Billet invité.
Rendez-vous a été pris hier avec le directeur d’un centre aéré pour ce matin 9h, intéressé à exposer mes peintures.
Pile à l’heure, à l’accueil, j’informe la secrétaire de mon rendez-vous qui, en retour, me demande mon nom et signale par tel ma présence au bureau du directeur.
Accueillante, un peu ronde, un peu typée, joliment simplement habillée, agréable à regarder, la secrétaire me glisse un suave : « Il arrive ! » et m’invite à m’asseoir.
Petit hall d’entrée à usage de salle d’attente, deux grosses plantes vertes, chaises plastique de couleur, grande baie avec vue sur pelouse que sépare un bâtiment annexe style moderne ancien. Deux dames sont en attente, assises le regard fixe dans un vide imaginaire, peut-être pour échapper à tous ces signaux et prospectus propres à ces endroits stériles que sont les accueils des administrations, avec une forte odeur chimique de nettoyant industriel à la vanille qui pique le nez.
Je suppose qu’elles aussi ont un rendez-vous pour 9h ; elles sont certainement venues en avance vu leur pose statufiée.
Quant à moi, le directeur arrive vite, vite, pour me dire qu’il est désolé, que c’était imprévu mais c’est important, et je n’ai qu’à voir avec la secrétaire. C’est pareil, quoi qu’il en soit : il est d’accord.
Entre-temps une dame pressée tenant une poignée de feuilles me passe devant, fonce vers la secrétaire pour inscrire sa fille. La secrétaire s’excuse à mon égard : sa collègue n’est pas là, elle est seule à l’accueil.
9h05 – Je dois attendre.
La secrétaire et la dame pressée se connaissent bien, échangent les nouvelles des unes et des autres : les enfants, les maladies, le travail, la voiture, tout en remplissant les papiers avec photocopies pour les doubles.
9h15 – Une porte s’ouvre, nos têtes se tendent, une petite dame avec un regard bienveillant nous demande avec qui nous avons rendez-vous. Une des dames cite un nom, elle lui répond d’un ton léger et souriant : « Elle n’est pas encore arrivée mais elle ne va pas tarder ! », aussitôt la dame qui attend replonge son regard dans le vide.
9h20 – Une dame jolie et stylée traverse le hall salle d’attente et nous affiche un royal sourire avant de disparaître dans un bureau. Mon mauvais esprit me fait penser que nous lui faisons office de public pour se valoriser, assises et soumises sur nos chaises à attendre.
9h25 – Une dame est appelée.
Pour ma part, après 35mn d’attente, la secrétaire est libre, elle s’assoit devant moi sur une des chaises du hall salle d’attente, je dois ouvrir mon dossier et lui parler de ce que je fais. Consciente qu’elle n’a aucune prédisposition à m’entendre sur mes créations, j’échange rapidement sur le dispositif technique de l’exposition, et je la quitte, pressée de sortir de cette plongée en apnée dans un centre social.
Vous avez dit social ?
Bonne journée !
Tu as raison Ruiz, aucune considération morale ne devrait être le principe moteur de toute relation humaine. Ainsi, chaque parent…