Billet invité
Les banques portugaises n’ont pas tardé à chercher à revenir sur leur participation à la création de Novo Banco qui leur a été prescrite par la Banque du Portugal. Au lieu d’injecter dans le Fonds de résolution 133 millions d’euros à fonds perdus en plus des 367 millions qui, finalement, avaient déjà été récoltés auprès d’elles pour alimenter progressivement le Fonds, elles ont dans un grand moment d’altruisme proposé que leur contribution prenne la forme d’un prêt destiné à être remboursé, dont le montant serait augmenté à 635 millions d’euros en contrepartie, permettant de diminuer de 4,5 milliards d’euros à 3,9 milliards la contribution de l’État au Fonds de résolution.
La ministre des finances a depuis bien précisé que si cet emprunt de l’État Portugais sur la ligne de crédit accordée par la Troïka pouvait « statistiquement » augmenter le déficit public (sous-entendu, sans prêter à conséquence), il n’entrerait pas dans le calcul du déficit en accord avec la Commission européenne. Comme quoi le modèle de résolution bancaire admet bien des accommodements, quand il s’agit d’utiliser les fonds publics dans l’urgence tout en affirmant que la réglementation communautaire l’excluant est malgré les apparences bafouée. L’État est resté en première ligne et ne sera remboursé par la vente de participations dans Novo Banco que si le montant des transactions futures égale ou dépasse sa mise. Les banques, elles, pourront toujours demander le remboursement de leur prêt au Fonds de résolution qui n’en aura pas les moyens et pourra toujours emprunter… à l’État (si cette formule de prêt est acceptée). Suivez l’argent ! est toujours une excellente manière de décortiquer les montages financiers, surtout lorsqu’ils sont alambiqués.
Continuant de dévisser aujourd’hui, la bourse s’est cependant réveillée à Lisbonne avec la gueule de bois, les valeurs bancaires continuant de chuter durement, malgré que la bad bank ait été retirée de la cote et que Novo Banco n’y soit pas inscrit. La confiance ne règne plus dans les banques ! Il faut dire qu’entre l’opacité des comptes de la BES, qui a été dévoilée, et les micmacs entre la famille Espirito Santo et celle du président de la République d’Angola (l’opinion publique portugaise convaincue non sans quelques raisons que les hommes politiques du pays bénéficient tous de prébendes angolaises), il y a de quoi faire… Pour apporter un éclairage sur l’étroitesse de ces relations d’affaire, la BES a 55,74 % des parts de sa filiale angolaise, la BESA, dont les deux autres actionnaires sont des entreprises dont les gestionnaires sont des généraux appartenant à la Maison militaire du président dos Santos…
Une nouvelle enquête a été ouverte, portant sur des opérations en Bourse sur le titre de la BES vendredi dernier – celui-ci ayant chuté de 64 % en deux jours – avant la clôture de la Bourse et l’annonce de sa restructuration de dimanche soir. Les grandes lignes de celle-ci avaient fui, y compris dans la presse, et des délits d’initiés sont suspectés. Les malheurs des uns font parfois le bonheur des autres, en l’occurrence de hedge funds identifiés qui s’en seraient donné à coeur joie ces derniers temps au Portugal en spéculant sur la baisse du titre de la BES. On apprend aussi que les établissements financiers qui avaient été chargés de la levée de capitaux pour la dernière augmentation de capital de 1,047 milliards d’euros de la BES, en juin dernier, soit moins de deux mois avant son écroulement, pourraient être inquiétés. Il s’agit de BES Investimento (BESI), et d’habituels suspects : Morgan Stanley, UBS, Merrill Lynch, Citigroup, J.P. Morgan et Nomura, ainsi que de KPMG.
Restez en ligne, au cas où !
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