Eugène Delacroix, Chasse aux lions (esquisse)
Je me suis rendu hier soir dimanche à l’inauguration de l’exposition « Attaquer le soleil » au musée d’Orsay.
L’exposition est un monument d’intelligence. Elle nous montre une interprétation du monde qui s’instaure au XIXème siècle grâce aux peintres, aux sculpteurs et aux écrivains, dans le sillage de l’athéisme démesuré parce qu’absolu d’Alphonse Donatien marquis de Sade.
Annie m’a présenté à deux membres actuels de la famille de Sade, très fiers et à très juste titre de ce qu’elle est parvenue à réaliser. Si le marquis avait pu lui-même être là, il aurait lui aussi été très fier. Non pas qu’Annie Le Brun s’identifie véritablement au personnage (lui seul a pu le faire) mais parce que mieux que quiconque, elle a su saisir où il voulait en venir : démontrer que quand la poupée est cassée, il n’y a rien à voir ni à comprendre mais que l’on apprend tout ce qui mérite d’être compris en observant le couple constitué de la machine-homme qu’est la poupée que l’on casse et de la machine-homme en train de la casser. Devient visible à cette occasion l’écart vertigineux qui existe entre cette machine-homme et les contes de fées infinis qu’elle a été capable de broder à son propre sujet, et c’est une autre vérité qui transparaît : celle où, comme l’entendait le marquis, hommes, volcans, chutes d’eau, arbres centenaires, femmes, tourbillons géants, combats de lions, appartiennent tous à la même famille de phénomènes cosmiques n’ayant ni queue ni tête mais néanmoins époustouflants aux yeux des témoins tourmentés et sidérés que nous ne pouvons qu’être.
Mais c’est quand même se donner beaucoup de mal pour reproduire en moins bien ce qui existe déjà dans la…