Billet invité.
Le titre de la Banque BES s’est écroulé ce matin en bourse, dévissant de plus de 50% alors qu’il avait déjà perdu la moitié de sa valeur les jours précédents. La capitalisation boursière a fondu d’un milliard d’euros à l’ouverture, les valeurs financières en subissant le contrecoup et la bourse de Lisbonne plongeant de 4%.
C’est le résultat de la divulgation hier soir de pertes de la banque d’un montant de 3,57 milliards d’euros au 30 juin, très supérieures aux pires prévisions. La banque a dû passer pour 4,25 milliards de provisions pour créances douteuses et coûts imprévus, incluant une évaluation de son exposition à sa filiale angolaise. L’intention était d’accréditer une opération vérité, mais le résultat n’est pas au rendez-vous. D’autant qu’un audit lancé par la Banque du Portugal pourrait révéler de nouvelles mauvaises surprises et que la justice suit son cours. Une perquisition a eu lieu dans les locaux de Rioforte, l’une des holdings du groupe, à propos de l’affaire de blanchiment qui a valu à son arrestation à son patron Ricardo Salgado, avant qu’il soit libéré sous forte caution et interdit de quitter le territoire
Les tentatives répétées d’appel au calme de la banque centrale sont donc restées sans effet. Faire part d’une recapitalisation de la banque par des investisseurs anonymes ayant « manifesté leur intérêt » ne suffit pas, dans un contexte où le premier ministre a rejeté à plusieurs reprises une intervention financière de l’État, qui seule pourrait calmer le jeu et à laquelle il risque de plus en plus de devoir se résoudre, quitte à en payer le prix politique. L’effondrement de la BES, tant redouté, sonne le glas des efforts infructueux pour l’éviter. Rien n’y a fait, même pas l’annonce de la suspension par la Banque du Portugal des droits de vote du premier actionnaire de la banque, Espirito Santo Financial Group (EFSG) ainsi que de ses représentants au conseil d’administration. Ni même la confirmation par Vitor Bento – son nouveau Pdg antérieurement nommé par ses soins pour prendre la succession de Ricardo Salgado – d’un projet d’augmentation du capital qui sera soumis aux actionnaires lors d’une prochaine assemblée générale. Mais sa date n’est pas fixée et l’apport en capital devra désormais être supérieur à sa valeur pour que la banque soit dans les clous.
Des rebondissements au plan judiciaire sont à attendre, la Banque du Portugal soupçonnant l’ancienne équipe dirigeante de pratiques illégales et annonçant vouloir « déterminer les responsabilités individuelles », une fois l’audit qu’elle a commandé terminé. Mais ils ne régleront en rien une affaire qui échappe des mains de ceux qui tentent de la maitriser.
Le risque systémique, dont le danger avait suscité un accès de frayeur sur toutes les places boursières européennes avant de vite se dissiper, pourrait rebondir sous une forme imprévue. L’économie portugaise va être inévitablement atteinte et la sortie du pays de son plan de sauvetage va difficilement pouvoir continuer à être présentée comme un succès. Ceci alors qu’Eurostat annonce un taux d’inflation à la baisse de 0,4% en juillet pour la zone euro, une moyenne qui ranime le spectre de l’élargissement de la déflation à de nouveaux pays et renforce les interrogations sur une intervention de la BCE. Elle pourrait prendre la forme d’achats obligataires sur le second marché, au grand dam du gouvernement allemand. Rien à faire, la stratégie de désendettement choisie ne passe pas !
« En période de récession économique ou de crise politique, l’extrême gauche devient souvent l’extrême droite…! » Il faut changer de lunettes…