N’êtes-vous pas vous-même un peu largué ?, par Éric Gaillot

Billet invité.

P. J. : Certains d’entre vous qui m’écrivez, ne me ménagez pas. Vous êtes parfois surpris quand je vous réponds alors que votre critique me semble sinon juste, du moins justifiée. Éric Gaillot et moi nous nous disputons ainsi depuis plusieurs mois. Je lui ai proposé de publier comme « billet invité » son plus récent reproche. Il m’autorise à le faire à condition que je mette en chapeau ce que je lui écrivais alors. Je le fais bien volontiers. Voici :

Me permettez-vous de mettre votre mail en ligne comme billet sur le blog ? Je l’ouvrirai aux commentaires bien entendu, car vous posez les vraies questions sur ce que j’essaie de faire et… je ne crains pas les vraies réponses, bien au contraire.

Éric Gaillot : Je respecte votre combat acharné pour réformer la finance. Il n’y a pas tant de gens comme vous pour que je ne considère pas votre travail à la hauteur de ce qu’il mérite. J’espère que vous viendrez à bout de votre prochain ouvrage sur Keynes que nous ne sommes sans doute pas très nombreux à attendre tant Keynes est d’un pays éloigné, comme dirait Racine pour parler du passé lointain.

Parfois, je me demande si vous n’êtes pas vous-même un peu largué, comme beaucoup d’entre nous, tant notre monde évolue vite. Si vite que nous nous retrouvons dans une sorte de présent éternel, le passé et le futur n’existant plus.

Êtes-vous plus en état que moi de savoir de quoi votre lendemain sera fait ? Il est sans doute vrai que votre agenda est plus ou moins rempli pour les semaines et les mois à venir, ce qui n’est pas le cas du mien car je suis en avance sur vous.

Mon agenda est vide, blanc, vierge. Je ne l’ai pas choisi ayant été longtemps un travailleur consciencieux mais sans l’avoir choisi, je l’assume et je m’en porte très bien. Imaginez votre agenda vierge de tout rendez-vous. Vous vous levez le matin et vous n’avez rien à faire de toute la journée, ni rien à préparer pour les jours suivants car tout ce à quoi vous pensez ne sert à rien.

Certes, ce genre de situation exige une forme d’initiation et peu y parviennent car avec Pôle Emploi, il y a toujours quelque chose à faire du genre déplacer un tas de terre d’un côté à l’autre et recommencer dans l’autre sens. Et plus vous allez vite en besogne et plus votre surveillant/contrôleur vous demande d’aller vite. Jusqu’au jour où vous perdez la tête et là votre compte est bon.

Vous me semblez être un peu ce genre de bonhomme à vouloir aller plus vite que les autres et se prendre la tête plus fort que les autres. Cela vient sans doute du fait que vous n’avez pas suivi le cursus normal de l’intellectuel. Si vous aviez suivi ce cursus normal, vous seriez sans doute aujourd’hui Prix Nobel d’économie ou quelque chose comme ça, comme Obama ou Arafat sont prix Nobel de la paix. Dieu merci, pour l’instant en tout cas, ce n’est pas votre cas. Tout n’est donc pas désespéré.

En même temps, le pire est à craindre car vous semblez tout de même vous acharner à une certaine forme de reconnaissance, quitte à ce qu’elle soit posthume. Oui, au pire, et sans vouloir vous blesser, vous n’en êtes plus très loin car à votre âge, que vous reste-t-il sérieusement à espérer sinon un Prix Nobel à défaut d’avoir réformé le système de la finance ? Keynes lui-même ne s’y est-il pas cassé les dents ?

Il se trouve que ce système est plus fort que nous et que chaque fois que nous prétendons le réformer dans un sens que nous estimons favorable à nos petites personnes, il se débrouille au contraire pour accentuer son caractère de prédation. C’est à se demander pourquoi nous insistons lourdement pour le réformer. Sans doute pour obtenir un Nobel… qui fut, autant que je m’en souvienne, un marchand de canons ou quelque chose comme ça.

Ceci – ce baratin, ce badinage si vous préférez – pour vous montrer que je sais trouver la manière la plus propice à m’offrir la sérénité à laquelle j’aspire.

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80 réponses à “N’êtes-vous pas vous-même un peu largué ?, par Éric Gaillot”

  1. Avatar de Loniste
    Loniste

    Le problème avec les keynésiens, c’est qu’ils ont la naïveté de croire que l’on puisse réformer le capitalisme (la finance, le système monétaire, la fiscalité, etc.). Ils ne parlent jamais de lutte des classes car ils ne veulent pas la voir; ils ne veulent pas comprendre que tant que cette lutte sera menée entre des possédants et des possédés, les uns n’agissant pas tant plus « consciemment » que les autres par ailleurs, rien ne servira à rien, aucune réforme ne mènera nulle part. Les « Trente Glorieuses » (nom pour le moins loufoque… quelle gloire pour le capitalisme?) sont le fruit de Keynes et d’idées du genre. Où cela nous a-t-il mené? Nulle part parce que cela n’a jamais enrayé la machine qui est en amont, et les possédants ont repris le dessus dans les années 70-80 et depuis.

    1. Avatar de Baygonvert
      Baygonvert

      Le problème avec les tenants de la lutte des classes, c’est qu’ils ont la naïveté de croire que l’on puisse espérer réformer l’humanité naturellement, c’est-à-dire par la magie de notre propre indignation (conquête du partage équitable, de l’égalité de chance et de moyens…, etc.). Ils ne parlent jamais de réformes politiques des règles économiques car ils ne veulent pas en entendre parler; ils ne veulent pas comprendre que tant que cette lutte sera menée entre des possédants naturellement avides de posséder et… les autres, aucune lutte des classes ne servira à rien puisque nous avons déjà, avant même que s’engage la bataille, un perdant et un gagnant. Prétendre le contraire conduit à manifester dans de grandes « pride » de pauvreté de plus en plus clairsemées, et ne mène nulle part d’autre parce que cela n’a jamais enrayé la machine qui est en amont, et que les possédants qui ont toujours eu le dessus (bien avant les années 70-80) doivent être freinés au mieux par une révolution, à minima par une injonction politique de type « New deal », mais certainement pas par les bonnes grâces de cette fable qui tourne au cauchemar : celle d’une lutte de la classe ouvrière aux mains vides (d’outils confisqués) bien à mal aujourd’hui de vente de force de travail à l’heure où ce dernier disparait massivement

      1. Avatar de reneegate

        doivent être freinés au mieux par une révolution, à minima par une injonction politique de type « New deal », mais plus certainement désormais par un crash bancaire ou une catastrophe nucléaire/écologique.

      2. Avatar de franck marsal

        @ Baygonvert :
        Ce que vous dites est assez classique des clichés véhiculés par les gens qui n’ont jamais pris la peine de comprendre Marx. Comme ce n’est jamais inutile (et aujourd’hui encore moins qu’avant) de rappeler quelques points de repères qui permettent de comprendre le monde, et son évolution, je m’autorise à vous répondre point par point :
        1. vous dites « Le problème avec les tenants de la lutte des classes, c’est qu’ils ont la naïveté de croire que l’on puisse espérer réformer l’humanité naturellement , c’est-à-dire par la magie de notre propre indignation (conquête du partage équitable, de l’égalité de chance et de moyens…, etc.). ».

        Ce que dit Marx et les « marxistes », c’est simplement que la lutte des classes est le moteur de l’histoire. La lutte des classes n’est pas un projet. Elle est une réalité. L’avênement du capitalisme est le produit d’une lutte de classes, le passage de la domination sociale des nobles et féodaux à la bourgeoisie. Ce changement transforme toute l’organisation sociale, économique, politique de la société. Aujourd’hui, la lutte des classes se poursuit. Warren Buffet le dit. Il dit « La lutte des classes existe et c’est la mienne qui est en train de la gagner ». Pierre Gattaz ne le dit pas, mais il la mène avec constance.

        Reconnaitre que c’est la lutte des classes qui est le moteur, c’est faire porter le changement sur des forces sociales qui défendent leur intérêt. On est à l’opposé d’un pseudo-moralisme, autour de l’indignation (cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’indigner, bien sûr !!), d’une quelconque magie …

        2. vous poursuivez par « Ils ne parlent jamais de réformes politiques des règles économiques car ils ne veulent pas en entendre parler; ils ne veulent pas comprendre que tant que cette lutte sera menée entre des possédants naturellement avides de posséder et… les autres, aucune lutte des classes ne servira à rien puisque nous avons déjà, avant même que s’engage la bataille, un perdant et un gagnant.  »

        Alors là, je ne sais pas d’où ça sort ??? Une fois qu’on a dit que la lutte des classes était le moteur de l’histoire, que le capitalisme correspondait à l’émergence de la bourgeoisie (ie les propriétaires capitalistes), ce pose la question de l’évolution suivante, à travers une critique économique, sociale et politique du capitalisme. Que dit Marx ? Que la propriété privée des moyens de productions devient à un certain stade du développement du capitalisme un obstacle, un frein à l’évolution sociale, économique, politique de la société et une question de vie ou de mort pour les classes exploitées. Mais cela, avec un peu d’attention, on le constate tous les jours ! Donc la réponse « de classe » à toutes les situations de blocages, d’injustices, d’inadéquation que l’on constate aujourd’hui ne consiste pas en un galimatias de régulations incompréhensibles, invérifiables et inaplicables, mais en une réforme fondamentale de la structure sociale : l’abolition de la propriété privée des moyens de productions. Si cela n’est pas une réforme politique des règles économiques, je ne sais pas de quoi on parle …

        J’en profite pour préciser que si on est sur la logique de la lutte de classes, on ne parle pas d’impôts « à la marge » tant sur le capital que sur le revenu du capital. On parle de la saisie pure et simple des grandes sociétés, CAC 40 en tête et de leur mise sous contrôle public. Cela signifie que les décisions n’y sont plus nécessairement prises en fonction de la maximisation du profit et que, si profit demeure, il n’est plus approprié par les « actionnaires » mais mis au pôt commun de la société.

        Enfin, dernière particularité de la situation actuelle, dans le système capitaliste, à contrario des régimes précédents, ne subsistent plus que deux seules classes principales, les travailleurs et les capitalistes. La classe ouvrière est une immense majorité. Pour s’émanciper, elle ne peut s’ériger en classe dominante, car, qui dominerait-elle alors ? Sa situation historique l’amène objectivement à supprimer les classes sociales, à établir une société d’hommes libres, non seulement en « théorie », ce que réalise le capitalisme ((l’ouvrier est « libre » d’aller travailler dans l’entreprise, il vote, dispose des « droits » de l’homme) mais surtout en pratique (chacun dispose réellement des outils et de la légitimité pour exercer pleinement sa place unique et égale au sein de l’humanité. De ce point de vue, pour reprendre vos termes, le capitalisme affiche « l’égalité des chances » et sous-entend que ce qui n’ont pas réussi sont responsables de leur échec tout comme ceux qui « gagnent » (dont le culte est savamment entretenus) l’ont mérité.

      3. Avatar de peg
        peg

        Si le @baygon bégaie un refrain trop entendu, @franck marsal rappelle à propos la position du marxisme historique, marxistes qui ne peuvent se défaire de construire des règles universelles, des leçons de l’histoire et des espoirs communs (plus ou moins merveilleux), ce ne sont pas les seuls, loin de là. Dire aujourd’hui que la lutte des classes est Le moteur de l’histoire est supposer tout d’abord qu’il y en a un, et pourquoi pas une destinée, une ligne, une direction. Hélas, je ne crois pas au moteur (je dis hélas car c’est une forme de repos de l’esprit de croire en une lecture historique semi-linéaire), d’autant qu’avec ce moteur, s’il existait, se trouve dans les lectures de « droite » comme de « gauche », la mécanique des vérités communes, un commun véhicule supposant un commun sens, des règles, des sacrifices individuels. Ni moteur, ni foi, mais un système de domination que personne n’a encore trouvé moyen d’éviter, à peine de le freiner (et encore faut il deux guerres mondiales pour contrebalancer le poids de l’accumulation comme nous le démontre Piketty) et certainement pas de le contrôler. Je ne peux qu’être en accord avec le sieur (et non monseigneur) Gaillot … 😉

      4. Avatar de Baygonvert
        Baygonvert

        Merci pour ces précisions effectivement très marxistes donc certainement très vraies.

        Il est cependant amusant de constater qu’à la moindre provocation sous forme de petit exercice de style (je l’avoue un peu niais), il se trouve toujours un professeur orthodoxe marxiste très sérieux et attentionné qui vous prouve que vous n’avez pas suffisamment lu ce que vous n’avez de toutes façon pas compris: la bonne parole du grand Marx -une forme de sermon en quelque sorte- comme quoi, entrer en marxisme, c’est aussi entrer en religion.

        Entre les prêtres de cette religion féroce, l’économie, et les docteurs en Doxa marxiste qui veillent au grain, ce n’est plus la lutte des classes, c’est la lutte des cultes ! Le drame, c’est que tout ceci finit toujours par se terminer… en querelle de chapelles.

      5. Avatar de Samuel
        Samuel

        Est-ce que la « lutte des classes » transforment la laitue, si elle est produite dans un jardin pour élitiste, plutôt que dans un jardin ouvrier.
        Par conséquent est-ce qu’elle est meilleur.
        (personnellement je me moque du caviar et d’une Porche Cayenne, devrais-je m’en vexer par ce que cela est déterminé par ma classe?).
        La liberté d’expression offre la possibilité de ce moquer des bœufs, qu’est-ce qui est le plus cruel? ne pas avoir Limousine? ou déjà pouvoir s’en moquer? et transmettre d’autres manières.

      6. Avatar de peg
        peg

        @Baygon. J’ai peur hélas que ayez en partie raison. Toute croyance vire au culte un jour ( la Croissance! la Sécurité!). Mais le marxisme n’est pas la pire des visions puisqu’il ne règne pas (plus), il est force critique et en cela respectable, générateur de résistances aux discours dominants, et il en faut (plus). Le culte étatico-capitalistico-libéral lui règne en maître (à penser et à agir) omniprésent, faiseur de normes et donc d’esprit : pour paraphraser les anars, il faudrait se défaire des maîtres (que nous sommes nous même en parti, nous (ré)agissons nous aussi au sein de ces relations de pouvoir, ces rapports de force disséminés). S’il n’y a pas moteur, il y a, je crois, persistance et évolutions de dominations « légitimes » (ferai-je une règle universelle ? …) c’est à dire acceptée par tout un chacun, par les sujets que nous sommes, auto-identifiés comme tels, de manière consciente ou non, et plutôt inconsciente (c’est tout récemment que je me suis mis à questionné « l’Etat » jusque là inquestionné, quarantenaire, lent et assez banal suis-je). Comment contrarier l’assujettissement est ma seule quête … Le mien et celui de mon « prochain ».

  2. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    Marrant ce mail, j’aime bien, le côté caustique et avocat du diable…je voulais juste souligner un angle mort, que l’auteur refuse d’aborder. Le partage, le fait que ce blog (participatif) offre à beaucoup de francophones l’opportunité de lire d’autres voix-(es) que ce lui propose le mainstream, mais aussi propose des points de vues, des analyses ou des témoignages d’autres que lui. Étrangement je n’ai jamais vu Paul comme un adepte de l’ego-trip forcené (je crois qu’il a été bien analysé ah, ah) mais plutôt comme un humaniste avec une grande gueule certes, mais pas dans une démarche de domination mais tout au contraire de libération. N’est-pas l’intérêt de la critique ? Dé-construire ? Nos préjugés, nos habitudes, tous les dogmes qu’ont nous fout dans le crâne que ce soit croissance, compétitivité, création d’emploi (putain on a bouffé aujourd’hui avec ce con de Valls) etc. D’ailleurs comme il le disait dans un récent billet l’oncle Paul est un naïf, un idéaliste, il croit à la notion de bien commun, à l’intérêt général et certainement pense-t-il que cela justifie tous ses efforts. C’est vrai que c’est super old school comme attitude en 2014, mais de là à insinuer qu’il est largué… (Par contre le Brésil vient de se manger un quatrième but, sacré allemands ! Ils nous -biiiip- avec leur politique monétaire et leur plan d’austérité et en plus ils vont gagner la coupe du monde ! Dur ! Pardon… 5.)

    1. Avatar de Erix le Belge
      Erix le Belge

      7.. et une aumône pour le brésil.
      Paul est un intellectuel de haut niveau, qui a vu juste une fois avant tous les autres. Et qui pourrait bien voir juste une deuxième fois.
      Quand on regarde froidement les chiffres (la danse des milliards, QE, LTRO…), les tendances lourdes (la robotisation et la disparition massive du travail, les inégalités qui se creusent de plus en plus, une terre à bout de souffle avec ses ressources naturelles qui s’épuisent et la pollution qui s’étend…) quand on constate l’absence de réponse des responsables politiques, totalement dépassés…
      Eh bien on se dit que Paul met peut-être simplement des mots sur un changement inéluctable de société. Que celui-ci ne survienne pas immédiatement quand on l’a plus ou moins annoncé n’est pas important. Ce qui compte c’est l’analyse et la mise en lumière des causes sous-jacentes. Avec cet éclairage humaniste toujours le bienvenu.
      Quand, comment… ça arrivera toujours bien assez tôt.
      Qui peut lui en vouloir de suivre les événements au plus près en attendant le point de rupture ? En intervenant sur la place publique pour dénoncer les dysfonctionnements en cours ?
      Recherche de reconnaissance (même posthume ) ? Je suis sûr qu’il ne souhaite pas ce bouleversement annoncé, mais que faire quand il paraît inévitable, inscrit partout dans l’actualité ? sinon proposer des solutions (pour le bien de tous) qui ont déjà été écartées une fois (pour le bien de quelques-uns) ?
      S’il y a quelque chose qu’on ne peut pas lui reprocher c’est de tordre la réalité pour la faire entrer dans ses théories, tout est bien assez tordu naturellement;

  3. Avatar de Jean-François Gaucher
    Jean-François Gaucher

    D’une certaine manière votre commentaire est intéressant parce qu’il prend un relief particulier dans le blog de Paul Jorion. D’une autre manière il est tellement banal que c’est à peine s’il faut y prêter attention. Je suis d’un certain âge et d’un âge certain et j’ai entendu cela toute ma vie; en gros la conclusion est toujours la même « que peut-on faire ? », « pourquoi faire quelque chose ? » etc. Je me souviens de mes amis qui parlaient en ces termes le 2 mai 1968, c’est-à-dire au moment même où Mai 68 éclatait. Vous me direz peut-être : « Et après est-on plus avancé aujourd’hui ? » Je vous répondrai que oui : l’oppression du Parti communiste français stalinien de l’époque a complètement disparu (par ex. dans l’éducation nationale); beaucoup de gens ont appris à parler, à s’exprimer et parfois, certains leaders ont même appris à écouter… Autrement dit il s’en est suivi une accumulation considérable d’expériences rigolotes et positives pour l’avenir. Évidemment très vite les vieux schnocks comme Mitterrand –qui détestait le Mouvement parce qu’il ne pouvait plus manoeuvrer dans l’ombre– ont refait surface et ont repris les choses en main. En partie parce que nous avons refusé d’entrer dans leur mic-mac. Peut-être avons-nous eu tort. Aujourd’hui l’impéritie des politiques et l’incompétence des responsables de « l’économie » est telle, que non seulement ils ne savent pas que faire, mais qu’en plus, ils préfèrent ne rien faire par crainte de faire des erreurs. En sorte que de peur que tout aille à vau-l’eau (et qu’ils perdent les élections, leurs privilèges et le reste) ils développent à fond l’autoritarisme bureaucratique dans toutes les instances de l’État : écoles, universités, hôpitaux, etc.; ce qui leur permet aussi de continuer à développer les copinages et les clientélises, quand ce n’est pas des moyens purement illégaux… Par ex. depuis des années les réformes de l’Universités portent sur des « réformes de structures » aussi « innovantes » qu’aléatoires qui en définitives devraient permettre à l’État de faire des « économies » (pour qui? Pour quoi?). On ne parle plus d’enseignements et de recherches, sinon de manière purement métaphysique.
    Autrement dit le diagnostic est désormais assez clair pour tous les gens qui le subissent et en souffrent. En même temps nous savons –je me mets dans « les gens »– qu’un soulèvement que l’on pourrait taxer de révolutionnaire est inutile aussi longtemps que l’on n’est pas sûr de ne pas retomber au même endroit. Bref pour l’instant il nous manque des outils, de véritables outils critiques nous permettant de voir la réalité différemment et collectivement. Notre espérance à beaucoup de lecteurs de ce blog est que le ton, c’est-à-dire la forme des interventions, le mode d’expression de ceux qui s’y expriment augurent peu à peu d’autre chose; en particulier dans la mesure où ce que nous ne voulons pas est de plus en plus clair. Personnellement j’ai confiance que nous allons trouver ces nouvelles perspectives, ces nouveaux points de vue, ces nouveaux outils.
    Bien à vous,
    J.F. Gaucher

    1. Avatar de Noblejoué
      Noblejoué

      @ Jean-François Gaucher

       » Je me souviens de mes amis qui parlaient en ces termes le 2 mai 1968, c’est-à-dire au moment même où Mai 68 éclatait. Vous me direz peut-être : « Et après est-on plus avancé aujourd’hui ? » »

      Outre ce que vous avez dit, les mouvements dont vous parlez ont partricipé à l’émergence d’une plus liberté et égalité pour les femmes. Ce n’est pas rien, si les pauvres existent depuis le néolytique, il semble bien que les femmes soient infériorisées depuis… toujours.

      Je pense qu’il était impossible de vouloir vraiment redistribuer avant cela. Oui, comment demander ou imposer que les 1% ne dominent pas les 99% d’inconnus pour eux… quand les familles en font autant pour certains leurs proches ?
      Bon, on peut toujours l’imposer, et ça donne le totalitarisme communiste, un truc super, de quoi faire apprécier le capitalisme en comparaison. Avec toutes les théories du complot, on finira peut-être par dire que le commnunisme a été inventé pour causer une grosse déception au peuple qui in fine se tiendrait tranquille.
      Imposer 0. Proposer, démocratiser, 10.

      Le capitalisme triomphe ?
      Forcément, après la chute du totalitarisme soviétique.
      Voilà, des gens ont cru court-circuiter la démocratie, et voilà ce que ça donne.
       » Les raccourcis font de longs détours ».
      Mais le monde va mieux : plus de dictature communiste en Europe, plus de dictature capitaliste en Amérique latine et… plus d’Aparteid.

      Pas si mal, non ?
      Mais si le monde va mieux en général, il va plus mal pour l’Occident, pour nous…
      Et puis, il y a le problème écologique.

      Bref, comme diraient certains, le retour du refoulé : les évadés du zoo communiste et l’arrivée des pays émergeants qui nous concurrencent, le retour des inégalités nous ravale, et le retour de ce que nous polluons dans la guelle nous insécurise.

      Nous avons résolu une partie de l’équation mais découvrons que tout n’est pas résolu pour autant.

      Nous avons besoin de tous les talens.
      Que Paul Jorion pense ou non à sa gloire est son affaire et il a dans tous les cas droit à mon estime, comme d’ailleurs toute personne se battant pour le salut du monde.

      Ne diablolisons pas le désir de gloire, sans cela, il y aurait encore moins de gens oeuvrant pour le bien commun.
      Désir qui a quelque chose de grand comme se divertir quelque chose de paisible….

      Le seul désir illégitime est celui d’opprimer, tant qu’on gaspillera de la morale de bas étage pour autre chose, on ne convaincra pas grand monde de renoncer, je vais aller dans le pompeux, au mal.

  4. Avatar de timiota
    timiota

    Un certaine Moïse introduisit parmi 10000 ou 30000 péquins sortis d’Egypte, un truc qui allait devenir The monotheisme.
    Il y a a peu près 10000 ou 30000 « économistes » qui ont besoin d’un Moise à barbe jorionnienne pour comprendre « Tu ne spéculeras point ». C’est un pari pré-pascalien, comme auraient dit les Patriarches descendus d’Ur en Chaldée.
    Etape délicate en ce moment : la finance est un point aveugle de notre vision du monde, survit très bien à tout, etc. Alors assumons cette invisibilité. Sa déstabilisation viendra donc d’ailleurs. D’objets connectés s’auto-résautant et décidant que pour être en empathie (module empathy.net, commercialisé par Rifkin.com) avec leur usagers, il faut prêter la tondeuse des Du Barry aux Groseilles, puis carrément un bout d’avoir sur leur compte en banque (redistribution suivant un quelconque principe spatio temporel, ces bêtes là ont de belles dynamiques potentielles sous le coude; ou Parce que dans les machines, on n’aura pas su programmé un égoïsme aussi bête que le notre).
    C’est l’été au Sinaï, en somme. Et on peut s’approcher d’un endroit intéressant de la montagne, moi j’y vais.

    1. Avatar de Hervey

      Excellent dans son improbabilité même, mais j’aime ces phares qui balaient l’océan et indiquent la route aux marins en détresse.

  5. Avatar de Ariane
    Ariane

    Ce que nous aimons chez Paul Jorion et d’autres commentateurs de son blog, c’est sa critique généralement précise et bien documentée du monde de la finance, c’est aussi ses éclairages anthropologiques. Ce que nous aimons moins (ou pas du tout), c’est sa volonté de sauver le capitalisme en le reformant.
    Il me semble que malgré sa capacité à se renouveler – par exemple grâce à une reprise en main de la finance par l’Etat – le capitalisme arrivera dans le mur tôt ou tard. Les civilisations sont mortelles et le capitalisme avec sa puissance destructrice ne va pas seulement s’effondrer, il engloutira beaucoup d’innocents dans sa chute.
    La question qui se pose aujourd’hui, c’est : où est la classe révolutionnaire et de quelles valeurs, de quel projet de société est-elle porteuse?

    1. Avatar de ghost dog
      ghost dog

      Salut Ariane !
      Je voudrais pas jouer les fan de base de l’oncle Paul, juste le lisant régulièrement (blog et bouquins) et en ayant eu le plaisir de le croiser, je ne crains pas d’affirmer que Paul ne souhaite absolument pas « sauver » ou « aménager » le capitalisme. Il y a un billet sur ce blog où un extra-terrestre se fout de notre gueule à cause de notre « attachement » à la propriété. Je ne vois pas comment quelqu’un contre la notion de propriété peut être suspecté de vouloir « sauver » le capitalisme. Cela dit faire preuve de réalisme et tenter d’apporter des solutions transitoires « viables » (préférables à la contemplation morbide de l’effondrement) n’a rien à voir avec un quelconque sauvetage. Et pour finir, comment quelqu’un qui a écrit un bouquin qui établit sa conviction de « la mort » de ce système pourrait vouloir le sauver ? Il y a là comme une contradiction… indépassable ?

    2. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
      Pierre-Yves Dambrine

      Une reprise en main de la finance par l’Etat ce serait précisément le début de la fin pour le système capitaliste. C’est ce que ne comprennent pas ceux qui reprochent à Paul Jorion de viser le rétablissement d’un bon capitalisme cela alors qu’à longueurs d’analyses il en a théorisé les insurmontables contradictions, cela ajouté au fait que son destin est aussi lié à la question de la complexité et celle des limites de l’écosystème planétaire. C’est la raison pour laquelle les lobbies font tout leur possible, et jusqu’ici il y réussissent, pour saborder la moindre évolution positive. C’est leur chant du cygne.
      La gauche française –la vraie — ferait bien de s’en rendre compte et adapter son discours en conséquence. Une première victoire sur la finance en entraînerait une seconde et ainsi de suite. Car il y a une vraie attente en ce sens. Les gens sont écoeurés, mais aujourd’hui encore trop médusés qu’ils sont, ils se résignent. Mais il suffira d’un signe comme dit la chanson …

    3. Avatar de baleine
      baleine

      Nous sommes pour la plupart comme des fumeurs atteints d’un cancer des poumons incapables d’arrêter de fumer. Nous ne nous soignons pas encore en fumant, nous fumons en nous soignant. Paul se sait atteint. Il se sait ni pur, ni innocent. Pourtant il a lui déjà renoncé à la cigarette. Certains jours, quand l’aquoibonnisme le gagne avec l’écœurement, ça se voit, il a bien bien envie d’en griller une. Peut-être, une fois ou deux … Mais il résiste. Ça se lit. Paul est un renonciateur.

      Du coup, bien au fait de ce qu’il défume, comme chasseur d’illusions diseur de non évidences, il distingue nettement, entre autres, les robolutionnaires des neorobotistes pour mieux nous permettre de découvrir les petits frères robots qu’il connaît bien et tenter de les protéger de la chasse des enfumeurs. Paul, sobre, est un chasseur coeuilleur de perspectives. Peut-être pas plus mais sans aucun doute pas moins.

      Personnellement, c’est pour tout ça que je l’aime bien, Paul. En écrivant ces mots légers si lourds, je réalise à quel point je peux quand même lui déclencher une furieuse envie de …. fumer. Même pas peur.

      Merci Paul. Jorion.

    4. Avatar de Baygonvert
      Baygonvert

      Plus que d’éclairages, il s’agit plutôt du regard de l’anthropologue, cette méthode qui permet, en cherchant à décentrer notre regard, de remarquer ce qu’on n’a peut être pas beaucoup plus loin que le bout de notre nez, mais qu’on n’arrive justement pas toujours à voir: méthode donc un peu…louche !

  6. Avatar de fevil
    fevil

    La machine est lancée elle ira à son terme. Mr paul jorion inclu.

  7. Avatar de Samuel
    Samuel

    L’important est l’imaginaire (plutôt que l’extrapolation linéaire de fait « ancien », en fonction de ce que l’histoire à validé), ma génération a vue « l’inspecteur gadget » durant son enfance (et cela n’est pas de la science-fiction « hard-core », ou alors la BD « léonard est un génie » est un roman historique).
    Et dans ce dessin animé une jeune fille avait déjà un ordinateur avec toute les données dans son cartable et « skype » sur sa montre (même le chien avait le téléphone dans son collier, c’est dire).
    Le délire « today is a better way » n’a aucun sens.
    Il y avait plus de raison de croire en l’avenir il y a 20 ans.
    On est comme des lapins sur la route auquel un conducteur fait des « codes phares », dans l’espoir de nous faire bouger, alors que cela nous tétanise.
    Mais le conducteur (bien que signataire de la charte pour protéger les lapins) n’ose pas utiliser le klaxon (de peur de déranger les voisins).
    Il en résulte après quelques lapins écrasés et l’espoir d’un lapin mécanique (plus résistant);
    Certains crient à la révolution (mais au final c’est simplement: on arrête la voiture), d’autres ce lassent de ne jamais entendre le klaxon, ce qui feraient bouger pas mal de lapins.
    (l’Europe ne fonctionne pas et même ceux qui l’admettent, mais qui la souhaitent, devraient au minimum, ce servir de odd, Sapir, Lordon, etc… car cela serait un klaxon, plutôt qu’une lumière hypnotique).
    (personnellement je me lasse de ces lapins écrasés, par conséquent je me lasse de l’Europe dont les traités valident le pire, mais je ne souhaitant pas être le « maitre du monde » je préfère faire bouger les lignes… alors même ceux qui n’osent utiliser le klaxon, devrait expliqué au riverain que ça démange pas mal de conducteur, s’ils ont signés la charte de protection les lapins)

  8. Avatar de alinber

    vous posez les vraies questions sur ce que j’essaie de faire et… je ne crains pas les vraies réponses, bien au contraire.

    Parfois, je me demande si vous n’êtes pas vous-même un peu largué Probablement pas pour ce qui concerne ce qui semble être le sujet du billet « la finance », mais peut-être paradoxalement par le coté anthropologique de l’affaire…
    Êtes-vous plus en état que moi de savoir de quoi votre lendemain sera fait ? Non bien évidemment…
    Vous me semblez être un peu ce genre de bonhomme à vouloir aller plus vite que les autres et se prendre la tête plus fort que les autres. Ben oui… je ne me résigne pas a être spectateur du désastre…
    vous semblez tout de même vous acharner à une certaine forme de reconnaissance Ce qui semble bien normal car elle se confondrait avec l’adhésion aux idées défendues (la référence au Nobel c’est bien du second degré?).
    C’est à se demander pourquoi nous insistons lourdement pour le réformer L’instinc de survie…

    Il est bien évident que je propose mes réponses sans préjuger de ce que peuvent être celles de Paul que je salue ainsi que vous tous.
    Bonne nuit.

    1. Avatar de Noblejoué
      Noblejoué

      @ Alinber

      J’aime bien ce que vous avez écris, surtout :
       » C’est à se demander pourquoi nous insistons lourdement pour le réformer L’instinc de survie… »

  9. Avatar de Thomas
    Thomas

    Les révolutions ou grands changement de caps ne sont pas mis en route par des idées, ou des projets, mais par la mesure de trop et l’exaspération. Et ensuite tout va très vite.

    C’est pour ça que nous, les gentils, il faut qu’on travaille beaucoup AVANT que l’histoire n’accélère, pour maintenir au gout du jour, chez le plus grand nombre, ces vieilleries du bien commun et du respect de l’homme. Ca n’est pas rien….

    Parce que pendant ce temps, les stratèges du choc et les chasseurs de bouc émissaire communiquent aussi…

  10. Avatar de Loniste
    Loniste

    Je suis parfaitement d’accord avec Ariane. Oui à la pensée de Paul Jorion quand il critique le système en place. Cependant, on restera sur notre faim avec lui pour trouver des solutions en profondeur. J’en veux pour preuve son admiration pour J. M. Keynes, qui, au mieux, n’a été qu’un critique plutôt « mou » du capitalisme, voire un admirateur de la capacité de ce système à produire et à « faire travailler les gens », se refusant à se joindre aux courants de pensée plus radicaux. Après tout, il était un grand « Don » de Cambridge, un spéculateur à succès et le directeur de la Bank of England… Quel révolutionnaire!!

    Ce qu’on appelle « la lutte des classes », c’est en fait ce qui se produit quand 1% de la population détient la majeure partie des richesses et du pouvoir, alors que le reste des gens subissent le bon vouloir et la volonté de cette classe. On voit ce phénomène partout depuis l’avènement de la civilisation. Ce phénomène s’arrêtera le jour où le 99% en prendra pleinement conscience et demandera lui-même un changement.

    Cela est possible, et non pas « une fable qui tourne au cauchemar » comme certains prétendument « réalistes » veulent nous le faire croire… Il faut faire de la pédagogie, défendre des solutions (et elles existent déjà), sortir du système (écovillages, coops, économies locales, banques sociales, etc.). La lutte des classes n’est pas le moteur de l’Histoire, c’est seulement le moteur de tous les systèmes sociaux qui opposent une minorité à la majorité, qui opposent les uns aux autres, qui soutiennent que certains sont faits pour servir et d’autres, pour régner.

    La classe révolutionnaire? Elle est ici, elle est partout où les gens réfléchissent et commencent à douter du mode de vie que nos élites veulent nous voir continuer à avoir pour protéger leurs acquis. Notre travail est de planter la graine qui fera germer la révolution. Et ça commence dans les esprits.

  11. Avatar de zebulon
    zebulon

    il faut remercier paul de montrer le chemin pour changer le système
    car en général tout est fait pour que les choses restent telles qu’elles le paraissent

    et si vous ne souhaitez pas participer bien que votre agenda soit vierge, tant pis,
    un autre se lèvera à votre place parce qu’il n’aura pas le choix.

    dans toute assemblée, le fait de dire les chose telles qu’elles le sont, gène considérablement
    ceux qui profitent en toute impunité du système

    ne croyez pas que c’est spontanément que le déballage en cours en france sur le financement des partis, les collusions d’intérêts se déroulent.

    ceux qui sont assis dans l’arbre sont en train de s’apercevoir que la taille en cours ne concernent pas seulement les branches…
    mais chut …

  12. Avatar de Franck

    Ce message d’Eric me semble interpeller Paul sur les finalités de son action.

    S’agit-il de vendre des livres? De rechercher la notoriété? Voire le prix Nobel?

    S’agit-il de garder le lien avec le réel? Notamment avec ceux qui n’ont rien à faire de leur journée? Il est facile d’imaginer le profond sentiment d’inutilité de ceux, plus jeunes ou plus âgés, qui ont eu ou qui voudraient avoir des responsabilités et auxquels la société laisse penser qu’ils ne servent plus à rien…

    Paul a bien du mérite de trouver l’énergie de nous aider par ses livres, ce blog et toutes les réunions auxquels il participe. Pouvons-nous lui demander, pouvons-nous nous demander d’aller plus loin? Est-il possible de réunir les bonnes volontés de tous les François Leclerc, de tous les Eric Gaillot pour créer un véritable programme économique susceptible d’évoluer en un vrai programme politique? Est-il possible de prolonger plus encore le monde de la réflexion, d’aller au-delà de la critique qui est toujours facile, pour aller plus profondément vers celui d’une action, qui serait, et ce serait exceptionnel, en France comme au-delà de ce pays, honnête, sincère et réaliste?

    Quand nous constatons la pauvreté des apports intellectuels et le faiblesse des résultats électoraux de certains, quel est le risque de créer un parti politique et d’aller au bout de la démarche? La crainte du ridicule ou de l’échec? Nous n’en sommes plus là, me semble-t-il.

  13. Avatar de videris
    videris

    Notre possibilité non de transformer mais de « résister » à un système qui semble aussi inévitable que la loi de la gravitation universelle, ne passe-t-elle pas par notre acte individuel d’achat ? Si nous sommes nombreux à réduire au maximum notre consommation de tout ce qui n’est pas indispensable, ou si nous nous mettons à soigner notre alimentation et notre santé, nous pouvons « voter » plusieurs fois par jour contre ce système. Finalement le système ne tient que grâce à un comportement moutonnier de notre part à tous.

  14. Avatar de Mesnet

    Bonjour,
    je vais y aller moi aussi de mon petit couplet, puisque vous ouvrez si gentiment la porte.
    Il paraît que je pratique l’humour caustique, alors forcément, j’aime le ton de ce billet.
    J’aime vous lire, Mr Jorion, car au-delà de vos compétences en ce domaine vous êtes un humain qui vous posez des questions d’ordre existentielles.
    Pour tout dire, je vous ressens comme un économiste spirituel, un humain qui décompartimente les savoirs et qui s’interroge en profondeur sur notre devenir en ce monde.
    J’évoque ici la conscience en éveil, pas la religion.
    Pour ma part, je ne me pose plus de questions, puisque je sais ce que je suis.
    La politique et l’économie ne m’intéressent plus en tant que tel mais sont des marqueurs à vif de ce qui s’effondre en ce cycle….et de ce qui renait sous une autre forme.
    Ces marqueurs sont souvent clairement affichés au sein de votre blog.
    Je vous remercie pour votre travail.
    Je ne sais si vous recherchez la gloire en ce monde, vous aurez au moins la reconnaissance de beaucoup.
    Bonne journée à vous.

  15. Avatar de Paul Jorion

    Quiconque sait déjà exactement ce qu’il y aura dans mon bouquin sur Keynes a une bonne longueur d’avance sur moi !

    Vous m’avez vu commencer à l’écrire l’été dernier, et je continue, en écrivant des chapitres entiers sur des choses que je n’ai pas encore abordées ou en revenant par petites touches sur des sujets déjà abordés.

    Ce que j’écrirai dans la conclusion, je n’en ai pas encore une idée très claire. Une chose que je mettrai sûrement, c’est ceci :

    « Keynes réformiste ou révolutionnaire ? Keynes a été réformiste parce qu’il y a eu des réformes à partir de ses propositions. Keynes n’a pas été révolutionnaire parce qu’il n’y a pas eu de révolution à partir de ses propositions. Il faut comprendre son temps mais on perd son temps personnel à aller à l’encontre de son temps. Pour comprendre son temps, il faut le tâter, et proposer des réformes, c’est une façon de le tâter.

    Keynes disait que si on veut comprendre comment ça marche, Silvio Gesell était un meilleur point de départ que Marx. Si on veut comprendre comment ça marche aujourd’hui, Keynes est un bon point de départ ».

    1. Avatar de Guy Leboutte

      Une question que je me pose à propos de ce livre que vous écrivez, c’est de savoir si vous aborderez ce point: quelle place la spéculation a-t-elle pris dans la vie de Keynes, concrètement et au quotidien?
      Je crois savoir qu’il s’est enrichi en bourse. C’était mentionné, sans plus, quoique comme une preuve supplémentaire de son talent, dans ses biographies du temps de mes études. (Avant celle de Skidelsky.)

      1. Avatar de Paul Jorion

        J’en parlerai bien entendu dans le livre. J’effleure déjà le sujet dans Comprendre l’économie autrement, avec Bruno Colmant, à paraître en septembre. Je mettrai ce passage en ligne tout à l’heure.

  16. Avatar de timiota
    timiota

    Une des rares bonnes nouvelles pour les 99% est le succès du bouquin de PIketty aux US et UK.
    On prend les paris que sa solution (raboter les riches par un impôt sur la fortune) ne sera PAS le chemin suivi, chemin qui pourtant, comme Piketty le suggère pourrait grandement allonger l’agonie du capitalisme .
    La dynamique effectivement suivie sera autre, malgré cette « bonne » nouvelle du Pikettyisme en marche (dans les principautés intellectuelles des cotes US qui lisent encore des livres papiers. Je voudrais bien voir les ventes dans l’Iowa et le Dakota).

    1. Avatar de Guy Leboutte

      Le succès du livre de Piketty est un signal ambigu pour qui s’intéresse au dépassement du capitalisme.
      Le bon côté, c’est qu’une certaine vérité factuelle s’impose et avance grâce à Piketty. La pensée commune intègre de plus en plus une critique (qui pourrait s’avérer) assez dévastatrice du capitalisme. (Un exemple anecdotique: le film Duo d’escrocs qui vient de sortir, une comédie à l’humour anglais de bon ton, prend comme toile de fond le fait que détruire des entreprises en les liquidant et en ruinant tous ses collaborateurs est une activité qui peut être totalement légale… Certaines choses commencent donc à se savoir dans des cercles assez larges.)
      Le côté moins positif, c’est que les préconisations de l’auteur lui-même sont comme vous le dites de nature à sauver ou prolonger le capitalisme. (Qu’on les applique, c’est effectivement une autre question.)

  17. Avatar de AncestraL

    Je vais faire un premier commentaire.

    C’est vrai, ce système monstrueux et écrasant, dominé par ses architectes oligarques, ploutocrates, avec leurs marionnettes politiciennes, façonnent l’univers dans lequel ils nous laissent une place minime – celle de pion, de rouage (au mieux).

    Mais c’est justement pour cela qu’il faut combattre.
    Sinon, ce n’est pas un « signe de bonne santé mentale que d’être adapté à cette société malade » comme a dit Krishnamurti. Vous l’êtes Eric Gaillot. Très adapté et très malade.

    Ensuite, comme le Bouddha l’a dit « les maîtres montrent le chemin, c’est à vous de le parcourir ».

    Nous avons le devoir, l’obligation de changer le monde pour que nos enfants y vivent bien et nous fassent pas un jour le reproche de ne pas avoir bougé le petit doigt pour eux. Pour notre propre estime aussi.
    La vie est courte, elle est éphémère et l’on se décrépite vite. certains mentalement plus vite que physiquement. Elle a de ce fait très peu et énormément d’importance. Le champ d’action est vaste mais très court. Alors, profitez-en à bon escient. Prenez des risques. Prenez le risque de vivre.

    Merci à Paul d’avoir ouvert les commentaires !

  18. Avatar de AncestraL

    Je suis contre les réformes (car cela veut dire accepter le système en partie et ne vouloir lui changer que ce qui nous déplait) mais pour l’insurrection.

    1. Avatar de quedepieds
      quedepieds

      il est clair que l’insurrection est la solution, elle a toujours donné de bons résultats, et aussitôt le monde s’est trouvé des leaders humanistes qui ont reconstruit,des sociétés justes et apaisées,…les exemples foisonnent !!!!!

      1. Avatar de AncestraL

        Parce que vous croyez que la « démocratie » actuelle en est une ? Et que les classes dirigeantes ne l’ont pas gagné par des morts plus ou moins silencieuses, acceptées par les peuples/serviteurs ?
        Le jour où vous trouverez une solution non violente, pacifiste et que même les élites acceptent, sonnez-vous svp !

  19. Avatar de Bese
    Bese

    Pour penser à quelque chose d’utile, je propose à Éric Gaillot de s’occuper de la modération des commentaires. Ils manquent.

    Il est vain de penser que la victoire sur le capitalisme suivra une grande bataille. Occupons-nous déjà de continuer à gagner des petites batailles (l’AMI, ACTA et autres ont déjà été vaincu). En ce moment il y a TAFTA pour ceux qui s’ennuient.

  20. Avatar de ThomBilabong
    ThomBilabong

    En dehors de déchainements de violences physiques ou morales, de massacres et de propagandes, les révolutions apportent peu de changements sur les fondamentaux qui sous-tendent les sociétés qui les accueillent.

    Il en a été ainsi de la sacro-sainte « propriété privée » brandie à la Révolution Française, et traduite (mal) dans la Constitution. Celle-ci est juste devenue officiellement « un droit » pour tous – le Peuple – tandis qu’elle était de fait un droit pour quelques uns – les Aristocrates et les différents Privilégiés. Son principe n’a donc pas été supprimé – au contraire – mais juste élargi, en théorie à tous. Ce faisant, la concentration de richesse qui la sous-tend, elle, n’a même pas été abordée dans la Constitution. Ce faisant, ce droit à la propriété pour tous devenait encore une fois un droit pour quelques uns – des « Nouveaux Aristocrates » (de l’argent). La Terreur et le chaos qui amenèrent Napoléon occultèrent bien vite ces aspects de la vie en commun.

    Savoir et bien comprendre – et diffuser et partager largement – comment les choses fonctionnent, pour en dégager l’objectif « idéal » (et pas forcément atteignable), c’est pouvoir identifier les différentes étapes qui permettent d’aller vers cet idéal. Ca c’est la théorie du plus souhaitable. C’est rassurant intellectuellement.

    Ne pas savoir, ne pas comprendre, c’est aller vers des déchaînements de violences non maîtrisables. C’est sans doute la (modeste) tentative de la raison que de tenter de l’éviter. C’est hélas très souvent la réponse aux besoins de réformes qui faute d’être apaisées ou calmes, en deviennent radicales.

    L’humain compte peu dans tout ça. C’est la variable d’ajustement. La Nature, elle, nous l’a montrée plusieurs fois par le passé, peut également ajuster violemment son besoin de réformes (climat, pollution, etc.). Au final, si l’homme n’y va pas par petites étapes de réformes, c’est surtout la Nature qui fera ses réformes – avec ou sans l’homme. Keynes avait donc raison de vouloir y aller par petites étapes « apaisantes », du moins humainement.

    1. Avatar de peg
      peg

      O Menaces ! O Ciel !
      La raison (des sachants) trouve ainsi toujours une raison commune pour continuer … pour le bien de ceux qui vont bien. Amen.

  21. Avatar de Pseudo Cyclique
    Pseudo Cyclique

    Pour la majorité le sytème convient soit parcequ’ils ne peuvent pas en changer ou parceque de toutes façons ils ne veulent pas :
    l’humanité n’a pas à être sauvée malgré elle .
    souvent les traités et les lois sont là pour entériner un état de fait prééxistant ,,cela ne fait qu’officialiser des pratiques déjà présentes chez les transnationales et les rouages profonds des états :
    TAFTA,TISA etc ne sont qu’un formalisme particulier juste mis en lumiere pour amuser la galerie « les citoyens ,la république » .
    dans un siécle il n’y aura plus de dollars ou d’euros , il y aura peut etre des droits de tirages spéciaux ,de l’eurouble , du rallod du yehehuan* .. et alors ?
    ce sera toujours le même merdier parceque l’on ne sait se passer d’un objet pour modéliser et signifier les transactions ,le commerce , parceque la spéculation et l’accumulation font partie intégrante du fonctionnement humain.
    *emprunté du cyberpunk marque de cigarettes dans les romans de W Gibson , je trouve que ça fait un beau mot valise : contraction du yen et du yuan.

    1. Avatar de Pierre-Yves Dambrine
      Pierre-Yves Dambrine

      Non, toutes ces lois ne sortent pas de la cuisse de Jupiter.

      C’est de l’accumulation de toutes ces lois que provient hic et nunc l’ordre existant.
      L’état de fait préexistant comme vous dites, résulte d’une construction sociale bâtie pierre par pierre, il ne tient donc qu’à nous citoyens de la défaire quand elle devient notre prison.
      Les lois sont le socle du dispositif qui permet le maintien de l’ordre établi et elles expriment ni plus non moins l’état des rapports de force du moment.
      C’est pourquoi ceux qui tiennent tant à l’ordre existant ne tolèrent pas que l’on touche à la moindre pierre de la forteresse qui nous enferme. Il ne tient donc qu’à nous de commencer par le commencement, en nous attaquant partout où cela nous est possible aux lois qui nous entravent.
      Il y a donc un travail d’érosion à faire ce qui n’empêche pas qu’il existe des lois plus fondamentales que d’autres, pour la perpétuation du système.

      D’où l’idée chère à Paul qu’il y a quelques mesures d’urgence à prendre si l’on veut non pas réformer le système (mais bien préparer son après). Ce sont, notamment l’interdiction de la spéculation, la fin des cotations boursières en continu, le défaut sur la dette européenne. Bref tout un ensemble de mesures qui permettent de nous donner de nouvelles marges de manoeuvres et de nous délivrer du court terme qui nous maintient dans le système comme des otages. Pour l’instant l’ordre se maintient par la peur du lendemain qu’inspire le dispositif de la prison. Quelques barreaux en moins dans nos cellules, et c’est une toute autre histoire qui commence.

  22. Avatar de abraxas
    abraxas

    Bravo, excellent. Comme c’est rafraîchissant. Il existe donc encore des gens qui ne sont pas obnubilés par l’épaisseur de leur compte en banque.

    Je me retrouve bien dans ce billet: j’adore ne rien faire. Je suis capable de consacrer des heures à rêvasser, bayer aux corneilles et même lire (des ouvrages ou articles subversifs de préférence, tel ce blog) . Bref, me livrer à de coupables activités aussi futiles qu’improductives. Cela va finir par me valoir un aller simple pour le goulag néolibéral, je le sens!

    Pour ce qui est de la finance, chercher à la réformer n’a guère de sens: on ne connait pas de pouvoir, quel qu’en soit la nature, qui se réforme spontanément. Il en faut un bien plus considérable pour l’y contraindre après une épreuve de force plus ou moins longue. La question pour jeu télévisé du samedi soir est donc: existe-t-il un pouvoir plus considérable que la finance sur la planète. La réponse est non, bien sûr.

    Il adviendra de la finance ce qu’il est advenu des autres pouvoirs trop considérables qui l’on précédé dans l’histoire: à force de se croire invincibles et immortels parce que sans opposition, ils finiront par s’effondrer sous le poids de leurs propres excès et contradictions.

    L’empire d’Alexandre, l’empire romain, l’empire napoléonien, l’URSS, qui se sont crus irrésistibles, invincibles et immortels ont ainsi succombé, vaincus par eux-mêmes et par le temps qui passe, les circonstances qui changent. L’empire américain est lui même en voie de décomposition très (très) avancée.

    Il ne nous reste donc que la patience. L’avantage, c’est qu’elle ne déçoit jamais. L’inconvénient, c’est que ça peut-être long…

  23. Avatar de AncestraL

    « Il est déjà trop tard » : l’espèce humaine devrait s’éteindre ce siècle

    Source : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2447_extinction_espece_humaine.php

    1. Avatar de Samuel
      Samuel

      La mort, c’est soit une approche profonde, soit une démotivation collective.

  24. Avatar de BasicRabbit
    BasicRabbit

    Je ne peux résister à l’ouverture des commentaires sans reprendre mon prosélytisme pour l’oeuvre du philosophe mathématicien René Thom.

    La crise actuelle n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Nous avons donc devant nous l’effondrement probable de notre civilisation occidentale et le problème de l’émergence de celle qui lui succédera. Pour moi l’un des grands mérites de Paul Jorion a été de prendre le problème à la racine (la conception occidentale de la vérité et de la réalité).

    Pour Thom les situations dynamiques qui régissent l’évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’évolution de l’homme et des sociétés. Selon lui les apories fondatrices des deux disciplines sont d’ailleurs quasi-identiques; pour la biologie c’est expliquer la stabilité de la forme spatiale des êtres vivants et ce, en dépit du « turn over » constant des molécules qui les constituent; pour la sociologie c’est expliquer l’opposition entre la permanence de la société -en particulier la structure du pouvoir- et la fluence continue des individus. Par ce biais apparaît une analogie sémantiquement acceptable (si l’on accepte, ce qui est mon cas, la théorie thomienne) entre les dogmes « main stream » en cours, à savoir le néo-darwinisme de la barrière de Weisman en biologie et la main invisible du marché en économie (ainsi que l’analogie germen/élite sociale).

    Dans un premier temps (en gros de 1965 à 1975) Thom produit des modèles (biologie, sociologie, linguistique, sémiologie, éthologie/psychologie) issus de la seule théorie des catastrophes, théorie hors substrat et atemporelle, platonicienne. Progressivement à partir de 1975 Thom tente une synthèse entre Platon et Aristote (selon la lecture qu’il fait de l’oeuvre de ce dernier, qui n’est pas celle qu’en fait Paul Jorion) en se penchant sur le problème des causes finales et ses liens avec la théorie platonicienne des catastrophes (Esquisse d’une sémiophysique, 1988), prenant dès lors une position lamarckienne résolument opposée à la position néo-darwinienne.

    Dans « Le mathématicien et sa magie: théorème de Gödel et anthropologie des savoirs », Paul Jorion oppose les mathématiques « réalistes », platoniciennes, et les mathématiques « constructivistes », « anti-réalistes », et se range nettement du côté des secondes alors qu’il ne semble pas refuser la théorie des catastrophes (cf. par exemple Principes des systèmes intelligents). Je suis tombé récemment sur un « cours » de vulgarisation mathématique par le mathématicien Yves André « Leçons de mathématiques à l’IRCAM », disponible sur le net. J’y ai découvert (chapitre 5) le rapport mathématique précis, pour moi inattendu, entre les catastrophes thomiennes et les solides platoniciens.

    La théorie des catastrophes est intimement liée à la théorie des ensembles stratifiées, stratifications qui se lisent sur les solides platoniciens (intérieur, faces, arêtes, sommets).
    Pour moi la tare profonde (et le drame) de la mondialisation actuelle est qu’elle est déstratifiante. Pour faire une analogie sociologie/biologie, la mondialisation actuelle, en abolissant les frontières de toutes sortes, est en train d’écorcher vives les sociétés, comme on écorche vif un animal. Je suis convaincu que ce ne sera pas sans conséquences.

  25. Avatar de mollo
    mollo

    Je passais par là, en fait je tourne beaucoup en rond depuis quelque temps et c’est rassurant de retomber toujours sur le Blog de Paul Jorion.

    Merci pour l’ouverture des commentaires, avant, à chaque fois où je passais il n’y avait jamais personne.

    1. Avatar de abraxas
      abraxas

      Eh bien restez un peu. Et n’hésitez pas à revenir!

  26. Avatar de Même pas mal !
    Même pas mal !

    L’intervention d’Eric Gaillot me semble pouvoir se rapporter à l’éternelle question de savoir à quoi peut bien servir de pisser dans dans un violon (Il se trouve que ce système est plus fort que nous…).
    ..Certes, mais puisque de toute manière il faut bien pisser…bloguer dans un violon qui résonne fort, pourquoi pas ? Bloguez, bloguez, il en restera toujours quelque chose !
    Même si c’est à l’ombre d’un vieux platane en sirotant un petit rosé bien frais, le spectacle d’un monde qui s’effondre a quelque chose de fascinant et d’effrayant, un peu comme quand on regarde les étoiles la nuit. Mais qui peut bien imaginer avoir le moindre rôle à jouer là-dedans ?

  27. Avatar de Piotr
    Piotr

    C’est l’été, M.Jorion nous offre une plage ,une belle plage de commentaires.
    No comments,c’est bien triste,fini les empoignades, les envolées lyriques, les trolls. C’est un mauvais coup porté au café du commerce,et dieu sait que le commerce souffre ces temps derniers.

  28. Avatar de alinber

    Peut-être que le problème est que nous vivons dans un monde de shadoks ou chacun pompe à son niveau.
    Les pompeurs de fric étant actuellement les plus en vue, les autres pompeurs s’inquiètant de voir ce qu’ils considèrent comme une ressource indispensable s’amenuiser.
    D’autres s’essaient à pomper les électeurs et y parviennent sous une forme ou sous une autre.
    D’autres encore pompent toutes sortes d’information…
    Bref chacun pompe pour satisfaire son bien-être à court terme, peu importe la pompe et l’objet du pompage, surtout ne pas se distinguer tout le monde pompe alors pompons…
    Quand il se trouve un shadok imparfaitement lobotomisé pour dire mais c’est fou il faut arrêter de pomper comme ça sinon personne n’aura plus rien à pomper…
    Alors les shadoks pompeurs d’air s’activent…mais ça ne sert à rien de se poser des questions existentielles ….POMPEZ!!!
    Il faut dire que le problème du shadok c’esr sa durée de vie….et sa quête de la sérénité.
    Après moi le désastre…

  29. Avatar de zebulon
    zebulon

    la réforme de la finance est déjà en cours, mais peut être pas inspirée par keynes
    l’amende de bnp est le coté face de l’affaire,le coté pile ce sont les contreparties exigées
    par le fbi ( cf le canard du 9/7/14 : les banquiers pointent au fbi) et un petit complément
    sur les adhérents TAFTA et leurs engagements.

    D’où les slogans des banques modernes :
    , » La banque à qui parler »,
    « Faire grandir la confiance »
    « Si on en parlait »
    « Vous n’êtes plus à l’abri »

    Ben en fait j’ai plus trop besoin d’en parler, et puis avec la lumière dans les yeux , je le sens pas trop…

  30. Avatar de Robin Denis
    Robin Denis

    La vie des être humains au regard de l’univers est riiiii/diii/cuuu/leee/meeent courte
    Ma grand-mère qui est morte à 105 ans disait à sa petite fille, ma femme, le jour de ses 100 ans :
    « 100 ans ma petite fille on nait et puifff on a cent ans ! »
    Je lisais hier une réflexion de Bouddha qui reprend ce que disait la grand-mère :
    « Cette existence est aussi éphémère qu’un nuage d’automne.
    Assister à la naissance et à la mort des êtres est comme regarder les mouvements d’une danse.
    Une vie est un éclair dans le ciel, elle court comme le torrent dévale une montagne escarpée. »

    Nous nous arrêtons un instant pour nous rencontrer, nous regarder, nous aimer et partager.
    C’est une parenthèse dans l’éternité. Si nous le partageons avec attention, amour et bienveillance, le cœur lumineux, nous créerons l’abondance et la joie les uns pour les autres.
    Alors ce moment aura été digne d’être vécu.
    Je ne suis pas économiste et je n’arrive pas à comprendre tout ce qui s’écrit sur ce blog.
    Et pourtant j’y suis depuis longtemps, tous les jours et à lire (même sans les comprendre) toutes les contributions.
    Je remercie d’où je suis Mr Jorion et Leclerc et tous les autres contributeurs invités d’être là et de nous faire partager leurs réflexions.
    Cela me sert à penser pour moi-même et par moi-même ce qui est un luxe actuellement. N’ayant pas la télévision j’ai sans doute plus de temps pour ce faire.
    En écoutant dernièrement une rencontre pour philosophie magasine entre Michel Serres er Bernard Stiegler, ils disaient que les média la technologie soit on est conduit soit on conduit.
    La télévision nous conduit en tant qu’être passif qui donnons un temps de cerveau disponible à certains. Le web et particulièrement le blog de Paul Jorion nous permet de conduire (encore et jusqu’à quand) et d’être en avant, comme je le suis en ce moment penché sur mon ordinateur pour écrire ce commentaire.
    Donc merci à Paul et qu’il continue.
    Amitiés à tous.
    Denis

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