J’écrivais dans NAUFRAGE DE KEYNES À LA FIN DE SA VIE que
… les antibiotiques auraient été d’un grand secours mais n’étaient disponibles que depuis peu et l’affection cardiaque dont souffrait Keynes n’était pas encore attribuée à une infection par les streptocoques.
J’ai découvert depuis que Keynes avait été diagnostiqué au moment de sa première crise cardiaque en 1937 comme souffrant d’une « endocardite causée par le streptococcus viridans » (Skidelsky 2000 : 6). Par ailleurs, l’un d’entre vous, que je remercie, me renvoie à une documentation suggérant que le Dr. Janos Plesch, le cardiologue de Keynes, fut l’un des tout premiers à prescrire à ses patients du Prontosil, le premier sulfamide connu, qui constituait un antibactérien puissant, efficace précisément contre les streptocoques.
Le Prontosil était utilisé dans les années 1930 comme colorant industriel. À partir de 1932, un médecin, Gerhard Domagk, s’est mis à tester les éventuelles vertus antibactériennes de la substance, vertus qu’il put confirmer en expérimentant sur des souris. Ariel Fenster rapporte la (trop belle ?) histoire de Domagk obtenant la confirmation de l’action fulgurante du Prontosil sur les streptocoques en pouvant sauver la vie de sa fille à l’aide de ce qui se révéla à cette occasion être un « médicament miracle ».
Il semblerait donc que John Maynard Keynes, atteint d’une affection cardiaque qui avait été diagnostiquée comme étant causée par les streptocoques, ait eu en fait la chance, après sa première crise cardiaque dramatique de juin 1937, d’être soigné par l’un des seuls médecins capables à l’époque de lui prolonger la vie de près de neuf ans.
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Bernstein, Jeremy, « Janos Plesch. Brief life of an unconventional doctor: 1878-1957 », Harvard Magazine, janvier-février 2004
Fenster, Ariel, « Prontosil – la petite histoire du premier ‘médicament miracle’ », Les Manchettes scientifiques d’Ariel Fenster, 4 mai 2012
Skidelsky, Robert, John Maynard Keynes. Fighting for Britain 1937-1946, London : Macmillan, 2000
PJ : « Un lecteur d’aujourd’hui de mon livre Principes des systèmes intelligents » Je pense que c’est le commentateur Colignon David*…