NI MARX, NI KEYNES

En tant que réflexion de pensée économique, je le souligne dans mes livres, la « science » économique ne présente malheureusement pas grand intérêt, pire, elle nous mène constamment sur des voies de garage quand il s’agirait de comprendre les questions économiques qui se posent comme aujourd’hui avec urgence. Une remarque de Pierre Bourdieu reste parfaitement d’actualité :

Le monde économique est-il vraiment, comme le veut le discours dominant, un ordre pur et parfait, déroulant implacablement la logique de ses conséquences prévisibles, et prompt à réprimer tous les manquements par les sanctions qu’il inflige, soit de manière automatique, soit – plus exceptionnellement – par l’intermédiaire de ses bras armés, le FMI ou l’OCDE, et des politiques qu’ils imposent : baisse du coût de la main-d’œuvre, réduction des dépenses publiques et flexibilisation du travail ? Et s’il n’était, en réalité, que la mise en pratique d’une utopie, le néolibéralisme, ainsi convertie en programme politique, mais une utopie qui, avec l’aide de la théorie économique dont elle se réclame, parvient à se penser comme la description scientifique du réel ?

Cette théorie tutélaire est une pure fiction mathématique, fondée, dès l’origine, sur une formidable abstraction : celle qui, au nom d’une conception aussi étroite que stricte de la rationalité identifiée à la rationalité individuelle, consiste à mettre entre parenthèses les conditions économiques et sociales des dispositions rationnelles et des structures économiques et sociales qui sont la condition de leur exercice (Bourdieu 1998).

Restent alors, Marx et Keynes. Marx parce qu’alors qu’il qualifie sa réflexion de « critique de l’économie politique », son œuvre constitue sans aucun doute le point culminant dans cette ligne de pensée. Keynes parce qu’« honnête homme » au sens que l’on donnait à l’expression au XVIIe siècle, il joue à l’éléphant dans le magasin de porcelaine, réinjectant dans la pensée économique des leçons qui ont été tirées de l’ensemble des sciences morales au cours de l’histoire : de la science politique à la théologie, conséquence chez lui de son imprégnation par l’ancienne tradition scolastique dont il s’est repu de la substantifique moelle alors qu’il était lycéen à Eton d’abord, étudiant à Cambridge ensuite, deux lieux qui ont servi de conservatoire où cette pensée a su se poursuivre en tant que survivance, au sens que les anthropologues du XIXe siècle donnaient à cette expression : vestige préservé au sein d’une époque d’une manière de penser ou de faire appartenant à une époque antérieure.

Ce qui empêchera l’œuvre de Keynes de constituer un véritable changement de paradigme, c’est une certaine paresse chez lui – malgré son agitation permanente – qui lui permettra de faire passer « au bluff » l’expression débridée d’une fantaisie qui lui est toute personnelle, pour une véritable révolution dans les représentations, utilisant pour cela le bulldozer de l’arrogance de classe. En dépit du scepticisme parfois cruel de ses collègues à Cambridge et de ses confrères dans l’administration britannique, la complicité de ses élèves cantabrigiens contribuera à donner une forme acceptable en termes de « science » économique standard à certaines de ses hypothèses les moins fondées. On pense en particulier au « Cambridge circus » de 1930-31 auquel participèrent entre autres Richard Kahn, Piero Sraffa, Joan et Austin Robinson (Keynes 1973 : 337-343), on pense aussi aux « traductions », six ans plus tard, de certaines des propositions les plus iconoclastes de Keynes par John Hicks en théorèmes qui les dénaturent complètement mais les rendent assimilables par la « science » économique (Hicks 1980), dénaturation dont Keynes sera conscient mais dont il ne dira mot, probablement en raison du bénéfice d’acceptabilité qu’il y verra.

C’est cela qui m’a conduit personnellement à m’éloigner toujours davantage du système de Keynes à mesure que ses arcanes me devenaient plus familiers. Parce qu’il d’agit d’une construction de bric et de broc où de prétendus « mécanismes psychologiques » hétéroclites sont convoqués à tout moment pour jouer le rôle de deus ex machina au sein d’une construction dont l’architecture globale en devient de plus en plus problématique.

Karl Marx semblerait alors par contraste une piste plus féconde que John Maynard Keynes. Mais Marx a décidé d’abstraire la formation des prix et la fixation du niveau des salaires du contexte de la « lutte des classes », cadre pourtant hautement explicatif à condition de reconnaître en elle la mise en scène épique du rapport de force. C’est cette exclusion qui oblige Marx à bâtir un édifice bancal qui nécessita pour contreforts ses pronunciamentos empruntés à la rhétorique révolutionnaire, suggérant que si les faits semblent infirmer ses affirmations péremptoires, l’histoire – qui confiera à ses poubelles les thèses des adversaires de Marx – ne manquera pas de lui donner raison, « en dernière instance », comme s’expriment ses fidèles.

Le travail humain joue un rôle essentiel à l’intérieur du système de Keynes comme dans celui de Marx. Chez Marx, le travail humain constitue l’unique carburant de la valeur, laquelle est pour lui la justification du prix selon un mécanisme qu’il ne précisera cependant jamais. Chez Keynes, parce que le plein-emploi fait fonctionner la machine économique à son régime optimal.

Or le travail humain disparaît aujourd’hui rapidement et il est impératif que nous  disposions sans tarder d’un modèle économique où l’on puisse rendre compte du prix autrement que par le travail humain et où l’on puisse définir un régime économique optimal qui ne soit plus celui du plein-emploi.

Au bilan, Marx l’emporte aisément sur Keynes parce qu’il propose une sociologie du fonctionnement économique des sociétés, plutôt qu’une psychologie des agents économiques. Qu’il soit keynésien ou d’individualisme méthodologique, tout « psychologisme » en économie est en effet voué à l’échec parce que les explications offertes s’enferrent dans un renvoi à une « nature humaine » dont le portrait brossé pour la circonstance est plus ou moins affligeant selon la nécessité du moment, allant des « esprits animaux » de Keynes, dont un autre nom pourrait être : « mécanisme inconnu », à l’l’homo oeconomicus de la « science » économique standard, dont les invraisemblables traits psychopathes et sociopathes n’ont été répertoriés, en remontant le courant jusqu’à la source, qu’en vue du but unique de faire apparaître le système capitaliste comme immortel.

Marx et Keynes ont tous deux un agenda politique qui les détourne d’une réflexion sereine qui se poursuivrait autant que faire se peut « en toute objectivité » à l’abri des distractions induites par une inquiétude parasite. Marx est guidé par son projet révolutionnaire qui le force, entre autres, à prétendre que les luttes ouvrières ne modifieront jamais significativement le rapport de force entre patrons et travailleurs et que le salaire ne décollera du coup jamais significativement de sa borne inférieure que constitue le salaire de subsistance. Keynes quant à lui considère que les dégâts en termes humains d’une révolution ne justifieront jamais le choix d’une option aussi brutale et aux aboutissements aussi imprévisibles. L’exemple de l’Union soviétique convainc Keynes également qu’une révolution débouchera difficilement sur une solution qui ne soit pas ultra-dirigiste, qui ne remplacera pas un laisser-faire effectivement intolérable par son envers trop radicalement bureaucratique. La montée sur sa gauche du communisme et sur sa droite du nazisme dans les années 1930 force le socialiste qu’il est à emprunter une voie étroite entre les deux, et il y parvient d’une certaine manière sur la base de son objectif de réalisation d’un « dissensus sociétal minimal », que seul le plein-emploi est selon lui à même de réaliser. Mais il prévient dès 1930 que le chômage structurel dû à un bond qualitatif dans le développement du machinisme obligera à envisager un jour les choses dans une perspective radicalement autre (Keynes [1930] 1972 : 321).

Si l’on veut produire une théorie économique pour aujourd’hui, il convient donc chez Marx de le sauver de la valeur-travail qu’il s’était contenté d’acheter clé-en-main à Ricardo et de le radicaliser sur deux points : la fixation du niveau des salaires et la formation des prix, en allant les situer dans le cadre de cette « lutte des classes » dont il avait cru bon de les exclure (je reviens ci-dessous sur les raisons pour lesquelles il avait décidé de le faire).

Plusieurs points d’entrée sont possibles pour un ravalement de Marx. On pense au fait que s’il a repris à Ricardo l’équation « valeur = travail », il a ignoré la remarque incidente du fameux agent de change qu’une théorie de la valeur n’est en réalité nullement nécessaire (Jorion 2012 : 204-206). Il faut aussi amender la valeur-travail de Marx en tenant compte de la critique socialiste-anarchiste, et que l’on appellerait aujourd’hui « écologiste » ou « décroissantiste », que la nouvelle richesse créée est un complexe où les « aubaines » offertes par la nature qui nous entoure jouent un rôle essentiel, et non le travail humain seul ; le travail de la machine joue un rôle de plus en plus déterminant dans ces aubaines, et c’est l’institution de la propriété privée qui fait que le bénéfice des aubaines n’est pas partagé entre tous mais donne lieu à des rentes confisquées par des particuliers.

Quant à Keynes, il faut réfléchir à ce que pourrait être une théorie macroéconomique cohérente si le plein-emploi désormais hors d’atteinte a cessé d’être son point d’articulation possible. L’endroit d’où partir, c’est sans doute son raisonnement où le plein-emploi n’intervient pas comme point de départ mais se découvre comme conséquence logique : organiser la macroéconomie de telle sorte que son point focal soit ce qui permet de minimiser le dissensus sociétal, étant admis qu’aucune société ne pourra jamais être suffisamment homogène – pour des raisons de division sociale du travail – pour qu’un égalitarisme absolu puisse apparaître comme une solution viable à long terme. Dans une économie où le rapport de force se dégrade chaque jour davantage en défaveur du travailleur parce que le travail humain disparaissant, l’emploi s’évanouit lui aussi, quel est le nouveau point focal susceptible de minimiser le dissensus sociétal ? C’est la réponse à cette question que nous devons maintenant découvrir.

 

Note : Pourquoi Marx a-t-il exclu la formation des prix et la fixation du niveau des salaires du cadre de la lutte des classes ? Il s’agit de questions que j’ai déjà longuement débattues, plutôt que de paraphraser laborieusement ce que j’en ai dit alors, je préfère reproduire ces quelques pages.

Sur la formation des prix :

Alors que Marx et Engels affirmaient dans la phrase inaugurale de la première partie du Manifeste du parti communiste que « L‘histoire de toutes les sociétés jusqu’ici a été l’histoire de la lutte des classes » (Marx & Engels [1848] 1965 : 161), dans la théorie de la formation des prix de Marx et dans son explication du partage de la richesse créée, la lutte des classes est, de manière inattendue, absente (Jorion 2012 : 183).

Marx considère que les rapports de force [ne] sont pour rien [dans la formation des prix] et a fortiori, la lutte des classes encore moins. Pourquoi ? Parce que pour lui, la formation des prix est une question générale s’appliquant à tous les systèmes économiques où des marchandises sont produites et que le capitalisme n’est qu’une des formes possibles de ces systèmes (cf. Clarke 1982 : 77). Il lui faut donc énoncer une théorie de la formation des prix valant pour tous ces systèmes, or la lutte des classes ne caractérise que le capitalisme, donc la lutte des classes, et les rapports de force en général, n’ont rien à faire dans une théorie de la formation des prix, alors que pour moi (comme déjà chez Aristote) le rapport de force est le « moteur » dans la formation de tous les prix (Jorion 2012 : 184).

Sur la fixation du niveau des salaires :

[Marx] considère que le salaire des salariés constitue un élément du même ordre que les avances en argent ou en matières premières en provenance du « capitaliste », il en fait, selon ses propres termes, une partie des « frais de production ». Voici ce qu’il écrit dans Travail salarié et capital, texte rédigé en 1849 : « Ces frais de production consistent : 1o) en matières premières et en instruments, c’est-à-dire en produits industriels dont la production a coûté un certain nombre de journées de travail, si bien qu’ils représentent un temps de travail déterminé ; 2o) en travail immédiat qui n’a d’autre mesure que le temps » (Marx [1849] 1965 : 210). Marx adopte donc étonnamment le même point de vue que la fiche de paie contemporaine, qui mentionne le salaire sous la rubrique « coût total pour l’entreprise ». On peut répondre à cela que si les salaires font partie des frais de production, pourquoi ne pas considérer aussi comme frais de production les intérêts qui reviennent au capitaliste, ou bien encore le bénéfice qui va à l’industriel ou « entrepreneur » ? Mais, si c’était le cas, la notion de frais de production ne se justifierait plus, puisque la somme des frais de production ne serait rien d’autre, en réalité, que le prix de vente de la marchandise sur son marché primaire, celui où […] la marchandise, le produit fini, est vendu pour la première fois.

Or ce n’est pas du tout la même chose que de considérer les salaires comme une des composantes des frais de production, ou comme des sommes revenant à l’une des trois parties en présence dans le partage du surplus. Chez Marx, les salaires sont un facteur objectif, un « donné », tout comme le prix des matières premières, alors que, dans ma manière d’aborder le problème, les sommes qui seront allouées comme salaires constituent une part du surplus, et leur montant reflète en réalité le rapport de force entre les salariés et leur patron. Je dirai donc que, chez Marx, les salaires sont « réifiés » – je veux dire par là qu’ils sont considérés comme une donnée objective au même titre que le coût des matières premières nécessaires à la production –, alors que, pour moi, ils constituent une part du surplus, leur montant se déterminant en fonction d’un rapport de force (Jorion 2011 : 234-235).

Marx considère que la présence de syndicats peut influer sur le niveau des salaires mais que celui-ci aura cependant tendance a revenir vers son niveau « naturel », qui est un donné objectif d’ordre économique lié au fait que le travail est un « facteur de production » comme un autre (cf. Dobb 1973 : 153). Donc pour lui, ici, le politique est un « facteur » contributif mais nullement le « moteur » du processus » (Jorion 2012 : 183).

Chez Marx, le montant du salaire oscille autour du niveau qui serait celui du salaire de subsistance. Dans Salaires, prix et profit (Marx [1865] 1965), il se contente de reprendre l’argument de Ricardo relatif au fait que le salaire de subsistance constitue une borne inférieure pour le salaire et que le patron tentera constamment de le ramener à ce niveau-là. Il sera parfois possible, dit-il de descendre en-dessous, à condition qu’on repasse ensuite au-dessus pour que le salaire de subsistance soit assuré en moyenne. Ce que Marx affirme implicitement, c’est que le rapport de force est à ce point défavorable aux salariés que seule la borne inférieure du prix intervient en réalité dans la détermination de celui-ci. (Jorion 2012 : 245).

Et en conclusion :

Une fois encore, donc, après la définition que j’ai proposée du prix comme résultante du rapport de force entre acheteur et vendeur (Jorion 2010 : 92-93), la position que j’adopte constitue de facto une radicalisation de la position de Marx. Cette radicalisation transparaît clairement dans le fait que les revendications des salariés pour obtenir une meilleure rémunération ont un sens dans le cadre tel que je le définis, puisqu’elles sont susceptibles de modifier le rapport de force existant entre leurs patrons, les dirigeants d’entreprise que sont les industriels ou « entrepreneurs », et eux-mêmes, alors que, chez Marx, on ne voit pas pourquoi ces revendications pourraient faire une différence, les salaires ayant la même objectivité, la même « solidité », que le prix des matières premières, par exemple (Jorion 2011 : 236).

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Bourdieu, Pierre, « L’essence du néolibéralisme », Le monde diplomatique, mars 1998.

Clarke, Simon, Marx, Marginalism and Modern Sociology, London : Macmillan 1982

Dobb, Maurice, Theories of Value and Distribution since Adam Smith. Ideology and Economic Theory, Cambridge : Cambridge University Press, 1973

Hicks, John, « IS-LM : an explanation », Journal of Post Keynesian Economics, Winter 1980-81, Vol. III, N°2 : 139-154

Jorion, Paul, Le capitalisme à l’agonie, Paris : Fayard 2011

Jorion, Paul, Misère de la pensée économique, Paris : Fayard 2012

Keynes, John Maynard, « Economic Possibilities for our Grandchildren » (1930a), in Essays in Persuasion, Collected Writings Volume IX, Cambridge: Macmillan / Cambridge University Press for the Royal Economic Society, [1931] 1972

Keynes, John Maynard, ‘Towards the General Theory’, in Collected Works XIII, Cambridge : Cambridge University Press, 1973 : 337-343

Marx, Karl & Friedrich Engels [1848] Le manifeste communiste, in Å’uvres, Économie, I, Bibliothèque de la Pléiade, Paris : Gallimard, 1965

Marx, Karl, [1849] « Travail salarié et capital », in Å’uvres, Économie, I, Bibliothèque de la Pléiade, Paris : Gallimard, 1965

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17 réponses à “NI MARX, NI KEYNES

  1. Avatar de lois-economiques

    Ni Marx, ni Keynes, mais Proudhon !

    Il convient en effet de distinguer deux notions comme Proudhon l’a écrit en son temps :
    La propriété dans la terminologie de Proudhon, est le fait de posséder un bien qui permet d’acquérir d’autres biens du seul fait de la possession sans que le propriétaire ait lui-même participé à la production de ces biens. Autrement dit, un capital qui rapporte, quelle que soit la forme de ce capital.
    Proudhon distingue la propriété de la possession individuelle, qui elle ne rapporte rien si elle n’est pas exploitée par le propriétaire.
    En effet, il écrit dans son mémoire de 1840 :
    « La propriété est le suicide de la société. La possession est dans le droit ; la propriété est contre le droit. Supprimez la propriété en conservant la possession; et, par cette seule modification dans le principe, vous changerez tout dans les lois, le gouvernement, l’économie, les institutions : vous chassez le mal de la terre ».
    En effet tout le système économique et politique repose sur la propriété, en la remettant en cause on change de système.

    Par conséquent, ce qu’il convient est de de se débarrasser de la propriété qui rapporte sans rien faire puisque cela se réalise nécessairement au détriment d’autrui.
    En revanche , il ne faut pas abolir la possession, c’est-à-dire le résultat, le fruit du travail des hommes qui doivent pouvoir en faire ce que bon leur semble. Cette liberté de disposer des fruits de son travail, Proudhon la résume en écrivant :
    La propriété c’est la liberté !
    Encore faut-il comprendre que cette « propriété » est la possession.

    Ainsi, Proudhon est le premier à avoir théorisé l’exploitation des travailleurs. Il comprend en effet que la contrepartie du travail est détournée en partie au profit d’un tiers, (actionnaires, chef d’entreprise, propriétaire foncier, …) ce qui est l’une des sources principales des inégalités. Ce détournement est qualifié de « droit d’aubaine » dans la terminologie de Proudhon, ce droit d’aubaine est directement liée à la propriété lorsque celle-ci est utilisée pour générer des profits. Et comme il assimile ce droit d’aubaine à du vol, il en conclut : « La propriété, c’est du vol ! ».
    Mais Proudhon va même plus loin, puisqu’il considère que le droit d’aubaine et l’inégalité salariale sont deux choses identiques puisqu’il écrit : « Ah! Midas, que tes oreilles sont longues ! Quoi ! tu ne comprendras jamais que supériorité de traitement et droit d’aubaine c’est la même chose ! ».

    Proudhon a également compris la nocivité de la concurrence : « J’appelle concurrence non pas seulement la rivalité de deux industries de même espèce, mais l’effort général et simultané que font toutes les industries pour se primer l’une l’autre. Cet effort est tel aujourd’hui, que le prix des marchandises peut à peine couvrir les frais de fabrication et de vente ; en sorte que les salaires de tous les travailleurs étant prélevés, il ne reste plus rien, pas même l’intérêt, pour les capitalistes ».

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Merci. 😉 J’aurais aimé connaitre ce Proudhon plus tôt. ça m’aurait évité de me faire des noeuds dans le cerveau. Quand passe t’il sur TF1?

    2. Avatar de corbeau
      corbeau

      c’est à Bruxelles que Tolstoï rencontra Proudhon, ces deux hommes ont tant de choses à nous dire aujourd’hui

    3. Avatar de Michel Lambotte

      Je suis d’accord avec vous à condition que la possession n’inclus pas une dégradation de l’environnement.
      Aujourd’hui c’est la possession mais dans le cadre d’une sobriété et il en découle qu’on ne pourra plus faire ce que bon nous semble avec ce que nous possédons même s’il provient de notre travail.
      Cette nuance change énormément de choses.

      1. Avatar de lois-economiques

        @Monsieur Lambotte
        Vous écrivez :
        à condition que la possession n’inclus pas une dégradation de l’environnement.
        Cet aspect est de l’ordre de la loi, la liberté s’arrête dès qu’elle nuit à autrui.
        On peut considérer la dégradation de l’environnement comme une nuisance et la régenter au niveau de la loi.
        Ce que fait très bien la loi comme l’impossibilité de construire certain battit en zone historique,
        ou la protection du littorale, « la loi littorale, etc…
        Mais cela restera marginal car si tout ce peut acquérir un individu il le doit A SA SEULE de force de travail, je vous assure qu’il fera en sorte de ne pas le gaspiller.
        Ce qui détruit réellement l’environnement c’est la recherche à tout prix de la croissance comme le montre ces deux articles :

        http://lesbrindherbes.org/2014/03/09/comprendre-notre-economie-pourquoi-la-croissance-est-le-probleme-et-pas-la-solution/

        http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/pib-energie-et-le-dogme-de-la-144328/

      2. Avatar de écodouble

        @ lois-économiques

        Un artiste peintre vient d’obtenir un permis de construire à la Pointe de Trévignon ! et ce malgré la loi littorale, malgré le Plan Local d’Urbanisme, malgré le bâti ancien sur le site, …

        C’est à lire sur le Ouest-France de ce jour et cet article plus ancien :
        http://www.ouest-france.fr/la-pointe-de-trevignon-reconnue-comme-agglomeration-1807016

        Mais l’artiste doit « avoir du talent » ! et cela, bien sur, se rémunère en nature ou en avantages. D’ailleurs, les Maires aussi doivent « avoir du talent », tant ils sont nombreux à essayer de ne pas respecter les lois.

        Il ne faut plus avoir le droit de détruire le moindre coin de Nature. Il y a suffisament de zones construites délaissées pour satisfaire notre appétit de faire des bâtiments en les construisant à la place d’autres, inssalubles ou en ruines.

  2. Avatar de corbeau
    corbeau

    La vie en pleine nature, cela parait aujourd’hui impensable. Dans quel monde vivons-nous? Une vie de servitude dans les usines, au moins on ne crève pas de faim, on fait partie du système et puis on est fier de notre travail honnête, parce qu’on est honnête, hein,comparé à ces pilleurs de capitalistes qui jouissent sans scrupule de ce qu’ils ont acquis par violence ou par ruse, et qui promeuvent une science économique qui n’a d’autre intérêt que de les absoudre de tous leurs vices ( exemple: B. Mandeville, dont Keynes partagea la défense de l’utilité de la dépense). Mais si la richesse était mieux répartie, la propriété privée aussi, qui aurait besoin de s’endetter à vie pour un misérable pavillon de banlieue? A la fin du mois, il ne doit rien rester, pour retourner bosser le mois suivant, et avec un crédit, qui est libre? Ne vaut-il pas mieux que tout s’effondre plutôt que de persister dans l’erreur? Notre effondrement est une chance pour les futurs habitants de cette planète. Si chaque habitant de cette planète accède au style de vie classe moyenne, quelle vie de parasite! La pauvreté et l’assistanat, voilà notre avenir, je rejoins un peu M. Balbot et sa religion des boeufs dans son billet du 30 mai

  3. Avatar de hardy
    hardy

    Bonjour,

    Je suis votre blog depuis bientôt 2 ans. j’y trouve a chaque fois des arguments pour faire évoluer ma pensée et je vous en remercie.

    Mais une question me taraude…Pourquoi les grands intellectuels comme vous n’osent pas dire ce qui est: l’Europe a prit une tournure totalitaire de type néo-classique. L’agir dit qu’il fait en fonction de droits naturels (dans ce cas un monde économique établi).

    L’exemple de la règle d’or n’est-il pas probant: Cette règle d’or montre au combien les Etats, les intellectuels (en large majorité) érigent tout doucement un nouvel ordre européen. Ce traité est la fin de la capacité pour les Etats d’avoir une politique budgétaire sauf excédent. La marge de manœuvre des Etats est réduite à néant, elle doit s’opérer dans le cadre fixé. Ils ont déjà offert leur cœur (les banques), qu’ils s’aliènent. Non seulement cette règle devra être gravée dans la constitution des Etats mais de plus elle permettra une mise sous tutelle des Etats en cas de déficit, une mise sous tutelle par des technocrates. L’exemple de Mario Monti en Italie à été un avant-gout de ce nouvel ordre. Cette règle d’or n’a d’ailleurs pas été construite politiquement elle est la résultante d’organisme technocratiques composés de scientifiques, d’intellectuels et d’une mini loge de ministres des finances. Forme d’oligarchie du néo-libéralisme. Ils sont ceux qui sont amènes de comprendre l’ordre naturel, de l’accompagner. . De même que les organes qui seront chargés de faire appliquer ces nouveaux traités seront des organes burocratiques chancres de la raison, qui sont là pour appliquer pas pour penser. Les politiques signent à la hâte et portent le déni de l’agir par le faire. Il ne s’agit plus de donation de pouvoir au champ économique ou technoscientifique mais bien d’une politique qui fait le choix de se penser en vertu d’une forme de science économique, qui enferme l’homme définitivement dans un carcan, qui ne peut plus gouverner qu’un vertu d’un ordre naturel choisi. Qui masque son agir par le faire. Etienne Tassin dans son livre « repensez la cosmo-politique » le dit bien dans un acosmisme totalitaire, « le politique, ou l’action, y est en effet recouvert par une prétention pseudo-scientifique d’appliquer dans l’ordre humain des lois dites de la nature ou de l’histoire ». Il faut constater que dans cette crise le politique n’a jamais autant eu la capacité d’agir qu’auparavant. Tous les regards sont tournés vers lui, c’est lui qui à la main, c’est lui qui peut mettre fin à la crise, pas la technoscience. Pourtant ce dernier fait de plus en plus le choix de ne pas agir mais de faire et ce en vertu d’une pseudo- raison.
    L’acte politique ne peut plus être discuté que dans un cadre, il s’appuie sur une technoscience économique qui elle,- dit-elle-, ne fait pas d’idéologie mais de la science. Les formes de chômage, de bonne gouvernance, le calcul du PIB, le traitement de la crise sont pensés en vertu de la science économique et quelle vue de l’homme propose-t-elle sinon la soumission comme dirait Arendt de la vie livrée à elle-même.
    La fondation de l’Europe qui s’organise en grand marché et qui pas à pas invente une démocratie à vendre est plus qu’interpellant. La création d’intermédiaires privés entre les citoyens et leurs banques centrales, la privatisation des services publiques, la loi sur la compétitivité, l’allongement de l’âge de la retraite, l’augmentation de la croissance, la réduction du coût des soins de santé, la règle d’or, le GMT qui s’annonce…Toutes ces mesures qui passent à la hâte et qui sont d’ordre purement idéologiques et qui sont cependant présentées comme de raison sont de nature totalitaire. Elles gravent dans les traités une idéologie, elle fabrique de toutes pièces une nouvelle société sous prétexte de raison. Une Europe néo-libéral. Les politiques s’abritent derrière la raison pour masquer leur agir, ils font. Ils se servent de la terreur de la crise pour voir leur nouvel ordre s’ériger.
    Toutes ces mesures présentées comme un accompagnement raisonnable de l’ordre naturel sont en fait de l’agir politique qui se masque derrière l’œuvre. L’Europe n’a pas le courage de faire renaître l’agir au profit du faire, elle créé un climat de terreur instituée jusqu’à son paroxysme, l’agir est mort avant d’avoir commencé. Il doit nous dit-on faire en fonction de !
    Il suffit de se rappeler que les Nazis enseignaient à leurs élèves de primaire pourquoi il était de raison de supprimer trisomiques et autres rebut de la société. En très bref : Ils coutaient trop chère, et c’était pour leur bien, le bien de tous. Cet exemple reflète au combien par des traités, des lois qui masquent l’agir en évoquant un ordre naturel on peut déboucher sur des régimes dit de raison qui sont amènes de créer l’innommable.

    Ne pensez vous qu’il est temps d’appeler un chat un chat?

    1. Avatar de Paul Jorion

      « Pourquoi les grands intellectuels comme vous n’osent pas dire ce qui est: l’Europe a prit une tournure totalitaire de type néo-classique ? »

      Merci pour le « grand intellectuel » ! Mais je n’ose pas dire cela ? Vous êtes sûr ? Vous êtes certain de ne pas me confondre avec quelqu’un d’autre ?

    2. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Je penses que tout cela n’est pas du à de l’incompétence de la part de nos « grands dirigeants », mais voulu, depuis le printemps 1968.

      Mai 68 a avorté faute de projet politique cohérent, ce qui a sauvé le système. On peut penser que les grands propriétaires ont eu la trouille de leur vie, et ont commencé à réfléchir aux moyens de ramener les « travailleurs » à leur rang: celui de domestique…

      On peut détailler les mesures prises depuis Pompidou/Giscard…

      ça a bien marché, non?

      1. Avatar de jducac
        jducac

        @ Dominique Gagnot 28 juillet 2014 à 14:25

        On peut détailler les mesures prises depuis Pompidou/Giscard…ça a bien marché, non?

        Et bien non, ça n’a pas marché ! En France particulièrement.

        Pourtant le premier ministre de l’époque avait été très clair.

        http://www.dailymotion.com/video/x7hahj_georges-pompidou-1er-ministre-1967_news

        Au lieu d’entendre son discours, les dirigeants politiques qui l’ont suivi, tant de droite que de gauche, ont craint de se priver des faveurs de leur électorat en incitant leurs concitoyens à travailler davantage et à consommer moins, de sorte à plutôt s’enrichir que de s’endetter et de pousser leur pays à s’endetter, en l’amenant à vivre au dessus de ses moyens.

        Le pays a tant bien que mal survécu pendant plus de quarante ans malgré son enfoncement dans d’une dangereuse tendance à rechercher un confort de vie facile (retraite à 60 ans+35h), avant de se retrouver aujourd’hui, au chômage après avoir ruiné son capital industriel. Cela s’est propagé dans tous les secteurs d’activité (hors les administrations, nourries par des impôts en croissance) et touche maintenant le secteur agricole.

        http://www.arboriculture-fruitiere.com/content/excedes-les-producteurs-interpellent-le-foll

        De fil en aiguille, notre pays est devenu l’homme malade de l’Europe.

        http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2014/06/23/31007-20140623ARTFIG00124-la-france-homme-malade-de-l-europe.php

  4. Avatar de jducac
    jducac

    @ Paul Jorion 27 juillet 2014 à 23:44

    Alors que je viens de soumettre un commentaire au récent billet de Jean-Michel Elyn, il m’est répondu que les commentaires sont fermés. Il s’agit peut-être d’une erreur.
    Quoi qu’il en soit, comme ce commentaire vous était destiné, je vous l’adresse, ci-dessous, par cette autre voie.

    « La vie est basée sur la notion d’appropriation et donc de propriété privée » « C’est ce qu’il s’agit d’expliquer »

    L’évidence nous amène à observer que, sur terre, on ne peut pas vivre sans consommer d’énergie. Tout organisme vivant a donc besoin d’ingérer, d’absorber, d’assimiler, dans « sa propre » structure vivante, une certaine quantité de matière énergétique pour en extraire les nutriments nécessaires à produire le travail qui transforme la matière inerte en vie. C’est aussi ce qui explique que le travail et l’énergie s’expriment dans les mêmes unités.

    Mais ce qui s’opère au sein d’un organisme vivant, tel que par exemple, un être humain, s’opère aussi au sein de chacun des sous systèmes de cet organisme.

    Chaque organe spécialisé échangeant par un prélèvement sur le système sanguin, une partie de l’énergie ingérée par l’organisme d’ensemble, contre un service spécialisé rendu au profit de ce même organisme. Chaque organisme constitue un domaine privé au sens où il est délimité par des frontières physiques qui le séparent de son environnement, de ses congénères, des membres de son espèce et des autres espèces.

    Ce qu’il faut bien voir, c’est que ce qui s’opère au sein d’un organisme particulier à son profit, au niveau de chaque être humain, se trouve à opérer aussi au profit des autres êtres humains. En effet, du fait de l’effet de mimétisme, la collectivité est amenée à progressivement s’aligner sur celui ou ceux des êtres humains qui semblent être les plus avancés dans leur développement.

    A mon avis, c’est par ce phénomène, que le système capitaliste occidental, s’est imposé face au système socialo communiste, amenant ce dernier à s’auto convertir, d’ailleurs avec succès. De sensibles progrès économiques ont alors été réalisés depuis, notamment par la Chine, dès lors que Deng Xiaoping , rompant avec le Maoïsme, a lancé son fameux « Enrichissez-vous! »

    Voilà mon explication.

    1. Avatar de lois-economiques

      @Jducac
      Votre raisonnement biologique est parfait.
      Mais SVP restez dans la biologie car passer par analogie de la biologie à l’économie n’a aucun sens.
      Le système capitaliste détruit la planète à vitesse grand V il n’est absolument pas adapter à perdurer dans le long terme car c’est physiquement impossible.
      Il va donc droit à sa perte aussi surement que l’ex URSS.

  5. Avatar de Erix le Belge
    Erix le Belge

    Sur ce blog, j’ai l’impression d’être à un des seuls endroits au monde où on réfléchit un peu de manière pertinente sur l’avenir. Sauf Gael Giraud ou quelques-uns..

    Presque partout ailleurs, ce ne sont que des âneries à propos de croissance, rendements, création d’emplois… complètement coupés de la réalité. Sans comprendre les causes profondes, comment proposer des solutions efficaces ou anticiper les problèmes qui nous attendent ?

    Pour ce qui est de la relation énergie-monnaie, on peut dire empiriquement que l’Energie Totale Disponible (pétrole, renouvelables..) divisée par le nombre d’habitants sur Terre est égal au salaire moyen que personne ne devrait dépasser (à vue de nez, je dirais 300 euros, peut-être plus, mais je crains d’être optimiste).

    Sans que le lien entre énergie et monnaie ne soit défini mais son existence est une évidence. Demandez aux bactéries.

    Sans également que l’organisation sociale qui permettra de passer de notre situation actuelle (abondance et inégalités) à une nouvelle organisation prenant en compte les changements futurs (moins d’abondance et probablement toujours des inégalités) ne soit définie non plus.

    Je préférerais que cela se passe dans la joie et la bonne humeur. Ce n’est pas évident, mais il y a une chose de certaine, c’est que si on laisse faire l’inconscient, que les masses humaines se laissent porter par leurs instincts incontrôlés, alors il y a vraiment peu de chances que cela se passe de manière civilisée.

    Les politiques (et nous qui les élisons ) vont-ils enfin entendre les réflexions issues de ce blog, et surtout en tenir compte ? Il faudrait se réveiller de manière urgente, même si tout cela n’est pas susceptible d’assurer leur réélection. Au moins ils feront partie de l’Histoire, c’est déjà ça. Moi je préfère un homme (une femme) politique qui tient un discours basé sur des arguments solides, vérifiés par les faits, même s’il est difficile à entendre, que des abrutis qui récitent des mantras économiques absurdes et qui ne comprennent rien à ce qu’ils disent.

    Alors, ce serait ça le sommet de l’évolution ? Eh ben, mon cochon…

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      « Les politiques (et nous qui les élisons ) vont-ils enfin entendre les réflexions issues de ce blog, et surtout en tenir compte ? »

      Oui, au mieux ils vont le fermer. (voyez pourquoi dans mon précédent post, sur ce même fil)

      Le fond du problème est précisément dans la sélection des politiques. « élections = piège à cons » (Copyright mai 68)

  6. Avatar de taotaquin
    taotaquin

    « Un jour, aujourd’hui, demain, plus tard… nous abolirons l’argent. » (Elisée Reclus).

    Voilà d’où il faudrait peut-être repartir, et en y ajoutant notamment:

    – Paul Lafargue (Le Droit à la paresse – … Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »)

    – et Bertrand Russell (Eloge de l’oisiveté – … Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l’aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres : en cela, nous sommes montrés bien bête, mais il n’y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment.)

    A propos de Reclus:

    Un fonctionnaire de police l’a jugé ainsi : « M. Reclus est un homme fort instruit, laborieux et d’habitudes régulières, mais très rêveur, bizarre, obstiné dans ses idées et croyant à la réalisation de la fraternité universelle » (rapport du 9 janvier 1874, Archives de la Préfecture de Police) – (Source: Wikipédia)

    Je suppose qu’il ne serait pas très difficile de trouver quelques adeptes du néo-libéralisme pour s’exprimer de la même façon au sujet des deux autres…

    A méditer…

  7. Avatar de Guy Devillebichot
    Guy Devillebichot

    Quelques observations destinées aux « économistes » de la mouvance dominante.
    1)- Si,au cours par exemple de la décennie 70,un candidat à un concours universitaire au plus
    haut niveau,avançait l’idée que le prix était le résultat d’un rapport de forces,il avait toutes les
    chances (si l’on peut dire) d’être éliminé avec fracas.
    2)Voilà 50 ans environ que la preuve est faite que le « multiplicateur » d’investissement à la
    Keynes
    est nécessairement égal à 1.(la preuve empirique-économétrique étant plus récente).Voilà
    longtemps aussi que l’on sait que le « modèle I S / L M « ,censé exprimer l’essentiel de la
    pensée keynésienne,est FONDAMENTALEMENT faux (erroné à cet usage prétendu) et au
    demeurant INCONSISTANT.

    John HICKS lui-même,dont la distinction de la Banque de Suède est ,elle,méritée,

    l’avait spécifié; et noté cette erreur….Et l’on continue d’enseigner plus ou moins PARTOUT,ce
    « modèle » prétendu « keynésien »,divers manuels « reconnus » au plan international,développant
    très largement ce « modèle »,version fermée et version ‘ouverte’:
    Constater dans ces conditions une faiblesse éclatante de la « macro-économie » dite
    « moderne »(on se demande bien en quoi?) n’a absolument rien de surprenant. Non?
    .3)Le grand prix de l’hypocrisie revient à toutes ces « écoles de gestion » plus ou moins
    « grandes » ou « masters » en « management » plus ou moins spécialisés qui se piquent d’avoir
    rejeté bien loin ne serait-ce que le nom même de ce méchant Karl Marx.Moyennant quoi on
    y développe jusqu’à la nausée le vrai,le seul objectif qui vaille:un profit maximum.Autant
    dire
    que l’enseignement de Marx apparaît comme le noyau même de toutes ces « officines »
    aimées,voire choyées et souvent financées par dirigeants et actionnaires.Et donc
    « baissons les salaires,ou,mieux,licencions ou éjectons les salariés à statut fragile….
    Des salaires « de subsistance » voilà ce qui convient…..Cela sent le XIX ème siècle!

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