Je vous avais dit il y a quelques années qu’il serait très difficile pour les États-Unis de sortir du Quantitative Easing, encore appelé « planche à billets ». Pour marquer le coup, j’avais appelé cela : « fin du capitalisme ».
On est en train d’essayer. Effet mécanique : moins d’achats de dette, baisse de la concurrence entre les acheteurs (les prêteurs) qui peuvent du coup faire la fine bouche, obligeant les vendeurs (les emprunteurs) de passer sous leurs fourches caudines et consentir des taux d’intérêts plus élevés. Résultat, de la dette à taux d’intérêt plus élevé se retrouve sur le marché des capitaux, dévalorisant les instruments de dette déjà en circulation parce qu’émis antérieurement à des taux plus bas.
Plutôt que de vous expliquer des choses aussi compliquées (ou « contre-intuitives » comme on dit aujourd’hui), on préférera vous dire que tout ça c’est la faute de M. Bill Gross qui a quitté la firme de placement obligataire Pimco (groupe Allianz) après bien des querelles avec ses petits camarades. Le fait est qu’il avait laissé grossir le fonds obligataire Total Return jusqu’à atteindre à lui tout seul la taille de 293 milliards de dollars.
Mais le fait que ce fonds se déprécie et que les investisseurs se ruent vers la sortie n’a rien à voir avec la personnalité de Bill Gross ni de n’importe qui d’autre : c’est dû au fait qu’on ne pouvait pas continuer à imprimer 85 milliards de dollars par mois indéfiniment (on finirait par manquer de papier 😀 ). Et comme je l’avais expliqué lors de mon annonce de la fin du capitalisme en mars 2009, et rappelé en juin de l’année dernière quand il fut question pour la première fois de ralentir le flot : le marché des capitaux est trop fragilisé pour qu’on puisse cesser l’injection de dollars, sans même parler de retirer tous les dollars en trop qui boursoufflent le système.
La faiblesse aujourd’hui c’était les actions des Small-Caps (compagnies dont les capitaux propres sont entre 250 millions $ et 2 milliards $), c’était aussi les junk bonds (les obligations camelotes), les obligations aux taux d’intérêt élevés parce que ceux-ci sont gonflés par la prime de risque.
C’est la partie faiblarde du marché qui était affectée aujourd’hui. On verra dans les jours qui viennent si la contagion gagne (personnellement je n’en serais pas exagérément surpris).
Mise à jour, jeudi 2 octobre 8h51 : Le Nikkei -2,61% ; ça n’a pas l’air de s’arranger !
@Pascal (suite) Mon intérêt pour la renormalisation est venu de la lecture d’un début d’article d’Alain Connes*, où le « moi »…