(à paraître en septembre)
Bruno Colmant : Le fait qu’il existe autant d’écoles de pensée en économie montre que ce n’est pas une science exacte, qu’il n’y a pas une vérité absolue. L’économiste Irving Fisher (1867-1947), qui est le père spirituel de Milton Friedman, part de l’idée que les phénomènes sont évolutifs. L’absolu n’existe pas, or on a voulu faire de l’économie une science absolue. Je ne sais pas ce qui a déclenché ce mouvement. Les années 50 et 60 étaient des années très politisées. A la fin des années 70, on a dépolitisé l’économie et on a voulu en faire une science exacte.
Paul Jorion : On trouve déjà cela chez Alfred Marshall (1842-1924) dans les années 1870 et il en parle en particulier dans sa leçon inaugurale à Cambridge en 1885 : il reproche aux économistes de la première moitié du XIXe siècle d’avoir considéré l’homme comme, dit-il, « une quantité constante ». Il dit que ces économistes considéraient, par exemple, la loi de l’offre et de la demande comme ayant un effet beaucoup plus mécanique et régulier que ce n’est le cas dans la réalité. Malheureusement après la lucidité d’un Marshall, et son élève Keynes sera comme lui de ce point de vue, on en reviendra dans les années 1950 à la naïveté épistémologique que Marshall dénonçait : d’une économie comme un mouvement d’horlogerie.
« En période de récession économique ou de crise politique, l’extrême gauche devient souvent l’extrême droite…! » Il faut changer de lunettes…