(à paraître en septembre)
Paul Jorion : Dans La richesse des nations, Adam Smith souligne que l’argent permet de commander de deux manières. Il permet d’abord de commander une marchandise, il permet ensuite de commander au sens de donner des ordres, c’est-à-dire de demander à un individu de mettre son temps de travail au service de celui qui lui donnera de l’argent en contrepartie de son temps. La seule ressource qui nous soit véritablement rare, car nous ignorons pendant combien de temps nous en disposerons, c’est le temps. L’argent nous permet de subordonner le temps d’autrui au nôtre. Quand on y pense, on ne peut pas s’empêcher de se dire que, puisque nous n’avons qu’une seule vie, c’est absolument scandaleux ! Dans 500 ans les méfaits de l’argent sur tous les plans nous paraîtront presque comiques ! (rires)
Bruno Colmant : Et Karl Marx dirait finalement que la monnaie est un capital fictif. Il suffit que l’on change l’ordre socio-économique pour que l’expression de la thésaurisation n’existe plus. Sur l’île de Chypre en 2013, certains pensaient qu’ils disposaient d’un million d’euros sur leur compte bancaire et finalement, lorsque la crise a fait payer les gros déposants, on leur dit que ce n’est plus que 600.000 euros qu’ils détiennent. C’est la preuve de la relativité de la valeur.
Lorsque l’ordre socio-économique change, on change aussi tous les paramètres que l’on croyait stables, dont la thésaurisation. Car thésauriser dans une monnaie qui n’a plus cours légal, c’est évidemment nettement moins utile.
Et à propos de peinture et de paysage, il y a le traité de peinture du moine « Citrouille amère » Shitao.…