Billet invité.
Quand je regarde l’état du monde en ce début de XXIe siècle, je suis frappé de stupeur. J’ai le sentiment que plus personne ne contrôle rien, qu’il n’y a plus de cohésion sociale, que je suis impuissant face à la complexité et les crises qui couvent, que cette planète court à sa perte et que des psychopathes se bousculent pour m’y emmener le plus rapidement possible.
Est-ce que le mot espoir a encore du sens ? Aurai-je demain, un monde, ne serait-ce que vivable à laisser à mes enfants ?
Quand je vois nos dirigeants, nos hommes d’affaire, nos financiers et nos politiciens agir comme des petites brutes dans une cour d’école, compétitionnant entre eux à celui qui pisse le plus loin… Quand je les vois courir après la fortune, la gloire et le pouvoir comme après une puissante drogue… Quand je les vois m’abrutir d’insignifiances, m’asservir et m’écraser plutôt que de m’aider à atteindre les sommets… Quand je les vois ne reculer devant aucun moyen légal ou illégal pour se soustraire à leurs responsabilités sociales… Quand je les vois contrôler ce que je dois penser et dire, et que pour être sûr que je ne réfléchis pas par moi-même, que je ne me solidarise pas, que je ne me révolte pas, ils sont prêts à semer la confusion, le mensonge et même m’espionner… Quand je les entends me répéter que j’ai vécu au-dessus de mes moyens et que c’est normal pendant ce temps-là, qu’eux, le un pour-cent de la société, continuent de piller plus de la moitié des ressources sur terre, qu’il en a toujours été ainsi, que ça ne changera jamais, et que je dois continuer à me fermer les yeux et la gueule devant la misère humaine qu’ils m’imposent et à laquelle je participe !…
Je me dis alors que je suis bien con et imbécile de les suivre et de les croire. Je me dis que je me vois avec bien peu d’estime et de courage pour accepter une telle soumission devant le mal et la destruction qu’ils répandent partout autour d’eux, alors que nous avons aujourd’hui les moyens de vivre dans la prospérité et la paix.
Je laisse ces gens-là m’intoxiquer l’esprit, le cœur et l’âme. Je suis devenu peu à peu abruti et convaincu qu’il me faut être mesquin et avide, que je ne peux m’élever qu’en marchant sur les autres, que soutenir mon voisin et nous entraider est nuisible et utopiste. Je suis devenu peu à peu convaincu que je ne dois jamais faire confiance et qu’il faudrait que mes petits-enfants portent une arme sur eux alors qu’ils sont à la maternelle !
J’éteins graduellement ce qu’il y a de bon en moi. Je tue l’innocence, la pureté et la beauté du monde. Je ridiculise la compassion, la générosité, le sens des responsabilités… Je foule au pied mes libertés, ma démocratie et mes droits de l’homme.
J’accepte tout ça parce que je me lave le cerveau à coups de mensonges, parce que je les crois les plus forts, parce que j’ai abdiqué et parce que je m’isole dans la peur.
Je préfère me réfugier devant le confort de mon écran en espérant, comme un enfant, que si je les ignore suffisamment, que, peut-être… les problèmes vont disparaître d’eux-mêmes. Je me console en me disant qu’il y a pire que moi, qu’il vaut mieux vivre au jour le jour pendant que l’air est encore respirable, et surtout… qu’il ne faut pas que je me pose trop de questions.
Mais de temps en temps, j’ai une poussée de frustration… de haine et de rage ! Un trop-plein ! Alors les médias et mon gouvernement me donnent à déchirer selon l’actualité du moment… un homosexuel, un fonctionnaire, un artiste, un assisté social, un manifestant, un musulman ou un pédé.
Tout… pour que je ne me regarde pas moi-même et que je ne prenne pas la responsabilité de ma destinée en main !
Pourquoi n’ai-je pas plus soif d’honnêteté, de générosité, de liberté, de courage et de vision dans ma vie ? Pourquoi ne suis-je pas le leader qui prendra la décision d’être là pour nous tous et pour quelque chose de plus grand et de plus important que ma queue ?
Ce monde a besoin de vous et de moi, beaux, grands et forts ! Nous sommes des êtres exceptionnels, destinés à nous envoler vers la lumière, plutôt que de continuer à ramper dans la boue ! Nous sommes tellement plus grands que ce que nous acceptons de voir en nous ! Faudra-t-il que nous nous rendions jusqu’au bord de la catastrophe pour que nous réalisions brusquement, qu’il soit trop tard pour reprendre le pouvoir sur nos vies ?
138 réponses à “J’éteins graduellement ce qu’il y a de bon en moi…, par Jean-Claude Boudreault”
Beau texte qui exprime tout à fait ce que je ressens en ce moment : stupeur et peur. Toutes les certitudes durement acquises ces dernières décennies (le progrès, la paix des nations, les sciences, etc etc) semblent inopérantes pour comprendre, et agir. Le bord du gouffre est la bonne image. La peur est le sentiment dominant …l’impuissance semble la maladie du siècle…
A supprimer, trop provoc’ je pense… 😉
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C’est aussi ce que j’ai ressenti il y a 25 ans quand pour la première fois j’ai eu des problèmes d’emplois, qui ont bouleversé les certitudes que j’avais incubées à force de normaliser ma pensée, contraint que j’étais par la société dans laquelle je vivais. (alors que je n’avais guère de prédisposition)
En effet, j’avais alors réalisé le vide sidéral de la non-pensée économique sur la-quelle tout était bâti, et compris que tout ça allait fatalement s’effondrer. J’ai cru un moment, avec l’effondrement de la boite ou je travaillais, que l’heure était proche.
J’ai alors suivi des cours de théâtre, qui officiellement était une formation destinée a transformer l’incroyant que j’étais en jeune cadre dynamique, avec le costard, et tout et tout. Et ça a fort bien marché puisque j’ai aussitôt retrouvé un emploi dans une multinationale (je pensais à juste titre, que ça devait être plus durable qu’une PME), ou j’ai fait mon petit effet… durant les 3 mois de la période d’essai.
Je pensais être à l’abri jusqu’à la retraite, ce qui au final s’est révélé vrai, mais avec quelques incidents de parcours, tant j’avais du mal à tenir le rôle que l’on m’avait collé…
Lors de la crise de 1993, j’ai cru que c’était bon. J’ai même communiqué à mon épouse (pourtant très optimiste), une telle trouille qu’elle a fait des provisions de conserves.
Et puis non, la crise est passée, et j’ai compris a quel point le système était résilient.
Depuis je me contente de faire des pronostics sur la chute finale, et pour tout vous dire, en août 2012, j’ai confié à mon meilleur ami que cela devrait tenir encore 3 ans…
Réjouissez vous donc, ce cauchemar ne devrait plus durer très longtemps. Enfin, d’après mon petit doigt. Mais si j’en crois les divers articles de François Leclerc et Paul Jorion…
Graduellement? Pourquoi donc si vous n’avez plus soif de rien?
Réveillez-vous et au boulot, vous aurez soif, vous verrez!
Votre réflexion me fait penser à ce qu’on dit généralement à une personne qui tombe en dépression : « Bouge-toi, mon vieux !! » On connait le résultat de ce genre d’incantation, qui montre surtout que la personne censée aider le malade n’a rien compris…
Voici comment je vois Mr Boudreault à travers le texte qu’il nous soumet ici:
Je crois qu’il s’agit d’une personne parvenue à la retraite après une vie passée à un travail qui l’a globalement éloigné des préoccupations qui l’accablent aujourd’hui, et qui sous couvert d’une grande activité, était parvenu à refouler ses aspirations profondes à une vie mettant en pratique les exigences réelles qu’il avait (pour lui-même) de probité, de responsabilité, et de courage(sic).
Ce texte témoigne selon moi de ce que peut ressentir cette personne maintenant qu’elle est en passe de sortir d’une vie professionnelle trop remplie, et qui se trouve à présent confrontée à une liberté (au fond) un peu redoutée…
Il est normal qu’une certaine sensation de « vide » moral l’envahisse, mais il ne faudrait pas que la dépression s’installe pour autant, en s’appuyant sur un moral (en berne) de nos citoyens confrontés à la crise actuelle.
Il convient de bien séparer les causes personnelles de cette déprime et celles extérieures…
Comment peut-on, en effet, accepter de laisser s’éteindre en soi ce qu’il y a de meilleur?
Si c’est une crainte, elle est, soit infondée, et il convient effectivement de se réveiller; soit justifiée, et donc il y a un travail important à faire pour rétablir des principes abandonnés depuis bien trop longtemps!
Quant aux causes extérieures, elles ont bon dos et ne justifient pas de se comporter sans humanité dans la vie personnelle. Ou en tous cas, pas encore.
Enfin, et si mon interprétation s’avérait erronée, et que l’auteur soit un jeune homme en galère par exemple(ou une jeune femme- Claude.) , j’en conclurais que cette personne se considère presque en fin de vie, et lui conseillerai encore plus de se réveiller, pour faire ce qu’il a à faire.
D’ailleurs, c’est aussi vrai pour le retraité..!
Préféreriez-vous que je lui dise: « Mon pauvre ami, comme je vous comprend… »
Et pourtant ne l’aurais-je pas compris?
C’est à lui de répondre.
Car, enfin, même si l’eau vient à manquer, est-ce que la soif disparaît pour autant?
Peut-être qu’au fond de nous il nous est difficile d’accepter que tous ces « êtres exceptionnels » soient capables d’autant de connerie.
Peut-être que nous n’arrivons pas à concevoir qu’autant d’intelligence soit si mal utilisée.
Peut-être que le concept de « santé mentale » est à définir.
Comme il plus facile (et plus rationnel) de définir la culpabilité que l’innocence, Il est plus facile (et plus rationnel) de définir l’insanité que la santé mentale…
L’appétence pour le pouvoir est à mon sens un sûr signe d’insanité mentale.
Les gens bon ne se soucient pas de gouverner (Alain)
Ils ne sont nullement intelligents. L’intelligence combine astucieusement le pratique et le spirituel. Ces … sont sans âme, de simples opérateurs aptes à diriger des bêtes de somme qui se laissent instrumentalisées, par paresse, bêtise où lâcheté ou cynisme, pour les plus corrompus d’entre-eux, jusqu’au point de non retour qui approche à grand pas.
Je parlais ici de l’intelligence humaine, pas d’un groupe en particulier.
Votre réflexion illustre à merveille le type de société que produit, au final, notre système capitaliste libéral.
Rassurez vous, vous n’y êtes pour rien, mais hélas nous n’y pouvons rien, et c’est vain de rechercher une responsabilité individuelle. Seuls les maîtres ont une responsabilité.
Nous sommes prisonniers du système, jusqu’à ce qu’il se brise enfin.
« Nous sommes prisonniers du système », et le plus ‘drôle’, c’est que nos menottes et cellules nous coûtent un bras.
Donc, vous déclinez toute responsabilité. C’est notre inertie qui nous mène là, notre inertie collective. C’est comme si vous n’étiez pas citoyen ou citoyenne.
Si vous ne l’êtes pas, alors oui, attendez un messie, un autre maître, bon et parfait celui-là, qui fera le bien tandis que vous continuerez à dormir (de sorte qu’on peut se demander à quoi servirait un meilleur ordre mondial ou local, si vous dormez, mais bon…).
Ce qui risque d’arriver, cependant, ce n’est pas un despote éclairé, mais sans doute quelque chose de pire que ce que nous vivons. Ce qu’il y a de bien, avec l’espoir, c’est qu’il est inépuisable et qu’il ne coûte rien, surtout pas ce que coûterait le fait de prendre ses responsabilités de citoyen.
Oui, nous sommes tous responsables de la néo-colonisation rampante actuelle de la France (en Afrique notamment), des exactions de Total dans les pays étrangers, de l’exploitation d’esclaves en Chine ou au Bengladesh (vive l’iPhone)… Il s’agit d’une responsabilité collective, et ce collectif étant constitué d’individus, il est évident que les individus ont une responsabilité aussi.
Parce que, si nous n’étions pas individuellement et collectivement tous responsable de ce qui se passe en ce moment, je me demande bien d’où viendra un changement vers un meilleur.
La seule chose qui peut apporter un tel changement, c’est de bouger notre cul – pas que le système se brise tout seul. Où avez-vous vu ça ? Le système, c’est comme un dieu ? La nouvelle religion ? En tout cas, cette religion du système qui a une existence propre, ça sert bien les paresseux. En tout cas, cette religion du système sert bien nos ennemis : ils n’attendent que ça pour avancer leurs pions, que nous croyions qu’il y a un dieu tout-puissant derrière le « système ». Mais en attendant, ils gagnent la guerre des classes sociales et ne s’en sont jamais mis autant dans les fouilles en supprimant au passage tous les droits sociaux durement conquis par des années de lutte. C’est une guerre des classes, et nous sommes en train de la perdre, justement parce que des paresseux pensent qu’il y a un dieu qui gère tout ça et qu’ils ne sont en rien responsables.
Bouger notre cul. Et même si nous ne faisons pas la révolution nous-mêmes, parce qu’il n’est pas temps, quand on voit les révolutions récentes (notamment en Ukraine), on se dit qu’on a intérêt à être préparé à reconstruire, parce que le remède peut être encore pire que le mal. À moins qu’on attende que le dieu de la révolution soit suffisamment attentionné pour reconstruire correctement, après avoir fait tout seul le boulot ?
Bougez mon ami, bougez ! Manifestez-vous, Indignez-vous, Boycottez, Peut-être qu’en étant plus nombreux à bouger il en ressortira quelque chose.
Reste que le sentiment d’impuissance est légitime quand toutes les institutions, les médias, les partis politiques… ont été verrouillés (vérolés)
Reste qu’une grande lame de fond se prépare à déferler sur nos têtes (guerres, épidémies sécheresses, inondations, raréfaction énergétique, surpopulation, disparition du travail salarié, des protections sociales, précarisation…), et ça, ça rend les gens nerveux, inquiets, déprimés, … ou en colère.
@MerlinII
Ma réponse à Eponine est bien entendu pour vous aussi. Bonne lecture ! 😉
Je vous fais quand même remarquer, en cadeau bonus, que la totalité des fléaux que vous évoquez est causée par l’homme (sauf la surpopulation, qui n’est pas une vraie surpopulation, mais uniquement une surpopulation en regard des lois économiques en vigueur). Et nous n’y pourrions rien ???
Et que les gens soient « nerveux, inquiets, déprimés, … ou en colère », c’est bien compréhensible. Ne croyez pas que je n’aie jamais été dans chacune de ces situations ! Mais ça ne nous interdit pas de bouger notre cul (comme le fait remarquer Charles avec l’élégance qui le caractérise ! 😉 ).
Cher Dominique Gagnot,
Ça fait un bout de temps que je vous lis et que je me demande ce qui me chipote dans vos interventions… Je pense avoir trouvé, car vous me donnez ici la clef : c’est cette idée récurrente que nous n’y pouvons rien, que seuls « eux », les « maîtres », sont responsables. Nous ne serions ni responsables de quoi que ce soit, ni capables de quoi que ce soit pour remédier à cette situation bancale. En somme, nous serions comme des enfants brimés. « Jusqu’à ce que [le système] se brise enfin ». Les parents qui briment les enfants (pour conserver l’analogie), il faut attendre qu’ils meurent. Ils mourront, certainement, mais que feront les enfants alors, si ils ne se sont pas préparés entretemps à ne plus être pris en charge dans leur prison ?
De même, le système se brisera sans que nous n’y fassions rien, j’en suis convaincu comme vous. Mais c’est dès à présent qu’il faut préparer ce qui viendra ensuite. Et il y a du boulot !
(Et je viens de découvrir qu’à quelques nuances près, je suis complètement en phase avec Charles !)
Cher Olivier, cher Charles,
Vous réfutez tous deux la pertinence du propos de Dominique, mais que faites-vous concrètement pour changer les choses ? A part écrire des commentaires ? Comme Paul Jorion écrit des articles depuis des années, Piketty des livres… que des milliers d’inconnus s’impliquent dans des collectifs pour préserver la situation des chômeurs, empêcher la construction d’un aéroport, dénoncer les dérives financières, politiques, sociétales… et que d’un autre côté, d’autres manifestent pour interdire le mariage entre homosexuels, s’insurgent de la fraude aux allocations ou des privilèges de la fonction publique, votent pour des programmes insanes, ou encore abreuvent les forums du Figaro de commentaires en totale opposition avec ceux que l’on peut lire ici.
S’il n’y avait que les « maîtres » à combattre, les « politiques », les « puissants », le « système », y a longtemps qu’elle serait faite la révolution, que le peuple aurait résolu cette fameuse lutte des classes par la solidarité, le partage, ou même – plus simplement – l’intérêt bien compris de tous les citoyens, voire la logique.
Mais non, ce n’est pas parce que le temps de la révolution n’est pas venu, comme le dit Charles, que nous ne la faisons pas, c’est parce que les intérêts d’une trop grande part de la population n’y trouve encore aucun intérêt. Il n’y a pas que les « maîtres » qui s’en sortent bien. On parle de 20 % de pauvres dans la population française ? Ca en laisse encore 80 % qui vont plus ou moins bien, partent en vacances, ont un job, une maison, des loisirs et des dimanches à occuper dans les magasins de bricolage…
La société (ici) n’est pas encore assez clivée pour que ça fasse bouger les choses, alors que c’est par le clivage justement qu’on la maintient dans l’acceptation, que c’est par le clivage que l’on se définit (gauche, droite, banlieusard, écolo, fonctionnaire, émigré, de souche, européiste, nationaliste…).
Non, nous ne sont pas responsables de tout, parce que nous sommes impuissants pour beaucoup de choses. Réellement impuissants !
@ éponine,
Ah.. bonne question : mais rien, comme tout le monde sauf quelques-uns (des héros, à mon sens), ce qui me place dans la bonne case pour juger de la difficulté de ce faire.
Nous pourrions par exemple écrire une Constitution, à nous tous, une Constitution dont l’objet serait d’être prête le jour où nous en aurons besoin, non qu’elle soit celle qui sera adoptée, mais celle à l’aune de laquelle on jugera celle qui sera en préparation. En effet, je crains que le jour où il nous en faille une, la précipitation, la soif de pouvoir, l’ambition des uns, l’indifférence des autres nous en concoctent une bien mauvaise.
Il faudrait avoir un texte prêt, un texte ciselé à l’extrême, qui ne laisse place à aucune possibilité de renoncer au bien public, une Constitution de combat, austère, un diamant qui fasse peur. Et il faudrait que ce texte soit promu et porté par le plus grand nombre de citoyens pour qu’on en parle, pour qu’on sache qu’il existe, et qu’on puisse le ressortir en toute légitimité le jour où il en sera besoin, afin qu’il oblige les futurs Constituants à se surveiller.
La preuve qu’un tel texte est nécessaire et urgent : à lire le très court texte à signer intitulé « Je signe pour la 6e République », les citoyens semblent être les pièces rapportées de leur futur destin. Il y est en effet dit : « Je demande l’élection d’une assemblée constituante qui fonde avec les citoyens la 6e République. » AVEC LES CITOYENS. Voyez-vous ça ! On a l’assemblée constituante, mais elle ne saurait être citoyenne. Ce n’est pas le peuple qui sera Constituant, mais les gens qui sont au pouvoir à l’heure actuelle (ou ceux qui veulent prendre leur place, ce qui revient au même, puisqu’il s’agit d’éliminer le peuple de la possibilité de se gouverner lui-même).
C’est faisable.
@éponine
Je suis en parfait accord avec Charles et Olivier, cela fait un petit temps que je discute avec Dominique que j’apprécie beaucoup et je constate qu’il attend que les dirigeants veuillent bien changer leurs façons de faire afin de se diriger vers une société fraternelle et harmonieuse.
Malheureusement c’est pas comme cela que ça fonctionne. Comme le dit Charles, il faut se bouger le cul, et personnellement je n’en n’ai rien à foutre du système et de ses dirigeants, je les ignore.
En d’autres termes, je n’ai besoin de personne pour savoir ce que je dois penser mais j’ai besoin de tous pour construire ma pensée, même des dirigeants. L’attitude de Dominique est récurrente, ici http://www.pauljorion.com/blog/2014/10/27/la-robotisation-stade-ultime-du-capitalisme-par-zebu/#comment-492964 il nous resserve la même litanie.
-à moins d’accepter de vivre comme nos arrières arrières grands parents
-moyens actuellement détenus par la classe des possédants.
-Comment faire ce genre de choses? ça ne pousse pas tout seul, Il faut des usines!
J’ai pourtant fait la recherche seul dans mon petit garage et ce n’est pas fini puisse qu’on me demande de l’adapter aux buttes de maraîchage.
Il me suffit de me remettre au travail pour prouver ce que j’avance, ce n’est pas l’argent le problème c’est juste la motivation autour de moi.
Avec cette réalisation, j’ai au moins appris une chose: ce qu’est la créativité;
C’est déjà ça.
Cher(e ?) Eponine,
Il y a bien bien des choses à dire en réponse à votre intervention. N’attendez pas de moi que je m’enlise dans l’autoflagellation… très peu pour moi.
Pour commencer, je vous fais remarquer que le contraire de « je ne suis responsable de rien » n’est pas « je suis responsable de tout ». Le contraire de « je ne suis responsable de rien » est « je suis responsable de quelque chose ». Vous voyez que je suis plus proche de vous que vous le croyez, quand vous dites : « nous sommes impuissants pour beaucoup de choses, réellement impuissants ». Je suis pleinement d’accord avec vous sur ce point et je ne me contredis pas.
Deuxièmement, je pense qu’écrire des commentaires sur le blog de Paul Jorion, ça a une utilité, sinon je ne le ferais pas. Comme Paul Jorion écrit des articles – et des livres – que je vous conseille de lire, depuis des années, Piketty des livres – que je vous conseille de lire également. Et même si vous ne les lisez pas, on n’a jamais autant parlé de la concentration de la richesse que depuis que Piketty a écrit son « Capital au XXIème siècle », comme quoi, vous voyez, ça a de l’utilité. Parce que la concentration de la richesse, eh bien, c’est bien d’en parler. Parce que c’est un vrai problème et très peu de gens en sont conscients.
Troisièmement, la conscience justement. La conscience de ce qui se passe. Pourquoi écrire des commentaires, des livres, des articles ? Pour que ce qui se passe se sache. Pourquoi Snowden ou Assange sont-ils dans une situation de semi-détention ? Parce qu’ils ont fait des choses pour que se qui se passe se sache. Je suis persuadé que si « une trop grande part de la population n’y trouve encore aucun intérêt » à faire la révolution, comme vous dites, c’est parce qu’ils persistent à ne pas voir les choses telles qu’elles sont. Et si ces gens manifestent contre le mariage entre homosexuels, qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Manifester contre ça, c’est ne rien comprendre à la merde dans laquelle on est actuellement !
Quatrièmement. Je ne suis ni Snowden, ni Assange, et qu’est-ce que je fais, moi, à part écrire des commentaires (que, je vous le rappelle, je considère comme utiles) ? Oh, pas grand chose, c’est vrai. Loin de moi, d’ailleurs, l’idée de faire la « révolution » (j’ai la violence en horreur). Mais ce que j’ai appris sur le blog de Paul Jorion et ailleurs me fait penser que nous allons – par exemple – connaître un gros problème d’énergie, et, partant, d’alimentation (qui comme vous le savez en est très dépendante). Alors, je réfléchis, oui, ça peut paraître un peu désuet, mais je réfléchis à des moyens de se réapproprier l’approvisionnement énergétique, diminuer la consommation, réinventer le circuit court à travers des coopératives. Et pour l’agriculture, se rendre compte qu’il faudra retourner à la campagne, recréer des îlots de biodiversité, remettre de la vie dans des sols détruits par 50 ans de « révolution verte », etc.
Il y a encore plein d’autres problèmes que je n’évoque pas parce que d’autres le font bien mieux que moi. Mais ce n’est pas d’ajustements à la marge qu’il s’agit. C’est de réellement construire quelque chose d’autre quand le système se sera pété la gueule (tout seul, sans l’aide de personne) !
Mais je ne peux, par définition, pas faire ça tout seul. C’est pourquoi j’écris des commentaires, et je vous remercie de les lire. Ne nous laissons pas paralyser « comme le lapin dans les phares de l’automobile ». Nous avons de la créativité, utilisons la. Même si c’est pas facile. Même si c’est pas donné d’avance. Même si « certains » voient tout ça d’un très très mauvais œil, et vont tout faire pour nous en empêcher – et qu’en plus, ils en ont les moyens.
Vous évoquez Notre-Dame des Landes, eh bien oui, il faut le faire, expliquer à des nantis de la politique que l’avenir, ce n’est pas encore plus d’avions et encore moins de terres cultivables. Nous pourrions aussi évoquer le barrage de Sivens. Un jeune homme vient de mourir pour avoir tenté de faire passer ce message… Et si j’avais habité dans ce coin-là, ça aurait pu être moi. Bien sûr, ce n’est qu’un « si ». En attendant, je suis toujours là et je continue.
Michel Lambotte28 octobre 2014 à 20:00
Je n’attends rien des dirigeants actuels, si ce n’est qu’ils vont, tant qu’ils le pourront, préserver le système économique qui nous interdit de modifier quoi que ce soit, sauf à la marge, comme vous tentez de le faire.
Mais hélas, vous êtes tout autant que moi essentiellement dépendant du système, et très loin de l’indépendance, ne serait ce que pour utiliser ses infrastructures, son système de santé et de protection sociale, et même des usines qui produisent certains éléments de votre aérateur.
Et il nous est donc impossible, dans ces conditions, de changer grand chose de la société, sauf de manière très marginale, car le système économique principal détermine tout, et surtout nos comportements non fraternels. Voyez comme chacun défend d’abord sa peau pour conserver son emploi, par exemple…
Merci pour vos réponses, Charles, Michel, Olivier.
Je pense que nous sommes tous assez d’accord sur le fond : ça va pas, il faut que ça change, un peu moins sur les raisons et encore moins sur les solutions, mais l’essentiel est en effet d’en parler ou de s’informer. C’est pour ça que je lis le blog d’ailleurs !
Bonnes réflexions
@ Dominique gagnot
Pourquoi cette affirmation, en êtes vous si sûr, vous semblez prendre cela comme un postulat, prouver l’inverse est pour moi un défi. Même en ce qui concerne les idées du futur méfions nous de l’assistanat, il est un très mauvais conseiller.
Vous dites également que vous n’attendez rien des dirigeants actuels, moi non plus, mais votre phrase laisse supposer que vous attendez que de nouveaux dirigeants vous proposent quelque chose de nouveau.
Et bien ce qui est nouveau est le fait que la nouveauté est de plus en plus proposée par le peuple, c’est ce qu’on appelle la démocratie participative, même si c’est marginal.
@ Michel Lambotte 29 octobre 2014 à 20:19
Encore une fois, que voulez vous que je fasse de plus que de cogiter a l’organisation d’un autre système?
Vous voudriez que je m’agite le postérieur? mais pour quoi faire?
Précisez.
J’attends que les dirigeants actuels libèrent la place pour que nous la leur reprenions, suite à une nouvelle Constitution écrite par les citoyens (et non les politiques), car ils ne partirons pas d’eux même.
Et tant que ce ne sera fait la démocratie participative sera en effet marginale. C’est à dire sans effet dans le système ou vivent 99 % de la population. Car là ce sont toujours les capitalistes qui décident du sort des employés, de manière non démocratique.
Mais il est bien que des associations comme la vôtre défrichent, ce sont des expériences utiles pour l’après révolution (appelons les choses par leur nom)
@Dominique Gagnot
Une dernière fois. Après, je vais me coucher, c’est promis !
Essayez-vous réellement de comprendre notre point de vue, à Michel et à moi (en l’occurrence) ? Ou bien tentez-vous désesperément de vous convaincre vous-même du vôtre ? Les infrastructures, elles sont là, elles existent, elles sont le fruit de l’ingéniosité et du travail humains. Ce sont elles que vous confondez avec ce « système » qui serait comme un dieu méchant vers lequel vous brandissez le poing mais vis-à-vis duquel vous vous sentez complètement impuissant.
Je vous invite, par exemple, à regarder l’excellent documentaire de Coline Serreau, « Solutions locales pour un désordre global » (pour les solutions, il faut être un tout petit peu patient, elles commencent à la 17ème minute). A chaque fois, les solutions sont *locales*. Alors vous, vous vous dites : les solutions, elles sont *à la marge* (puisqu’elles sont hors du grand méchant « système »). Mais posez-vous honnêtement la question, pour chacun des intervenants : ce qu’il fait, lui, ce type (ou cette nana) – parfois ils ont consacré toute leur vie à quelque chose et ils seront bientôt ad patres – posez-vous honnêtement la question : ce qu’il fait, lui (ou elle), là, c’est *local*, OK, mais est-ce *généralisable* ?
Et vous vous apercevrez – si vous êtes honnête avec vous-même, ce que j’espère – que tout ce que ces gens proposent est généralisable.
Alors, comme je commence à percer le secret de votre petite tête, vous allez vous dire : « oui, enfin, peut-être, c’est généralisable, mais ils ont quand même besoin des routes, pour certains qui ont des machines ou des véhicules, ils ont besoin de carburant, ils ont tous besoin de pouvoir faire des échanges monétaires etc., etc., qu’ils ne maîtrisent pas ! » Oui. Sans doute. Mais ce que eux ont fait – et qui est généralisable – dans le domaine de l’agriculture, ça peut être refait – ça peut être généralisé ! – à tous les autres domaines que vous citez sans cesse : communications, soins de santé, protection sociale…
Et personnellement, j’ajoute encore : production ET réparation de biens, fourniture de services, génération, transport et stockage de l’énergie, règles de la vie en société…
Tout, je vous dis !
Alors, arrêtez maintenant de vous lamenter comme un gamin et mettez vous au travail, comme beaucoup d’entre nous ici ! Ce n’est pas le travail qui manque !
@Olivier Brouwer 29 octobre 2014 à 23:39
Admettons.
Expliquez moi alors comment vous prenez le contrôle, par exemple, de la société Airbus (c’est la première qui me vient à l’esprit, mais il y en a une foultitude d’autres), pour y appliquer vos principes, ou à défaut, comment feriez vous pour réunir le capital physique et intellectuel nécessaire pour monter une entreprise concurrente d’Airbus ? (on admettra que nous aurons toujours besoin d’avions. J’aurais préféré prendre l’exemple d’une entreprise qui conçoit des appareils d’imagerie cérébrale en 3D dont l’utilité est indiscutable, mais je ne me souviens pas des noms)
ou plus facile: comment allez vous faire pour que l’on applique vos principe chez les fabricants de PC, et de tous les équipements internet,etc.
Pour l’instant je n’ai vu que des exemples agricoles, ou tout pousse tout seul.
Mais comment faites vous pour les autres activités qui nécessitent de gigantesques concentrations de capitaux physiques et intellectuels?
bravo !
c’est exactement ce que je ressens aussi.
et l’esprit critique est devenu subversif…
et c’est justement quand l’esprit critique est considéré comme subversif qu’il devient puissant.
Bonjour
C’est là une réaction bien individualiste (et que malheureusement je partage), de cet individualisme dont nous abreuve la pensée libérale et consumériste. Nous n’avons plus le sentiment d’appartenir à une communauté. Nous sommes fier de notre individualité mais nous n’avons plus la force et l’appui d’une communauté.
Je pense qu’au contraire le 1% d’en haut possède parfaitement ce sentiment d’appartenir à une communauté et c »est ce qui fait sa toute puissance.
Il nous faudrait donc retrouver se sentiment d’appartenance à une communauté, communauté d’individus, communauté de valeurs pour avoir la foie (moi qui ne suis pas croyant) dans un projet commun porteur d’espoir.
Pascal
Tout est-il si rose avec la foi (sans e)?
La question que je me pose : est-ce qu’avoir foi en quelque chose est obligatoirement avoir la foi au sens religieux ?
Avoir foi en des valeurs, n’est-ce pas là ce qu’il reste à tout individu qui serait dépouillé de tous ses biens matériels ?
Et par là même le dernier refuge de son identité.
je pense que ‘la foi’ est un très joli mot pour désigner en général, des puissances d’exister toutes particulières. (au sens ‘pas de puissances négatives’)
Apparemment, les mammifères que nous sommes en ont besoin pour essayer de ne pas trop s’abimer, ont besoin d’un refuge.., bien dormir ne suffit pas?.:)
Pascal qui s’interroge sur la Foi ? !
Sentiment partagé. Peut-être nous reste-t-il 2 choses, que l’on ne pourra pas nous enlever, en attendant la fin, rire et faire le bien…
Lisant en ce moment le livre « Corruptions » d’Antoine Peillon, parsemé d’entrées philosophiques, il me semble néanmoins que ce qui agit dans les gens qui font « ça », c’est la même forme de jouissance d’un outil que pour tout autre travail technique.
« Je sais te faire plaisir par tel ou tel savoir-faire » (de remettre un manche de casserole à retoucher un vêtement) devient par continuité « moi qui sais mettre la main dans telle ou telle façon de faire des comptes, d’ordonner des dépenses, …, je vais nous faire plaisir, [au sens étroit de l’intérêt direct] en utilisant le robinet pour notre gourde à nous ».
J’irais même plus loin, c’est la difficulté de saisir, dans un monde complexe, la gratification qu’engendre l’usage de l’outil qu’on maîtrise, qui fait qu’on se tourne plus aisément vers une gratification « proche », donc intestine et en conflit d’intérêt.
Dans ce sens là, c’est la complexité jetée sur la gestion du monde qui fait que nous créons d’abord un tel environnement (dans tous les sens du mot, y compris technico-administratif) qu’il en devient désagréable d’y contribuer positivement, et que du coup, des gratifications entre pairs qui se reconaissent peuvent émerger aisément. Cette montée du niveau de la mer de la corruption me semble difficile à mettre au seul crédit des perversions néo-libérales post-Reagan-Thatcher.
Peillon lui-même admet la tracer avec une certaine aisance dans le capitalisme depuis la Belle Epoque, à travers les deux guerres mondiales, rappelant les divers auteurs qui ont mis en lumière le lien entre appropriation des biens des juifs et autres spoliés et bien-être rapace des SS eux-mêmes.
Bref, c’est une connaissance de la portée technique de *toute* l’organisation que nous portons sur le monde, y compris dans ses replis les plus systémiques, qui me semblerait éclairer un des supports majeurs de la dérive dénoncée par ce texte. Le remède apparait dans cette perspective être une forme de réencastrement de l’économie au sens Polanyien (Karl Polanyi). Mais la question reste posée de savoir si du seul fait de son échelle, une grande organisation n’est pas porteuse d’une malédiction.
De telles interrogations recoupent celles de François Roddier dans son ouvrage « Thermodynamique de l’évolution » (Ed. Paroles), où il fait état de concepts comme la « malédiction de la reine rouge » suivant laquelle une structure ou un être qui n’évolue pas ou pas assez vite est dépassé/débordé, et doit donc constamment courir pour « rester à son niveau ». Il fait aussi appel aux concepts de criticalité auto-organisée pour faire voir le va-et-vient entre structures de grandes et petites échelles…
Peut-être est-il bon de rappeler que, contrairement à Capone un peu plus tôt, le parrain-chancelier Hitler a juste failli tomber « par la faute » d’un contrôleur du fisc, pour fraude fiscale – massive, en millions de Marks, tirés essentiellement des droits d’auteur de Mon Combat (contre le fisc ?).
Les millions de droit d’auteurs sur son compte en banque, c’était après-guerre après sa mort.
Ce qui avait alerté le fisc avant-guerre, c’était son train de vie financé par de riches donateurs des grandes familles de l’industrie.
Je ne sais pas si je suis le seul mais j’avoue qu’il est difficile d’analyser et de comprendre votre texte.
Si j’ai bien compris, il s’agirait simplement que le plaisir d’utiliser la corruption est du même niveau que le plaisir ressenti par l’artisan maniant avec dextérité son tournevis?
Je pense qu’on peut l’estimer de cette manière.
Deuxième paragraphe: c’est toute la gratification du travail au noir (je sais de quoi je parles)
Troisième paragraphe, je suis perplexe je ne comprends pas bien le sens du mot environnement technico-administratif mais c’est vrai qu’il devient désagréable de contribuer positivement à un tel système et c’est évident que Reagan et Tatcher n’étaient pas les seuls à être corrompus.
Quatrième paragraphe: c’est pas compliqué’ il suffit de suivre notre hôte quand il dit que la spéculation a été autorisée vers la fin du dix- neuvième siècle pour mieux piller le Tiers-Monde.
Cinquième paragraphe: si nous voulons comprendre la dérive dénoncée par ce billet il nous faut comprendre l’organisation du monde tel qu’il est même dans ses recoins systémiques. Je ne connais pas Polanyi mais il est certain que le gigantisme mène à l’impasse.
Sixiéme paragraphe: Mon prochain livre est celui-là.
Bon, je ne suis qu’un modeste travailleur et si je ne me trompe vous êtes chercheur physicien, nos langages peuvent être différents? Ceci dit merci de m’avoir aiguiller sur le livre de Richard Sennet Ce que sait la main.
Oui, je me suis donc fait à peu près comprendre.
L’idée essentielle est qu’il y a une gratification, qu’elle est dans le « moi je sais faire avec ces choses là ». Et elle n’est pas là où la morale voudrait qu’elle soit notamment parce que le système complexe où vous et moi agissons ne montre pas aisément une gratification ni de la chose faite (trop indirecte) ni de l’art de faire la chose (trop peu visible/transmissible).
Oui, enfin, Sennett toujours de bonne lecture.
(et M.B Crawford, « Eloge du carburateur », Ed. La Découverte, de mémoire)
La boue, nous y sommes, nous y avons toujours été, nous en avons été tirés… Il ne s’agit bien sûr pas d’y ramper, mais de rester les pieds dedans, debout, en nous tournant vers la lumière – sans s’y envoler !
La terre (terre + eau = boue) est belle, et nous n’avons aucune raison de nous envoler vers un « ailleurs » hypothétique. Nous (oui, nous, êtres humains) avons construit tout (oui, tout) ce qu’il faut pour qu’elle devienne un véritable paradis « sur terre » pour tous. Là où ça coince, c’est qu’un très petit nombre ne veut pas de cela, alors que l’immense majorité y aspire.
Je rejoins pleinement Pierre Sarton du Jonchay (pour une fois que je comprends ce qu’il écrit ! 😉 ). Dit autrement : nous avons construit la possibilité de nous débarrasser de ce qui nous fait objets les uns pour les autres, ce qui nous permettrait d’entrer enfin en relation, dans la convivialité, dans l’empathie les uns pour les autres, en réfléchissant ensemble comment réparer les dégâts et construire ce monde… Oui, ce monde a besoin de vous et de moi, beaux, grands et forts !
Mais sommes-nous prêts à cela ? Tout « travail » humain devrait conduire à cela, je pense.
Merci pour la médiation 😉
Ce sont les mots que je cherchais pour exprimer l’immobilisme qui semble s’imposer à moi. Tous les jours je lis et j’écoute ceux qui proposent des solutions éthiquement et socialement justes. Tous les jours je vois ceux qui nous gouvernent les ignorer comme si elles étaient purs discours de fou ou d’utopiste névrosés. Je découvre régulièrement de nouveaux chiffres plus choquants les uns que les autres concernant ceux qui accaparent les richesses : patrons, actionnaires anonymes. L’argent est un moyen de fluidifier les échanges ? Il y a trop de barrage qui l’empêche de circuler, il ne remplit plus sa fonction. Je ne rêve que d’évolution mais j’ai l’impression qu’on nous pousse doucement vers le gouffre, la révolution. Ne manque au peuple que les châteaux à assaillir, les nobles à pendre à la lanterne. Mais les puissants ne se montrent plus. Le pouvoirs n’a plus de visage. A quoi s’attaqueront-ils quand ils n’en pourront plus ? Au guichetier de la banque ? Au centre des impôts ? Au centres commerciaux ? Je ne veux pas en être alors quoi ? Je vais continuer à écrire de la SF, parler autour de moi de ce que les médias de masse ne font qu’effleurer et attendre qu’il y ait suffisamment d’humains réveillés au sein de la « Matrice » pour que le discours dominant change.
Même « eux » se rendent compte que la révolution est en marche. Enfin, au moins certains d’entre eux.
Malheureusement, pas de sous-titres en français. Mais pour un américain, il parle plutôt bien anglais ( 😉 ) et il y a aussi des sous-titres en anglais.
A écouter au moins jusqu’à la fin de la troisième minute. Encore une précision : « angry mobs with pitchforks » , ça veut dire : « des foules en colère avec des fourches » …
Beaucoup d’intellectuels ont été formés pendant l’époque « Thatcher-Reagan », ils sont englués dans une routine de rustines sociales compassionnelles.
Chacun à son niveau devrait résister et transgresser intelligemment comme Paul Jorion.
Moi je n’ai pas de T.V ni de GSM, ce sont des chaînes lorsque que ces instruments sont professionnellement inutiles.
Il faut refuser les mensonges, on vit plus longtemps ce qui occulte le piètre état de santé de la génération 30-40 ans, les journalistes devraient investiguer. ce n’est pas brillant.
Peut-être qu’un regroupement de blogs contestataires qui posent des questions dérangeantes et proposent des actions positives serait le bienvenu. Dans un premier temps localement, par régions et puis ensuite plus globalement: « un Google de la transgression » de l’immobilisme.
Cet article est à l’image de ce que je ressens aussi. Pour moi, la seule solution est de se tenir prêt le jour de la chute finale, la fin du Système est proche et inéluctable.
@ Jean-Claude Boudreault :
votre beau texte porte en lui non seulement ce cri d’indignation (en fait partagé par une immense majorité) et la résolution potentielle de nos impasses. En effet le simple fait de l’écrire et de le publier ici démontre aussi que vous n’êtes plus dupe et ça c’est fondamental !
Comme vous le dites si bien : »intoxiquer l’esprit » ou « confort de l’écran » sont les clés de cette domination devenu insupportable. Selon la métaphore de Paul Jorion, les parasites sont en train de tuer l’animal qui les porte — tout en essayant de le convaincre de leur inoccuité. Mais tout peut survenir quand les hommes ouvrent enfin les yeux. Le roi est nu et il nous méprise.
Considérons par ex. la ferme des 1000 vaches, une infamie et une absurdité. Si les citoyens voient ce que suppose ce type d’industrie (et on peut étendre à tous les élevages d’animaux plus leur abattage) il est clair que le rapport de force changerait. Et il est clair que la censure exercée sur ce type de dérive joue un rôle essentiel. Comment accepter ça?
On peut continuer sur bien d’autres sujets : la flexibilité du marché du travail. Voir les contrats zéro heure en Angleterre que bien sûr on nous imposera un jour ici aussi comme nec plus ultra de la lutte contre le chômage…
Oui, ouvrir les yeux est la première étape nécessaire mais pas suffisante pour « reprendre le pouvoir sur nos vies » comme vous le dites parfaitement.
@ Jacques Seignan, Merci.
Eh oui, les gens qui ont la télé – ou qui fréquentent les médias « de masse » – ont bien du malheur.
Frustrés, déprimés, terrorisés, ultra-dépendants à l’argent. Un véritable enfer.
Nous on ne l’a plus depuis 15 ans et forcément on ne se sent pas si mal que ça.
Il y a beaucoup à reconstruire différemment, il va y avoir un moment très dur à passer… et on est au boulot. Les gouvernements ne nous aideront pas, ils tournent en boucle pour essayer de maintenir un ordre déjà mort-vivant. Hors-jeu, hors-sol. Effondrement inévitable.
La réalité gagne toujours, à la fin.
Partout dans le monde les alternatives fleurissent mais vous ne les verrez que si vous éteignez vos TV, que si vous sortez des sentiers battus et que vous cherchez par vous-même, y compris sur l’immense bibliothèque que vous tenez à cet instant sous vos doigts, où s’accumule jour après jour tout le savoir, toute la science de la transition… « Permaculture », par exemple, avez-vous compris *exactement* ce que c’est ? Vous pensez que c’est juste une manière de faire pousser les légumes ?
Bref, « Un million de révolution tranquilles » (titre d’un ouvrage qui date déjà un peu mais qui reste un bon point de départ). Rester à pleurer ou bouger, c’est votre choix. C’est toujours votre choix.
Vous ne soupçonnez pas à quel point vous êtes libre lorsque vous n’avez plus peur.
Le problème, c’est que bouger, cela implique soit faire encore partie du système via la propriété privée, et ce n’est pas donné a tout le monde.
Je vais prendre l’exemple de personnes que je connais. Anarchiste de longues dates, certains de mes amis d’internats ont décidés après 10 ans de boulot, d’abandonner leurs jobs d’educateurs qui n’avaient aucun sens selon eux pour rejoindre des groupes altermondialiste. Et je parle de cela en 2010, lors du grand moment ou pas mal de gens de la haute classe moyenne (psychologue, assistant social, ect) se sont dit qu’ils allaient vivre mieux en faisant du Bio et de l’eco-vie.
Mon ami a décidé de ne plus être au chomage, après avoir subit 1 ans, la chasse au chomeur qui lui a laissé un profond mépris du système et une impression énorme de mépris envers les larbins du système qui croivent réellement aux conneries qu’ils débitent.
Il a donc rejoins cette année là, en camion amménagés, un eco-lieux dont je préfère taire le nom (et dont je ne sais si il existe encore), pour les aider a se monter. Sur internet, ils disaient avoir besoin d’aides et de bonnes volontés.
Donc, pendant un an et demi, mon ami et sa femme, ont aidés construire et reconstruire une ancienne ferme, sur 3,2 ha de terrain, achetés en coopération et d’autres qui sont venus pour vivre la bas, mais en payant par leurs travails, comme mon ami. ils ont plantés des arbres, crée des jardins de permaculture et de cultures associées, reconstruit les maisons via des briques de chanvres, de pailles, du bois et de la Terre Crue, le verre provenait de verre qu’ils recyclaient et refondaient eux même, c’est dire la difficulté car fait avec les moyens du bord. Pendant 1 ans et demi quasiment, ils mangeaient avec les autres sans problème. Ils etaient 14 en tout (en comptant les enfants). Et puis quand le travail a commençé a se terminer, les tensions ont commençés a apparaître, et les premières familles, non propriétaire, a partir sous la pression.
Ce qui a atteind mon ami Pierre, a qui un beau matin, on a dit qu’il devait partir avec sa femme, a moins que celui ci n’ai une source de revenus (quitte a ce que ce soit le RSA).
En clair: on lui a dit texto: soit tu as une source de revenus, a mettre en commun avec les autres, soit tu pars. En clair, ta bonne volonté, ton courage, 1 an de ta vie a refaire le monde pour ton avenir avec espoir de fonder une vie meilleur, s’est envolée parce que ceux qui se sont engouffré dans l’eco-lieu n’ont en realité eu aucunes envies de partager leurs « propriétés » avec des sans argents. Le lieu a ce que j’ai su a été par la suite transformés en gites, possible qu’il ai été revendu depuis. Mais mon ami Pierre est revenu assez amer des eco-lieux. Il en a fait 5, sur les 5, un seul etait réellement sans apport d’argents mais c’etait un Squat, les autres: un etait hyper sectaire, et tout les autres tournaient a la différenciation: « Propio-Pas proprio »…en clair le même problème rencontré dans les camping entre les proprios des parcelles (qui prennent decision) et les autres, qui subissent. Et en général, on leurs a signifié qu’ils devaient avoir une source de revenus.
Donc mon ami est revenu en Belgique, lui deja peu sociable, avec une image tres négative des eco-lieux, qui sur internet se dise toujours très ouvert, mais sur le terrain, c’est vraiment tout le contraire. Selon lui, la seule chose que la haute classe moyenne a fait, c’est gentrifier les campagnes et s’approprier des lieux pour faire de l’Argent, tout en evitant de payer des ouvriers et autres, en demandant de l’aide auprès de ceux (mais souvent sans argent) qui sont interressés.
Mon ami a la base est educateur, il s’est retrouvés face a des ingénieurs, des architectes, des medecins, des psychologues, ect. En fait, il a été surpris de remarquer que les rares fois ou il rencontrait des gens propriétaires qui n’avaient pas fait d’universités, c’etait des retraités.
Tout cela pour dire quoi?
Simplement qu’a partir du moment ou, certains ont une position de force, ils ne se gênent pas pour l’utiliser, et cela a toujours étés. Et cela ne concernent pas que la classe dominante, la haute classe moyenne et les retraités petit rentiers, sont du même avis que la classe dominante: Plutot sacrifier ces « feneants de pauvres » et ces « parasites de misereux » que de perdre notre place dans l’echelle sociale. C’est une très vieille idée et une très vieille rengaine qui date deja du 16ème siecle, et qui fut fortement utilisée au 19eme et aux debut du 20ème siecles.
Et il n’y aura pas contestation parce que les gens sont devenus incapables de comprendre ce qu’est un rapport de force. Il suffit de voir ce que supporte de nos jours les gens comme humiliations comparativement a ce que subissait un travailleur autrefois. La chasse au chomeur, la faute economique due au chomeurs, j’ai des extraits de journeaux qui remonte a 1915, c’est dire de quand ca date cette idée. Mais les gens sont idiots dans leurs ensemblent, et la grande majorité sont incapables de sortir des idées pré-conçues tirées du début du 20eme siecle, et heritée du torpillages de la révolution par une certaine catégorie.
Un ami a moi m’avait un jours demandé a quoi ressemblerait le futur, a l’époque, j’avais dit que cela ressemblerais probablement a Aliens, Soleil et Blade Runner. Et c’est ce vers quoi on se dirige. La Solution? il y en a plusieurs, mais personnes n’en veut…parce que personnes ne veux accepter qu’il faudra passer par certaines choses difficiles. Mais a qui la faute? on sais qui, mais personnes ne veux les confronter, parce que ces derniers sont fortement protégés.
Ce qui est très dommage, dans votre histoire, c’est qu’un autre montage financier de ces « éco-lieux » est tout à fait possible. Si la coopérative est à capital variable (ce qui est en général le cas), l’apport de travail peut être rémunéré en parts. On peut même différencier des « parts A » et des « parts B » pour nuancer les droits et devoirs de chacun. Tout ça est parfaitement légal à condition que ce soit précisé dans les statuts de la société (dans les limites de la loi, bien sûr). Ceci aurait protégé votre ami des désagréments qu’il a subis. Ce n’est donc pas l’ « éco-lieu » en tant que tel qui est en cause.
Votre commentaire m’inspire en retour trois réflexions, lié au croisement que j’en fais avec des sources personnelles.
Autrefois: a quelle période faites-vous référence ? Au 30 glorieuses ? Si oui il me semble que si l’on remet ça dans la perspective historique cette période aura sans doute été plus un cas particulier qu’une généralité (sans doute lié au fait qu’en période de quasi-plein emploi le rapport de force employeur/employé s’égalise).
Peut-être généralise t-il trop vite ? Les histoires de vol de RSA ou d’exploitation de personnes que j’entends dans les communautés alternatives en Ariège ne sont pas tristes…franchement les SDF ont pas attendu la classe moyenne haute pour essayer de se tirer leur SMIC.
Peut-être aussi faut-il être sûr de lever toutes les ambiguïtés dés le départ ? Sur rue 89 vous pouvez suivre le très beau projet Eotopia.
Un ami directeur de CAF m’en parlait la semaine dernière. il était paradoxalement très remonté que nous ne protestions pas plus contre les suppressions d’allocations familiales car pour lui le problème n’est pas là. Je peux vous dire que face aux histoires réelles qu’il nous racontait on était un peu limites avec notre morale gauchiste bien pensante mais sans lien avec la réalité.
Quand il vous cite le cas d’une personne qui touche 6000 euros de chômage et qui attend la fin de son indemnité pour chercher (et trouver très facilement !) du travail on a pas grand chose à lui rétorquer.
Quand il dit qu’il existe des personnes au chômage depuis des dizaines d’années qui ne vivent pas en France et qui se contente de réactualiser leur profil sur le site de pôle emploi et faire chercher leur courrier par des amis, c’est limite.
Quand il nous apprend qu’il existe des gens qui viennent cracher sur les agents d’accueil en leur disant qu’ils sont bien c** de bosser au lieu de vivre tranquillement du RSA, ben ça pose des questions.
En discutant plus avant on a fini par se mettre d’accord et faire une analogie avec le système judiciaire. On a globalement le choix entre un système très accusatoire qui maximise la condamnation des coupables au détriment d’innocents accusés peut-être à tort et un système qui a les propriétés inverses. On peut essayer de rééquilibrer un peu les proportions par des dispositifs fins, mais fondamentalement il est totalement utopique de vouloir un système 100% juste.
Même la mesure du degré de justice du système actuel est difficile, parce que par définition si l’on savait mesurer on pourrait mettre en place un dispositif juste. Mais du coup ça nourrit tout les fantasmes, et il y a deux écueils antagonistes à éviter:
– Penser qu’avec un changement de système complet on évitera tout les écueils et que tout le monde vivra heureux (OK la droite ?)
– Penser que dans le système actuel tout les chômeurs sont parfaitement honnêtes (OK la vraie gauche ?)
Je suis parfaitement d’accord, et c’est l »immobilisme de ces rentiers qui crée cette situation de misérabilisme.
Protégés oui. Je sais. J’en fait partie, comme le ver dans le fruit pourri ! Vous êtes tous à mille lieues d’imaginer de quoi ils sont capables. Mais comme il est écrit quelque part, plus haut, la Réalité gagne toujours, à la fin.
@Lohiel
Entièrement d’accord.
On peut trouver des idées là par exemple.
Il faut changer soi-même pour changer le monde, c’est une lapalissade.
Le bien commun (cf. Aristote) est oublié car l’identité, formée par notre rapport au monde et à autrui, se confond dans le prix des choses et la consommation. ..c’est ça?
@lucas
Elinor Olstrom
http://www.amazon.fr/gouvernance-biens-communs-ressources-naturelles/dp/2804161412
Elle va dans le sens opposé que vous indiquez;
La gouvernance des biens communs va revenir au grand galop.
@ michel
Le titre de son livre : « La gouvernance des biens communs : Pour une nouvelle approche des ressources naturelles »; le « pour » m’indique qu’on est sûrement d’accord, il faut que ça change.
« Aurai-je demain, un monde, ne serait-ce que vivable à laisser à mes enfants ? »
Et laisser les enfants en dehors de tout ça?
Des enfants ou presque n’ont pas envie de rester en dehors de tout ça .
Et en meurent .
Des tas d’enfants voudraient bien rester en dehors de tout ça.
Mais ils en meurent.
Toute une société qui se disloque, où la dimension éthique disparaît.
D’après Hannah Arendt (Les Origines du Totalitarisme), l’ère pré-totalitaire se caractérise par une dislocation de la société. La consommation a remplacé ces liens.
Lorsque ces liens s’effritent sous l’effet de la crise, les personnes se retrouvent nues, vulnérables, et en panique parce que nous sommes des animaux sociaux, qui sommes à la fois autonomes et dépendants de la société des humain-es. De ce fait, toute notion morale et éthique s’amenuise et disparaît.
Et alors, tout devient possible, et évidemment le pire. Notre semblable devient un ennemi.
Mais notre humanité, c’est justement de pouvoir lutter contre le côté obscur de notre force.
Si des films comme Starwars ont tant de succès, c’est qu’ils disent quelque chose de nous, de notre humanité.
Résister, c’est créer, disent les alters.
A quel point ils ont raison…
« Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance »…
N’exagérons pas. Nous faisons tous partie des privilégiés de la planète, même ceux qui sont au RSA. Ce n’est pas une raison pour s’en réjouir, mais pour relativiser et prendre un peu de recul. Nous vivons une expérience formidable, et c’est la seule que nous vivrons. Profitons-en.
Notre monde est foutu, c’est une affaire entendue. Peut-être pas LE monde. Hier soir, Arte consacrait une émission bien intéressante sur le club de Rome qui nous prévenait, il y a 40 ans, que la croissance ne pouvait pas être infinie dans un monde fini. Les 1% les plus riches l’ont bien compris, avec la complicité des politiques qui se sont dit que c’était le moment de faire des provisions avant qu’il n’y ait plus rien à partager.
Je suppose que les romains de la fin de l’empire ont vécu cette même impression que c’était la fin du monde. Comme les nobles lors de la révolution française ou la majorité de la population russe après 1917 (je n’ose pas dire les « bourgeois », suffit de lire ou relire Tchevengour, Moscou heureuse, le chantier… d’Andreï Platonov pour comprendre que ce n’est pas adéquat). LES fins de monde (pas DU monde) se suivent et ne se ressemblent pas. Nous en vivons une, cela est certain.
Je me rappelle comment j’ai reçu le livre du club de Rome en 1973 : beaucoup d’intérêt, et la conviction que des régulations « automatiques » se mettraient en place (à cette époque, je croyais aussi à l’efficience des marchés…), par les prix, par l’action intelligente des pouvoirs publics… En fait, il ne faut jamais parier ni sur les régulations automatiques, ni sur l’intelligence… 40 ans après, le message du club de Rome est toujours reçu avec autant de légèreté.
Mais ça fait rien, il faut que l’orchestre joue.
si je résume:
je ne peux être « bon » qu’en étant bon pour les autres, être « bon » dans son coin ça ne veut rien dire. Et la relation aux autres est la première chose détruite dans cette ère de l’individualisme forcené.
@ Draxredd
Pas tout à fait d’accord avec vous, être bon envers soi-même, ça veut dire quelque chose, avoir une bonne estime de soi permet aussi d’en avoir une envers les autres, et le travail dégradant tel que nous le connaissons amène à considérer son prochain avec plus d’amertume à cause d’une concurrence qui nécessite, pour s’y plier, une mauvaise estime de soi et une forme de servitude volontaire. Le rapport à soi, aux autres et au monde, j’ai plutôt le sentiment que le système s’attaque d’abord à ce qui est le plus profond en nous pour ensuite permettre cette fracture du lien social.
La première chose que l’on soigne chez les personnes qui manquent d’empathie, c’est l’estime de soi. Une fois qu’on progresse à ce niveau, il est possible de les amener à considérer les autres. Il ne faut pas confondre l’estime de soi et le narcissime qui consiste à se considérer comme supérieur aux autres.
La première chose qu’il faudrait soigner chez les personnes qui manque d’empathie, ce sont leurs pères et surtout avant que ceux ci les engendrent.
Sinon c’est une suite sans fin.
Aime ton prochain comme toi-même, qu’il disait.
Le père est syphilitique , la mère est alcoolique , c’est la huitième grossesse dans le couple , que faîtes vous ?
– Je pratique l’avortement
– Malheureux , vous venez d’assassiner Jean Sébastien Bach !
Oui mais Sarabande et rien n’arrête un sentiment océanique de grande ampleur.
Si ,un préjugé et/ou l’incompréhension de la mort et de la vie.
@juannessy
Quel rapport entre syphilis et manque d’empathie?
Ou alors vous penser que l’alcoolisme de la mère à été bénéfique à J-s Bach?
Toutes les personnalités de génie ont du souffrir de l’un de leur parent ou même des deux?
La société doit elle souffrir pour avancer?
Qui parle d’avortement ou d’assassiner?
êtes vous sûr que Bach manquait d’empathie? Je pense au contraire qu’il en avait beaucoup, sa musique en est la preuve. L’empathie est liée aux émotions.
Merci de m’aider à comprendre votre point de vue.
Je pensais que c’était lumineux .
Je voulais simplement relever qu’en application de votre commentaire initial, JSB ne serait pas né .
Et avouez que cela aurait été dommage pour nous .
« Aime ton prochain comme toi-même » , Avec le nombre de suicides qu’il y a, on est mal!
Mon prochain n’a pas besoin de mon amour, il vivrait très bien sans.
Vivre avec, c’est l’essentiel, l’amour vient sans aide..
Si l’amour se maîtrisait sans un long apprentissage, ça s’saurait !
Je doute qu’on puisse soigner le manque d’empathie.
Il faut parler un autre langage à ces gens, 1° leur résister, parfois se transformer en eau afin que leurs coups indiffèrent cela les étonne toujours, leur impuissance à vous dominer.
2° Démontrer rationnellement les conséquences de leurs actes, que celles-ci sont néfastes pour leurs intérêts à long terme, ces gens manquent souvent de vision d’ensemble (dont il font partie) à long terme. Démontrer que le confort de leur bulle est menacé.
3° L’interdépendance, ils l’ignore et c’est souvent dans de telles circonstances qu’ils prennent conscience de leurs erreurs lesquelles il s’expliquent par le déni.
Ceci est le remède le plus difficile à appliquer: refuser le déni à tout prix car c’est la boucle mentale qui maintient la cohésion de leur personnalité égocentrique, ils sont des personnes, les autres sont des objets.
Je ne suis pas « psymachine », donc aucune qualification pour en écrire, je m’exprime seulement en me fondant sur l’expérience.
Mais tout ceci demande beaucoup de temps, il faut donc de la patience à rallonges.
@ Beotienne
« les hommes sont faits les uns pour les autres. Donc instruis les ou supporte les ». Il faut de la patience, oui. Et même la foi!
@ corbeau
Qui a dit cela?
Ce qui n’empêche pas d’avoir des projets communs dans l’intérêt général.
L’instruction fait partie de cet intérêt général, oui.
Quant à supporter l’insupportable, la domination destructrice, c’est non et la résistance devient un devoir d’intérêt général.
@Béotienne
C’est Marc-Aurèle qui a écrit cela, qui vécut de l’an 121 à l’an 180. En 2014, c’est sûr que le monde a changé, mais le « Tout » reste le « Tout », comme à l’époque.
@ Béotienne
Et si on a un peu l’impression que ça urge et que nous sommes en état de légitime défense, on prend quant même la peine de leur expliquer tout ça ?
On peut aussi essayer de se prémunir contre les causes, plutôt que de tenter de rafistoler les conséquences…
Je suis conscient du ridicule qu’il peut y avoir à donner son avis sur le vertigineux problème du ‘qui suis-je ?’. Mais bon, comme je n’ai jamais su la fermer et que le ridicule ne tue pas, je me lance…
Qu’est-ce qui peut nous sauver de nous-mêmes ?
– La foi ? Individuellement peut-être. Dans le secret de nos cœurs et de nos esprits. Mais collectivement ? Collectivement, combien de vies détruites par la mort donnée, l’esclavage imposé ou volontaire, au nom de l’Amour de Dieu ? Exit donc, si ce n’est la foi individuelle, du moins la religion.
– La science ? Le scientisme béat est mort dans les tranchées de 14-18, assassiné par sa petite fille, la technologie. Gazé et chenillé sous les chars, avant d’être définitivement enterré lors du 2nd round de 39-45, par l’aviation de bombardement stratégique et la bombe nucléaire.
– La culture ? Mauvaise pioche également. Certains des responsables des camps d’extermination nazis disposaient d’une solide culture classique. Plus près de nous dans le temps, au Rwanda, se furent les instituteurs qui massacrèrent leurs élèves où les médecins qui tuèrent leurs patients…
Alors peut-être… la lucidité. Celle qui vous fait admettre que les hasards de l’évolution biologique on fait de vous un animal dangereux et qu’il faut vraiment peu de choses pour vous faire basculer dans la sauvagerie. Chacun-chacune réagira différemment à cette affirmation, certains(taines) en la niant, ce qui est sans doute le plus grand des dangers, d’autres en s’en trouvant paralysés(ées) ou en éprouvant le besoin de faire le chemin de Compostelle en marchant sur les genoux. Pour ma part, j’y vois une sécurité rassurante, mon premier commandement en quelque sorte : ‘méfie-toi du singe en toi’.
Bien peu de chose en réalité. Alors que les défis qui s’annoncent sont si effrayants. Comment allons-nous faire pour nous coltiner les nouveaux outils qui par leurs puissances dépassent nos facultés cognitives ? Comment survivre au génie génétique, à la robotisation et à toutes les convergences ? Alors qu’il nous est déjà si difficile de résister au désir aberrant de marcher sur la tête de notre frère ou d’être le mort le plus riche du cimetière…
Il est facile de voir les chemins qui mènent à l’extinction de notre espèce, plus difficile d’accepter que pour les éviter nous n’aurons pas d’autres choix que de nous transformer. En effet, l’équilibre actuel est extrêmement précaire et c’est miracle que nous ne nous soyons pas déjà détruits par accident, avec nos armes nucléaires.
Nous devons maintenant effacer le singe en nous (sans le diaboliser. Bien au contraire, en lui étant reconnaissant du chemin qu’il nous a permis de parcourir. Il y a quelques millions d’années de cela, je n’aurais pas forcément parié sur la survie de nos faibles ancêtres, entourés d’animaux autrement plus forts, dentue et griffus).
Bref, évolue ou crève ! *
Alors, rien de neuf sous l’étoile soleil ? Si, pour la première fois dans l’histoire du Vivant sur cette petite planète, une des espèces est en mesure de diriger sa propre évolution. Là est le véritable TINA ! Vertigineux n’est-il pas ?
* La ‘survie du plus fort’, c’est Darwin revu et corrigé par un artiste-peintre raté. Réussir pour une espèce, c’est perdurer en se reproduisant et en s’adaptant à un environnement sans cesse changeant. Si nous nous autodétruisons à coups d’armes nucléaires, la plupart des bactéries ne s’en rendront même pas compte. Mais bon, elles auront quand même un léger problème lorsque notre étoile entrera dans sa phase de géante rouge…
En effet, si le nom de Goldsboro vous dit quelque chose…
Je résume : 1961, un B52 se disloque en vol avec à son bord deux bombes H (260 fois Hiroshima chacune), l’une tombe près de Goldsboro en Caroline du Nord, trois des quatre dispositifs sensés empêcher une mise à feu accidentelle n’ont pas fonctionné correctement. Restait le quatrième…
Oui, une sécurité mécanique, une petite pièce à 50 cents…
Dans la série ‘rions z’in peu en attendant la mort’, qui connaît aujourd’hui le nom de Stanislav Petrov ?
Stanislav qui ? C’est un joueur de foot, un chanteur, une marque de vodka ? Heu non, rien de tout cela, juste l’homme qui a empêché un échange nucléaire massif entre les USA et l’URSS dans la nuit du 25 au 26 septembre 1983. Nous lui devons tous la vie et… personne ou presque ne le connaît. Il mériterait que partout dans le monde des écoles, des universités, des hôpitaux, des avenues portent son nom, que son geste soit enseigné et présenté en exemple à tous les enfants du monde, et pourtant… rien ! Rien, parce que pour sauver l’humanité (excusez du peu !), il a DÉSOBÉIT au système soviétique. Il a, chose insupportable pour tous les maîtres du monde, osé réfléchir par lui-même. Mais bon, il s’en tire tout de même mieux que Snowden : on lui a laissé le droit de survivre avec sa maigre pension dans une banlieue décrépie de Moscou.
Son histoire est donc à la fois pleine d’espoir, parce qu’un homme seul, simple pion d’un système dictatorial a su dire non et s’opposer à la folie de l’espèce, mais c’est également une histoire désespérante parce qu’au fond, en vrai… tout le monde s’en fout !
Non vraiment, TINA, nous devons évoluer et vite. La chance ne nous sourira pas à chaque fois, viendra fatalement un moment où quelqu’un, quelque part, à la suite d’un dysfonctionnement quelconque, fera LA grosse boulette.
Non, je ne connaissais pas ce Petrov, mais en effet, il gagne à être connu… En fait, si nous avons la possibilité de parler de lui en ce moment, eh bien c’est parce qu’il a désobéi en effet.
Et selon moi, le côté le plus effrayant de cette histoire, c’est de se poser la question suivante : si une erreur informatique « voulait » induire une décision aussi désastreuse aujourd’hui, y aurait-il, dans la chaîne de commandement, un *homme* pour réfléchir et intervenir, ou bien la « décision » serait-elle aujourd’hui prise en « full automatic » ?…
En tout cas, je suis rétrospectivement bien content de m’être réveillé en pleine forme, le 26 septembre 1983 ! Comme je le serai aussi demain matin… et tous les matins qui suivront !
(Et ce n’est pas vrai que tout le monde s’en fout. Nous sommes maintenus dans l’ignorance, tout simplement.)
Aliénation ou dépossession de soi, c’est ce que génère insidieusement l’organisation actuelle de la vie en société, c’est à mon avis ce que vous décrivez comme état d’âme.
Aliénation ET dépossession…
… et, au moins aussi souvent, un politique, un banquier, un patron, un technocrate, un militaire, un évêque, un flic, un intellectuel, un people, un…
Oui il faut relire Dante Alighieri » ..fatti non foste à viver come bruti, ma per seguir virtude et conoscenza….(La Divina Commedia « L’Enfer »)
Ambiance « fin de siècle » en ce début du 21e siècle!
Les propos de Paul Jorion aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois concernant la réforme du système financier actuel ou l’adaptation de la population mondiale (-30%) laissent perplexe: [« ….un nombre considérable de gens s’occupent de planifier cela. »] !?
Je pense qu’il a voulu secouer l’auditoire en lançant ce message d’alerte, d’ailleurs pas infondé.
Mais c’est lui qui est encore le mieux placé pour répondre!
« l’adaptation de la population mondiale (-30%) laissent perplexe: [« ….un nombre considérable de gens s’occupent de planifier cela. »] !? »
Ils peuvent ne pas être au courant, je présume. Ou plus ou moins.. 😉
Effectivement : la plupart de ceux qui s’en occupent ne sont sans doute pas conscients du fait que c’est cela qu’ils font.
L’ « effet de cliquet », c’est cela…
Bel article, en effet, cela me fait songer tout de même que la guérison du monde(Frédéric Lenoir- Livre intitulé: la guérison du monde) est bien possible et arrêter avec les peurs en France et en Allemagne surtout. J’en convient pas simple, mais nécessaire pour dégager des perspectives d’espérance selon le sociologue Edgar Morin. Les hommes et femmes de ce temps seront grand(e)s car dignes d’espérance et de courage…
Bonjour à tous
Les hommes politiques en place chez nous sont connus depuis plus de vingt ans; pour beaucoup leurs comportements ont été exposés ici et là.
NOUS les avons élus et réélus encore et encore. Mais ce sont d’eux que nous nous plaignons et pas de notre aveuglement. Se dire écoeuré d’eux…… « je n’entends pas beaucoup de « je suis écoeuré de mon obstination à leur redonner le pouvoir tous les cinq ans…. »
Les 1% de l’industrie? Connaissez vous beaucoup d’employés ou de cadres même sup qui se donnent la peine d’aller vérifier la composition de l’actionnariat ou d’aller analyser – ou faire analyser le bilan et les activités des entreprises dont ils sollicitent un contrat de travail ou son renouvellement?
Nous avons les gouvernants, entrepreneurs politiques ou économiques, que nous méritons….
Réécouter « Qui a tué Davy More » par Graeme Allwright.
Cordialement.
Qui a tué Davey Moore ?
Et si le problème était un petit peu plus compliqué que « nous les 99% qu’on est les bons qui luttons contre ces salauds de 1%, qui eux, n’aspirent pas au paradis, les vaches ! »
Et si les 1% n’avaient pas le choix, ne faisant que reproduire ce que leur milieu, leur éducation, et leurs croyances leur dictent ?
Et si les 99% ne pouvaient pas, eux aussi, résister à exercer une parcelle de pouvoir, même minime, dès que l’occasion se présente ? Quitte par exemple à battre sa femme, si il ne reste que ça …
Et si nous étions si fortement conditionnés par des millions d’années d’évolution pour justement créer, faciliter et accepter les hiérarchies, même cruelles, même injustes, même suicidaires ?
Et si une partie de la solution ne passait pas par la morale, ou l’indignation, ou la fureur, ou la peur, mais plutôt par l’établissement de quelques règles simples qui limitent fortement l’exercice du pouvoir, et donc la constitution de grands ensembles, et donc la complexité ?
Merci, nous touchons au cœur du sujet !…
« Et si une partie de la solution passait… » par la transformation intérieure de l’humain ? Une espèce de contagion de proche en proche ? Qui y croit encore ?… Et pourtant !
De rien 😉
Mais je ne crois pas du tout à une « transformation intérieure de l’humain », mais plutôt à la mise en oeuvre par consensus de règles qui limiteraient notre propension à établir des hiérarchies et favoriseraient notre aptitude à l’empathie et la solidarité.
Règles bien sûr définies, et discutées, et défendues, et débattues, et remises en cause, chaque jour qui passe, et par chacun … si, si, les femmes aussi. Gros boulot, donc.
Y’en a qui appelle ça « démocratie » ou « anarchisme », …
C’est vieux comme le monde, et beaucoup de groupes humains se sont organisés avec succès de cette façon.
5000 ans de bourrage de crane tentent de nous convaincre que c’est une utopie et qu’il vaut mieux confier notre destin à ceux qui détiennent les batons …
Comme la vie est pour le moment très confortable et que nous sommes de gros fainéants, on fait semblant de les croire.
Suite à un billet de Paul qui avait demandé de faire la liste des propositions susceptibles dans un futur lointain de régler nos problèmes fondamentaux j’avais mentionné la bio-ingénierie du cerveau ou la génétique pour augmenter nos facultés d’empathie.
Ca me semble toujours une solution possible, si non souhaitable.
On trouveras pas de solution simple tant qu’on sera dans une configuration darwiniste classique « comportement social presque général avec passagers clandestins ».
La croyance que l’on a qu’il existe des « profiteurs du système » réduit notre capacité à accepter (voir une très intéressante étude que je ne retrouve pas hélas qui faisait le lien entre système de protection social fort et un sentiment de forte homogénéité de la population).
Ce n’est pas très loin de ce que je voulais dire là (N°8) :
Il y a de grands ensembles, complexes.
Là dedans, ceux qui profitent et détournent ne sont pas « animés par le mal », mais voient les gratifications de leur relatif savoir-faire (celui de détourner) augmenter alors que leur savoir-faire « de métier », l’officiel, n’est pas gratifié de façon si évidente que ça, pour cause de complexité croissante.
D’où en effet des règles de limitations des responsabilités pour encourager ce qui marche « sous nos yeux », mais qui enlèvent certains avantages d’échelle de notre organisation actuelle si complexe soit-elle (réseaux centralisés de train, gaz, électricité, …).
Ceci dit, on n’aurait, ce faisant, que minimisé certaines externalités, on n’en aurait pas du tout minimiser d’autres (se chauffer au bois = particules + déforestation si grande échelle, par exemple).
Un phénomène que l’on observe particulièrement en France, c’est l’accroissement d’une colère diffuse, prête à exploser quand l’opportunité s’y prêtera. Comme il n’a plus d’idélogie conductrice, ni d’idées porteuses d’espoir, chaque individu se trouve face à ses problèmes indiviuelles, imputables au désordre économique et social.
Ce qui nous reste, c’est la culture, quleque soit sa forme, l’identité régionale, et la vision que les problèmes actuels sont « fait maison », donc maîtrisables. Mais il faut trouver une ou un ensemble d’idées conductrices, dans l’idéal un leitmotiv rassembleur. Sans on risque d’être confronté un jour pas lointain aux clastomanies d’une foule déchaînée.
Ce qui est bon en nous s’éteint graduellement, de générations en générations. Vous sentiez une certaine forme de noblesse ( courage, honnêteté…) en vous, elle s’éteint car elle peut constituer un frein dans notre adaptation à cette société de bourgeois qui valorise les succès individuels et dénigre l’assistanat envers les plus précaires. C’est l’arène dans cette société, et ceux qui s’y trouvent doivent combattre contre ceux qui devraient être des alliés, nous somme divisés, ça ne va pas changer comme ça.
Je ne comprends même pas comment des parents laissent de jeunes enfants devant la télé-réalité, c’est une fabrique de crétins, attention on ne peut pas nier que cela se répercute sur leurs comportements quand on banalise la bêtise et la méchanceté. J’y vois là un projet d’éducation bien funeste pour notre civilisation, mais cela est programmé pour orienter les comportements des futurs citoyens dans une société où le travail et la coopération disparaissent, et cela permet à nos élites d’être en paix quand le peuple est occupé à s’entre-déchirer. Et ça va aller en s’aggravant si nous ne disons pas stop. Même si vous ne regardez pas ces programmes, vous pouvez vous inquiéter que d’autres y trouvent du plaisir!
Donc je pense que nous sommes nombreux à partager votre constat, mais bien plus nombreux encore sont ceux qui se jettent aveuglément dans ce système, et ils sont fiers d’être bien adaptés dans cette époque de dégénérés. Une phrase me revient à l’esprit, je l’ai lu un jour sur ce blog, « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade », c’est bien vrai! « Qui est fou? », c’est l’angoisse tolstoïenne. Donc il ne faut pas hésiter à prendre du recul dans ce monde, de la hauteur, quitte à passer pour un marginal, c’est le prix pour garder un peu d’humanité telle que nous l’aimons. Finalement, pour rester un humain, il ne faut pas trop se fondre dans la civilisation.
C’est Krishnamurti qui a dit cela.
Il a développé une thèse reposant principalement sur l’idée qu’une transformation de l’humain ne peut se faire qu’en se libérant de toute autorité. Et il savait de quoi il parlait !
Oui en effet «Jiddu Krishnamurti» pense que le seul moyen de libérer l’homme est que celui-ci s’affranchisse de son égo, l’égo étant attaché à l’autorité il faut pour le dissoudre embrasser tout le champ de la pensée, alors il se pourrait qu’un esprit jeune et vierge surgisse du vide abandonné par celui-ci au sein du vieux cerveau. Cela demande un gros travail sur soit et bien que «Krishnamurti» dise que tout le monde peut y arriver il me paraît difficile d’envisager une libération de la planète par ce biais. Et pourtant cela demeure la solution par excellence et l’unique en effet, car tant que l’égo, le moi occupera la totalité de la pensée et de l’esprit, l’homme ne pensera qu’à son petit intérêt et ne pourra jamais comprendre l’immensité extraordinaire qui est cachée sous les voiles corrupteur du moi et accéder à l’Esprit Éternel. Le temps est l’autre facteur qui nuit à l’accomplissement de cette vision, car par le temps l’esprit puise dans la mémoire et le savoir millénaire, la pensée corrompt le penseur qui ne pense pas par lui-même. Pour s’affranchir de toute autorité il faut en effet se dégager de la pensée et libérer celle-ci de tout acquisition psychologique, tradition, endoctrinement, idéologies, pour en un éclair percevoir tout le champ de l’égo, alors celui-ci se dissous et disparaît. C’est la révolution intérieure. Malheureusement nous sommes dans le temps et celui-ci se précipite, je crains que nous ne puissions attendre que chacun se libère du connu.
Comme on en est encore à essayer de savoir ce que sont les cultures , les religions et les civilisations, en être un marginal ne nous avance pas bien plus ,car faire un pas de côté ne propulse guère en avant .
Si par contre ,civilisation garde son sens étymologique de citoyenneté, je suis en complet désaccord avec vous .
L’étude de la civilisation occidentale du siècle dernier invite à la prudence ou à une distance critique sur l’organisation et le fonctionnement d’une société. Gare au totalitarisme, et cet ultralibéralisme est totalitaire.
On est bien vite marginal. Par exemple, les décroissants sont vus comme des marginaux dans cette société qui peine à faire 1% de croissance, et remettre en cause le progrès est suspect dans le débat politique.
Je faisais aussi référence à Tolstoï et dans son roman Résurrection, le personnage principal Nekhlioudov se retrouve avec les marginaux, les prisonniers politiques, et va à contre-courant des préoccupations de ses contemporains.
Mais nous sommes bien vite portés par la foule, nous sommes des moutons, et on se console en se disant que nous n’y pouvons rien, et ce sentiment d’appartenance à un groupe est conforté par la crainte de se trouver mis au ban de cette société, de se retrouver à la marge et de faire figure d’épouvantail pour tous ceux qui pensent participer à un projet collectif mais ne font que se soumettre au desiderata du maître. La pratique de la citoyenneté implique en fait ce risque de se trouver à la marge, c’est la différence avec le sujet et la cour du roi, il ne faut pas renoncer à ses idéaux et ses valeurs pour complaire au système qui menace la survie de l’espèce.
Dans la Cité , il n’y a pas de roi et de sujets ;
Il y a des citoyens qui font le système .
Et ça n’est pas facile .
Bonjour,
D’accord avec Troncal, nous sommes dans la fin d’un monde, que nous sommes portés spontanément à considérer comme la fin du monde. La fin de notre monde.
On retrouve la même confusion dans les innombrables slogans et recommandations qui nous parlent de « sauver la planète ». Mais la planète n’est pas en danger! Bourrée de dioxines, de PCB, de radiations ou de toutes autres pollutions, la plupart des espèces actuelles, la nôtre comprise, disparues, la Terre n’en continuerait pas moins sa course autour du soleil pour les quelques quatre milliards d’années qu’il leur reste. Des formes de vie subsisteraient, une nouveau chapitre de l’évolution s’ouvrirait. La beauté aussi serait toujours là. Mais pas moi, ni vous. Ni les petits-enfants de nos petits-enfants.
La fin d’un monde répand la confusion et l’impuissance, du moins pour ceux qui la vivent. Nous savons depuis peu que la terre est finie, et nous voici dans un monde finissant. Et par hypothèse, tout être humain immergé dans son monde finissant ne peut concevoir le monde nouveau. Cette impuissance me paraît acquise sur le plan logique. Sur le plan historique elle semble avérée.
En serions-nous à un point où un être d’exception, prophète, messie, savant, visionnaire, ou un être ordinaire et pur, naïf, inspiré, pour la première fois dans l’histoire, jetterait les bases du monde à venir?
Poser la question c’est y répondre. Ces êtres-là n’existent que dans la fiction, les rêves, les légendes. Pas ailleurs. Et pas ici.
Bonne fin de journée !
Qu’est-ce que racontez là!
J’en rencontre à tous les coins de rue qui possède une parcelle de cette vision du futur.
Le problème est que vous n’imaginez même pas que cette vision puisse exsister.
Voici une « hypothèse » qui « paraît acquise » logiquement et « semble avérée » historiquement…
C’est précisément la grandeur de l’homme de rêver à un monde nouveau, voire même… de constater son dévoilement sous ses yeux… et y contribuer.
Bonne matinée !
Ce que déjà dans sa deuxième partie » De la démocratie en Amérique » Alexis de Tocqueville avait déjà perçu:
» …. Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et
l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en
couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes,
à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne
sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les
amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce
qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il
comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus
qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »