Billet invité.
Bientôt, la gauche aura disparu du paysage politique en tant que force susceptible de gouverner : ses partis présenteront des candidats aux élections présidentielles et législatives, mais ils rassembleront, selon les enjeux, de 3 à 15% des suffrages. Au cas où la droite parviendrait à se ressaisir avant 2017 — ce qui n’est d’ailleurs pas évident –, il n’y aurait donc, pendant plusieurs années, d’alternance qu’entre la droite et l’extrême-droite.
Cette réalité massive mérite qu’on s’y arrête trois minutes même s’il est moins désagréable de la noyer dans une catastrophe générale : la défaite de « l’UMPS » sous les coups du Front National. Toutefois, la possibilité de cette grande catastrophe ne nous dispense pas de nous confronter avec la petite : la disparition de la gauche élective. Depuis longtemps, en effet, je me demande pourquoi diable, au lendemain du vote pour la Constitution européenne en 2005, ceux d’entre nous qui avions voté contre (j’en étais) avons maintenu notre confiance à des députés et des hommes et femmes politiques du PS qui ont soutenu le gouvernement Sarkozy dans son déni du résultat du référendum. Comment nous avons pu continuer à voter pour des gens qui sont, à l’époque, si vite rentrés dans le rang, quand ils n’ont pas carrément retourné leur veste ? Je me demande aussi pourquoi nos camarades de gauche qui avaient fait crédit à la Constitution européenne de n’être pas ce qu’elle semblait être n’ont pas protesté quand est elle devenue ce gros machin néo-libéral qui allait ruiner les sociétés européennes ?
Enfin, j’ai beaucoup de mal à comprendre quelles histoires nous nous sommes racontés à l’occasion de la dernière élection présidentielle. A la primaire, j’ai voté Montebourg, sous prétexte qu’il affichait des idées que je partageais, bien que je l’aie vu de mes yeux rentrer dans le rang, au PS, dès le vote pour la Constitution européenne. Ensuite, j’ai voté Aubry, bien qu’elle ait fait campagne pour le « oui » à la Constitution. Et pour finir, j’ai voté Hollande, comme tout le monde, parce qu’il n’y avait pas d’autre choix. Or entre 2005 et 2012, aucun d’entre eux n’avait fait la moindre réflexion sur l’état présent des institutions européennes. Pire : aucun d’entre eux n’avait préparé le retour du PS aux affaires, dans un monde complètement transformé par la crise de 2009. De là ce cafouillage auquel nous assistons depuis plus de deux ans, et le fait qu’ils continuent à nous prendre pour des billes, des imbéciles capables de voter pour des incompétents de droite chaque fois qu’on les siffle.
Les possibles regroupements de citoyens en colère, ou de citoyens inquiets de la situation actuelle, pourraient partir de ce constat.
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