarès des bons élèves avec un taux stabilisé à 7% du PIB ; Dans le même temps, la France a ni stabilisé, ni réduit le poids des fonctionnaires passé de 12,77% à 13,17% du PIB » Voir le Figaro du 12/11/2014 page 13
Cette surcharge se retrouve dans les coûts de production français. Cela conduit la France à ne pas pouvoir exporter ses productions, entraînant du chômage, et l’anéantissement de l’industrie nationale. De plus, les Français s’appauvrissant, sont conduits à acheter les productions étrangères notamment allemandes, plus avantageuses. On achète maintenant des choux fleurs allemands en Normandie alors que la Bretagne toute proche a fait sa réputation avec ce type de production.
D’accord. Il ne faut pas oublier cependant que la dette française est détenue à près des 2/3 par l’étranger, ce qui rend plus difficile d’avoir recours au défaut sans y laisser beaucoup de plumes. Elle y perdrait son statut de grande puissance. Elle perdrait son capital de confiance et les possibilités de crédit bon marché qu’elle n’aurait plus.
http://www.challenges.fr/economie/20130314.CHA7249/avec-2-3-de-sa-dette-detenue-par-des-creanciers-etrangers-la-france-est-plus-dependante-des-marches-financiers.html
l’impôt ne suffit pas à équilibrer le budget, donc l’emprunt, les dettes, servent aussi à rémunérer les agents de la fonction publique. De plus, on peut aussi reconnaître que même lors des époques où le service de la dette était faible (c’est pas si vieux), on était aussi en déficit ; tu me diras, il y a dette et dettes…
à jducac40
Le problème n’est pas « les fonctionnaires ».
Voilà les chiffres de l’OCDE :
http://www.oecd.org/fr/gov/panoramadesadministrationspubliques2011.htm
le résumé (PDF 117kb).
Le Japon… l’Espagne …la Grèce …le Portugal …. qui ont bien moins de fonctionnaires et moins payés que la France, se portent ils mieux économiquement ?
Non Jduc, toujours aussi mal informé je vois (ah oui c’est vrai, le Figaro…). C’est la moitié de la dette totale qui est détenue par des non-résidents. Les « deux tiers » en question ne concernent que la dette de marché, soit 1 000 milliards sur l’encours de 1 300 d’OAT et BTAN plus les 200 milliards de BTF…
Et plus y’en a dehors moins c’est douloureux en cas de défaut.
Bon, par contre faut pas rêver: si les zinzins français en détiennent que la moitié en interne, c’est pasqu’ils en détiennent encore beaucoup en externe…
Si si Zeb, aux dernières nouvelles et si je me souviens bien (à vérifier), c’était de l’ordre de 20 à 25% de l’encours de la dette française qui étaient détenus par nos assurances ex-agonales, le double ou quasi de ce que détenaient nos banques gogauloises. Bref, ça reste de loin l’actif préfèré pour les réserves techniques des ass-vie. On préférerait qu’elles avancent tout ça – et au même prix ! – à nos zentilles péhèmeuhs et à nos mirobolants pigeons, voire aux grecs, n’est-ce pas…
L’histoire donne raison à Piketty (puisqu’il a démontré que c’est bien l’imposition à partir de 1914 et la socialisation des richesses à partir de 1945 qui ont modifié radicalement la constitution et l’existence même de cette classe de rentiers), mais ne lui donne pas forcément raison pour l’avenir, pour une raison donné par Paul (et les faits à venir) : l’impôt ne couvrira, dans 10 ans (demain), que le service de la dette américaine. En France, celui représente déjà 21% des recettes de l’Etat (je ne parle même pas de l’impôt …).
L’explosion, récente (depuis 2008), de la dette publique remet en cause la capacité de l’impôt à faire face à la fois à la capacité à rembourser la dette et ses intérêts cumulés (plus la dette est importante et plus il est difficile, sauf à avoir des taux négatifs sur le très long terme, à payer le service de la dette) et à la fois aux conséquences de la crise.
Le retour de l’impôt est donc nécessaire comme outil mais non suffisant. Et si l’on souhaite résoudre durablement la chose, à savoir ne pas retomber dans les mêmes travers et devoir subir 2 guerres mondiales pour ce faire, il est nécessaire (mais suffisant ?) de s’attaquer à la dette et à l’intérêt.
Petit complément à prendre en compte : Piketty lui-même propose un impôt mondial, prenant en considération le niveau pertinent d’intervention, puisque le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de 1914 ou même celui de 1945, où l’impôt pouvait se construire nationalement.
Mais il indique bien que cela est une ‘utopie utile’. Comme pourrait l’être le défaut généralisé sur la dette, ou de manière plus réalisable, sur la zone euro.
Par ailleurs, je n’ai pas compris l’histoire du levier …
C’est une invention très ancienne, un truc malin qui permet de soulever facilement les masses, en se positionnant suffisamment loin pour d’éviter de se faire écrabouiller si ça retombe? Accessoirement, ça peut économiser quelques esclaves… pour le spéculateur un peu averti ça permet d’en avoir plus (d’esclaves)… Oui je sais j’ai rien compris non plus…
Levier : en quoi le seul défaut sur la dette est -il un levier suffisant pour avancer vers un système de substitution au capitalisme ( sachant que selon moi le capitalisme ne sera pas déstabilisé tant que le chantier » propriété(s) » n’aura pas abouti ou pour le moins avancé ).
Levier suffisant : en quoi une seule action franco-française émeut elle quiconque ?
PS : faut il laisser aux seuls habituels sachants l’évolution de la fiscalité vers plus de convergence en Europe , quand on note tout ce que la fiscalité cache d’implicite socio-philosophique , au delà de Saint Marché ? Intérêt de combiner un défaut sur la dette des pays européens concernés avec cette évolution programmée apparemment sous contrainte du » modèle allemand » ?
La dette, c’est le crédit et l’intérêt, cad l’accès au capital. C’est la rente qui tombe, et ce quelque soit la création de richesse, cad la contrainte de la croissance pour rembourser ne serait-ce que les intérêts. C’est la captation par exemple des ressources fiscales futures, au profit de certains et au détriment de tous les autres. C’est l’épée de Damoclès qui ‘contraint’ le pouvoir politique à réaliser des ‘ajustements structurels’, afin de préserver un accès au capital et ce dans les meilleures conditions possibles, dans un monde concurrentiel et globalisé.
La défaut n’est qu’un allègement, la suppression de l’intérêt l’objectif. Sans le défaut, on est contraint d’augmenter les impôts jusqu’à une certaine limite, à savoir le consentement à l’impôt.
On le voit en France, la stratégie fiscale a atteint ses limites, à fortiori quand elle évite de taxer le capital et le patrimoine (afin de préserver l’accès au capital, dont l’Etat a besoin pour financer sa dette) et qu’elle a des effets récessifs (réduction des rentrées fiscales et donc augmentation de la dette à nouveau). Et le principe des intérêts cumulés ne permet pas, hors période de forte croissance, supérieure aux taux d’intérêt, d’avoir une action réductrice sur la dette et donc sur le service de la dette, réduisant d’autant les capacités de redistribution fiscale des états.
On est arrivé à un point où, sauf à taxer les riches et le capital (mais ce qui aura des effets en termes d’accès au capital), et même alors, la dette n’est plus contrôlable … que par la croissance sans fin, ce qui est devenu impossible écologiquement.
Par ailleurs, on a vu avec la Grèce que la stratégie du défaut isolé ne peut fonctionner au sein d’un même ensemble monétaire, à fortiori si on lui applique des politiques récessives.
Il faut donc penser le défaut comme une action nécessaire au sein d’un même ensemble et celui de la zone euro en est un.
Est ce que les pourparlers ( qu’on n’entend pas ) en cours dans le cadre du TAFTA se soucient de défaut sur la dette ?
De fiscalité et de taxation , sans doute .
D’après ce que j’ai pu lire (Sapir, entre autres), c’est le contraire, un tiers seulement des dettes seraient détenues par l’étranger. Il faudrait accorder les violons en donnant les références officielles.
Bonjour
En cas de volonté de défaut sur la dette, petite question, comment on gère les 65% qui appartiennent non pas aux 72000 familles et autres miettes, mais aux non résidents ?
sauf erreur de ma part, il me semble que lors de la crise financière de 1909 aux US et la prise en mains par le cartel des banquiers de la gestion de la monnaie (création de la FED), un impôt sur le revenu de 6% avait été créé par l’état fédéral
Et en France le tout neuf impôt sur le revenu a été gelé pour la durée de la guerre. La première imposition date de 1919 avec un taux plutôt faible ( 4,5 %, je crois).
La mise en place de cet impôt a donné lieu à des batailles féroces entre formations du centre et de la droite. Le début sérieux remonte au gouvernement Clémenceau 1906-1909 avec comme ministre des finances, Caillaux, le tombeur -bien plus tard- du gouvernement du Front Populaire.
Clémenceau et Caillaux sont restés en plein accord jusqu’à la chute de ce gouvernement, à cause du refus par la droite de ce projet d’impôt.
Des infos bien oubliées sur les finances en France avant 1914 dans « La République des ducs » et « La Fin des notables » de Daniel Halévy. Avec cette particularité d’ « emprunts perpétuels » sans remboursement du principal, un reste des finances royales.
L’annulation ou la diminution de la dette de l’état par défaut ne trouvera pas de preneur. Les résistances de la part de ceux qui profitent de la situation actuelle seraient trop fortes. Ils réussissent même à instrumentaliser les gouvernements.
Le problème réside dans l’attitude de la population; elle a tendance à se résigner, à accepter chômage et précarité comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle. En France, nombreux sont les sympathisants du Front National ou du Front de Gauche. Mais cela ne changera rien, les réalités resteront les mêmes. Ce qu’il faut c’est augmenter la pression pour obtenir un nouveau cadre juridique permettant de redistribuer les richesses. Un travail d’Hercule. Car l’accumulation des richesses à laquelle on assiste en ce moment n’est possibleque que grâce aux législations favorables aux fortunés.
Pourquoi cette législation est elle favorable aux fortunés ?
Pourquoi, la gauche politique et économique, qui clame détenir la vérité, la justice et la solution (relancer le pouvoir d’achat donc l’économie donc l’emploi en taxant les fortunés) n’applique t’elle pas sa politique une fois au pouvoir ?
Pourquoi les citoyens n’élisent ils pas plus souvent cette gauche au pouvoir ?
J’ai mon idée mais je voudrais lire les vôtres..
Parce que ceux qui sont au pouvoir ont été formés aux grandes écoles qui leur enseigne le libéralisme traditionnel. La macro-économie, pour eux c’est la micro-économie en plus grand. Contrairement à ce qu’a dit Adam Smith : « Ce qui est sage dans la conduite d’une famille privée peut être presque fou dans la conduite d’un grand Etat »
Hadrien
Quelle gauche? De quelle gauche parlez-vous? Il n’y a plus de gauche; il subsiste en France une aile de gauche « à l’ancienne », mais je vous défie de trouver une différence notable entre la gauche (le PS) et la droite. Quelque soit le parti au pouvoir, la réalité économique de change guère. C’est le peuple qui doit changer et reprendre le pouvoir en main, voilà le secret.
Parce que les médias forment l’opinion dans l’intérêt de leurs maîtres qui sont ceux qui les financent. Donc, ils font la promotion 23h59/24 de leurs partis, dont les candidats sont dressés dans des écoles spécialisées (on leur y apprend à tenir des discours de droite ou de gauche, ou les 2 à la fois pour impressionner l’auditoire, la compassion, la gestuelle, l’intonation, le regard au loin) avant d’être enrôlés. Les candidats non retenus après la période de dressage font des animations dans les supermarchés, retournent à Meaux, ou encore finissent au parlement ou à la Commission européenne en attendant de toucher la retraite.
Les partis de gauche n’ont pas ces moyens puisque, par définition, leurs adhérents sont fauchés.
(Nous sommes en pognoncratie).
J’ai oublié de préciser que du fait que les friqués contrôlent absolument tout, à commencer par les médias qui fabriquent l’opinion, ils ont 99% de chance d’avoir le pouvoir.
Et donc, les vrais partis de gauche ne sont pas prêt d’y accéder.
D’ailleurs, en 225 ans, ils n’y sont jamais parvenus! C’est tout dire…
« Ou il faudra se résoudre à revenir à une démocratie censitaire, dirigée par et pour quelques milliers de familles. »
Aux vus des taux d’abstention, du non respect des traités + effets de cliquets, des inégalités, de ‘l’ambiance’ sociale, et j’en passe, nous sommes résolument dedans. Un peu aveuglés certes…
Mais peut-être voulez-vous dire que cette « démocratie censitaire » pourrait ‘s’officialiser’ ?
Le defaut sur la dette me semble être de bonne justice : les créanciers doivent payer, qu’ils soient fonds de pension, ou assurances-vies. Ainsi les « retraités » actuels qui ont bénéficié des années fastes suffisamment pour « mettre de coté » seront mis à contribution. Ils sont aussi souvent propriétaires et ils ont bénéficié des taux de crédit attractif des années d’inflation.
Les plus jeunes verront ainsi leur charge allégées (remboursement du la dette) et rechigneront moins à contribuer aux pensions…..nouveau contrat générationnel !
J’ajoute que je ne suis ni jeune, ni actif …
…Et que c’est votre portrait que vous avez dressé ? !
Alors ce serait un beau geste que d’écrire cela ! car malheureusement, ce ‘groupe social’ est souvent privé de vision solidaire ou générosité, et de la richesse stagne…
Oui, solidarité de ma generation, aujourd’hui possédante, avec la jeunesse aujourd’hui désespérée … la dette française semble être entre les mains de créanciers français…nous sommes donc maîtres de notre destin (plus ou moins).
Dans le monde de la mondialisation financière, l’impôt mondialisé me semble impossible car les banques qui bénéficient des QE gèrent l’ »optimisation fiscale ». Les 0.01% doivent prier pour que les mesures de Piketty soient appliquées car ainsi elles benéficieront de la manne financière des 1% à 10% afin de payer les intérêts. Cela fera sans doute plaisir aux 10%-100% de voir les 1%-10% attaqués mais cela ne règlera pas le problème. Zucberg semble tomber dans la même impasse car les paradis fiscaux existeront tant que les mêmes banques qui bénéficient de la rente financière des QE gèreront elles-mêmes l’ »optimisation » fiscale. Ce n’est en plus pas possible car ces lobbys financiers contrôlent par le lobbying la politique et ne feront qu’appliquer les mesures qui leurs conviennent et, éventuellement faire payer les 1%-10% lorsque le peuple sera trop énervé. La seule alternative est alors le revenu de base comme création monétaire publique remplaçant en quelque sorte les QE et/ou comme taxe sismondienne sur la machine sur le modèle proposé par Paul Jorion. Voici à ce sujet un article que tous les QEs aux USA auraient permis de distribuer 56000 dollars à chaque foyer, relançant ainsi l’économie réelle au lieu de créer de la spéculation et plus encore de lobbying si cet argent avaient été distribué démocratiquement sous forme de revenu de base(http://www.thefiscaltimes.com/Columns/2014/09/18/Instead-QE-Fed-Could-Have-Given-56000-Every-Household-America). Je partage à ce sujet l’avis de David Graeber qui est attristé de voir que l’alternative de Piketty est extrêmement conservatrice et est finalement une rustine. Je sais que je suis à cotre-courant en France et j’ai beaucoup de respect vis à vis de Piketty et Zucberg que j’ai lus avec intérêt mais aussi brillantes que soient leurs réflexions, elles sont enfermées dans des dogmes qui à mon avis ne sont plus adaptés à l’époque actuelle.
@ christophe:
Bien vu, mais (i) c’est Zucman et pas Zucberg (est-ce un refoulé ? la légende urbaine Bilderberg nous obsède-t-elle ?) et
(ii) si ce conservatisme de Piketty permettait déjà un déplacement de l’opinion de certaines élites, une meilleure écoute des Stiglitz, etc. cela atténuerait déjà le choc, et donnerait du temps pour gérer le plus grand choc du défaut généralisé, qui risque d’être plein de secousses et de soubressauts autrement.
Bien sûr, nous retrouvons la vieille histoire du réformisme vs. les choses plus révolutionnaires. Mais Piketty aurait-il connu le succès qu’il a connu si les premiers néolibs venu avaient pu, comme a tenté de le faire notre immarcescible Baverez, le taxer de brûlot marxiste (de sous-préfecture). Bref, nous avons percé la paroi de la cellule et nous pouvons maintenant réfléchir à utiliser sa propre machinerie pour lui éviter l’apoptose générale.
Un impot mondial est en effet difficile à imagimer. Par example pour l’islam c’est une question divine avec la Zaqât (sorte d’ISF de 2,5% qui doit être redistribuée aux plus pauvres).
http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Zak%C3%A2t
J’en profite pour réitérer une idée que j’ai plusieurs fois émise sur le blog sans rencontrer beaucoup d’écho : la contradiction entre la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) et le principe d’une dette publique due par tous à quelques uns, notamment lorsqu’il s’agit de dettes et de créances héritées.
Je m’explique :
Lorsque la dette publique est contractée sur les marchés de capitaux, et que les créances correspondantes se retrouvent finalement, comme le souligne ici Zébu, entre les mains d’une très petite minorité de la population, la situation objective est que tous doivent quelque chose à quelques-uns.
Quand le temps passe, et que les générations se succèdent, on en arrive à ce que tous doivent quelque chose à quelques-uns, en naissant.
Or cette situation est incompatible avec la DUDH, qui commence précisément par l’affirmation du contraire, article 1, alinéa 1:
Quand certains naissent dans la pauvreté, et d’autres dans l’aisance, il s’agit d’une inégalité de fortune, sur laquelle la DUDH ne statue pas. Mais lorsque tous les enfants qui naissent doivent quelque chose à certains d’entre eux, il s’agit d’une inégalité de condition, fondamentalement contraire à la DUDH.
La dette publique n’est plus financée par la banque centrale nationale depuis 1973. Quarante ans plus tard, la charge de la dette est le deuxième poste du budget de l’Etat, et conduit à des arbitrages budgétaires qui se font objectivement aux dépens de l’intérêt public. Bientôt, il sera évident que nous devons, presque tous, payer pour des droits seigneuriaux.
Pensez-y la prochaine fois que l’on vous expliquera que vous avez vécu au-dessus de vos moyens, et que vous avez laissé à vos enfants un dette irresponsable. Vous avez aussi laissé une créance, et c’est peut-être celle-là qui est irresponsable…
Cela montre en fait que le marché à la sauce capitaliste tue la DUDH et la démocratie à l’usage .
Et que le marché ne redeviendra sain que lorsque la démocratie (re?)trouvera des forces .
Ne pensez-vous pas que c’est plutôt l’inverse, c’est-à-dire que la démocratie n’aura de chance d’exister que lorsque le marché et les marchands auront été remis à leur place, qui, pour tout projet humain individuel ou collectif qui vaille, devrait être subordonnée ?
Pas faux , mais le marché ET la démocratie ne deviendront sains et adultes que lorsque les propriétés auront été descendues de leurs socles et redéfinies .
Par la démocratie ( si possible) qui est aujourd’hui mercato-libérale tant que la propriété est inscrite comme sacrée dans la(les) Constitution(s) .
Autre anomalie avec la DUDH version 1789:
Article 13 : »… une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. »
Cet article impose la progressivité de l’impôt. Il n’y a pas d’autre sens à « en raison de leurs facultés. »
Or, l’impôt qui rapporte le plus, en France, est la TVA. -> progressivité négative.
Les impôts directs rapportent beaucoup moins et sont au mieux proportionnels.
Aucun doute que cet article est violé, et ignoré dans les autres versions de la DUDH…
On peut rappeler l’adage selon lequel une classe (au sens marxiste) au pouvoir tend à faire échapper cette classe à l’impôt. Solidarité clanique… Où est la démocratie?
Si on prend comme exemple les États-Unis (ils servent plus ou moins de modèle au reste de la planète et on est relativement bien informé sur ce qui s’y passe) l’influence d’un petit nombre de personnes très riches sur le processus électoral est déjà largement en place: choix des candidats, financement de leur campagne, contrôle de la plupart des moyens d’information se font au su et au vu de tous.
En Europe il n’existe pas de lois aussi explicites que celle qui permet par exemple aux superPAC un financement sans limite mais les financements illegaux (je pense aux nombreuses affaires en cours en France et ailleurs) y sont une pratique ancienne et qui semble se développer.
Le contrôle des moyens d’information par les plus riches a un effet à plus long terme que les élections mais il est probablement encore plus efficace…
Il me semble que piketty a démontré qu’en France la dette représente 15% de la richesse privée. Il propose logiquement comme solution au poids énorme du paiement des intérêts composés (Premier budget de la France !) de taxer le capital privé avec un impôt progressif pour assurer une liquidation de la dette en quelques années. Ou en une fois (15%).
Solution bien moins dangereuse que l’inflation incontrôlable et le défaut brutal et sans distinction…
vous parlez de la dette souveraine ? Le service de la dette est le deuxième poste budgétaire, l’EN reste le premier, mais c’est en effet dramatique. Je crois que Piketty parle aussi de taxer la propriété privée, assiette beaucoup plus large que le capital. Zébu me reprendra si je suis « à la rue ».
La charge de la dette, pas le service (qui est de 13% des recettes, pas de 21% comme je l’ai écris).
Si on prend le patrimoine total privé en France, on obtient environ 10 000 milliards, dont 4000 en patrimoine financier et le reste en immobilier-foncier, dont la ‘valeur’ est surestimée du double au moins (bulle). En ne se basant que sur la richesse ‘liquide’, l’ass-vie (composée à 85% d’obligations, souveraines ou pas) représente 40% environ de ce patrimoine.
Il est vrai que si on soumettait les revenus de ce patrimoine de créances à l’impôt progressif, à fortiori réellement progressif, on en limiterait fortement la croissance. Mais la dette publique est détenue aux 2/3 à l’étranger : si on applique le barème de l’impôt progressif sur les coupons, sûr, on est pas prêt de pouvoir (re)financer la dette de l’Etat …
Pour l’instant, grâce au taux offert (et sur lequel les épargnants français cracheraient volontiers) par les créanciers, la dette se refinance, parfois même en taux réel négatif.
Mais :
1- cela ne durera pas juqu’à la saint glinglin
2- c’est largement insuffisant pour contrer la hausse de la dette publique
3- parce que les intérêts composés des crédits passés pèsent (et que les recettes manquent)
La stratégie de désendettement ne fonctionne pas (sauf à avoir 100 ans devant soit), la ‘fiscalisation’ des revenus de la dette publique ne permettra pas de refinancer cette dette, l’inflation nécessite une hausse des salaires suicidaire dans une économie concurrentielle sans système monétaire d’ajustement, le rachat de la dette publique par les banques centrales n’est qu’un tour de passe-passe, les politiques de déflation salariale sont un échec … Que reste-t-il, sinon le défaut ?
Par ailleurs, pourquoi ‘sans distinction’ ?
Un défaut ne peut-il pas cibler certains créanciers (exemple : au-delà d’1 million d’€, décote de 40%) ?
donc zébu tu proposes l’euthanasie de certains créanciers, au-delà d’un certain plafond effacement pur et simple de la créance. L’Etat, le trésor public, quitte le surendettement, et les créanciers acceptent une légion d’honneur en compensation.
dans ton montage, les riches payent le service de la dette, et l’impôt qu’il donne d’une main est finalement repris de l’autre avec la perception des intérêts de la dette (obligations, assurance-vie, rente perpétuelle – sacré invention la rente perpétuelle, comme indexer un EE sur l’or).
mais ne penses-tu pas qu’une nouvelle ère de l’euthanasie des rentiers est ouverte, puisque il y aura défaut sur la dette, la rente s’effondre (Chypre le retour à grande échelle). Par contre, et c’est là que le bât blesse, ce sont de petits rentiers (voire moyens) qui morflent, car comme le prétend Piketty, le 1% n’est pas détenteur de dettes souveraines, elle sert bien leurs intérêts pour faire ronfler la machine, mais z’en veulent pas en portefeuille.
Les dettes souveraines en trompe-l’oeil
On pourrait régler le problème des dettes souveraines facilement en autorisant les créanciers d’inscrire dans leur compte de bilan les dettes souveraines comme réglées, au moins celles venant à échéance à court terme. On supprimerait simplement la valeur de la créance de la colonne actif et on la remplacerait par la même valeur comme actif mais en réserve. Ce qui est un faux en écriture (pas de mouvements monétaires réels du compte d’exploitation) au niveau microéconomique peut ne pas l’être au niveau d’un Etat souverain. La banque perd ses intérêts en cours – tout se passe comme si rien n’avait été prêté – mais renforce ses fonds propres par ce jeu d’écriture. Alors qu’un simple effacement unilatéral, qui d’ailleurs a eu lieu quelquefois en faveur de pays surendettés en Afrique en particulier, lèse le prêteur, dans ce cas il efface tout et revient à la case départ sans dommage. Le manque de fonds propres semble d’ailleurs être un problème dangereux pour la plupart des banques européennes, (Allemagne comprise) selon les contrôles officiels récents. Ce système aurait l’avantage de supprimer les assurances (CDS) que les banques prennent pour éviter les défaillances de leurs créanciers. Qui d’ailleurs n’a pas empêché l’explosion de la crise des « subprimes » aux U.S.A. Les taux d’intérêts en seraient automatiquement diminués par cette technique qui n’est autre qu’une auto-assurance. Bien entendu il faudrait un contrôle de banque centrale pour qu’il n’y ait pas d’abus d’application de cette technique. Je rappelle que depuis des décennies la dette souveraine a été plombée par l’existence de taux d’intérêts cumulés : le service de la dette est le poste le plus important dans les comptes nationaux.
On met alors le doigt sur ce qui est une erreur ( ?) fondamentale des politiques depuis des décennies, à savoir l’interdiction pour un pays de battre monnaie. Ce serait une façon de rétablir la souveraineté financière. Et de faire fondre la dette par l’inflation qui accompagne la création monétaire. Les banques sont prises à leur propre piège par l’excès d’endettement de nombreux pays dont elles espèrent sortir en mettant la pression sur la réduction des déficits publics, dont le risque déflationniste est connu. Ce qui renforce encore plus les inégalités sociales qui renforcent les déficits publics, dans un cercle vicieux impossible à briser, car on finance ces déficits par l’augmentation de la dette qui par effet boomerang augmente ces mêmes déficits à cause des intérêts. Bien sûr, cette proposition n’est qu’un raisonnement, mais diffusé dans le public, cette éventualité aurait le mérite de montrer où sont et où ont été les responsabilités : austérité veut dire moins de dépenses, plus d’impôts, donc ralentissement de l’activité. Chaque action a une influence sur une autre à laquelle elle est mécaniquement rattachée. Les enchaînements ont des effets dominos. Depuis une quarantaine d’années, les dirigeants sont entrés dans le jeu bancaire qui consistait à supprimer tout risque d’inflation qui comme on sait diminue le rapport des prêts. La BCE a cet objectif institué dès le traité de Maastricht : tuer l’inflation, quitte à diminuer l’activité qui en est une conséquence obligatoire, en ralentissant les prêts à la consommation, pour les augmenter aux Etats dont le montant est plus important. Ce qui incite le patronat et dirigeants à tout faire pour diminuer les masses salariales. C’est en effet l’augmentation des masses monétaires en circulation due à la croissance qui sont à l’origine de l’inflation. Or diminuer la croissance, c’est augmenter le chômage. Ce qu’on appelle la variable d’ajustement. Ce qui diminue le pouvoir d’achat donc moins d’activité … « Ce qui est sage dans la conduite d’une famille privée peut être presque fou dans la conduite d’un grand Etat » Adam Smith (Economiste anglais18 e siècle) alors que Margaret Thatcher, fille d’épicier anglais, l’a portant fait. Comme d’ailleurs Giscard d’Estaing (famille de banquiers), ennemi juré de l’inflation qui a enclenché le même processus de la rigueur avec la loi « Pompidou-Giscard » en janvier 1973. Oui nos dirigeants sont presque fous d’assimiler notre pays à une entreprise commerciale, ce qu’on leur apprend effectivement dans les grandes Ecoles de commerce, à l’ENA, Science Po…Mais alors ces créanciers assurés d’un manque à gagner (plus de prêts plus d’intérêt ), ne prêteraient plus aux Etats ? Au contraire, puisque ce serait sans risques. Mais qu’importe si l’Etat comme auparavant, restaient maîtres de la création monétaire. Inflation peut-être, mais maîtrisable, qui crée généralement les classes moyennes. Davantage de possibilité d’investissements avec des déficits éventuels productifs. On peut ainsi briser le cercle vicieux déficit-chômage si cela crée la croissance. L’endettement de l’Etat diminue, par le retour sur investissements. A noter que créer des emplois dans la fonction publique peut être considéré comme un investissement car la masse salariale en augmentant augmente la croissance par l’augmentation du pouvoir d’achat. Vive l’Etat providence.
Cette façon de remettre en cause les dettes souveraines permettrait de rétablir une souveraineté nationale mise à mal par les financiers. Cela aurait également le mérite de les faire sortir d’un piège auquel ils se font prendre par cupidité, en prenant le risque de ne pas revoir intégralement leur capital prêté. Ces accords pourraient être entérinés par les banques centrales des pays européens, y compris la BCE de façon à en contrôler l’usage. Accord évident pour la Grèce et certains pays de la zone sud de l’Europe en difficulté de remboursements, donc mal notés par les agences de notation, ce qui accentue leurs difficultés : les taux d’intérêt augmente avec le risque d’un non remboursement. Dès cette opération effectuée, les notes seront automatiquement remontées, ce qui permettrait de nouveaux emprunts à des conditions moins draconiennes. Dans ces conditions on se demande si les agences de notation seraient utiles puisque leurs conseils induisent les taux d’intérêt en fonction du risque d’impayé. Si tous les pays adoptaient cette technique la « troïka » n’imposerait plus des mesures absurdes qui rendent exsangue le pays concerné. Si cette proposition a peu de chances de voir le jour, car évidemment le lobby bancaire pourrait s’y opposer, toujours par cupidité. Les dirigeants politiques complices du système patronat-banques auront peur de la liberté retrouvée de pouvoir dépenser …sans compter. Ce qui supposerait de bien gérer leur pays. Cette proposition tient de la politique fiction, mais pas plus que l’argent, qui est aussi une fiction qui montre sa faiblesse originelle d’être une pure convention, un symbole garanti…par les banques, accaparé par des tricheurs qui profitent qu’il n’est plus matérialisé pour en faire une arme d’autant plus redoutable qu’ils sont les seuls à la posséder.
Espagne. Podemos: restructuration partielle de la dette.
Jorge Lago: Est-ce qu’on est contre le capitalisme? Oui. Est-ce qu’on veut changer le système social par un autre qui ne soit pas capitaliste? Moi oui. Est-ce qu’on a la force aujourd’hui de le faire? non, on l’a pas.
Daniel Schneidermann: Si vous [Podemos] arrivez au pouvoir vous acceptez ou vous acceptez pas le capitalisme?
Jorge Lago: C’est pas la question à mon avis.
On veut faire un audit de la dette pour savoir à qui on a décidé de prêter et dans quelles conditions.
Après on voit quelle dette est illégitime et on la paye pas. Mais pas toute la dette. Si on s’endette pour construire un hôpital, évidemment il faut payer ça, mais si on s’endette pour reconstruite des appartement que personne achète parce que le [promoteur qui construit] les appartements c’est l’ami du ministre de l’économie évidemment on la paye pas.
Arret sur images (abonnés): http://www.arretsurimages.net/emissions/2014-11-07/Podemos-les-attaques-de-la-droite-nous-ont-places-au-centre-du-debat-id7217
Ce sont les mêmes riches qui investissent dans les obligations d’Etat (dans la dette) et qui cherchent à se défiscaliser coûte que coûte. Finalement, même un système démocratique et censitaire leur apparaîtrait comme « liberticide » !
La dette est dans les faits un impôt négatif. Pour les riches.
Il est donc important de payer peu d’impôt afin d’obliger l’Etat à emprunter, car il n’est pas question que l’Etat ajuste ses dépenses à ses recettes. Pour les riches. En remarquant que les dépenses de l’Etat finissent principalement dans l’escarcelle des riches, les seuls à même de fournir une contrepartie en industries et services. Le fin du fin serait de ne plus fournir de contreparties tangibles, l’industrie de l’armement est en passe d’atteindre ce nirvana…
Ce processus nécessite des Relations Publiques « performantes » et d’autres complicités. Comme souvent, moyens conséquents et patience font le job.
La démocratie est une bonne couverture. Pourquoi s’encombrer de définitions précises? Elles sont manipulables, celui qui paye le décide. Le troupeau, les électeurs, suit. A force, il en a l’habitude.
N’est il pas possible d’en finir avec tout ceci. N’est il pas possible d’aller vers une naissance qui ne se base que sur du neuf, de l’inédit? En économie probablement pas. Ceux qui possèdent tout, face à ceux qui n’ont rien. La division de l’humanité en deux tranches, une énorme et l’autre minuscule. Le résultat de tout ceci est que l’on regarde cette tranche énorme et qu’on la convoite, ce que savent très bien ceux qui la possède et qui disent aux autres: »Si vous voulez une partie du gâteau jouez le jeu du capitalisme, nous avons réussi pourquoi pas vous? ». Nous n’en sortirons jamais. Tout ceci n’engendrera que guerre et destruction massive. Sauf si quelqu’un à une solution, qui soit neuve et inédite, mais celui-ci ne sera pas suivit par la plupart, car la foule n’aura aucune confiance en quelque chose de neuf et d’inédit, il nous faut du vieux, quelque chose qui est quelque part dans la mémoire, alors on ressortira un vieux truc qui nous conduira à notre perte.
Zebu, qui paye en ce moment les intérêts (minables il est vrai) et le principal ?
Arrête moi si j’me trompe Zeb, mais il me semble que les ass-vie dites en « gestion privée » de tes « 72 000 familles » à plus de trois millions en moyenne chacune n’ont pas grand chose à voir avec les contrats en roros du contractant lambda à moins de 40 000€. Bref y’a pas beaucoup d’OAT là-dedans…
Désolé pour la suite de ton développement qui s’en trouve un peu… comment dire…