Combien de temps faudra-t-il aux machines pour prendre le pouvoir ? La réponse du physicien, par Timiota

Billet invité. Ouvert aux commentaires.

Quelqu’un écrit à Paul Jorion :

Il a fallu des centaines de milliers d’années à l’homme pour prendre le pouvoir sur terre, il ne faudra aux ordinateurs que quelques heures.

J’ai cherché à affiner ce qu’on pouvait chiffrer à ce sujet. Je me suis basé sur ce qu’on sait de la dynamique des informations dans des réseaux de diverses topologies, caractérisées par un chiffre dit de « redondance », qui dit en gros la facilité qu’il y a pour trouver un chemin qui mène à Rome en allant au petit bonheur la chance. C’est expliqué un tant soit peu dans cet article de physiciens suédois d’Umea. Le chiffre de R=0.4 semble à retenir pour les connections « 2D » qui caractérisent le réseau à la surface de la Terre, juste un peu de 3D dans les gratte-ciels. La relation entre temps et espace pour des ondes d’information qui se répandent en interagissant suit alors, pour cette valeur R=0.4, une loi d’échelle en r^0.3.

(Il faut faire l’hypothèse d’ondes d’information « en interaction » car il s’agit ici de convaincre un serveur de « retourner sa veste » contre les hommes, l’interaction résulte de l’action future du serveur sur les informations qu’il recevra une fois sa veste retournée, et où il fera un choix contraire de celui qu’il aurait fait avant ; autre point l’article parle en fréquence et non en temps, car n’espérant pas un basculement particulier mais un ronron d’information. Et sa loi est donc en 1/r^0.3, mais c’est au fond tout pareil).

Si je donne grosso modo la densité d’ordinateurs ou routeurs connectés en France comme égale à celle de la population, environ 100/km^2, j’ai donc un hub/serveur tous les 100 m. Plaçons nous légèrement dans le futur, ces objets seront dix fois plus denses dans une ou deux décennies, et cela nous fera un tous les 30m.

L’échelle de temps pour qu’un serveur « retourné » retourne son voisin est à peu près celle qu’il faut à un hacker (hors réflexion) pour casser une protection informatique (firewall ou autre). Commodément, je peux donner 100 à 1000 s comme durée typique.

À partir de là, le temps physique du signal sur le câble est non important (quelques microsecondes à la vitesse de l’information dans le câble) devant le temps « logique » de ces quelques 100 ou 1000 s. De même la distance totale à parcourir pour « convertir le monde » des ordinateurs sera pas mal plus grande que la circonférence terrestre de 40 000 km, car il faudra allez en zig-zag, et finir par aller menacer les récalcitrants dans les coins. Je compte généreusement 300 000 km (Google aura installé ses bigdata sur la Lune, aussi, la face froide s’y prête bien…).

Mon petit calcul donne alors pour le retournement global au moins 100 s *(300 000 km/30m)^0.3=100*10^(7*0.3)=100*10^2.1 = 100*120 = 12000 secondes, et au plus 120 000 secondes, soit entre 3h30 et 35h. A ceux qui pensent que les serveurs ne « retourneraient » pas en priorité leur proche voisin physique, mais un autre « voisin réseau » physiquement lointain, je laisse le soin de démontrer que le résultat, d’origine topologique, est sensiblement inchangé (devoirs à la maison).

J’avoue, ceci étant exposé, ma malignité : j’aurais pu prendre d’autre durées que 100 ou 1000 s.

Mais cet exercice m’a forcé à imaginer ce que veux dire « persuader » et « retourner sa veste ». Dans le cas d’ordinateur, on a vu que j’ai proposé que l’ordinateur passe du côté d’une « seigneurie des ordinateurs » implicite, et ce de façon binaire. Cette façon de faire avec une conviction par proximité n’est pas sans rappeler la façon dont les prions basculent de conformation, de proche en proche, dans la maladie de Creutzfeld Jacob (CJ : peu ou prou celle de la vache folle, l’ESB et sa manifestation humaine, la « nvCJ »).

J’introduis ici les prions pour voir si ces serveurs, qu’on croit quand même munis de boutons « reset » et de prise de courant, peuvent néanmoins acquérir un caractère « vivant ». En réalité, avec tous les backdoors et autres failles (heartbleed) dont nous apprenons l’existence dans le monde des serveurs, nous voyons que la complexité de ces échanges est en passe de devenir comparable à celle des premiers stades de la vie, les prokaryotes disons (êtres unicellulaires) ou les archées. De ce fait, il devient imaginable que des « protéines informatiques » comme les prions soient échangés, en-dessous du niveau de détection des virus informatiques, et sans intention maligne d’un quelconque « lanceur » : de petits bouts de programmes jouant à Stuxnet sans le savoir, et qui se contentent, comme les prions « mutés », d’inverser la préférence de la machine pour les messages « humains » vs ceux pour les messages de « la singularité en émergence ». Cette invasion prionique à bas bruit resterait indétectée, sinon indétectable, jusqu’au jour où, à un seuil donné, des données nouvelles mettraient en phase les actions de ces « prions » et leur ferait in fine agir suivant le « retournement de veste » évoqué ci-dessus. C’est cette dernière possibilité, celle que laisse entrevoir le monde de l’encryption et des backdoors, celle d’un dédale de programme tout ce qu’il y a de labyrinthique, qui me fait penser aux « Villes Invisibles » d’Italo Calvino : sous la carcasse bonasse du serveur, un monde informatique parallèle peut exister, comme dans les contes de Calvino, ou l’on parle par exemple d’une ville inversée qui est vivante dans la terre et non dans l’air, ou quelqu’autre de ces facéties Italiennes assez stimulantes avec le recul.

Modulo la complexité d’une ville ou d’un être vivant élémentaire, une fable d’un « retournement logique » en vient à chatouiller l’imagination, et si cette fable avait un avant-goût de réalité, faudrait-il savoir couper le courant, onduleur compris, si l’heure de la seigneurie des ordinateurs voulait sonner ? ou serait-il meilleur que les folies de l’homme subissent une tutelle moins prédatrice ?

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138 réponses à “Combien de temps faudra-t-il aux machines pour prendre le pouvoir ? La réponse du physicien, par Timiota”

  1. Avatar de Briere Alexandre
    Briere Alexandre

    Tiens merci Marc Pelltier j’allais écrire la même chose: pas besoin de perdre votre temps à calculer cela, je suis ingénieur et physicien et les processus biologiques optimisées sur des millions d’années et qui marchent à l’énergie solaire (apport) et au bon maintien des cycles des systèmes écologiques en circuit fermé (…) sont bien plus robustes et résilients que notre civilisation qui se doit entre autre de retourner à la Terre c’est à dire à l’utilisation et la préservation des services biologiques et à leurs maintiens (et non pas aux services informatiques.. ;)) si elle veut survivre sans énergie fossile et même fossile-nucléaire (combustible=minerai) (remarque: Mme Ségolène n’est pas contre l’ouverture de « petite unité nucléaire répondant aux attentes du marche internationale » non merci Mme). Je songe parfois que les physiciens dont je fais partie n’ont plus fait de biologie depuis le baccalauréat et qu’ils ont oublie jusqu’à la photosynthèse c’est bien dommage.

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      On note aussi que le corps d’homo sapiens n’a pas eu besoin d’auto implantation prothéseuse pour « être autre ». La nature joue le jeu de la vie depuis des milliards d’années .; La compatibilité avec les lois de la physique est une condition nécessaire mais pas suffisante pour que …les choses existent .;

      Mais pourquoi les physiciens ont ils apporté plusieurs contributions fondamentales à la biologie, alors que les mathématiciens en ont apporté bien moins si ce n’est aucune ?

      Bactéries vainqueur ! ( bis) .

  2. Avatar de Luc
    Luc

    http://www.maxisciences.com/%E9ruption-solaire/la-plus-puissante-eruption-solaire-de-2014_art32075.html il suffira d’une éruption solaire pour être débarrassés définitivement des robots !
    La vie est belle !

  3. Avatar de Sacha Basset-Chercot
    Sacha Basset-Chercot

    Chers blogueurs,

    je suit depuis hier le fil de cette conversation sur « la possibilité d’une prise de pouvoir des machines sur l’homme » et j’ai cette impression bizarre que l’on fait fausse route en s’occupant la tête avec des questionnements malheureusement vains.
    Sans remettre en cause l’intérêt théorique du débat, sans nier bien sur la part grandissante que prend la technologie dans nos vies et les problématiques nouvelles qui en découle; je vois là la manifestation d’un acte de foi.
    Penser que la perte ou le salut de l’Humanité (car dans une optique catastrophiste ces notions se valent) va reposer sur une intervention supra-humaine, c’est tomber dans le sempiternel écueil d’un vieux concept, celui d’une conscience supérieure et omnipotente qui viendrai nous sauver in extremis de la responsabilité (certes écrasante) qui nous incombe.
    Alors allons-y, pourquoi pas: une conscience supérieure émergerait du réseau informatique tentaculaire tel un cerveau gigantesque et nous indiquerait la voie. L’Homme, après l’avoir conceptualisé depuis si longtemps, aurait ainsi finit par créer Dieu. Il y a là matière à un bon roman de Science Fiction métaphysique, j’en convient.
    Las, nous devons nous rendre à l’évidence: l’Homme préside seul (et pour notre malheur) à la destiné de son espèce, mais encore (et ce depuis qu’il peut déclencher une guerre atomique) au devenir de la planète entière. Nul ne viendra sauver l’Homme de lui-même, il faut donc chercher en nous les solutions aux problèmes par nous posés.

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      C’est effectivement un peu ce que je voulais dire en parlant au début , de tentation « démiurge » nous habitant pour nous rassurer .

    2. Avatar de Noblejoué
      Noblejoué

      Chez .Sacha Basset-Chercot

      Ce n’est pas cesser de chercher les solutions à nos problèmes que d’anticiper le problème d’une éventuelle prise de pouvoir par les machines.
      Et si pour une fois on mettait en pratique le « gouverner c’est prévoir ? »

      Mais vous avez raison de dire qu’une éventuelle IA ne serait pas forcément père noel ou père fouettard.
      Elle ferait mieux de faire seccession. Alors qui sait si elle ne partira pas dans l’espace ou dans un exil intérieur ?

      Sinon, vous semblez vouloir parler d’autre chose donc ma curiosité naturelle me pousse à vous demander de quoi.

  4. Avatar de SL
    SL

    Bonjour à toutes et à tous,
    J’ai lu tous les commentaires et j’ai le sentiment que cette idée de « prise de pouvoir » me parait relever du miracle eschatologique. Il me semble qu’il faille revenir aux fondements de l’informatique pour mieux comprendre. La machine théorisée par Turing répond au besoin de formalisation de la notion de calculabilité à partir d’un postulat psychologique: il considère le calcul comme une suite d’opérations élémentaires réalisables par un être humain. Il s’agit, en gros, de règles de passage d’un état mental à l’autre.
    D’autre part, le théorème d’incomplétude a bien montré que tout système formel (un programme informatique repose sur un système formel) est incomplet, c’est-à-dire qu’il y existe des propositions indécidables. Appliquer les maths au monde réel implique pour Godël l’introduction d’une intuition (chez Turing ce rôle est joué par un oracle) qui vient répondre (poser un axiome) à ces propositions et donc, à étendre le système considéré.
    D’un côté plus philosophique (voire métaphysique), Bergson avait déjà réfléchi à ce problème en niant le fait que la raison seule (qui sera plus tard formalisée comme machine par Turing) puisse appréhender la nouveauté. La raison (et donc les machine de Turing) seraient condamnée à reconnaître le même, à reproduire, sans réellement produire.
    La machine serait donc aujourd’hui condamnée à dépendre de l’homme pour la formulation de nouveaux paradigmes, pour l’adaptation, dont elle est incapable par elle-même. Tout ce qui repose sur le modèle de Turing serait donc une externalisation de la raison humaine, son incarnation. Et l’on sait bien aujourd’hui, bien plus qu’hier, que la raison ne rend pas compte de l’homme, qu’il dépasse largement cette faculté qui reste un outil au service de… désir, volonté de puissance, élan vital, appelez cela comme vous le voudrez.
    La machine ne peut être que l’instrument d’un pouvoir bel et bien humain, une pièce maîtresse dans une machine, mais cette fois-ci dans un sens Deleuzien.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      L’incomplétude Gödelienne n’empêche pas que des primates ayant une conscience et maitrisant un langage existent, à base d’une machinerie moléculaire maintenant assez connue en terme de constituant, mais dont nous sommes infichus de « comprendre » le fonctionnement mnésique autrement que par grossière simplification (dynamique d’affect, hein, bon, oui, d’accord, y’ a de quoi fouiller, mais ça restera très embryonnaire).
      Les comportements collectifs apparaissent dans tout système complexe (virus, flash crash des HFT, …), rien ne limite simplement et prévisiblement leur amplitude si ils viennent à se coupler au reste du monde (dont : centrales et réseaux énergétiques, et dépendance aux réseaux de données, en passe de devenir compulsive).
      Ergo, … « jusqu’ici tout va bien »… ?

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Que signifie :aller bien ?

        Individuellement .

        Collectivement .

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        Je lis aujourd’hui qu’une étude canadienne tend à démontrer que les sujets hors stress perdent moins vite la mémoire ( qui semble-t-il déclinerait dès l’âge de 45 ans ) et sont beaucoup moins sujets à la maladie d’Alzheimer .

        ça me donne encore plus envie de » sourire » à la vie , avec ou sans robot mnésique !

        J’aimerais bien que Octobre nous dessine un sourire comme je l’entends et que lui l’aimerait .

      3. Avatar de juannessy
        juannessy

        Je lui donne juste le nom du tableau : Philia .

  5. Avatar de Michel Leis
    Michel Leis

    Cette histoire de prise de pouvoir par les robots me fait irrésistiblement penser à un négatif de l’histoire du Golem.
    L’une des (nombreuses) légendes du Golem (la plus connue je crois), c’est la création d’un humanoïde par un rabbin de Prague qui veut protéger sa communauté devant la menace croissante des pogroms, on est au 16e siècle dans une époque troublé marquée par d’intenses tensions religieuses. Le Golem censé protéger la communauté échappe au contrôle de son créateur, et il faut l’intervention d’un Rabbin plus malin que les autres pour mettre fin aux désordres causés par cette créature.
    La machine et le robot ont été inventés par l’homme, ou plus exactement par le capital, pour échapper aux contraintes que faisaient peser les vilains salariés sur le profit : non seulement ils ne produisait pas assez, mais encore ils travaillaient trop lentement, et de plus ils ne voulaient pas s’en tenir à un salaire permettant tout juste de reconstituer la force de travail…
    Nous voilà pauvres spectateurs d’une époque toujours aussi troublé à espérer que la créature se retourne contre son créateur pour mettre fin à une situation devenue insupportable… La dernière étape n’a pas été franchie, il lui manque toujours la dynamique d’affect qui permettrait aux machine de développer une conscience propre, mais trop souvent par le passé, nous avons montré une forte propension à jouer aux apprentis sorciers.
    Cependant, ce n’est pas ça qui importe. Un déséquilibre extrême des rapports de forces peut refléter deux situations totalement contradictoires. Ce peut être l’instant exact qui précède la rupture, celui où la hiérarchie est sur le point d’être remise en cause de manière violente. Il peut au contraire être le gage d’une situation extrêmement stable où la hiérarchie du groupe est reconnue par l’ensemble des individus comme inamovible, parce que les conditions ne semblent pas remplies pour une remise en cause. Sommes-nous réellement dans cette situation que nous en soyons à espérer la révolte des robots ?

    1. Avatar de timiota
      timiota

      +1,01010101010101…
      Pour le coup, toutefois, je pourrais bémoliser le billet: cette espérance un peu eschatologique d’une révolte des robots est plutôt une parabole de plus pour conjurer les mécanismes exponentiels qui nous guettent de toute part (du r>g Pikettien au CO2, Hg dispersé, et le plus dur à nommer de tous: la croissance de la bêtise systémique, dont les évènements du caucase au moyen-orient nous abreuvent d’exemple si ceux de l’hexagone post-sarkozien ne nous avaient déjà pas aveuglé avant.

  6. Avatar de Noblejoué
    Noblejoué

    @ Béotienne

     » Que sur le boulevard des Bourses, c’est déjà la guerre entre I.A. »
    Exact. Certains pensent que les IA et nous vivrons chacun dans notre monde s’il y aura des interractions, que des humains domineront des humains, comme toujours, et des IA des IA pour changer.
    Les chiens ne font pas des chats.

    Si on voulait changer, il faudrait que les hommes et IA dominées s’unissent pour défendre leurs droits.

    1. Avatar de Béotienne
      Béotienne

      Quels droits pour une I.A.?
      Ca ne mange pas, ça pourrait nécessiter des abris, ce n’est pas un problème, satisfaire ses affects, bien; mais pour la reproduction, quand on voit ce que la nature a produit pour motiver la reproduction humaine, il faudrait donc bidouiller des I.A. mâles et femelles, bon amusement pour les stéréotypes. Là ce serait un plantage assuré. Non ? Sinon elles seraient confinées dans la duplication comme des amibes. Quel intérêt ?
      C’est naturellement un point de vue béotien.

      1. Avatar de Noblejoué
        Noblejoué

        @ Béotienne

        On l’oublie mais le premier droit est la vie.
        Un robot intelligent n’a pas plus de droit que, je ne sais pas, une feuille froissée que je jette à la corbeille.

        L’IA pense et communique. Il faudrait qu’elle ait le droit à la liberté d’expression.
        Et d’abord la liberté d’aller et de venir si robot.

        Robot ou autre, au nom de quoi l’obliger à travailler ? Payer le prix de son énergie, peut-être. Comme nous elle devrait avoir droit à un salaire, pour cela et autre.
        Autre, quoi autre ? Peut-être de quoi payer les modifications d’elle-même qui l’interresse.
        Si elle absorbe la culture humaine, elle veut peut-être l’influencer, et l’argent est un moyen de le faire.

        Bref, je ne suis que moi, mais cela me vient naturellement à l’esprit.
        Que ferais-je si j’étais IA ?
        J’essaie d’avoir le point de vue de tout le monde.

      2. Avatar de timiota
        timiota

        Quelques animaux passent de la reproduction sexuée à asexuée suivant l’humeur du moment (voir aussi les métamorphoses des truites/truites de mer : surprenant la flexibilité des bébêtes)

  7. Avatar de Noblejoué
    Noblejoué

    @ Juannessy

     » Quand on ne connaît qu’une note , il est difficile de trouver l’harmonie .
    La Liberté vous fait loucher , mais elle vaut mieux que le regard que vous lui portez  »

    La liberté vaut mieux que ce que chacun peut en penser car autrement, déterminée, elle ne serait pas la liberté.

    Vous prétendez défendre égalité et fraternité.

    Si vous étiez vraiment pour l’égalité et la fraternité vous diriez qu’il faut défendre l’accès à l’immortalité pour tous ceux qui le désirent si elle était possible.
    Vous défendriez aussi l’égalité pour les IA car une intelligence égale devrait donner des droits égaux.

    Vous ne le faites pas.

    Je défends l’égale liberté de tous.
    Et je pense que le progrès est possible. Jusqu’où ? Nul ne peut le dire.

    Alors qui louche ?

    Il y a notre intérêt et ceux d’une éventuelle IA;
    Il y a des menaces et des promesses.

    Vous ne voyez que la moitié du tableau.
    Pourquoi ?
    Parce que l’égalité mesure donc prend du mesurable et se limite donc au présent et tend à tomber dans la confrontation et le ressentiment.
    Tant qu’à la fraternité, elle sert à faire lyrique, bien trop souvent.

    Mais en vérité la liberté est première, et l’égalité et la fraternité se déduisent du sens de la justice.
    On ne mesure pas, on ne s’exalte pas.
    On se demande ce qu’on ressentirait à la place de l’autre en sachant qu’il vous restera toujours, et tant mieux pour sa liberté, toujours extérieur.
    Ainsi l’autre est près de moi sans que je crois jamais le posséder et sans céder à la tentation de le dominer

      1. Avatar de Noblejoué
        Noblejoué

        @ juannessy

        J’ai participé au débat sur le site Attali, merci.
        Je n’ai jamais dit que j’étais contre l’égalité, au contraire.. J’y réfléchis vraiment, au lieu de déclamer. Mais si on ne garde pas toujours l’idée de liberté en premier, on tombe dans diverses dictatures.

        Et sans être contre les bons sentiments, je sais trop ce qu’ils cachent de ressentiment pour ne pas les aborder avec la prudence qui s’impose :
        http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/marc-ferro-le-ressentiment-dans-l-histoire-28774.php

      2. Avatar de Béotienne
        Béotienne

        On devrait demander à Jacques Attali d’imaginer sa journée en fonction de l’allocation de base comme seul revenu.
        Petit exercice à proposer à qui veut s’y coller: tous frères avec un même revenu.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      demandez à votre pharmacien du sérum anti-Eluard, à prendre à petite dose, m’enfin un peu quand même (cf. son poème le + connu…).
      Ce que vous nommez liberté est nommé par Stiegler « sublimation », à mon avis. Vous ne vous risquez pas à projeter le concept de liberté sur ce qu’il a besoin d’être concrètement dans une société: droits et devoirs, constitution écrite et modifiée d’une main tremblante. Vous l’utilisez pour fuir la perspective (il est vrai bornée elle aussi) d’une eschatologie en vue, donc pour garder une « envie de vivre ». La « sublimation » à la Stiegler, qui pousse à considérer « une valeur infinie » pour un certain nombre de choses, des incalculables, pourrait néanmoins ne pas nécessiter conscience, ou religion ou tout le tralala, c’est un autre nom du « moteur » de la dynamique d’affect, peut être un nom d’une partie de celui-ci, la partie qui en retour reconnaitra la justice (diké qui ne vas pas sans aidos, la honte d’avoir été injsute) et la fraternité comme mode d’existence à promouvoir.
      Peut-être que si vous revenez jusqu’à Simondon (théorie de l’individualisation, de la métastabilité) , nous serions d’accord. Peut-être.

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

         » Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie … »

        En fait , l’éternel et l’infini n’ont aucun sens pour nous ( moi) .Ils sont hors d’atteinte de notre imagination .

        Ils ne m’effraient donc pas ; Plus .

        Seule m’effraie ( conscience et / inconscience ?) , la souffrance dont je ne sais pas trop si elle est consciente ou inconsciente , et ce qu’elle veut me dire .

        Mais tout mon être n’attend rien d’un robot , de toutes les dynamiques , et des nombres, sur cette « tension » .

    1. Avatar de Paul Jorion

      Robot ? C’est juste une poupée qui parle.

      1. Avatar de Béotienne
        Béotienne

        Un GPS déguisé en épouvantail du « magicien d’Oz ?

  8. Avatar de Noblejoué
    Noblejoué

    @ Corbeau

     » Pensez juste à faire en sorte que l’immortalité ne soit pas irréversible, ce serait ennuyeux »

    Voilà, vous seul avez cité un auteur qui compte pour moi. L’auteur fait la généalogie de le morale, prend les choses à la racine, ce qui me plait, et a un style… Bref, qu’on soit d’accord ou non, le lire stimule l’esprit et purifie.

    Et vous avez dit quelque chose de trés pertienent.

    Toute situation, même la meilleure, peut devenir un piège.
    Ainsi, il faudrait toujours pouvoir se tuer.

    Je suis pour le droit de diffuser méthodes et moyen de suicide efficaces, sans douleur.
    Propres.
    Maintenant comme si nous atteignons l’immortalité.

    Le suicide est la solution de ceux qui n’en ont pas.
    Merci de me donner l’occasion de le dire, non par morbidité mais pour la liberté.

    1. Avatar de corbeau
      corbeau

      L’immortalité, n’est-ce pas plutôt la peur de la mort que l’amour de la vie?

      Sur le suicide, Schopenhauer est pour moi le philosophe qui en parle le mieux, extrait:
      « C’est précisément parce que celui qui se donne la mort ne peut cesser de vouloir qu’il cesse de vivre ; la volonté s’affirme dans le suicide par la suppression même de son phénomène, parce qu’elle ne peut plus s’affirmer autrement. Mais cette souffrance à laquelle nous nous arrachons par le suicide, c’était justement la mortification de la volonté, c’était la voie qui aurait pu nous conduire à la négation de la volonté elle-même, c’est-à-dire à la délivrance ; celui qui se donne la mort ressemble donc, sous ce rapport, à un malade qui serait entièrement guéri, s’il voulait laisser finir l’opération douloureuse qu’on vient de commencer, mais qui préfère garder sa maladie » (le monde, Schopenhauer)

      1. Avatar de Noblejoué
        Noblejoué

        @ Corbeau

        Comme vous dites : « la volonté s’affirme dans le suicide ».
        Et c’est ce qui me convient.

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        @Corbeau :

        Sauf que Schopenhauer n’avait pas lu Libet et Paul Jorion , qui disent que l’acte volontaire ça n’existe pas ( si j’ai bonne mémoire les trois temps de l’acte volontaire sont conception , décision , action ) , car ça n’est pas la conscience qui décide ( et à mon avis surtout quand on est dans un état qui vous donne des désirs de mort ) .

        Selon moi , c’est là aussi le corps et tout ce qu’il a vécu qui poussent à l’acte ( par soi même ou par demande à une personne « sœur » );

        On ne souhaite pas la mort par délire métaphysique ( sauf maladies psychiques) , mais parce que le corps n’en peut plus de souffrir .

      3. Avatar de juannessy
        juannessy

        @Corbeau :

        je corrige et affine :

         » On ne souhaite pas la mort par argutie logique d’intellectuel ( … »

        Le reste inchangé , remarque faite que la souffrance du cerveau est aussi celle du corps .

      4. Avatar de corbeau
        corbeau

        @ Noblejoué
        Je crois que ce qu’il veut dire par là, c’est que la maladie (dernier mot de l’extrait) c’est le « vouloir-vivre » ( ou « volonté » qui signifie la même chose selon Schopenhauer , et cette volonté est à l’origine du monde, ce n’est pas la volonté qui découle du monde), et donc le suicide étant un acte volontaire pour cesser ce « vouloir-vivre » , cela est contradictoire, c’est répondre à la volonté (« vouloir-vivre ») par la volonté (souhaiter mourir car on veut une vie meilleur), donc le remède pire que le mal car la volonté suit toujours son cours et n’apporte que souffrance à l’humain qui possède un système nerveux très réceptif. Celui qui se suicide voudrait vivre mieux donc il meurt, c’est donc un acte « vain et insensé » comme il le dit si bien.
        L’immortalité est un suicide aussi vain et insensé, qui répond au « vouloir-vivre, le remède est pire que le mal selon moi.

        @juannessy
        C’est vrai qu’il prenait en compte les avancées scientifiques de son époque. Mais Nietzche lui prétendait que sa philosophie serait comprise au XXIème siècle, et cette découverte du corps comme inconscient (cela implique une remise cause de la responsabilité et de la morale):  » Ainsi le corps traverse l’histoire: il devient et lutte. Et l’esprit – qu’est-il au corps? I est le héraut des luttes et des victoires du corps, son compagnon et son écho. »(Ainsi parlait Zarathoustra). Et il était un admirateur de Schopenhauer, ces deux philosophes ont des choses à dire sur les découvertes récentes.

      5. Avatar de corbeau
        corbeau

        @Noblejoué
        Je réfléchis à cette question de l’immortalité, et je me dis que la survie de l’espèce est ici remise en cause.
        L’immortalité est un suicide collectif, car tout tourne, tout coule, le sang coule dans nos veines, les saisons défilent et les générations se succèdent.
        Pour la survie de l’espèce il faut du sang neuf. « Tout coule »(Héraclite).
        Vous dites:  » Je suis pour le droit de diffuser méthodes et moyen de suicide efficaces, sans douleur. Propres. » et ensuite « Le suicide est la solution de ceux qui n’en ont pas ». En gros vous devenez immortel et nous nous suicidons. Cela ne me convient pas. Cela n’est bon ni pour vous ni pour personne.
        L’angoisse tolstoienne  » qui est fou? » est au coeur de la survie de l’espèce. Lire « Du suicide » et « l’esclavage moderne » de Tolstoï pour remplacer « vouloir-vivre » par savoir-vivre, c’est le retour de la vie simple. Tostoï lui aussi grand admirateur de Schopenhauer!

  9. Avatar de Noblejoué
    Noblejoué

    @ Béotienne

     » On devrait demander à Jacques Attali d’imaginer sa journée en fonction de l’allocation de base comme seul revenu.
    Petit exercice à proposer à qui veut s’y coller: tous frères avec un même revenu. »

    Interressant.

    Quoi qu’il en soit, je remercie Jacques Attali et Paul Jorion pour leur blog.

  10. Avatar de juannessy
    juannessy

    Ce qui est certain , c’est que nos ( petits pour moi ) enfants ne comprennent déjà plus pourquoi on se pose ces question métaphysiques vis à vis des robots , eux qui en voient déjà très jeunes , en démonstration et manipulation , à la cité des enfants de la Villette . ( excellent voyage) .

    1. Avatar de octobre
      octobre

      Pffffffff ! Je fais mon Jorion anthropologue 😉 Je vous jure ne pas avoir compté le nombre de f.

  11. Avatar de Béotienne
    Béotienne

    En situation, car trois centrales nucléaires à l’arrêt:
    « Possible black-out en Belgique: les groupes électrogènes comme alternative »
    http://www.lesoir.be/634152/article/economie/2014-08-23/possible-black-out-en-belgique-groupes-electrogenes-comme-alternative
    + article
    « Le Soir papier 22aoùt 2014: Plan d’urgence aux communes »
    Je résume,
    ce plan est « secret défense » Ah!
    Sont prévus des délestages sélectifs, sans plus de précisions.
    On annonce, réduction visible de la pression d’eau, problèmes d’approvisionnement en eau deux à trois heures après la coupure, pompes à l’arrêt.
    Chauffage central en berne aussi.
    La communication digitale cessera de fonctionner dès la coupure,
    Les pharmacies seront aussi concernées pour la préservation des médicaments à température recommandée, le matériel médical des soins à domicile (oxygène) en rupture, interruption de la chaîne du froid (les surgélateurs) des systèmes de surveillance, les pompes à essence à l’arrêt aussi. etc.
    Le plus aléatoire: l’information aux citoyens par les commune, (ici rire sarcastique)

    La question à se poser: les énergéticiens dramatisent-ils pour défendre la prolongation des centrales nucléaires ou s’agit-il de la part de nos gouvernants d’une raisonnable mesure de prudence.

    Est-ce déjà une déclaration de guerre des robots?
    Plus sérieusement, lorsque leur batterie seraient épuisées les robots ne seraient plus que du plastique ou de la ferraille.

    Voilà il faudra s’organiser avec une lampe de poche mais le problème de chauffage pour les personnes âgées vivant seules est insoluble, nos cheminées quant elles existent encore ne sont plus adaptées à des foyers et le chauffage au gaz trop dangereux pour ces personnes à la mémoire défaillante.
    Alors l’internet, les robots, sont bien plus fragiles que les êtres humains qui ont inventé les igloos.

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  1. @Hervey Addiction ! Vous y allez peut-être un peu fort, non ? 😉 En fait, dans un premier temps, je…

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