Billet invité. Comme le sujet peut intéresser les techniciens, les commentaires sont ouverts : ce billet prend le relais de celui de Timiota qui avait ouvert la discussion. Tout commentaire sans rapport avec le stockage énergétique aura cependant la tête (impitoyablement) coupée !
Je relisais les commentaires au billet de Timiota et je me disais qu’on est toujours dans une forme de déni : on fait confiance à notre ingéniosité, on a tendance à penser qu’il suffirait de s’y atteler pour remettre notre monde sur des rails.
Effectivement, si on examine un problème en particulier, si grave soit-il, on arrive toujours à imaginer une solution, même bancale, même temporaire, mais une solution !
Et on oublie de prendre en compte – au moins – deux paramètres cruciaux pour le fonctionnement de nos sociétés telles que nous les avons organisées :
– la source originelle d’énergie, sans quoi rien n’est possible : le pétrole. Sa pensée est tellement imprégnée dans tous les aspects de nos vies que nous le considérons comme acquis, inconsciemment. Combien de litres de pétrole ont dû être utilisés pour chaque éolienne raccordée ? (ne serait-ce que pour extraire et transformer les tonnes de néodyme [terre rare] indispensables à son fonctionnement). Même les énergies dites renouvelables ne sont qu’une extension de notre pétro-système. Le nucléaire aussi, dans une large mesure.
Notons aussi que l’électricité n’est pas une énergie primaire ; sa production nécessite des convertisseurs, pour reprendre le terme de Yves Cochet.
C’est comme si on planifiait de longs voyages en voiture sans penser une seconde au ravitaillement en carburant ; le réservoir doit se remplir tout seul, « je sais pas, j’ai jamais regardé… »
– la nécessité de maintenir la cohérence de l’ensemble de notre supply-chain globale, maintenir les flux matériels et financiers, sous peine d’effondrement. Pour reprendre l’exemple de l’éolienne, il faut considérer que le caractère intermittent de sa fourniture d’électricité doit être compensé par des batteries ou autre système onéreux, que le réseau électrique lui-même doit s’y adapter (à grands frais ; les Allemands ont de gros problèmes avec leurs 13% de « renouvelables »), que le retour sur investissement est bien plus long que dans d’autres secteurs (d’où les nécessaires subventions) et que l’État doit adapter sa fiscalité pour ne pas perdre de recettes. J’ai dû en oublier, mais même avec ça, je doute sérieusement de la viabilité du système ; on a dû tabler sur les améliorations technologiques et les économies d’échelle ; ça me paraît bien maigre.
Pendant qu’on discute, la consommation d’énergie fossile continue d’augmenter.
Comme le pétrole est à la peine, c’est le charbon qui s’y colle (noter sa nette accélération en 2001, date d’entrée de la Chine dans l’OMC ; pas très clair sur le graphique, mais vérifié).
Et comme on arrive au bout des réserves d’anthracite, on tape de plus en plus dans les réserves de lignite, beaucoup plus polluant et moins énergétique…
Et après ?
On installe 5000 centrales nucléaires d’un claquement de doigts, ou bien on mise tout sur notre pipi ? Encore faudrait-il qu’il nous reste un peu d’eau potable !
En parallèle les banques centrales s’installent pour de bon à la table du grand casino et entérinent la « death-cross » illustrant le billet ; celle qui confirme, s’il en était encore besoin, que la finance spéculative est totalement déconnectée de la réalité.
Merveille de la pensée magique, nous imaginons pouvoir nous soustraire aux lois de la physique ; telle est notre arrogance suprême.
293 réponses à “Rendement énergétique : nous sommes dans le déni !, par Stéphane Feunteun”
Efficacité énergétique 2030 : Une coalition d’ONG, syndicats et entreprises réclament un objectif contraignant d’au moins 40%
http://www.actu-environnement.com/ae/news/objectif-efficacite-energetique-lettre-Francois-Hollande-22035.php4#xtor=ES-6
Les treize signataires indiquent que « la France n’a pas pris position au niveau européen en faveur d’un objectif d’efficacité énergétique 2030 contraignant alors même que sept Etats-membres viennent de le faire. »
Hélène,
ils s’imaginent (ou veulent nous faire croire) qu’ils peuvent dé-coupler le PIB de la consommation d’énergie, ce qui est parfaitement illusoire.
Au mieux nous parviendrons à externaliser quelques parties salissantes de notre économie, en d’autres termes délocaliser toujours plus d’emplois industriels, ce qui nous permettra de rendre une copie plus présentable, mais ne résoudra en rien notre problème global (bien au contraire, même).
Le moteur de nos économies est le pouvoir d’achat des classes moyennes ; nous continuons consciencieusement à le mettre en pièces.
Déploiement des smart grids : les 41 recommandations de la CRE
http://www.actu-environnement.com/ae/news/deploiement-smart-grids-recommandations-cre-22036.php4
Avant le 1/11/2014, une feuille de route de mise en oeuvre des recommandations comprendra « un calendrier incluant les études techniques et économiques à mener pour évaluer les coûts et les bénéfices de ces évolutions pour la collectivité, les jalons de mise en oeuvre et les points d’avancement avec la CRE envisagés ».
Bonjour,
Quelqu’un parlait du stockage sous forme d’air comprimé, je viens de voir ceci qui paraît sérieux et intéressant pour stocker l’énergie éolienne issue des parcs éoliens en mer:
http://www.thin-red-line.com/press-release-05-03-11.html
Merci, très très intéressant, et joli en plus.
@ Philosespiritam
» D’ailleurs jamais dans l’humanité les consciences n’ont été aussi éveillé qu’aujourd’hui. »
C’est vrai.
Conscience du mécanisme mimétique et du bouc émissaire, conscience de la pollution, conscience des progrès possibles.
Malheureusement, sous prétexte que nous n’avons pas encore de solutions, trop de gens croient que les autres ne voient pas les problèmes.
Ce n’est pas vrai.
Personne n’est entièrement aveugle ou lucide, c’est un continuum.
Le passé n’est pas à idéalliser mais nous devons tout à nos ancêtres qui ont fait de leurs mieux comme à nos enfants ou nos neveux de faire du nôtre.
La vie intérrieure, la science, le désinterressement, tout prend du temps à apprendre, pour les peuples comme pour les hommes.
Nous sommes de plus en plus éveillé.
J’espère que nous le seront assez.
@ Noblejoué,
je ne suis pas convaincu que nous soyons plus éveillés, tout au moins pas l’ensemble d’entre nous.
La disponibilité des informations nous facilite l’acquisition de savoir, mais d’un autre côté son flux incessant (le « canon à dépêches ») produit un brouillard dans lequel il est difficile de trouver du sens, d’autant plus que la désinformation y tient une bonne place.
Mais ce n’est pas cela que je voulais vous dire ; je voulais m’excuser de ne pas vous avoir répondu directement sur l’agriculture, et vous remercier d’avoir apporté cette question importante -ô combien- à la discussion.
@ Stéphane Feunteun
Si, nous sommes plus éveillés.
Pour les boucs émissaires… Tout le monde, aujourd’hui, joue à être victime pour défendre ses idées et/ou intérêt. Ce n’est que le défaut de la qualité d’être capable de voir le mécanisme du bouc émissaire. De même la tendance à réduire à politique à l’humanitaire.
Mëme les antisémites comprennent le mécanisme du bouc émissaire, soit qu’ils nient le génocide qu’ils ont subi, soit qu’ils disent qu’on ne parle que de cela, entrant mais il faut avouer qu’ils ne sont pas les seuls, dans la concurrence des victimes.
Pollution, de même qu’il y a des négationnistes de la shoa, il y a des climatoseptiques. Très minoritaires. Qui met en doute que nous assistions à une extinction massive d’espèces ? Personne.
Ce serait trop long de parler des progrès possilbles… Mais bref, il y a plus grande lucidité.
Et puis… Il faut se rappeler d’où on part !
Comme l’explique René Girard, on imite le désir de l’autre et on se réconcile sur des victimes. Depuis toujours. L’expression bouc émissaire n’existe pas dans la plupart des civilisations tant le mécanisme est inconscient.
Voilà d’où on part. Je ne dis pas qu’on soit bien haut mais quand on part du plancher des vaches, il n’est pas facile d’escalader l’Evrest.
De même l’écologie. On divinisait la nature, puis Descartes vint et on devint comme maitre et possesseurs. Comment penser à la protéger ? A comprendre qu’on pouvait la détruire, et qu’on devait saisir ce problème par la science et par la politique.
Bon, on n’a pas fait grand chose, mais il faut voir d’où on part. On ne peut pas demander à quelqu’un qui vient d’apprendre à lire de se lancer dans Goethe.
Dans une classe, dans une société, certains sont plus avancés que d’autres.
Il y a néanmoins une progression, perceptible si on se replace dans le temps long de l’Histoire.
Pour la question de l’agriculture, vos interventions et celles des autres me donnent à réflechir… Pourquoi pas un statut du paysan ? Pleine propriété, par justice, comme tout le monde, mais aussi parce que sinon le paysan n’en voudra pas, mais interdiction de trop grosses exploitations, aide face aux industriels et réglementations de ces dernières, que sais-je ?
Aider à peréniser ce qui résiste et éveiller des vocations. S’inspirer de la viticulture, où la qualité et l’agriculture biologique progresse, sans oublier que tout n’est pas transposable car la quantité est plus nécessaire pour nourrir les hommes que pour les délecter de vins.
« Personne n’est entièrement aveugle ou lucide. »
C’est vrai : tout le monde est plus ou moins conscient que la croissance – tout particulièrement celle du PIB quand on n’en distigue pas les composantes – ne resoudra pas le chômage, accélère l’épuisement des ressources et contribue au réchauffement du climat.
Même ceux qui disent que « ça finira bien un jour ou l’autre par s’arranger (tout seul) » et ceux qui disent que « (quoi qu’on fasse) il n’y a aucune chance que ça s’arrange » n’en sont pas totalement certains.
Nos comportements sont souvent fondés sur des opinions contradictoires et il nous arrive de faire des choix dont nous sommes conscients qu’ils ne sont pas les meilleurs possible. Je me souviens trés bien de la guerre d’Algérie * pendant laquelle tout le monde avait fini par comprendre que la poursuivre ne ferait qu’empirer les choses alors que (presque) personne n’osait le dire et agir en conséquence.
Si trop d’entre nous pensent que la seule chose qu’on puisse faire est d’essayer de s’en sortir individuellement alors ces crises conduiront aux pires des résultats. Elles peuvent sembler aussi inévitables qu’une guerre mondiale ou un tremblement de terre et pourtant des mouvements d’opinion ont pu suffire à eviter ou arrêter des guerres et l’expérience permet d’atténuer considérablement les effets des tremblements de terre.
___
* : Le terme officiellement employé à l’époque par la France était « événements d’Algérie ». Trouver et utiliser un terme trés explicite pour nomer les crises que nous avons à resoudre pourrait peut-être aider.
GL,
Merci encore pour vos contributions pleines de sens.
Cette fois j’ai cependant un point de désaccord: personnellement je suis convaincu qu‘il n’y a aucune chance que ça s’arrange, quoi qu’on fasse (maintenant).
Pour faire vivre notre population nous avons besoin d’une énergie abondante et bon marché, d’autant plus que la population ne cesse d’augmenter et que le niveau de vie de chacun tend -légitimement- à s’élever.
Nous savons que nous avons déjà largement dépassé la capacité de notre planète (il nous faudrait 1,6 Terres, chiffre discutable mais c’est l’ordre de grandeur qui compte) mais nous continuons à soutenir par tous les moyens notre croissance exponentielle*.
D’autre part, notre source d’énergie principale (et vitale!) se tarit à grande vitesse, et nous n’avons pas de substitut. Toutes les sources alternatives évoquées, même cumulées, sont très très loin du compte. De plus, pour répondre à l’énormité de nos besoins dans les prochaines années, il aurait fallu entamer cette transition il y a une quarantaine d’années**.
De ce point de vue, l’espoir entretenu autour des renouvelables ressemble à une très mauvaise blague.
Chacune de ces tendances conduit à elle seule à une impasse. Nous les cumulons.
Et pourtant nous continuons à accélérer ; je suis persuadé que chacun de nous sent bien que nous sommes sur un chemin hautement périlleux, mais il faut assurer le quotidien, et les médias et les politiques nous vendent régulièrement la solution miracle, nous assurent que ça va bientôt s’arranger ; nous sommes tentés de les croire, par la force de la répétition, par la confiance que nous faisons à notre ingéniosité, peut-être aussi parce que nous avons vu trop de films avec une « happy end ». Peut-être aussi parce que faute d’alternative claire, c’est notre tendance naturelle (et encouragée!) au suivisme qui prévaut.
Même l’expérience nous trompe: jusqu’à présent, globalement, nous nous sommes remis des pires guerres et cataclysmes, alors pourquoi pas cette fois? comme l’exemple de la dinde décrit par Bertrand Russel ; celle-ci se voyant apporter chaque jour sa ration, avait fini par se forger une idée optimiste et sûre de son univers ; jusqu’à la veille de Noël.
Ceci n’est pas du défaitisme ; j’aimerais bien qu’on nous présente une vision réaliste de nos sociétés dans 10 ans, dans 50 ans. Malheureusement on est déjà très loin de se donner les moyens du peu d’objectifs qu’on s’est fixés (ex.: protocole de Kyoto). Comment pourrait-on imaginer un changement d’état d’esprit global et radical?
La conférence de Copenhague en 2009 était un réel espoir, mais n’a abouti à rien et il n’est pas prévu de renouveler l’expérience. Personnellement je ne suis pas loin de penser qu’elle a été contre-productive, car l’accent a été mis sur le climat et les GES, ce qui n’est pas notre problème le plus urgent ; comme si on avait -délibérément ou par incompétence- attiré l’attention sur un problème très compliqué et un peu lointain, pour faire diversion par rapport à nos vraies urgences (pétrole, dette).
Ce constat n’est pas non plus une incitation à baisser les bras ; vous avez raison de dire que la solidarité est salutaire, mais j’émets de sérieuses réserves quant aux chances de succès de mouvements d’opinion, aussi fondés et importants soient-ils (ex.: les Indignés, Occupy Wall-street, manifestations en Grèce, …).
Je pense que cette solidarité doit prendre en compte les tendances lourdes (fin du pétrole) et s’opérer à la bonne échelle ; mon sentiment est que ce sont de petites communautés de 100 à 150 personnes maxi, vivant en auto-suffisance dans des régions retirées, qui ont le plus de chances de traverser cette épreuve inédite. Oui oui, il est fort possible que nous en soyons déjà là!
Alors après, il y a effectivement tout le business du survivalisme, dans lequel on trouve tout et n’importe quoi. Pour ceux que ça intéresse, mon conseil est d’apprendre auprès de ceux qui font vraiment (ex. ici en Grèce), plutôt que d’écouter quelque gourou autoproclamé.
*: Al Bartlett nous donne un moyen simple de se faire une idée de la fonction exponentielle, par la règle de 70 pour le doublement: pour estimer en combien de temps une quantité va doubler, il suffit de diviser 70 par le pourcentage de croissance.
Par exemple, une population qui croît de 1% par an va doubler en 70 ans.
Une croissance économique de 3,5% aboutit à une doublement du PIB en 20 ans.
**: il y a 40 ans en France, on n’avait pas de pétrole, mais on avait des idées, notamment le nucléaire. Mais nous n’avons pas trouvé les moyens de résoudre les nouveaux problèmes soulevés par cette solution alternative ; alors on a préféré oublier l’ensemble du problème.
@ Stéphane Feunteun 29 juin 2014 à 10:20
Il y a probablement beaucoup de choses vraies dans votre façon de voir l’évolution future de l’espèce humaine. Mais faut-il se laisser aller au défaitisme quand on se remémore ce qu’ont pu nous amener, dans le passé, de salvateurs sursauts de résistance à l’abattement? Je ne le pense pas.
Vous envisagez une désintégration des grosses communautés qui serait suivie d’une survie au niveau de petits foyers de 100 à 150 personnes vivants en auto suffisance. Mais n’est-ce pas aller à l’opposé de ce qui s’est passé dans l’évolution des communautés humaines depuis leur origine, chacune visant à sa suprématie sur son domaine, au détriment des autres, jusqu’à atteindre les limites de la terre entière?
Partant de petites entités qui se sont peu à peu agglutinées, nous sommes maintenant arrivés au niveau planétaire, à la constitution de gros blocs intercontinentaux qui entrent en friction entre eux comme les nations l’ont aussi fait, jusqu’à pratiquement y renoncer aujourd’hui. Pourquoi mettre un terme à cette lente évolution par l’intégration ?
Tout en œuvrant pour la pacification à l’intérieur de ces blocs, ne serait-il pas préférable de tendre vers une unification mondiale inter grands blocs ? Cela permettrait à l’espèce humaine, sous une administration mondiale unique, visant à l’apaisement général, de s’attaquer de manière plus rationnelle, au problème de sa survie dans un espace terrestre aux ressources limitées et inégalement réparties.
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, je pense qu’il vaut mieux amener chaque entité quel que soit son niveau, individuel, communal, régional, national et au-delà, à comprendre qu’il est de notre intérêt à tous d’aller dans ce sens. C’est la voie vers une plus grande efficacité énergétique globale.
Avec les moyens d’échange d’information opérant maintenant à grande échelle, il me semble qu’il devrait être possible d’amener les peuples et leurs dirigeants politiques et religieux à prendre conscience de l’intérêt d’une vaste association plutôt qu’à la création d’ une myriade de replis sur soi qui ouvriraient la voie à autant de conflits résultant des inévitables écarts de vitesse de développement.
Les blogs d’échanges et de réflexion, tels celui de Paul Jorion, peuvent grandement y aider.
@Jducac,
pour moi toute suprématie commence d’abord par la maîtrise de la ressource énergétique, qui pour permettre une expansion doit être non seulement suffisante pour assurer la survie, mis aussi en surplus pour autoriser le développement technologique (au sens large ; ça fonctionnait déjà comme ça à l’Age de pierre).
Un autre schéma récurrent, que ce soit dans l’évolution ou en sociologie, est que la raréfaction de la ressource n’entraîne jamais une hausse de la solidarité, bien au contraire. Bien sûr, suivant le degré de civilisation (ou la force du lien social) il peut y avoir un effet de seuil: au début on se tient les coudes, mais au bout d’un moment, il faut bien manger… On peut tenter de fuir, aussi, quand il y a un ailleurs possible.
Je suis bien d’accord avec vous qu’il serait (aurait été) préférable de s’unir pour envisager une solution globale, mais jusqu’à présent l’intérêt commun n’a jamais fait le poids face à l’intérêt particulier ; l’intérêt commun n’a que très peu dépassé le cadre national.
Et pour ce qui est de rapprocher les nations, nous partons de très loin, quand vous voyez par exemple la première puissance envahir un pays pour son pétrole, tuant au passage un demi-million d’enfants, qui déclare ensuite publiquement que « ça valait le coup »:
http://youtu.be/x4PgpbQfxgo
permettez-moi d’avoir quelques doutes.
Cela dit, je répète que ce n’est pas une raison suffisante pour abandonner le combat ; mais encore faut-il avoir une idée à peu près claire de ce contre quoi on doit se battre, et de quelles armes on va disposer.
@ GL et Pierre Feunteun
L’Homme est ambivalent et même le pire n’est pas sûr dans tout système non clos. La transition energétique ne vous rappele rien ? Moi si, la transition démographique, inachevée, certes, mais tout de même impressionnante si on se réfère au célébre croissez et multipliez-vous.
@ Noblejoué,
Transition énergétique oui, mais vers quoi?
Le solaire, par exemple, malgré tous les efforts et investissements entrepris depuis une bonne dizaine d’années, ne représente même pas 0,2% du global de la production d’énergie ; même pas l’épaisseur du trait!
Cette industrie -dont au passage tous les investisseurs se sont retirés, ou presque- n’a vu son bilan devenir positif qu’il y a deux mois environ (production > investissements).
Tout cela n’est pas du tout à la hauteur de la situation.
@ Stéphane Feunteun
Franchement ? S’il ya une transiton énergétique, je ne sais pas vers quoi.
Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas (ni l’inverse !) mais on voit souvent (malheureusement) le changement au pied du mur, les Japonais par exemple, n’ont découvert la fameuse méthode (plus ou moins efficace) Oginot, qu’après avoir été explusé de Cbine.
Certains préchent la modération énergétique, d’autres la recherche, tout est utile.
Mais il y a une autre piste : l’efficacité.
Les hommes efficaces ? Bof. Mais on s’achemine vers des logiciels de gestion des ressources par logiciel, d’abord l’eau puis sans doute l’energie.
Une piste parmi d’autres.
Et alors ? Pour reprendre la question démographique… Une nuptialité plus tardive, le préservatif et la pilule ont été des moyens divers, et il y en a quelques autres, de réduction des naissances.
Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu une solution aux problèmes… Ce n’est pas dans un monde de plus en plus complexe qu’on peut l’espérer.
@ Stéphane Feunteun,
Je suis malheureusement parfaitement d’accord avec vous.
Selon Pascal (1623-1662), « le malheur de l’homme vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ».
A propos de l’Energie qui est, comme le rappelle Jancovici, à la source de toute activité sur terre (transformation de l’environnement), je me garderai bien de rajouter quoi que ce soit à tout ce qui a été dit, écrit et suffisamment précisément décompté pour conclure sans risque de se tromper que nous arrivons, de notre fait et grâce à notre génie sans précédent sur la planète, au bout d’un chemin.
Le déclin commence dans les années 70 avec la baisse des nouvelles découvertes de pétrole. Moins de 10 ans après, on sait aujourd’hui qu’on a commencé à creuser le trou d’une dette toujours croissante pour maintenir et développer un niveau de vie fictif dans les pays dit « développés ». Est-ce une coïncidence ?
En tout cas devant l’évidence de plus en plus grande que le club de Rome était peut-être encore trop optimiste en 1972 en prédisant un pic d’énergie vers 2040 et que « le changement c’est plutôt maintenant » au moins pour le pétrole, on constate une grande fébrilité chez tous les acteurs techniques du secteur et politiques (de tous bords) dans la recherche de solutions de remplacement.
Or on voit bien qu’il n’y en a pas et qu’il n’y en aura pas ou, pour être plus précis que rien ne pourra remplacer les énergies fossiles à l’échelle de notre monstrueuse consommation moyenne actuelle (environ 125 kWh/jour/tête en Europe), surtout si l’on tourne le dos au nucléaire selon le sacro-saint principe de précaution.
D’ailleurs y aurait-il une solution que la question se poserait de ce que l’homme en ferait de bon (question posée par Jancovici à propos de la très hypothétique énergie quasi infinie de fusion nucléaire à l’horizon d’après 2050).
Il est très probable que ma génération (maintenant papy-boom) ne verra pas les bouleversements inévitables à venir liés au dépassement du « pic-oil » mais je ne serais pas surpris que nous assistions par contre à relativement court terme au retour en Europe du charbon sous forme liquide (déjà très utilisé, notamment en Afrique du Sud, et en Chine depuis environ 3 ans).
En effet quand viendra le temps de la pénurie, je pense que les belles paroles sur la réduction des gaz à effet de serre deviendront inaudibles (plus encore en cas de restriction du nucléaire) et ce ne sont ni les champs d’éolienne (dont l’intérêt énergétique global par l’analyse du cycle de vie_ACV_reste à confirmer) ni les panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques qui pourront les remplacer.
Des exemples fort intéressants des champs solaires d’Espagne et du Maroc, il ressort par exemple que le plus grand champ mondial de Ouarzazate, qui devrait entrer en fonction mi 2015, ne représente que 130 MW (8 h par jour ?) pour 450 ha couvertes de réflecteurs paraboliques (dont il est difficile de savoir ce qu’ils deviendront après le passage d’une tempête de sable), soit, bien qu’en zone d’ensoleillement très favorable, moins de 1 à 2/°° de la capacité nucléaire du parc français.
Quant à la « transition énergétique » en France apparemment très axée sur l’électrique, rappelons que cette approche est par nature très énergivore (1 litre de pétrole de 11,5 kWh primaire, qui donne au moins 8 kWh d’énergie finale dans un moteur thermique, ne va fournir que quelque 3 kWh électrique en bout de chaîne après passage en centrale thermique et stockage déstockage, cette technique étant d’ailleurs très loin d’être résolue hors barrages tampons).
A ce sujet il n’est pas souvent rappelé que si nous voulions utiliser un parc de véhicules électriques, même très allégés par rapport à nos vaisseaux de la route actuels, et consommant environ 25 kWh/100km avec une autonomie de 300 Km par exemple, la puissance de la « pompe » de rechargement, pour être aussi rapide qu’un plein d’essence (3 minutes, en se basant par exemple sur de futurs supercondensateurs à rechargement hyper rapide_hypothèse d’école pour le moment), serait de l’ordre de 1 500 kW pour une seule pompe (3 x 25 kWh / 0.05 h). Je vous laisse faire le calcul pour les 6 ou 8 pompes par station service qui seraient ou seront nécessaires pour éviter les queues de voitures et de camions…
Pierre,
« malheureusement », comme vous dites!
Encore une fois (pour ceux qui doutent encore) ce n’est pas du défaitisme, c’est un constat. Personnellement j’aimerais bien qu’on nous présente un plan réaliste!
A défaut, je recommande qu’on se prépare au choc, quelle que soit sa forme ; il n’y aura pas de retour à la croissance, à la prospérité retrouvée, quoi qu’on puisse en entendre.
Je suis d’accord que les années 1970 ont été déterminantes pour la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Mais soyons honnêtes, on le savait dès le début que le pétrole ne serait pas illimité ; le charbon aussi, vous me direz. Pourtant il n’a jamais été envisagé d’en laisser pour plus tard.
On peut remonter comme ça jusqu’aux premières découvertes majeures telles que l’écriture, l’agriculture, le langage, la maîtrise du feu, ..? chacune d’entre elles nous a donné plus de puissance (externalisée), accélérant à chaque fois notre vitesse d’expansion, sans jamais vraiment prendre en compte les limites de notre monde.
Il est à noter aussi que chaque évolution s’est accompagnée d’une perte d’aptitude (résistance, force, mémoire, liberté, …) ce qui rend tout retour en arrière extrêmement difficile.
Houlà! v’là-t-y pas que je m’aventure sur des plates-bandes anthropologiques, j’espère que le fusil de Paul Jorion ne sera chargé que de gros sel.
@ Stéphane Feunteun et GL
Il est normal que l’homme soit ambivalent. Ca me parait adapté, la réalité doit être affrontée mais elle ferait pluôt fuir tant elle est écrasante… Donc on l’affronte en partie, et en partie non. Disons que chaque peuple et individus en affrontent ce qu’il peuvent. Division du travail du courage, certains affrontent certains problèmes, d’autres de différents…
La transition démographique est bien engagée. Donc qu’est-ce qui dit que la transiton énergétique ne se fera pas ?
D’un autre côté, il est possible que notre civilisation tombe comme Rome est tombée… Ceci dit, cet exemple montre que la Renaissance est possible.
Mais si on pouvait éviter les flots de sang et les regressions civilisationnelles, ce serait mieux.
Transiton démographiqu et, énergétique sont déjà deux défis importants, et il y en a d’autres. Donc si je crois qu’il y a des progrès, j’ai quand même peur de l’echec car il faut que nous progressions dans de nombreux domaines et à un rythme accéléré.
Il faut donc prendre le temps de la reflexion dans un temps accéléré et précipiter l’action une fois que la reflexion aboutie, si elle le fait…
Impossible ? En tout cas inédit.