Billet invité. Ouvert au commentaires.
Comment réhabiliter l’action politique ? Au fil des déceptions et des scandales, celle-ci est désormais vécue comme une sinistre comédie. Son petit monde est semble-t-il marqué à jamais par la connivence et les réseaux d’intérêt, l’occasion donnée de faire carrière quand ce n’est pas des affaires. Il est étroitement lié à un autre monde, que l’on appelle sans ironie des affaires, le pouvoir s’appuyant sur leur cousinage incestueux. Et, quand le rejet l’emporte, cela conduit à de sinistres aventures, à moins que l’indifférence ne prévale, ou bien le sentiment d’impuissance. Mais ne rien faire, c’est laisser faire.
Reconnaissons-le, il y a de quoi détester ce monde-là et ne plus rien lui accorder. De quoi se tourner vers un autre, plus insaisissable et en construction, qui tente d’exprimer une autre manière de faire de la politique, de la réhabiliter en privilégiant de nouveaux comportements, en bousculant des interdits et en renouant les fils de solidarités négligées, guéri des grandes phrases et des grands soirs, ou bien les ignorant tout simplement. Anticipant dans un contexte défavorable une aspiration très communément partagée, mais qui rencontre des difficultés à être globalement formulée. La politique va se nicher là où elle peut et comme elle le peut !
Sans doute faut-il laisser au temps le soin de faire son œuvre, pour le dire pompeusement, au gré des contradictions grandissantes d’un vieux monde bâti de privilèges qui résiste dangereusement, bardé de croyances et de certitudes qui représentent sa meilleure ligne de défense. Sans conteste, il serait erroné de prétendre encadrer ou chapeauter ces initiatives multiformes, au lieu de leur laisser le soin de trouver leurs marques, de prendre leurs respirations et faire leur expérience : l’urgence, avons-nous appris, n’est jamais bonne conseillère, et les avant-gardes sont condamnées à ne pas être suivies pour s’être trop nourries de précédents historiques ayant failli. Si les rebelles n’acceptent pas de suivre des causes qu’ils n’ont pas décidé, comment leur donner tort ?
Avons-nous, à bien y réfléchir, d’autre ressource que de spéculer – à notre tour – sur la maturation et la convergence d’idées et d’actions ayant en commun de tenter de sortir du cadre dans lequel nous sommes enfermés ? De préfigurer un nouveau cadre sans lui donner cette fois-ci par avance un nom ? D’espérer en cette dynamique, car il n’y a pas d’autre voie royale ? Les grands intellectuels dont la voix résonnait n’étant plus de ce monde, leur moment passé, un travail de fourmi est engagé dont l’œuvre ne se découvrira que plus tard, quand on le mettra en perspective. Mais il est fort utile et complémentaire d’aller à la racine des choses, de creuser, de jouer les mouches du coche, car sans une telle démarche de mise à plat comment repartir sur de nouvelles bases ?
Et le rapport de force, direz-vous ? Comment l’imposer aux tenants du maintien de l’ordre qui ne vont pas se laisser faire ? Poser la question ainsi, c’est la prendre à l’envers, car c’est à eux de tenir bon. La fragilité du pouvoir se révèle quand tout bascule, lorsque ce qui était admis devient insupportable, quand apparaît une issue qui vaut la peine d’être jouée. Le principal obstacle à franchir, c’est l’intériorisation du pouvoir des autres. L’Histoire, si l’on veut l’invoquer, ne l’a-t-il pas appris, qu’il serait dommage d’oublier ? Et que les difficultés surviennent ensuite ?
« Tout cela est bien joli, mais c’est un pari sur l’avenir que vous proposez ! », c’est vrai, mais peut-il en être autrement ?
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