Billet invité.
Ça a commencé comme ça :
Le premier billet du Blog de Paul Jorion catégorisé « GEOPOLITIQUE » était une image, toute seule. C’était le 8 décembre 2011. Depuis, 86 autres billets dans cette catégorie, cités ci-après.
La géopolitique est essentielle quand on commence à se préoccuper des conditions d’un « Grand Tournant ». La réponse qu’on nous fait toujours est : « Mon bon monsieur, si vous faites ça, les sous s’en iront à l’étranger« . Cet argument date du XIXème siècle et Lénine a écrit un livre entier dessus. Le blog et l’action de Paul Jorion sont d’ailleurs une réponse : convaincre les décideurs et les penseurs par un discours très argumenté, c’est en soi une manière de dépasser les frontières. (Et ça marche, j’en ai l’impression, dans une certaine mesure.)
Les frontières, tant dans leurs effets « intérieurs » qu’ »extérieurs », ne peuvent s’effacer de notre vision du monde. Par exemple, on peut parler de « monnaie ». Mais est-ce que le dollar, le yuan, l’euro, le franc suisse ou le rouble sont exactement le même objet économique ? Peut-on invoquer une intervention de « l’État » sans prendre en compte ce qui le constitue au premier chef, c’est-à-dire des frontières, et leur implication sur l’ensemble des rapports de forces ?
Éléments de réponse :
La menace de désordre économique et social n’est pas nationalisée.
Pas de « survie de la France », de la Belgique ou des États-Unis, mais survie de l’espèce. Parce qu’il n’y a rien de plus généreusement distribué sur le globe que les inégalités et leur accroissement, que le système bancaire fondé sur le taux d’intérêt, et bien sûr que les risques environnementaux.
« La mondialisation a pour objet d’élargir le terrain de jeu d’un système financier qui cherche à se reproduire à défaut de se corriger. Elle est pourtant porteuse, par son universalité, d’un avenir commun que masquent les différences d’histoire et de culture, d’organisation sociale et de niveau de vie. » (F. Leclerc, 20-08-2012)
La géopolitique au service de qui ?
« Imitant le financier Kenneth Griffin qui, en juillet 2007 menaçait : « Je suis fier d’être Américain, mais si l’impôt devient trop élevé, c’est une question de principe, je ne travaillerai plus aussi dur », ne s’embarrassant d’aucun nationalisme, les petits entrepreneurs français jouent à « pigeon vole ». Tandis que les grands menacent leur pays d’une guerre s’ils n’obtiennent un nouveau train de 30 milliards d’euros d’allègements de charges sociales qui augmentera de l’équivalent de 60% de l’IRPP les prélèvements sur la masse des assujettis. » (P. Saint-Sever et B. Quiminal, 06-11-2012).
C’est la zone, l’euro.
Le grec, surtout. Mais ce n’est qu’une variante du même thème :
« Papandréou dut cependant faire rapidement machine-arrière. Le marché des capitaux dirigeait désormais le monde » (P. Jorion, 15-01-2012).
Le FMI, ce mal-aimé…
« On réduit l’espérance de vie et le niveau d’instruction dans les nations qui doutent des vertus du capitalisme pour raffermir leur foi devenue trop tiède. » (P. Jorion, 10-04-2012)
Zébu trouve un bon mot à propose de la situation grecque : Vivisection. L’avantage de ce titre, c’est qu’on visualise tout de suite la grenouille sur la table d’opération, et puis très vite : qui sont ces gens à masques verts tout autour ?
Chine
« Le moment par ailleurs s’approche où il ne sera plus possible pour les Chinois de continuer à financer l’endettement de leur clientèle occidentale, raison de plus pour changer de modèle. » (F. Leclerc, 07-04-2012)
USA
« Le recul de l’influence des États-Unis est dû essentiellement à une dynamique interne au pays lui-même si l’on exclut le refus de M. Poutine de livrer Edward Snowden à la justice américaine, et le haussement de ton récent de l’agence de presse officielle chinoise à propos des tergiversations relatives au déplafonnement de la dette américaine susceptible de provoquer un défaut du pays sur sa dette, et qui appelle à une « désaméricanisation » de la finance internationale, les États-Unis étant accusés – à raison bien entendu – d’avoir exporté vers le reste du monde depuis 1971 (fin de l’ordre monétaire international né à Bretton Woods en 1944), toutes leurs difficultés financières. » (P. Jorion, 24-10-2013)
Printemps et hivers au moyen-orient
« Un mélange encore plus détonnant que celui de la guerre froide de jadis est en train de se mettre en place, où ce ne sont plus simplement l’Ouest et l’Est qui s’affrontent dans un vieil antagonisme ressuscité, mais l’Ouest et l’Est identifiés chacun à l’un des camps de l’ancien schisme islamique. » (P. Jorion, 20-05-2013)
« L’activisme iranien pour établir des ponts et des liens étroits avec les pays arabes comme l’Égypte sert avant tout à saper l’influence et le poids des monarchies du Golfe, en premier lieu l’Arabie Saoudite. Le nœud du conflit se joue plus que jamais entre Téhéran et Riyad. » (F. Vidal, 06-05-2013)
« Le magazine Books a consacré son numéro de janvier 2013 à Israël et son avenir avec un titre saisissant : « Le suicide d’Israël ». Ce dossier remet en perspective l’évolution de la société israélienne et son rapport à la question palestinienne. Le résultat des dernières élections invite à réfléchir sur l’impasse actuelle d’un pays qui semble avoir perdu ses repères et s’être enfermé dans ses peurs collectives. Et l’actuelle visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad au Caire, une première depuis 1979, ne contribuera pas à étouffer ses démons. » (F. Leclerc, 06-02-2013)
« Le soutien apporté aux divers soulèvements et Printemps arabes ne peut pas faire le tri entre la carpe « traditionnelle » et le lapin « moderne ». Compte tenu de la structure sociale de tous ces pays, il est probable que la forme parfois la plus traditionaliste a encore de beaux jours devant elle. De plus, si l’on dépasse le cadre du Monde musulman, on s’aperçoit qu’un nombre croissant de pays sont en train de progresser dans la voie du bien-être matériel sans apporter aucune des valeurs éthique, démocratique et sociale qui nous sont chères. » (M. Leis, 17-06-2013)
« … Si d’aventure, ce satané « printemps arabe », pouvait accoucher d’une marque de fabrique un peu extra- ordinaire, une espèce de jamais vu, une révolution dont on ne connaîtrait ni la nature ni le caractère ? L’Occident pourrait alors tendre l’oreille et prêter attention à la manière dont on s’emploierait à résoudre, quelque part dans le monde, parmi 7 milliards d’individus, certaines contradictions qui ont agité pendant des siècles les vieux États-nations… » (A. Cyngiser, 20-09-2013)
À méditer en terrasse avec un bon café: « L’indécision relative à une réforme de la finance et à la situation en Syrie révèle peut-être une prise de conscience de la manière dont nous fonctionnons vraiment. » (P. Jorion, 06-09-2013)
Ukraine
Peut-être que les manuels d’histoire des générations futures ressembleront à ça :
« Les marchés financiers européens ont encaissé le choc des évènements en Ukraine dès leur ouverture ce lundi matin. La Bourse russe s’enfonce et le rouble en fait durement les frais, incitant la banque centrale russe à nettement augmenter son taux directeur, tandis que l’on assiste au classique repli vers les valeurs refuge des temps de crise : l’or (dont les cours montent), et les obligations (dont les taux baissent). Le cours du pétrole bondit, les gazoducs et oléoducs livrant à l’Europe le gaz et le pétrole russe traversant l’Ukraine.
La forte exposition des banques russes au pays est soulignée, tandis que la faiblesse économique et financière russe grandissante est rappelée, la croissance continuant de fortement se dégrader, mettant en évidence la portée de sanctions financières potentielles qui sont dénoncées par avance par Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères. » (F. Leclerc, 03-03-2014)
Entre les nations, les pirates
Ils n’ont plus de pays. Ils ont plusieurs pays. Ils deviennent parfois des marchandises diplomatiques. Symboliquement : des héros. Dans le réel : des fantômes. Assange, Snowden, Nakamoto.
Conclusion ?
« Mieux vaut donc laisser aux cosmographes officiels leurs cosmographies, et se mettre en quête de véritables outils de navigation qui, comme ceux de Gutierrez, puissent effectivement « répondre aux attentes des marins ». Cette quête est d’autant plus cruciale que, désormais, nous sommes tous et toutes devenu(e)s marins… En 1550, on pouvait choisir de ne pas prendre la mer… alors qu’en 2013, d’une manière ou d’une autre, chacun est contraint de naviguer dans des eaux imprévisibles et impitoyables. Jour après jour, elle s’invite partout, la mer… Il paraît même qu’elle monte. » (Un Belge, 08-01-2013)
« On parlera donc beaucoup, surtout de l’écume des jours de guerre et du ‘succès’ de celle-ci quand on décidera qu’elle sera terminée. Mais on ne parlera surtout pas du ‘Business as usual’, qui permettra à la ‘croissance économique’ de ‘redécoller’, comme un bombardier plein de ses promesses futures. Jusqu’à la prochaine guerre. Ou la prochaine crise. » (Zébu, 29-01-2013)
Et si la notion de « balance commerciale » cessait d’exister ? « C’est une excellente approche, et un petit fil rouge à tirer, que de s’intéresser à des produits « made in the world », à condition de les concevoir « pour tout le monde ». (F. Leclerc, 17-01-2014)
Nos lointains ancêtres comme nos proches, et nos contemporains seront passés sous les bulldozers. https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/12/24/en-inde-l-ile-preservee-de-grande-nicobar-menacee-par-un-megaprojet-de-developpement_6465686_3244.html https://www.cartoonstock.com/cartoon?searchID=CC137952