Billet invité. Réponse à Quémander ou définir son pouvoir ?, par Zébu. Au cas où ce billet recevrait une réponse sous forme d’un nouveau billet, la discussion se prolongerait là.
« Une déclaration donc de constitution d’un nouvel espace politique où la coutume serait de constamment élaborer la règle sociale à venir, dans l’objectif d’assurer sans cesse la survie de la société. »
Zébu, le point fort de ta proposition c’est que tu poses la nécessité de la construction d’un nouvel espace politique, susceptible de transformer véritablement la société, ce qui aujourd’hui fait défaut. Seulement le « constamment » dans ta proposition me semble de trop. Se constituer en assemblée n’a plus grande pertinence si le débat citoyen se délaye dans un temps indéfini : la transformation de la société ce n’est pas la révolution permanente mais poser des jalons essentiels pour bâtir une nouvelle maison commune qui tienne debout. Si l’on décrète d’emblée le processus comme permanent on fait de nos maux un problème purement constitutionnel, toute constitution se rapportant à ce qui relève du pérenne, jusqu’à nouvelle constitution bien entendu. Il m’avait pourtant semblé que dans ton idée tu fais nettement la distinction entre l’assemblée sociale et le processus constitutionnel en tant que tel. Bref, éclaire nous sur ce point, car il me semble que la règle sociale à venir, on ne pourra pas la rediscuter ad libitum si effectivement je pense comme tu le penses aussi, je le suppute, qu’il existe un ordre des priorités dans le temps des problèmes à traiter et qu’il faut donc penser que c’est la spécificité de la situation actuelle (sous tous ses aspects, voir le soliton de Paul Jorion) que nous devons d’abord avoir en ligne de mire. J’entends bien que la démocratie en tant que processus n’est jamais achevée, que le débat dans la société doit être permanent, mais il me semble que c’est n’est pas le rôle d’une convention — ou d’une constitution, de prendre sur elle toute la charge du débat démocratique — continu — dans la société, lequel pour être réellement vivifiant doit par définition déborder du cadre imparti strictement par les institutions. Une constitution pose les conditions qui permettent l’existence du débat démocratique mais il n’y a pas identité entre les cadre institutionnel et le débat démocratique lequel, par définition, est ce qui fait irruption intempestive, impertinente, toute ordre établi ne pouvant déconstruire, ou se recomposer que d’un dehors, d’un hors institutionnel. C’est d’ailleurs ce que nous faisons ici. Bref il s’agirait de distinguer clairement ce qui relève du nouvel espace politique solide de la société à venir y compris comportant son nouvel écosystème de dialogue entre les membres de la société et ce qui relève de l’espace politique forcément circonscrit, transitoire d’une convention (ou assemblée sociale) qui ne fait que poser les bases solides de la société nouvelle. Bien entendu la convention comme tu l’indiques peut porter en elle les prémisses de la société à venir dans la façon dont elle fonctionne, mais assimiler son mode de fonctionnement démocratique à celui de la société à venir, me paraît une ambition démesurée.
3 réponses à “« Constamment » élaborer la règle sociale à venir ?, par Pierre-Yves Dambrine ”
Voir aussi ce site :
http://www.le-message.org/archives/29?lang=fr
Incapable de l’exprimer ainsi, je ne peux qu’approuver. Voici ce qui clarifie et fait avancer le débat. Avançons donc vers la convention. La (une) constitution viendra après. Ai-je bien compris? Une suggestion de préambule à la convention (il pourrait aussi être celui d’une constitution):
« Nous n’avons qu’une seule Terre ». Trop large? Hors-sujet? N’est-il pourtant pas ici question de « l’avenir de notre espèce »? Il nous reste trois ans (p…) avant 2017, mais guère plus pour la sauver.
Je vois rien de neuf ni d’excitant dans cette affaire. Et surtout combien provincial ! Franco-français quoi. C’est l’Europe qui va mal (i.e qui agonise), elle qu’il faut faire bouger, l’Allemagne en tous cas. N’était-ce pas une demande de Jorion récemment (« il faut parler avec les allemands ») ?
En 49, en pleine crise franco-allemande de la Sarre et un an avant la Ceca, un zig comme Adenauer ne proposait-il pas déjà une fusion complète France-Allemagne (puis même UK-France-Allemagne) avec bien sûr un Parlement commun ?
Alors ? C’est pas un minimum minimorum de prendre une initiative qui embrasse les deux rives du Rhin ? Pendant qu’en plus l’Angela passe ses journées au phone avec son pote-Putin ?
Faudrait voir à oser un peu, et sortir du marais trisocolore. De l’air de l’air ! J’en sens bien peu dans ces manifestes, bien peu.
Ps: première question urgente pour une hypothétique Assemblée: qu’est-ce qu’on fait des 300 milliards du plan Juncker et est-ce que c’est suffisant ?