Billet invité.
Le billet de Paul Jorion, YouTube (Google) me connaît bien (ou plutôt croit bien me connaître), met en évidence que les systèmes utilisés par Google, Facebook, Twitter, Amazon, etc. pour constituer des « profils » d’utilisateurs, ne sont pas au point : ils ne savent pour l’instant que croiser des fichiers, ils ne savent pas véritablement inférer à partir des données récoltées.
J’ai un jour suggéré que pour confondre leurs outils, il suffit de faire des mots-croisés et de passer par Google au moindre mot ou concept inconnu ou mal connu. Histoire de brouiller le profil, c’est tout à fait efficace !
Les firmes mentionnées investissent dans l’Intelligence Artificielle, mais le fait est qu’elles ne comprennent rien à la chose : elles imaginent que plus elles accumulent de données, plus l’information rassemblée devient pertinente. C’est l’illusion classique qu’il existe un seuil au-delà duquel le quantitatif se transforme en qualitatif. Mais il n’y a en réalité pas de miracle : il faut que les données accumulées soient pertinentes pour que l’information globale devienne instructive (« instructive » ou « dangereuse », question de point de vue !).
Le problème de YouTube avec un profil comme celui de Paul Jorion (c’est le cas aussi du mien), c’est qu’il visionne des choses si nombreuses et si différentes que leur instrument d’analyse s’y paume.
Tout ceci n’est pas rassurant pour autant, parce qu’il sont eux persuadés que leur approche marche et ils continuent dans cette voie. Il suffit d’écouter à ce sujet Ray Kurzweil et son utopie « cyborg » ou Vince Cerf de Google qui considère que la notion de « vie privée » est récente et aujourd’hui tout à fait dépassée. C’est de cette manière là qu’ils veulent réaliser leur programme : « Tout » savoir de nous avec leurs outils lamentables. Et… ils arriveront même à nous persuader que c’est ce qu’ils prétendent que nous aimons, que nous aimons en réalité!
P.S. Je frémis à l’idée que des gens comme Kurzweil ou Cerf lisent Principes des systèmes intelligents parce que c’est là que se trouve l’élément qui leur manque. (*)
==================
(*) Paul Jorion : En me proposant son billet, Léoned m’offrait le choix de publier ou non ce post-scriptum. Il m’expliquait : « Une crainte : je n’ai pas envie ‘d’alerter l’ennemi’ ! Est-ce bien utile/prudent de leur suggérer de tenir compte de tes travaux ? »
Après avoir réfléchi à la question, et sachant que tout ce qui a été publié finit un jour ou l’autre par se savoir (et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui, avec les techniques en question), j’ai répondu ceci à Léoned : « Le livre a été publié en 1989, ‘l’ennemi’ le découvrira tôt ou tard, ou redécouvrira de son côté les idées qui s’y trouvent. Si mon nom leur est associé, j’aurai au moins mon mot à dire ; j’opte alors pour la solution ‘coupe-feu’ consistant à laisser ta phrase. »
Si en plus vous êtes « multi-moi », je comprends la difficulté ! 😉