Billet invité.
AncestraL vit avec intensité et tiraillement l’obligation de consommer pour se sentir inclus (voir son billet du jour : Le devoir de consommer).
Me revient le palindrome de Guy Debord, « In girum imus nocte et consumimur igni« .
La consommation comme fanal (le foyer autour duquel être) et comme feu (n’être que le jouet du système commercial).
Moins consommer est souvent hâtivement assimilé à de la décroissance. Croître, c’est cumuler les possibilités de maîtrise de son environnement. Qu’on arrête de penser comme des brutes : le PIB, produit « intérieur » brut, logique brutale, non merci.
Maîtriser, c’est aussi réparer.
Aujourd’hui, la division du travail ayant séparé les homo sapiens en tribus qui ne sapiensent que dans leur coin, réparer semble moins simple que ce ne pouvait l’être : en cause, des technologies comme le simple enclipsage des boîtiers plastiques, en cause aussi la petitesse des composants électroniques qu’on ne peut plus changer au fer à souder, en cause encore l’aspect délicat à faire une réparation sur les parties à 230 V d’un appareil en sortant forcément des normes de conformités, etc. La voiture individuelle pousse encore plus cette logique (il faut démonter toute une calandre avant pour changer un klaxon bas de gamme qui a été mis là au chausse-pied dans le design de la voiture). Et soit, il y a ailleurs des nuances : le vêtement par son format trop humain laisse encore une belle place à la main de l’humain, même si (ou parce que ?) il est emblématique d’un trop-plein consumériste par le jeu de la mode.
Mais l’Europe n’est pas démunie.
Et ce n’est pas Hollande qui nous l’apprend, mais peut-être bien les Hollandais (comme on dit ici pour les Néerlandais) : on consultera avec émerveillement l’initiative des « Repaircafé » et sa répartition géographique.
Si l’on a pu réunir sur ce blog une initiative sur la base de la confiance faite à AncestraL, au nom du refus d’une machine à endetter dont il nous a exposé l’envahissement, alors est-il si illusoire d’espérer ici aussi des initiatives comme ces RepairCafé qui déconstruisent la consommation aveugle ?
Quoi sinon ces initiatives amorceront un cycle où même l’usine chinoise préférera faire un assemblage de modules qui seront substituables ici ?
Et quoi sinon ces solidarités au quotidien feront un humus et une nouvelle place à la « diké » (grec : la justice), celle en commun du syn-dicat (syn : ensemble, diké : justice) ? Permettant alors de redéfinir l’être-consommant ou l’être-empruntant comme un être humain, consommant ce qu’il connait (un peu) et réparant ce qu’il connait (beaucoup) ? Donnant à chacun le moyen de construire son chemin de contre-dettes, son antidote aux empoisonnements du grippage inégalitaire en cours ?
Certes, en parallèle de ce chemin « par le bas », une déconstruction par le haut de ce grippage doit aussi avoir lieu, le miroir se brisera. Mais le recueil des éclats du miroir, leur réarrangement dans un nouveau vitrail, cela se fera par une communauté prête à accueillir un lien nouveau. Lien qui passe par ici je l’espère.
Aux ciseaux, aux scies, aux clous, aux manettes, citoyens !
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