Mettre sa santé en danger pour le salariat, par Vincent Fagnoul

Billet invité. Ouvert aux commentaires.

« Mettre ma santé en danger pour le salariat », voila comment « Sapristi » termine son post le 26 septembre 2014.

Moi aussi, à 23 ans, j’ai mis ma vie en danger pour le salariat. C’était en 1983 et à l’époque le monde du travail était loin d’être une sinécure, deux crises pétrolières avaient malmené les économies occidentales, le chômage entamait depuis quelques années déjà sa courbe ascendante qui ne changerait plus de trajectoire.

Perdu dans ce monde que je voyais en route vers une sombre destinée, je n’avais en tête que des rêves de fuite vers un paradis, loin de nos sociétés polluées, nucléarisées et guerrières. Sans un sous en poche, il fallait trouver un travail et c’est comme cela, rêvant à une improbable vie aventurière, que je me tournais vers le métier de conducteur de poids lourds après une formation professionnelle.

Au départ de la Belgique, en route vers l’Italie au volant de mon 30 tonnes, j’étais heureux d’avoir trouvé un boulot vers le sud. Mon vieux « Saviem » n’était pas de toute première fraîcheur et par précaution, après un freinage un peu poussé sur une ligne droite, j’arrêtais le véhicule et vérifiais l’état des freins : un sur deux ne fonctionnait pas ! J’ai repris la route vers le col du Saint-Bernard, la descente vers Aoste fut très lente, sur le plus petit rapport possible et j’ai continué au péril de ma vie et de celles des autres.

Quelques années après, je me suis cassé le dos en déchargeant un 40 tonnes. J’avais fait le tour du monde du travail salarié, mes rêves de paradis je les ai détournés vers mon jardin en Ardenne. Ma petite expérience du monde du travail ouvrier et salarié a été catastrophique :

– danger du mauvais matériel ;
– travail peu intéressant et routinier ;
– pas de formation et parfois malveillance qui conduisent aux accidents ;
– abrutissement par de trop nombreuses heures de travail et pas de loisirs ou bien du temps libre mais pas d’argent pour cause de chômage.

Je suis très pessimiste, il y a 25 ans que je travaille la terre pour avoir un petit revenu et aussi par amour de cette nature, que nous n’arrivons pas à sauver. Notre monde « machiniste » aurait dû nous libérer du travail ingrat, cela n’a jamais été le cas. Si même les robots colonisent la planète, les revenus qu’ils créeront ne nous seront pas retournés et de plus dans un monde sans énergie facile, un retour vers une « Écoagriculture » nécessitant beaucoup de main d’oeuvre pourrait être un retour vers l’horreur si nous ne trouvons pas la solution pour remettre en question la propriété privée des moyens de production sans tomber dans les excès communistes. La révolution sera-t-elle la seule porte de sortie de l’ultra-libéralisme ? Je ne le souhaite pas.

La survie de l’espèce n’est pas garantie, du moins sous la forme que nous lui connaissons – dit Paul Jorion -, et mes yeux voient inexorablement s’éloigner l’idée d’un paradis possible, rêve de mes 20 ans.

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36 réponses à “Mettre sa santé en danger pour le salariat, par Vincent Fagnoul”

  1. Avatar de troncal
    troncal

    Non, vous n’avez pas mis votre santé en danger « pour le salariat », mais pour le salaire, nuance… et nous sommes nombreux à faire ainsi par le monde : mineurs, agriculteurs, ouvriers… que ce soit par les risques de TMS, liés aux phytosanitaires, aux produits toxiques, à la dépression nerveuse liée à un travail sans intérêt, ou au harcèlement… même les cadres mettent leur vie en jeu : burn-out, risque de crise cardiaque, mort d’épuisement… c’est ça qu’il faudrait arrêter, je ne sais pas comment. la CFDT disait « ne pas perdre sa vie à la gagner »…

    1. Avatar de Fagnoul Vincent
      Fagnoul Vincent

      @ troncal

      Perdre sa vie à la gagner, vieux slogan fort utilisé en mai 68 et qui m’a impressionné très jeune d’autant plus que la vie que l’on m’a raconté de mon grand-père dans le fond de la mine m’effrayait, la question du- travail et de la qualité de la vie- n’est vraiment pas nouvelle .

      Tout travail n’est pas bon, il ne faut pas l’oublier, surtout par ces temps de chômage élevé où certains ne parlent que de compétitivité, nous n’avons qu’une vie, elle est est brève et personne ne devrait pouvoir décider à notre place de ce qu’elle doit-être, dans la mesure ou nous n’empiétons pas sur celle des autres et c’est peut-être le problème sur une planète qui se rétrécit .

      1. Avatar de Michel Lambotte

        c’est peut-être le problème sur une planète qui se rétrécit .

        Et pourquoi cette planète se rétréci? Parce qu’on est pas foutu de faire mieux avec moins, et pourtant il ne s’agit bêtement que d’un problème d’intelligence.

      2. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Ce n’est pas un problème d’intelligence, puisqu’on connait des solutions!
        Seulement elles sont incompatibles avec le système économique actuel, que les « 1% » ne veulent surtout pas voir changer.
        Vous semblez ne pas comprendre que nos comportements sont imposés par le système, et qu’il est illusoire de penser que l’on puisse se comporter différemment sans changer de système économique.
        En effet, ce système fait que nous devons nous agiter (travailler) et consommer un max afin, au final, de générer les profits qui sont la seule finalité du système. Celui qui n’accepte pas ça est relégué en marge du système (exclu).
        Dans ces conditions, que pouvons nous faire si ce n’est attendre qu’il s’effondre ? Ce qui adviendra faute d’agitation (croissance) suffisante.

  2. Avatar de Jean-Luce Morlie

    Bonjour,
    vous écrivez : »un retour vers une « Écoagriculture » nécessitant beaucoup de main d’oeuvre pourrait être un retour vers l’horreur si nous ne trouvons pas la solution pour remettre en question la propriété privée des moyens de production sans tomber dans les excès communistes. »

    En Belgique, cette réorganisation sociale est subrepticement en marche depuis 1997 l’arrêté sur les ALE ((M.B. 03.07.1997), voyez la clause relative aux travaux horticoles et de maraîchage.

    « L’utilisation du régime ALE n’est plus liée au respect des formalités applicables au travail saisonnier. Les activités ALE ne doivent plus être indiquées comme des jours d’intense activité dans le registre spécial et sur la carte cueillette. L’exercice des activités ALE horticulture n’est donc plus limité à 65 jours par an. À l’heure actuelle, le chômeur doit uniquement être en possession d’un « formulaire de prestations » valable sur lequel il mentionne les heures d’activité et d’une carte de contrôle. »

    http://ale-chievres.over-blog.net/article-6176378.html

    Prévoit-on de « rendre au bien commun » quelques terres prélevées aux agriculteurs, prévoit-on la création d’écovillage autogérés par des collectifs de familles au chômage , ou bien espère-t-on mettre en service des cars de ramassage pour les conduire chaque matin vers les terres politiquement correctement gérées par des AMAP communales ?

    Plus récemment, à propos du développement de la viticulture en Belgique, le soir (20 et 21 09/2014) écrivait ceci

     » si vendanger en Belgique relève encore de l’anecdotique vu les surface actuelle, l’engagement de travailleurs  » carte cueillette » – un statut spécial pour les entreprises horticoles ( et donc aussi pour la viticulture)- pourrait un jour se généraliser. Mais tant que l’activité ne dépasse pas quelques heures sur l’année, que la démarche demeure clairement commerciale,et pour autant que le volontaire ne soit pas chômeur, il est probable que le flou juridique actuel dure encore quelque temps. »

    1. Avatar de Michel Lambotte

      un retour vers une « Écoagriculture » nécessitant beaucoup de main d’oeuvre pourrait être un retour vers l’horreur si nous ne trouvons pas la solution pour remettre en question la propriété privée des moyens de production sans tomber dans les excès communistes. »

      1.Interdire la spéculation.
      2.Remplacer la rente de la propriété privée par la rente de la sobriété privée mieux à même de faire mieux avec moins de ressources.
      Si vous croyez que c’est avec un combat d’arrière garde gauche- droite que vous y arriverez, vous vous trompez.

  3. Avatar de Cloclo
    Cloclo

    Bonjour,

    Les conditions dans le salariat en France, disons dans le monde du travail sont difficiles. En 2012, 558 décès en AT pour plus de 18 millions de salariés. La mort d’un individu est une mort de trop dans le travail.

    En rapport avec les 19 500 morts d’accidents domestiques en 2011, les quelques 4000 morts sur la route en 2011, les 22 000 morts par cancers bronchiques dû à la cigarette (60 000 avec d’autres pathologies) , les 49 000 morts de l’alcoolisme, il est difficile de dire ‘qu’on perd sa vie à la gagner » objectivement. Et d’ailleurs, même si la société et le monde du travail étaient organisés différemment et avaient d’autres objectifs que le profit à court terme, je ne suis pas certain que les plaintes et les malheurs au « travail » seraient foncièrement différents. Et pourquoi le seraient-ils ?

    L’agriculture, moderne ou ancienne, collaborative ou individuelle, est dure, très dure, quelque soit le système, pour celui qui se lève le matin et donne son corps à cette activité.

    1. Avatar de Philippe Soubeyrand
      Philippe Soubeyrand

      Ces chiffres eux-mêmes démontrent notre incapacité à regarder plus loin que le bout de notre nez…

      Ce n’est pas parce que les AT tuent seulement quelques centaines de personnes par an, que le travail lui-même, tel qu’il est organisé au sein de notre société, ne serait pas, à plus ou moins long terme, une menace direct pour l’espèce toute entière…

      1. Avatar de Cloclo
        Cloclo

        Alors si c’est l’Espèce toute entière qui est menacée, je me couche Monsieur.

        Je réagissais à l’article dont le titre est : « Mettre sa santé en danger pour le salariat, par Vincent Fagnoul » et en particulier à un commentaire plus haut de Troncal, qui disait :

        c’est ça qu’il faudrait arrêter, je ne sais pas comment. la CFDT disait « ne pas perdre sa vie à la gagner »…

        Et les chiffres démontrent que le travail pour l’individu, en France de nos jours, n’est pas … mortel, ni spécialement dangereux, en tout cas bien moins et sans commune mesure que d’autres activités ou comportements dans la vie de chacun. Ou alors d’ennuis peut-être !

        Mais vous aurez remarqué, ou pas, que j’ai des doutes sur toute autre forme d’organisation du travail qui feraient que les gens n’aient pas exactement les mêmes sensations. Pour l’avenir de l’Espèce Humaine, je vous laisse faire, je suis incompétent en la matière. J’imagine juste qu’elle prendrait un sacré coup dans les gencives, l’espèce si le système actuel venait à s’effondrer. C’est un simple constat, n’y voyait pas là une caution en aucune sorte.

    2. Avatar de Michel Lambotte

      il est difficile de dire ‘qu’on perd sa vie à la gagner »

      Effectivement, pourquoi faudrait-il qu’on la gagne puisque nous l’avons, il suffit de l’entretenir et c’est peut être cela le plus difficile.
      J’entends dire derrière moi, oui mais pour cela il faut des moyens qu’il nous faut gagner, peut-être mais pas seulement que des moyens (financiers).

    3. Avatar de Rémi
      Rémi

      « Ne pas perdre sa vie à la gagner » n’est pas à lire, à mon avis, de manière littérale.
      Cela voulait, je pense, interroger sur le fait de passer ses journées à bosser, dans un boulot subi, difficile et inintéressant, pour gagner sa vie.
      Ce qui revient ainsi à « perdre sa vie(ou passer à coté de sa vie) à la gagner »

      1. Avatar de nonjereve
        nonjereve

        Parfois, malheureusement, et même souvent, les questions d’ordre matériel ont la primauté. Il faut pour commencer être salarié dans la majorité des cas, que cela nous plaise ou non.

  4. Avatar de Fagnoul Vincent
    Fagnoul Vincent

    @ Jean-Luc Morlie

    Oui d’accord avec vous, c’est ce qui m’inquiète et je suis bien placé pour en parler car je travaille dans le système Ale depuis un certain temps déjà . Je l’ai fait car j’avais des avantages en temps retrouvé et que j’aimais les jardins et que ne vivant pas seul les revenus du ménage n’étaient pas trop bas, tout ça a fait que je pouvais admettre, je ne dirais pas ce choix mais plutôt cette direction . Maintenant l’imposer à une grande partie de la population qui ne pourrait pas faire autrement c’est le danger que j’entrevois pour l’avenir et aussi avec une recette comme un revenu de base insuffisant qui conduirait à une même solution insatisfaisante .

    1. Avatar de Jean-Luce Morlie

      .. un revenu de base, payé par les propriétaires de robots, et des espaces de liberté dans des coopératives municipales indépendante de toutes instance politiques, cf. Jean zin.

      à +

  5. Avatar de justebienlibre
    justebienlibre

    La Belgique, un petit pays et en même temps un gigantesque laboratoire de devenir humain.
    Travailleur franco belge,né à Valenciennes j’ai côtoyé la fameuse Europe de Bruxelles depuis 40 ans.
    La Belgique avant ma naissance était une Suisse passoir, maintenant c’est le centre de ma vie.
    J’y travaille encore côté flamand car dans mon nord de France le capital n’existe plus que par la vente de voitures et l’installation de plateformes logistiques.
    Pour le reste, bientôt des postes d’humains déguisé en vache dans les prés pour le tourismes.
    .A fin d’occulter des usines à vaches robotisées.
    Que dire du reste de mon labeur, à quoi me sert il?
    Participer ici où ailleurs afin de dire non une fois pour toute aux dangers qui sont comme des épées de Damoclès qui s’accumulent sur nos têtes; c’est tout ce qu’il me reste de ma vie à faire!
    Pourquoi l’on m’offre encore un travail, c’est simplement qu’il faut des techniciens du danger pour jouer à l’apprenti sorcier avec le nucléaire et la chimie . Heureusement y a 20 ans je robotisé de bonne brasserie belges…

  6. Avatar de Lucas
    Lucas

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/12/16/les-travailleurs-chez-amazon-ont-des-conditions-de-travail-dignes-du-xixe-siecle_3517609_3234.html

    « Les travailleurs chez Amazon, loin, très loin des progrès du XXIe siècle, ont des conditions de travail qui sont dignes du XIXe siècle. Que ce soit en ce qui concerne les conditions de travail des intérimaires, que ce soit dans les cadences qui sont imposées, dans les contrôles de productivité, dans les fouilles au corps qui sont réalisées chaque fois qu’un travailleur franchit les portiques. Les exemples foisonnent dans mon livre et tendent tous à montrer qu’Amazon, en ce qui concerne le respect des droits sociaux, est une entreprise qui n’est pas progressiste mais parfaitement réactionnaire »

    « Chaque jour on vous demande d’être meilleur que la veille. Il y a un aspect très idéologique au travail et on va applaudir ce qu’on appelle le « top performer », la résurgence de l’ouvrier Stakhanov en URSS, qui va au-delà de ce qu’on lui a demandé de faire. »

    …Ils sont où les robots là??

    1. Avatar de Paul Jorion

      « Chaque jour on vous demande d’être meilleur que la veille. Il y a un aspect très idéologique au travail et on va applaudir ce qu’on appelle le « top performer ».

      C’est la philosophie de l’entreprise américaine depuis les années 50. Rien de bien neuf là-dedans, rien qui serait spécifique à Amazon.

      1. Avatar de Michel Lambotte

        Et si tout simplement chaque jour on voulait devenir meilleur, comme vous Paul Jorion.
        Selon moi, devenir meilleur est de vivre mieux avec moins de ressources.
        Vous n’allez pas me croire, c’est possible et je l’ai fait, 50% d’économies d’énergie dans ma maison en changeant les châssis de fenêtre et la chaudière (25% du travail autoréalisé).
        Aujourd’hui mon revenu cadastral a triplé, c’est à peu de chose près les économies que je réalise.
        Il est plus que temps de changer de système, n’est-il-pas?

      2. Avatar de Jean-Luce Morlie

        …il y a eu des nuances ajoutées et, disons … une exploitation au second degré, quelque chose comme du « subprime ».

        Quand , faute de poste de poste de travail déjà, le chômage était encore un peu moins « de masse » et qu’il restait des ressources pour arroser les électeurs, les personnes « handicapées sociales » -c’est le terme – furent convoquées pour s’inscrire comme handicapés ( France, Belgique Hollande, etc. pour augmenter l’emploi de ceux qui s’occupaient d’eux, « l’idéal du moi » proposé pour récolter des sous aux tombolas, consistait à escalader le Cervin avec deux roues de chaises roulantes en carbone nouées autour du cou.

        Amazon, c’est « l’atelier protégé », un territoire de socialisation « subpbrime » » … pour ne pas faillir à sa mission sociale, Amazon finira, grâce à la pression syndicale, par fixer un quota (maximum) de robots,… enfin si tout va bien …

        Pour que tout fonctionne dans l’avenir, le travailleur doit devenir moins bon que le robot, ainsi, les propriétaires de robots feront le sacrifice de plus de robots, en vue de l’utilité sociale du travail inutile.

      3. Avatar de nonjereve
        nonjereve

        Peut-on y voir un rapport avec les thèses du darwinisme social ?

    2. Avatar de François C.
      François C.

      ‘Philosophie’ largement répandue en France aussi (et en Europe je pense…), ça fait bien longtemps qu’on ne demande plus de ‘bien faire’ mais de faire plus et vite, ce qui rend globalement bon nombre d’activités sans intérêts et aliénantes…
      Et il est très difficile de contester ces méthodes par la parole ou les actes, sans être montré du doigt ou ‘blacklisté’, leur seul véritable indice de comparaison, c’est la quantité !

      1. Avatar de Jean-Luce Morlie

        Bonjour François C.

        Tout au long de son œuvre, Alexandre Zinoviev me semble avoir montré que l’essentiel du travail au bureau, dans l’équipe de chantier, est l’adhésion aux normes de médiocrité du groupe, le prétexte de la quantité sert à s’y vautrer; c’est dur, mais que voulez-vous Zinoviev ,en plus d’être un héros d e l’Union soviétique , un logicien de renom international, un écrivain de la stature d’un Cervantes, était sans doute le meilleur sociologue du travail de notre époque : un polymathe.

    3. Avatar de timiota
      timiota

      Dans tout ce qu’on écrit sur ce blog (Michel Leis notamment), on voit bien qu’il n’y a que peu de cas d’avancée frontale « robot contre emploi ». Et lors de la longue étape de passage progressif, ce sont les couches intermédiaires qui sont sollicitées pour faire beaucoup avec peu : les PME contre la grande distribution, les commerçants de ville contre les Drive, etc.
      Ce n’est pas contradictoire, si vous regardez toutes les cartes météos, dès qu’il y a de la viscosité, un courant dominant dans une direction est accompagné de tas de tourbillons où localement, ça va en sens inverse du mouvement global.

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        @ timiota

        Oui, après ces tourbillons disparaissent ?

  7. Avatar de corbeau
    corbeau

    Abandonner son âme pour le salariat, c’est mon expérience, en tout cas c’est ce à quoi j’ai été confronté, où chacun doit être prompt à relater à son chef ce que son collègue a fait, ou ce qu’il pense de telle ou telle chose, ses difficultés dans sa vie privée, etc(les managers appelaient cela la surcommunication), pour une récompense bien maigre (par exemple le boss distribuait des billets pour assister à des matchs de foot dans la loge vip). Autre exemple, un jour un responsable vient me voir pour me dire qu’une collègue me cherchait et que je n’étais pas à mon poste, ayant une bonne raison je m’explique, et celui-ci me demande alors ce que j’ai à dire sur cette collègue dénonciatrice, que ça l’intéresse et que je peux m’en référer à lui. Plus d’une fois j’ai dû en découdre avec ce crétin. On nous demande de nous bouffer les uns les autres pour le profit de celui qui dirige, nous nous surveillons avec malveillance, et nous perdons notre âme. L’entreprise nous prend bien plus que ce qu’on lui apporte, et nous renvoie une triste image de nous-mêmes. Parait qu’on finit tous par se vendre, mais pas tous au même prix. Pour un smic combien vendent leur âme? Il faut bien vivre et nourrir sa famille. Je suis rentré dans le monde du travail plein d’envie, dix ans après c’est la désillusion.

  8. Avatar de Noblejoué
    Noblejoué

    A une époque, la plupart des gens n’étaient pas salariés toute leur vie… Ils amassaient de quoi se mettre à leur compte et devenaient, par exemple, maîtres après avoir été compagnons. Puis la plupart des gens se sont trouvés coincés dans le salariat.
    Autrefois, quand les gens étaient salariés, ils ne se marient pas mais attendaient d’être à leur compte… Les salariés n’étaient vraiment pas grand chose, et leurs enfants non plus, avant qu’il y ait un relévement du statut du salarié.
    Salarié bien abaissé avec le chômage.

    Ceux dont le statut est bas sont toujours en danger.
    La question est : comment relever le statut des salariés ? Question liée au statut de ceux qui n’ont pas de travail.
    Comme ça, on n’oublie personne et on ne peut menacer les salariés par le chômage.

    Le revenu inconditionné pour les uns et un droit de participation aux décisions pour les autres me paraissent des pistes.
    Le problème est évidemment de savoir comment parvenir à ce but.

    1. Avatar de nonjereve
      nonjereve

      « Le revenu inconditionné pour les uns et un droit de participation aux décisions pour les autres me paraissent des pistes. »

      Ce sont en effet des pistes.

      Le problème est évidemment de savoir comment parvenir à ce but.

      Probablement pas en votant pour des gouvernements dont les choix politiques sont inspirés du dogmatisme libéral.

  9. Avatar de juannessy
    juannessy

    J’ai un peu de peine à comprendre de quoi traite le billet .

    Si c’est de la pénibilité au travail , les syndicats ont sans doute des approches plus sures et mesurées , dans le cadre des négociations sur l’âge de départ possible en retraite.

    1. Avatar de Vincent Wallon
      Vincent Wallon

      Sûrs et mesurés, je ne sais pas, ça dépend de ce que vous entendez par là, mais voici des propos d’un syndicat du bâtiment :
      Compte Pénibilité : Mourir au travail … plutôt crever !
      Encore combien d’accidents sur les chantiers ?

      Et on peut même les rencontrer et en discuter avec eux le 11 octobre pour une Journée Alternatives au Grand Paris et les GPII. Grands Projets Inutiles et Imposés.

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        un tour de piste plus large et plus « politique » :

        http://www.challenges.fr/economie/20140702.CHA5666/compte-penibilite-les-reactions-des-patrons-et-syndicats-aux-annonces-de-valls.html

        Sur la méthode ,il n’est pas sans intérêt de se replonger dans les « critères de pénibilité » .

  10. Avatar de hias
    hias

    Bonjour
    L’étymologie du mot travail, c’est torture…C’est à cela que ce résume tout…Encore faut il le savoir… »Torturer plus pour gagner plus », il fallait vraiment y croire…
    Cordialement
    YMH

    1. Avatar de Paul Jorion

      L’étymologie du mot travail, c’est torture.

      Cette légende urbaine a déjà été démystifiée ici : le tripalium est ce que nous appelons un établi.

      1. Avatar de hias
        hias

        Bonjour
        Alors de ce fait tout est clair semble-t-il…Mais quand je lis les commentaires, ce n’est pas si évident.

      2. Avatar de Cloclo
        Cloclo

        Bonjour Maître,

        C’est bien vu ça, un établi avec un étaux, mais Il va falloir prévenir, entre autre, le CNRTL (CNRS) et wiktionary alors :

        tripalium masculin

        (Antiquité) Instrument d’immobilisation et de torture à trois pieux utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles.
        Exemple: « Une autre tôlarde embauchée à la bibliothèque depuis longtemps lui avait fait remarquer: « « tripale », c’est comme « tripalium », c’était le nom d’un instrument de torture à trois branches chez les Romains, et c’est la racine du mot « travail ». Etymologiquement le mot « travail » vient d’un instrument de torture qui s’appelle comme les bâtiments d’ici, où ils nous exploitent et nous torturent, tu saisis? »  » (Mathieu Rigouste, Le théorème de la hoggra)
        (Maréchalerie) Instrument servant aussi à ferrer de force les chevaux rétifs.

        http://www.cnrtl.fr/etymologie/travail

        « Étymol. et Hist. Ca 1200 (Elie de Saint-Gille, 1920 ds T.-L.). Du lat. médiév. trepalium « instrument de torture » (dep. 573, Concile d’Auxerre ds Blaise Latin. Med. Aev.; cf. Du Cange), prob. calque du gr. byz. Ï„ ρ ι Ï€ α ́ σ σ α λ ο ν, comp. de Ï„ ρ ι- « trois » et Ï€ α ́ σ σ α λ ο Ï‚ « pieu » (H. et R. Kahane ds R. Ling. rom. t. 26, pp. 138-139; Kahane Byzanz, 439 (γ); FEW t. 13, 2, pp. 291b-292a). »

        Tout comme Wikipedia :

        A tripalium is an instrument of torture involving four pitos peludos. The subject of the torture would be tied to the tripalium and burnt with chele.[citation needed] The words « travail » and « travel » have their roots in this word,[1] as do cognates in other modern languages.

        A votre bon coeur les éventuels correcteurs collaboratifs qui lisent ces pages ! Ma femme lors de l’accouchement de mon dernier a fait un bien beau travail, fallait voir sa tête d’ébeniste dans son bel ouvrage !

  11. Avatar de Martien
    Martien

    Le travail doit-il être une peine ? Dans nos sociétés chrétiennes il y a une connotation forte entre celui qui se  » lève l’âme » et le héros, entre le brave et le bosseur, le Christ portant sa croix aura paradoxalement ouvert des espaces d’exploitation dans le monde occidental, remarquez le monde musulman préfère, de longue date, l’esclavagisme. C’est une forme ancestrale de la robotisation.
    Le robot apparait quand l’esclave se rebelle, encore que l’esclavagisme change de nom pour paraître plus civilisé, surtout au nom de l’accueil humanitaire.
    La ségrégation sociale est le produit de la compétition qui elle même vient de la raréfaction des ressources et plus encore de la proliférations des désirs, il en découle une spécialisation et une répétition des tâches pour plus de productivité.
    On retrouve ces schémas chez les rats soumis à un accès alimentaire difficile. Il est d’ailleurs édifiant de retrouver,.. le rat laborieux qui va chercher le « casse croute », qui se fait piquer, au retour, les miettes de-ci de-là et finalement le bout de gras par le dominant grassouillet (et ses gardes du corps).
    Mais il y a toujours le rat rebelle, qui lui va chercher sa pitance, revient, s’en fout des miettes, mais défend âprement son bout de gras.
    Le mot travail me pose un problème sémantique. J’aimerai le remplacer par un autre mot qui pourrait signifier: activité me contentant physiquement et psychiquement (spirituellement ?)
    Sur les 36 boulots et « activités » que j’ai exercés il n’y en a qu’un seul qui m’ a réellement apporté une profonde satisfaction et épanouissement, pour tout dire: la bataille pour mon auto- suffisance.
    Tout faire soi-même, ou aider par des potes. Construire sa maison (cabanon), planter son potager, faire son pain, sécher son poisson… Pas de télé, on s’en passe, le portable très pratique quand même, internet indispensable mine d’or de savoir faire…
    Bref devenir un homme complet responsable de ses actes, sans facture dans la boîte à lettres (presque), coopérer encore et encore et surtout un sentiment de liberté vertigineux…
    Ceux qui appellent cela le retour à l’âge de pierre ont un déficit d’imagination, voir mental.
    J’ai adoré me lever le matin en me disant, aujourd’hui je vais à la pêche ou tailler ma vigne, lire un livre ou faire l’amour à la femme que j’aime…
    et par dessus tout…pas de montre et encore moins de réveil !

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