Si vous deviez choisir l’un des modèles économiques ? Serait-ce le modèle allemand, le modèle scandinave ou alors un autre modèle ?
Paul Jorion : Pour moi, la solution passe par un modèle de sortie de crise par le haut : par la restauration d’un système monétaire international. Celui que nous avions est mort, on le sait, en 1971, quand Nixon a dénoncé les accords de Bretton Woods de 1944, accords qui avaient entériné la position défendue à l’époque par les États-Unis, à savoir avec le dollar comme monnaie de référence : la seule ayant une parité or, les autres se définissant par leur taux de change par rapport au dollar, celui-ci pouvant être ajusté par la dévaluation ou la réévaluation.
Il a fallu attendre les années 1960 pour que Robert Triffin (1911-1993) explique pourquoi ce système ne pouvait en réalité pas marcher : le dollar servait à la fois de monnaie domestique aux États-Unis et de devise d’échange sur les marchés internationaux. Or une monnaie doit être le reflet d’une certaine richesse définissable avec précision : il ne peut pas en refléter deux comme on le lui demandait.
En 1944, l’économie des États-Unis représentait 70 % de l’économie mondiale, ce qui veut dire qu’elle constituait effectivement une assez bonne approximation de l’ensemble mais quand l’économie mondiale est repartie avec la reconstruction, c’est devenu avec chaque jour qui passait un peu moins vrai.
On devrait revenir à cette bifurcation de Bretton Woods, tirer les conséquences du fait que le mauvais choix a été fait à l’époque et s’inspirer maintenant des propositions que John Maynard Keynes avait avancées sans succès à ce moment-là au nom de la Grande-Bretagne. Keynes prônait un système d’échanges entre nations où le règlement des importations et des exportations se réalise par l’intermédiaire d’une chambre de compensation internationale multilatérale, avec une monnaie de compte commune qui est le bancor.
Le monde que Keynes imaginait était un monde « pacifié », comme il le disait, sur le plan économique, où il n’y aurait pas comme aujourd’hui une Grèce humiliée et une Allemagne exportatrice nette, c’est-à-dire qui exporte plus qu’elle n’importe, triomphante et drapée dans sa vertu.
Les monnaies nationales auraient avec le bancor une parité fixe mais révisable annuellement, avec réévaluation de la devise nationale en bout d’année pour les exportateurs nets et dévaluation dans le cas des importateurs nets. Ce réajustement permettrait à chaque nation de repartir l’année suivante sur une base assainie.
Aujourd’hui, tout pays doit trouver un équilibre entre son marché intérieur et son marché extérieur. C’est Martin Wolf, le chroniqueur du Financial Times, qui avait posé la question : « Emmanuel Kant n’était-il pas Allemand ? N’était-ce pas lui qui avait évoqué l’impératif catégorique ? L’idée qu’une règle éthique doit pouvoir être appliquée par tous simultanément ? ». Or tous les pays ne peuvent pas être exportateurs nets simultanément, c’est impossible : il faut des importateurs nets pour absorber les excès d’exportation de ces exportateurs nets.
La position de l’Allemagne rappelle ce que disait l’auteur américain Garrison Keillor à propos de Lake Wobegon, la petite communauté idyllique qu’il met en scène dans ses romans : « Tous les enfants y ont des notes supérieures à la moyenne ».
Sur la question de l’emploi : on s’efforce en Allemagne de former les jeunes dans la perspective des emplois qui sont disponibles – nous aurons l’occasion d’en reparler. Après la réunification, les Allemands de l’Est n’auraient pas compris et admis que le travail ne soit pas assuré pour la quasi-totalité de la population. C’est l’un des éléments, avec l’accès gratuit à la santé, qui reste comme un élément positif dans l’esprit de tous ceux qui ont vécu sous des régimes communistes. Cela explique d’ailleurs la résurgence d’un courant favorable à une sorte de néo-communisme dans des pays comme la Roumanie, en raison de la déception qui succède maintenant à l’euphorie initiale.
Mais s’il y a du travail pour tous en Allemagne, beaucoup de ces boulots ne sont pas très gratifiants. On préfère mettre les gens au travail plutôt que de les voir sans emploi : on leur fournit une occupation et des revenus sous forme de salaire plutôt que sous forme d’allocation de chômage. Un choix est fait entre l’insatisfaction qui découle d’un emploi peu attrayant et la dépression nerveuse qui découle du chômage. Le choix est fait en faveur du premier. C’est un choix entre deux maux mais il a l’avantage aussi de pouvoir se perpétuer sans angoisse excessive, alors que les allocations de chômage s’accompagnent d’une culpabilisation et ont toujours une fin. Cela nous ramène à une question centrale : comment assurer le travail, et les revenus qu’il produit, quand des machines et des logiciels remplacent inexorablement les travailleurs ? Nous devrons y revenir.
Être le meilleur économiquement en terrassant les autres joueurs n’est pas une solution de long terme. La priorité est de convaincre les Allemands qu’être un exportateur net, ce n’est pas être vertueux et exemplaire, c’est créer délibérément un problème que les autres pays doivent résoudre. C’est du même ordre que les Américains, dont je viens de parler, qui répandent leurs dollars sur les marchés, en disant que ce qu’il faut en faire n’est pas leur problème. Ce n’est pas tenable sur le long terme. Ni le dollar monnaie de référence ni l’Allemagne exportateur net ne remplissent la condition à remplir pour être un impératif catégorique : que tout le monde puisse appliquer le principe simultanément.
Bruno Colmant : Un modèle économique se définit de manière inductive et civilisationnelle par rapport à des courants historiques profonds. Un modèle n’est pas copiable en l’état, car il s’agit d’une construction qui s’est réalisée au cours de l’histoire. Je ne sais donc pas vraiment vers quel modèle pencher, mais il me semble que le modèle actuel ne crée pas assez d’osmoses entre les classes sociales et entre les générations. Pour réaliser cette osmose, une plus grande redistribution tant du travail que du capital est nécessaire. Le modèle allemand comporte de sérieux atouts, parce qu’il est plus collectif – c’est sa trame luthérienne – et aussi parce qu’il est respectueux tant du travail que du capital. En ce sens, il conduit à une meilleure osmose entre classes sociales et entre générations. L’Allemagne a réussi à éviter l’exclusion de certaines tranches d’âge ou de revenus. De façon naturelle, les sociétés ne conduisent pas à un modèle de redistribution sociale et générationnelle. Elles ont tendance au contraire à s’éclater et à se fragmenter.
En définitive, notre modèle d’État-providence comporte pas mal d’avantages. Il permet de mieux encaisser et de lisser les chocs de la crise. Malheureusement, ce modèle se développe au détriment des générations futures sur lesquelles on essaie de reporter la charge de la dette. Le modèle humaniste n’est ni celui de l’État ou des pouvoirs centralisés, ni celui de l’argent, mais celui de l’homme. C’est l’enseignement principal des Lumières. Ceci conduit aussi au concept de l’économie de marché sociale, parfois qualifiée d’économie éco-sociale. La notion de flexisécurité, imaginée au sein des communautés nordiques, est peut-être l’un des reflets de cette troisième voie, qui est séduisante à de nombreux égards.
La Commission européenne s’est inquiétée à la fin 2013 des déséquilibres allemands. L’Allemagne dégage un excédent jugé « excessif » de ses comptes courants car supérieur à 6 % depuis 2007 et ne soutient pas assez sa demande intérieure. Les États-Unis et le FMI se sont ralliés aux critiques européennes. Réponse des Allemands : c’est comme si on demandait à l’équipe de football du Bayern Munich de s’affaiblir en s’alignant sans son meilleur joueur, Frank Ribery.
Paul Jorion : Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, le message des autres nations européennes à l’Allemagne était clair : nous tolérerons votre retour au rang de grande nation, mais il est exclu que ce soit sur le plan militaire. Le plan industriel et commercial leur était clairement désigné comme étant là où l’Allemagne pourrait s’épanouir. Les chanceliers allemands Konrad Adenauer (1876-1967) et Ludwig Erhard (1897-1977) mirent en application l’ordo-libéralisme des Walter Eucken (1891-1950) ou Franz Böhm (1895-1977). C’est comme cela que l’Allemagne de l’Ouest a pu refaire sa puissance. C’est ce qui lui a aussi permis de réussir la réunification avec l’Allemagne de l’Est après 1989. Grâce, il faut le souligner, à la bienveillance du reste de l’Europe à son égard dans ce projet, et au soutien actif qui lui a été offert. La gratitude est toujours malheureusement une marchandise rare : on remercie au moment même, puis on oublie rapidement, on se convainc qu’après tout, on aurait très bien pu s’en sortir tout seul !
Bruno Colmant : Demander aux Allemands de réduire leurs excédents, c’est mettre en question l’existence même de l’euro. Depuis les guerres napoléoniennes, un immense contentieux existe entre l’Allemagne et la France. Ces deux derniers siècles, Français et Allemands ont dû régler des questions territoriales et monétaires importantes. La France a toujours reproché à l’Allemagne le paiement de dommages excessifs après sa défaite de 1870 tout en n’ayant jamais obtenu de juste compensation pour les guerres de 1914-18 et encore moins de 1940-45. De son côté, l’Allemagne reproche à la France d’avoir conduit le pays à sa ruine : de l’hyperinflation de 1923 et au défaut en 1933, en application du Traité de Versailles de 1919. Cela va même plus loin que la monnaie : les territoires français et allemands ont été délimités par des négociations monétaires : l’Empire allemand fut signé par Bismarck à Versailles en 1870 au prix d’énormes dommages de guerre tandis que le support européen à la réunification allemande de 1990 fut négocié en échange de l’entrée de l’Allemagne dans la zone euro.
Après la réunification, on a voulu contraindre la prédominance économique prévisible de l’Allemagne, en l’engluant dans une monnaie unique et donc en diluant son importance dans un agrégat plus important. Mais comme l’euro est une monnaie artificielle, il ne faut pas s’étonner de la situation actuelle. Les balances commerciales ne sont le reflet que de problèmes et de déséquilibres qui auraient dû être réglés par une dévaluation du franc français et une réévaluation du mark. Paul qualifie cela d’impérialisme. Effectivement, on peut parler d’un impérialisme économique. Mais il faut reconnaître que l’on demande aux Allemands de faire quelque chose qui constitue une double négation de leur singularité. On a les poussés dans une monnaie unique qui ne leur convient pas, et on leur demande aujourd’hui de modifier leurs attributs commerciaux parce que cette monnaie ne convient plus aux autres pays. C’est tout de même un singulier paradoxe.
27 réponses à “Les propositions de Paul Jorion et Bruno Colmant dans « Penser l’économie autrement » (II) Que penser du « modèle allemand » ?”
Je pense que le paradoxe se résoud par le fait que le On de la première partie de la phrase n’est pas le On de la seconde partie…
« On les a poussés dans une monnaie unique… »
Les Allemands n’ont-ils pas ratifié les traités successifs (Maastricht, Nice, Lisbonne) ?
Si On les a poussés (comme « On » a poussé les Français qui avaient dit non à la constitution européenne après avoir dit oui à Maastricht dans des référendum interdit par la constitution Allemande), ce sont leurs dirigeants, les « On » de la première partie de la phrase.
Le « On » de la seconde partie me semblent être les penseurs d’une alternative à TINA. Il ne s’agit donc pas du même On, ce qui résout AMHA le paradoxe évoqué par B. Colmant.
Que l’on explique pour la construction de l’Euro la position des uns et des autres par leur Histoire est une chose, c’était hier, nous sommes à aujourd’hui et il faut avancer. Mais nous sommes dans un chemin, certes caillouteux nous avançons avec difficultés et peut être qu’un peu plus loin ce sera une impasse? C’est quand même un chemin en exploration ?
Si nous voyons les inconvénients de notre plan A au fur et à mesure de notre progression, qu’avons nous entrepris comme travail pour imaginer le passage et le fonctionnement du plan B, de la monnaie Unique à la monnaie Commune ? Rien que je sache.
Est-ce parce que souvent il y a la tentation d’un plan B moins difficile que beaucoup ne pourraient plus faire beaucoup d’efforts pour avancer sur le plan A ?
Je me risque à faire un pas de côté.
Je pense que d’une manière générale nous sommes résignés à accepter le primat de l’économie sur nos vies. Si je peux convenir que je doive produire et consommer, cela ne me réduit pas à n’être qu’un homo oeconomicus, rationnel. J’ai le désir d’emplir ma vie et donc je peux avec l’aide de la société des autres hommes dans laquelle je vis, en consacrer une part à me former pour changer d’emploi, mais aussi à me cultiver de diverses manières, à apprendre la musique, l’écriture, le travail manuel etc… . Je peux aussi songer à devenir un créateur. Ces deux derniers piliers de mon existence d’être humain sont de nature à me faire accepter l’éventuelle banalité du premier. Et surtout à ne pas me lancer dans la course à l’accumulation.
Encore faut il que vous soyez suffisamment bien loti dans la hiérarchie des marionnettes que nous sommes; pour vous permettre de faire mieux que survivre.
Survivre est la seule ambition que de plus en plus sont contraints de partager; le système ne leur offrant pas d’autre perspective.
@ Peska 4 novembre 2014 à 17:51
Exprimer un désir c’est bien, mais il faut aussi faire l’inventaire des moyens. La France a-t-elle bien les moyens de s’offrir ce dont vous rêvez ?
Depuis le début des années 80, les politiques de droite et surtout de gauche, ont beaucoup consisté, pour des raisons électoralistes, à aller vers la satisfaction des désirs que vous exprimez. La réduction du temps de travail et l’abaissement de l’âge de la retraite, nous ont déjà conduits à accroître nos déficits donc notre endettement, ainsi qu’à faire chuter notre compétitivité, entraînant la ruine de notre industrie.
Pensez-vous qu’il soit possible de poursuivre dans cette voie consistant à toujours produire moins, consommer plus, ou tout au moins autant, sans investir pour produire mieux et moins cher, tout en nourrissant l’espoir de s’offrir encore une meilleure vie ? N’est-ce pas faire preuve d’inconscience et d’immaturité économique ?
Je dirai que ça remonte á 36, au moins, cet hédonisme indécent des prolos. Ça vous embête, hein ? Inconscience, immaturité… Parlez-nous un peu des gros bonnets du CAC, à voir comment vous les voyez.
@jducac 4 novembre 2014 à 20:39
Vous trouvez excessif le train de vie des français moyens, en passant sous silence, tout comme les marionnettes qui font l’opinion, le train de vie 100 000 (cent mille) fois supérieur, des français les plus aisé. La France en a t’elle bien les moyens?
D’autant que le revenu des plus aisés augmente constamment. Il semble ne pas y avoir de limite pour ceux là. Étrange.
@ Mor 5 novembre 2014 à 00:29
Le CAC 40 est détenu à pratiquement 50% par des résidents étrangers alors qu’ils n’étaient que l’ordre 10% en 1980
http://brigitte-besser-sebbag.actusite.fr/a-qui-appartient-le-cac-40-/75-paris/p-33579
http://www.lexpress.fr/informations/a-qui-appartient-le-cac-40_646841.html
Les fonds de pensions étrangers y sont présents et influent sur la marche de nos grandes entreprises.
Ça n’est pas le CNR en 45, très anticapitaliste, qui aurait fait ce qu’ont fait les fonds de pension anglo-saxons et autres.
http://www.lesechos.fr/08/04/2014/LesEchos/21664-078-ECH_un-siege-social-en-moins-pour-le-cac-40.htm
Ce sont des faits. Cela montre que chez les réalistes qui se soucient du futur, les moyens comptent plus que les désirs. La marche de l’humanité s’est toujours appuyée sur l’exploitation du processus capitaliste. L’anticapitalisme et l’hédonisme qui ont fait des poussées de fièvre en 36 en 45, en 68 …. n’ont rien changé à l’inexorable marche du capitalisme.
Que ça embête ou pas c’est le capital qui commande la vie.
http://www.cnrtl.fr/etymologie/capital
Tout à fait. Et c’est pour cela qu’il faut le retirer des griffes d’irresponsables, pour en faire un bien public, géré dans l’intérêt de tous.
@ Peska,
C’est tout à votre honneur que de vouloir simplement ça. Probablement une esquisse d’avenir possible dans une Europe des marchands faux-culs, de larves impuissantes, et de larbins qui prennent goût à jouer le rôle de la victime, mais cependant sur le même radeau à la dérive…tous médusés ?
Peska propose une sorte de placebo ayant pour but de changer sa condition (de consommateur), pourquoi pas! efficacité à prouver
Ces soit disant erreurs n’en sont pas.
Il se pourrait qu’il s’agisse d’un piège, maquillé en volonté de « faire l’Europe. »
Les multiples cliquets confirment cette hypothèse.
Tout a été fait pour diviser les pays entre eux. Ce n’est pas possible qu’il ne s’agisse que d’une mal-façon, ils ne peuvent être idiots à ce point…
Parmi les politiques, il y a ceux qui l’ont compris, et en tirent un intérêt personnel, et les idiots utiles qui n’y peuvent rien, et finissent par capituler sans comprendre ce qui arrive.
Les économistes, sociologues et d’autres intellectuels de la section « sciences humaines » oublient souvent le rôle de la politique dans les processus décionnels en politique, mais aussi dans le domaine de l’économie appliquée, de « tous les jours ». Chaque nation tente de faire valoir ses intérêts. C’est aussi le cas de l’Allemagne. Par conséquent, elle ne peut être un modèle pour d’autres pays. L’amité ou l’entendement gratuit, dans le but de faire du bien aux autres ou d’améliorer le monde, ca n’existe pas en politique – tout est calcul. En politique, il n’y a que les circonstances qui comptent.
L’erreur de l’Allemagne consiste à imposer à elle-même et et aux autres de la zone euro une politique déstructurante, la politique de l’austérité budgetaire. Une telle politique conduit, notamment dans la situation économique actuelle, droit dans mur.
Je pense que la création de l’euro était une erreur fondamentale. On a mis la charrue devant les boeufs. L’euro n’est que la continuation du Mark allemand sous une désignation différente.
Dans le cas idéal, il faudrait concevoir une autre forme de monnaie analogue par rapport à la monnaie nationale, susceptible de satisfaire les caractéristiques économiques, structurelles, et sociales de chauque pays.
Germanicus 4 novembre 2014 à 21:57
Je le dis tout net, cette « erreur fondamentale » a été voulue par certains, qui l’ont laissé faire, encouragée, initiée.
Il est impossible qu’ils soient tous incompétents au point de faire des erreurs aussi grossières.
Il était évident que d’imposer une monnaie commune a des pays si différents, sans avoir auparavant harmonisé socialement et fiscalement l’ensemble de la zone euro, ne puisse faire autre chose que d’envoyer les plus faibles au tapis en premier, les autres ensuite. Avec en prime la possibilité d’extraire de juteux profits en produisant là ou les coûts sociaux et fiscaux sont bas, pour vendre là ou le pouvoir d’achat est élevé.
Et donc plutôt que de faire l’Europe de la paix, ils l’ont divisée, envoyant les peuples dans la misère de sorte à ce qu’ils deviennent trop occupés à survivre pour ne pas se révolter. Et tout est fait pour que surtout ils ne se relèvent pas, grâce aux « cliquets » que Paul a fort judicieusement repérés. (ex: sortir de l’euro a été rendu impossible sans avoir à affronter des problèmes pires encore)
Assez idiots pour mettre la charrue avant les bœufs, et assez intelligents pour mettre des « cliquets » partout, comment expliquer ce paradoxe, si ce n’est que tout ceci est en effet voulu?
Mais alors pourquoi jamais personne n’ose dire que nous serions victimes d’une escroquerie ? Et bien tout simplement pour ne pas prendre le risque de briser les liens qui accrochent chacun de nous aux autres marionnettes, et ainsi de se faire éjecter de la pyramide économique et sociale. Et donc on fait comme si cette hypothèse ne pouvait exister, car elle est impensable.
Elle pourrait attirer sur nous les foudres des tout puissants qui tiennent les marionnettes.
Est-ce plus facile de cheminer vers un bancor en désagrégeant l’eurozone qu’en la fédérant ? Personnellement, je ne le pense pas mais j’aimerai comprendre les arguments de ceux qui pensent le contraire. Si on veut un bancor, il faut jeter l’euro ! Ça fait quand-même un peu TINA, non ?
»Sortir par le haut » implique de s’attaquer au vrai problème. Problème qui existait il y a 150 ans mais dont personne n’avait conscience et pas plus à l’époque du Bretton Woods et encore très peu aujourd’hui.
On parle ici de la disponibilité des ressources. Toutes les ressources au stade ou nous en sommes sur la planète sont en voie d’épuisement incluant l’air et l’eau en considérant la dégradation de leur qualité première qui est d’être saine.
Nous sortirons par le haut quand les États deviendront gestionnaire » au premier plan » des ressources au dessus du monde financier en légiférant dans ce sens.
Ce faisant les États prendront le contrôle de la monnaie comme cela aurait toujours dû être en lieu et place du monde financier privé……. L’argent doit redevenir un outil d’échange de biens et services utiles dans une économie réelle…….
Le premier mandat du »gestionnaire des ressources » est d’en assurer la pérennité pour les générations futures, ce faisant toutes ponctions supplémentaire factice et donc inutile de ressources que sont les intérêts et rentes sur le capital, spéculation, etc.enfin de compte tous les agissements du monde financier privé, trop long à énuméré ici, deviennent illégal.
Dans ce sens le mode d’exploitation de l’économie actuelle auquel nos gouvernants sont totalement assujettis constitue un pur gaspillage et un accélération de l’épuisement des ressources.
Le gestionnaire verra à la bonne utilisation des ressources, dans le contexte présent d’épuisement, dans le but premier de préserver pour tous une qualité de vie optimale.Il verra à diminuer la demande de ressources/énergies d’abord en contrôlant et limitant l’offre taxant de manière dissuasive tout ce qui sera reconnu inutile et exigeant que tout ce qui est retenu utile est une durée de vie décuplé,techniquement facile aujourd’hui, diminuant ainsi par étalant la demande sur une plus longue période.
Une redistribution, à terme, des emploies vers les secteurs prioritaires, instauration d’un revenu de base pour tous, revenu maximum et autres mesures s’y ajoutent, trop long ici à énuméré……. .
C’est ce qui constituerait un véritable changement de paradigmes, changement veut réellement dire changer.
Agir sur un paramètre comme revenir sur Bretton Woods ne constitue pas un changements de paradigmes parce qu’il y aura toujours un Nixon à quelque part qui voudra modifier les règles en cour du jeux………
Moi-même, Lambotte et quelques autres, plutôt timide, évoquons sur ce blog et d’autres, que la gestion et maintenant l’épuisement des ressources doit devenir la priorité au dessus de tout autres considérations.
Il y aurait encore beaucoup à ajouter, réfléchissons ensemble…….. .
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Audet, est-ce que vous vous rendez compte de ce qui vous parvenez à écrire ?
@ Alain Audet 5 novembre 2014 à 05:49
Exactement. La solution est en effet évidente, et des anonymes, qui chacun ruminent dans leur coin, arrivent à cette même conclusion, qui émerge car le blog de Paul Jorion est débarrassé du vacarme de ceux, très puissants, qui font l’opinion.
Moi même sur le fil précédent, j’avais écris ce que je reformule un peu différemment:
——————————————
Je propose une économie divisée en 2 :
– Un secteur publique, aurait à gérer l’ensemble des ressources – le Capital – , de sorte à en tirer une rente (usufruit) utilisée au bien commun: en particulier la remise en état de la planète, et les services publics. La rente viendrait de la location des ressources, en veillant à leur recyclage et à leur bonne utilisation, à une partie privée qui fonctionnerait sur un mode capitaliste.
Les hyper fortunés (s’il en restait) n’auraient plus aucun pouvoir, puisque ne détenant plus les ressources (aujourd’hui propriété privée), d’ou ils tirent actuellement leur rente à la place des habitants de la Terre. Ils ne pourraient utiliser leur fortune que pour assurer leur train de vie, ou l’investissement productif, puisque la spéculation sur les ressources rares (propriété de la collectivité) serait devenu impossible.
Leur fortune éventuelle viendrait du secteur privé:
– un secteur privé qui , comme actuellement, chercherait à s’enrichir en offrant des biens et des services.
Mais en aucun cas cet enrichissement permettrait d’accumuler des ressources rares ou polluantes qui seraient gérées par la collectivité (secteur public).
Cet enrichissement ne pourrait que servir leur train de vie, ou être investit dans d’autres entreprises et ne pourrait plus servir à souiller la planète.
L’orthographe, Gagnot, est une ressource du domaine PUBLIC ! Pas les filles publiques.
@ vigneron 5 novembre 2014 à 11:33
Oui, m’sieur. Y’a aussi une redite à la fin du texte. j’messcuze, m’sieur.
L’idée de pacification de l’économie s‘impose indubitablement comme modèle respectant l’impératif catégorique mais également comme réponse aux inquiétudes de la commission européenne concernant les déséquilibres allemands (soit une façon de reprendre avec mes béquilles ce qui a été exposé susditement).
L’Europe, qui n’a plus le choix, devrait saisir l’occasion pour construire un modèle d’économie pacifiée à son échelle. Le reste du monde suivra bien vite…
On ne peut pas se contenter simplement de prendre acte du fait que l’Allemagne a poussé son avantage dans le domaine qui lui a été concédé. Que faisait le reste de l’Europe et du Monde pendant ce temps ?
L’Allemagne n’a-t-elle pas pu compter sur l’OTAN, sur le reste de l’Europe pour ne pas être inquiétée au sujet de sa sécurité ?
Que va-t-il se passer si aucune solution acceptable n’est trouvée et que les nationalismes rampants parviennent à se hisser au pouvoir ? Le reste de l’Europe va-t-il alors, vis-à-vis de l’Allemagne, pousser son avantage dans le domaine qui lui était réservé ? Ne serait-il pas plus avisé que les bonnes volontés (s’il en existe encore) nous épargnent un autre cycle d’affrontements, de compensations et de ressentiment ?
La dette participe à la concentration des richesses et pille le Trésor public pour le coût se son service. La dette demande de la croissance, toujours plus de croissance, elle est donc une impulsion à poursuivre la destruction de notre planète, du moins certains écosystèmes vitaux pour l’humanité.
Dans la proposition d’annulation de la dette, défaut de paiement généralisé, comment passer de la théorie à la pratique ? Quelles seraient les grandes lignes de cette mesure ? Que deviendraient les détenteurs d’obligations, les assureurs comme les petits épargnants qui possèdent de l’assurance vie, sachant que ces derniers ne sont pas forcément ceux ayant vécus au-dessus des moyens des autres (il y a des choix de gestion).
Je suis convaincu que cette question intéresse beaucoup de gens. Une partie du succès du blog est aussi lié à ces interrogations. Bon, vous n’êtes pas un prophète, mais dans lequel de vos livres détaillez-vous le scénario ? (je les ai pas tous…) Bien cordialement. Merci Paul.
Karluss, et d’une on paye pas d’intérêts puisque dans un Ponzi scheme qui se respecte c’est un nouveau pigeon qui les raque pour nous (4 à 5% du pib de déficit mini pour 2,3% d’intérêts seulement) .
Et de deux, à la fin du Ponzi (le plus tard possible ! Macron est là pour ça), on fait comme les Islandais, on dit qu’on annule que les 40% de dettes détenues par les non- résidents… Puis eux font pareil et c’est marre, pendules à l’heure et balle au centre. B-)
Cette phrase suppose que sur le long terme, les dettes sont toujours payées. Or c’est historiquement faux. Les générations futures pourraient très bien dénoncer la dette comme injuste et faire défaut, ou organiser l’inflation. Et ils en ont d’ailleurs le droit, puisque « les générations futures » veut ici dire « les contribuables futurs » donc l’état, qui fixe lui-même les règles souverainement et les fait appliquer.
Mon impression est qu’il y a confusion ici entre le (très) long terme (une ou plusieurs générations), où la stabilité légale et du rapport de force entre les groupes sociaux ne peut être supposée, et le plus court terme où cette dernière hypothèse est valable.
« En définitive, notre modèle d’État-providence comporte pas mal d’avantages. Il permet de mieux encaisser et de lisser les chocs de la crise. Malheureusement, ce modèle se développe au détriment des générations futures sur lesquelles on essaie de reporter la charge de la dette. »
Cette ritournelle fait abstraction de la capacité des États à retrouver une souveraineté monétaire et elle confère implicitement à la Crise un caractère aléatoire quasi météorologique.
Or il ne s’agit là que de résultats issus de décisions ou d’absence de décisions relevant de l’idéologie et ou de la politique.