BNP Paribas : AU CAFÉ DU COMMERCE CET APRÈS-MIDI

–          Moi, Monsieur, la finance est véritablement mon ennemie : je ne suis pas du genre, comme certains, à retourner ma veste sur ce point-là !

–          Ah ! Je suis content de vous l’entendre dire !

–          Ceci dit, cela ne m’empêche pas d’observer que les Américains ont eu la main bien lourde… bien plus lourde que s’il s’était agi d’une de leurs banques à eux !

–          Vous êtes sûr ? Je me suis laissé dire que l’amende, aussi élevée soit-elle, aurait pu être beaucoup plus importante encore : selon le barème en fait, d’un montant deux fois plus élevé ! Et puis d’autres banques sont visées, pas nécessairement françaises.

–          Vous plaisantez ! Les avez-vous vus s’en prendre à des dirigeants de banques quand il s’agit des leurs ? Jamais !

–          Peut-être, mais les faits dans cette affaire-ci sont beaucoup plus graves : non seulement les identités des opérations financières avec le pays sur lequel existait un embargo étaient délibérément falsifiées mais la banque a monté de toutes pièces de petites banques « satellites », dont le seul objectif était de brouiller les pistes quand il s’agissait de traiter avec ce pays-là.

–          Tout ça, pour la finance – qui est mon ennemie, j’insiste – croyez-moi, c’est bizness as usual, comme on dit là-bas !

–          Oui mais le but de cet embargo financier n’était pas futile : il s’agissait de faire pression sur un pays où se commettait un génocide pendant ce temps-là !

–          « Génocide », « génocide », tout de suite les grands mots ! Vous voulez savoir ce que j’en pense vraiment ?

–          Oui, dites-moi !

–          Eh bien, je pense qu’il y a « génocide » et « génocide », et moi qui connais bien mes compatriotes, je peux vous assurer qu’au contraire de certains – suivez mon regard – jamais ils ne se retrouveraient à favoriser un génocide qui ne serait pas, disons, un génocide entre guillemets. Vous voyez ce que je veux dire ?

–          Je ne suis pas tout à fait rassuré par ce que vous me dites là, mais vos propos sont empreints d’un très grand bon sens, je dois bien le reconnaître !

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