Billet invité.
Vendredi dernier, 6 juin, le Parisien a publié un sondage BVA sur les opinions des Français relatives aux deux questions du moment : qui voudraient-ils comme président de l’UMP ? Et lequel de ses leaders serait le plus apte à faire barrage au Front National ?
La première question veut éclairer le problème de la succession de Jean-François Copé, dont on se souvient qu’il a démissionné de la présidence le 27 mai dernier, ainsi que son bureau, devant le scandale Bygmalion. Avec le soutien des cadres non sarko-copéistes du parti, il a été remplacé par un triumvirat provisoire (Juppé, Raffarin, Fillon), et mardi prochain 10 juin, un bureau politique tranchera la question de la gouvernance jusqu’au congrès, prévu pour le 12 octobre. La seconde question portait sur le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle de 2017, mais elle comportait deux présuppositions surprenantes : 1. « Les Français » voudraient « faire barrage au Front National », et 2. L’UMP, tout autant.
La très prochaine réunion du bureau politique de l’UMP est évidemment liée à l’élection présidentielle : selon le choix qui sera fait, Sarkozy conservera ou non une chance d’être candidat, puisque son actuelle stratégie semble être de conquérir la présidence du parti en octobre prochain pour lever l’hypothèque d’une primaire. On se souvient que plusieurs sarko-copéistes ont déjà souligné que la nomination du triumvirat n’était pas conforme aux statuts — et même, qu’elle était franchement « illégale » –, et que ses premières déclarations sur la nécessité d’une primaire étaient donc nulles.
Ces informations permettent au moins de faire une hypothèse sur la raison de ce sondage : le Parisien voudrait intervenir dans le débat interne à l’UMP en rappelant aux sarko-copéistes l’existence des électeurs – « les Français » –, et en démontrant qu’ils leur sont défavorables. Pour aller vite, voici le message : assez de combines, « les Français » vous voient faire et vous condamnent.
Oui, mais… pour que cet avis puisse porter, il faudrait que ses destinataires se préoccupent de ce que pensent « les Français » ; et que Sarkozy, par exemple, ait soufflé les voix du FN en 2007 pour l’empêcher de nuire, et non pour lapper dans la mangeoire du parti voisin.
Dès mardi prochain, nous risquons d’ailleurs de voir Juppé reculer prudemment devant les coups de gueule de Morano, Fillon (au mieux) entrer dans une rage inefficace, et Raffarin bénir tout le monde. Dès lors, des entités apparemment aussi solides que « Juppé », etc. pourraient n’avoir plus aucune consistance dès le prochain sondage ; et Sarkozy, quand il sera revenu sur le devant de la scène après que ses sicaires aient nettoyé le champ de bataille, ne convoquera pas BVA pour savoir ce que pensent « les Français », car il leur imposera les termes de l’alternative — ou bien c’est Sarkozy, ou bien c’est Sarkozy.
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