Incident nucléaire / chimique : comment l’intérimaire ne peut s’y préparer, par Sapristi

Billet invité.

Je réagis au post de notre ami irradié non consentant de Saclay (que je trouve trop flou).

Il se trouve que ma vie de codeur commence à Saclay, au CEA en 1993 où un jour j’ai été détecté « irradié » en sortant de salle blanche, puis se poursuit chez Thomson CSF en 1994 où j’ai appris à mes dépens que manipuler des substances chimiques pouvait être mauvais pour ma santé.

En 1993 j’ai commencé à coder des trucs pour l’INSTN, l’institut des sciences et techniques nucléaires, où est arrivé cet « incident ». En 94 je travaillais en « galvanométrie » pour Thomson. Mon métier chez Thomson consistait à programmer des « robots trempeurs » (je les appelle comme ça) : imaginez un robot en bout de chaîne chargé de tremper dans différents bains chimiques (argent, nickel, chrome, acide, etc.) des pièces de radar. En tant que technicien je devais évaluer la surface de la pièce à tremper, et sur un calculateur improbable des années 90 entrer un « code » qui permettait au dit « robot » de poursuivre un programme. Ainsi était mis en oeuvre pour cette pièce détachée des trempages dans différents bains avec à chaque fois le timing adéquat. La cadence était très soutenue, ma réussite dépendait de la survie des pièces ainsi usinées au four. Ce poste de technicien « supérieur » en galvanométrie existait chez Thomson jusqu’au début des années 2000.

Puis un jour j’ai failli perdre une main en manipulant sans protection HF (acide fluoridrique), car on n’explique pas à un intérimaire en technologie toutes les subtilités de la protection au quotidien surtout s’il a à peine 23 ans ! On n’a pas le temps de former les gens. Une goûte d’acide fluorhydrique provoque des désagréments que je passe ici, bien pire qu’un dosimètre qui se met à hurler : à commencer par la perte de mon travail.

Je raconte ça car le cas de notre ami irradié est trop vague, moi j’ai vécu tout cela : mettre ma santé en danger pour le salariat.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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