La résolution de la crise des dettes que la cupidité politico-financière fait semblant de ne pas comprendre, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

Répétons encore une fois que la mécanique infernale de notre pseudo système monétaire international réside dans l’asymétrie de crédit entre les acteurs « off shore » et « in shore ». L’iniquité systémique internationale du crédit et de la dette est l’anéantissement mécanique délibéré de l’économie réelle par le privilège de la mafia politico-financière internationale d’emprunter librement sans limite.

Le « in shore » réunit toutes les transactions financières à l’intérieur d’une zone monétaire. Une zone monétaire est un territoire économique placé sous l’autorité d’une même banque centrale et d’un même système de régulation du crédit. A l’intérieur d’une zone monétaire, s’appliquent des règles de publicité des transactions financières. La publicité du crédit dans une zone monétaire donne aux autorités monétaires et bancaires la faculté de réaliser un équilibre général entre la masse monétaire et la liquidité de l’économie réelle ; équilibre général au comptant et à toutes les échéances futures des crédits consentis à la production de biens et de services réels.

En pratique l’équilibre des prix internes à une zone est absolument théorique et invérifiable à cause de l’asymétrie de statut à l’intérieur de la zone entre les emprunteurs « in shore » et les emprunteurs « off shore ». Les emprunteurs « off shore » bénéficient d’une exonération de publicité de leurs transactions en tant qu’État souverain, que banque ou que société multinationale agissant dans plusieurs zones monétaires. Concrètement, États, banques et sociétés multinationales disent ce qu’ils veulent sur leurs comptes et sur la mesure de leur crédit. Ils peuvent emprunter en totale liberté aux banques en fonction d’un pur rapport de force fondé sur la puissance militaire, la puissance spéculative, ou la puissance idéologico-juridique sur le pseudo marché international des capitaux.

La masse monétaire de chaque zone monétaire s’adosse à deux catégories de contrepartie : les emprunteurs systémiques off shore, dont les États souverains eux-mêmes, et les emprunteurs réels « in shore ». Les premiers s’endettent sans limite par la dispense de publier des comptes consolidés internationaux qui permettraient seuls de mesurer leur passif réel. Les « in shore » réglant toutes leurs transactions dans la même monnaie, sont forcés de publier des comptes consolidés réalistes. L’enfermement dans une seule zone monétaire les obligent à la transparence fiscale qui est appliquée par les banques-mêmes obligées par la loi locale à dénoncer leurs déposants pour accéder à la liquidité de la banque centrale.

L’équilibre mondial entre la masse monétaire en toute monnaie et l’économie réelle mondiale est maintenu nominalement par le marché des changes. Le faux marché des changes est en réalité un club privé et secret entre principales banques centrales et grands réseaux bancaires privés multinationaux. La technique des produits dérivés permet de remplacer tous les flux de liquidité par des engagements de hors-bilan qui reportent dans le futur l’essentiel des flux de liquidité qui font les balances de paiement véritables comptant et à terme. Le nominalisme monétaire off shore repose sur la dissimulation libre de tous les flux contractuels véritables qui font la réalité des dettes commerciales et financières internationales.

Ce qu’il est convenu d’appeler le marché des changes est en fait un système radicalement mafieux où les prix, c’est à dire les lignes de découvert interbancaire et les primes de crédit et de change qui doivent être effectivement payées par les emprunteurs, se négocient avec des arguments de force militaire, de force rhétorique ou de force informatico-matérielle. Ce qui empêche les mafias bancaires et gouvernementales de se faire la guerre ouverte dans le partage de la plus-value, c’est la garantie fiscale illimitée dont bénéficient les systèmes bancaires « in shore ». Les banques achètent la liquidité des banques centrales contre livraison aux États garants des banques centrales des informations relatives à l’économie réelle « in shore ». Les Etats sont dans le système financier off shore des agences privées de prélèvement de l’impôt mafieux international.

Grâce à la fiscalité et au démantèlement de la dépense publique d’investissement et d’assurance de l’économie réelle, les États et les banques rançonnent l’économie réelle « in shore » en contrepartie d’une dette publique et bancaire « off shore » qui échappe à toute comptabilité consolidée et à toute publicité économique et politique. La crise des subprimes, qui a maintenant plus de 7 ans, est la manifestation au grand jour du déséquilibre massif entre la liquidité véritable de l’économie réelle et la liquidité nominale du système monétaire et financier parasitaire. Le détournement de la richesse réelle par l’accumulation off shore infinie de dettes non remboursables rend le système totalement instable. Le prochain Lehman Brothers sera l’un des 25 réseaux bancaires privés dits systémiques ou un grand État comme la Chine, le Royaume-Uni où les États-Unis.

La prochaine faillite systémique aura les mêmes effets que dans la crise des années trente. Mais au lieu de s’étaler sur plusieurs années, la chute du PIB mondial de 20 à 50% se fera en une seule année avec des tensions géo-politiques internationales de même nature qu’autour de l’Ukraine actuelle. La seule possibilité de résoudre pacifiquement la faillite financière mondiale, sans guerre civile mondiale chaude, sera l’internationalisation publique du marché des changes sur le modèle de la chambre de compensation mondiale en bancor de Keynes. Le but de cette compensation mondiale sera d’abolir la finance off shore entre les États et les zones monétaires. La compensation des règlements monétaires internationaux interdira aux banques centrales renationalisées d’allouer des liquidités internationalement reconnues à des banques ne pratiquant pas la publicité intégrale de leurs comptes soit à l’intérieur d’une zone monétaire, soit par la chambre de compensation internationale.

Une fois la mise hors loi internationale du « shadow banking off shore », les États et banques centrales légalistes pourront construire une régulation internationale concertée de la dette mondiale. L’adossement de la liquidité nominale financière à la liquidité de l’économie réelle des biens et services publics et privés sera garanti par une monnaie internationale numérique. La numérisation monétaire internationale légale obligatoire induira la compensation intégrale publique infalsifiable des comptes internationaux publics déposés et contrôlables par un FMI réformé. La banque centrale mondiale aura pour seule fonction d’accorder des primes de crédit en monnaie internationale aux dettes internationales consolidées des emprunteurs internationaux déposés. Qu’ils soient État, banque ou société multinationale, les emprunteurs internationaux ne pourraient plus affirmer leur liquidité financière sans déposer leurs comptes sous leur personnalité morale identifiable par des personnes physiques identifiées et publiquement garanties.

Les primes de crédit central international remplaceront les actuelles réserves de change en monnaies nationales internationalisées, qui ne font l’objet d’aucune comptabilité officielle publique internationalement contrôlable. Les primes cambiaires de crédit international seront adossées au capital du FMI réformé, lequel capital ne sera plus arbitrairement défini et réparti au sein d’un club de cooptation, mais souscrit librement pas les États en pourcentage de leurs recettes fiscales comptabilisées en monnaie internationale. La fiscalité publique internationalement contrôlable des États deviendra la garantie officielle systémique du système monétaire international des monnaies non privatisables. La prime d’assurance systémique que chaque État versera par ses ressources fiscales propres à la stabilité nationale et internationale du crédit sera ainsi mesurée et engagée par les institutions politiques officielles de chaque souveraineté. La monnaie redevient un bien public de responsabilité politique.

Le fondement monétaire systémique de la chambre  de compensation internationale keynésienne est le rétablissement de la responsabilité financière publique des États. Les États deviennent des personnes morales de statut international financièrement responsables par leurs ressources propres issues des budgets publics d’assurance et de garantie de la légalité nationale des économies réelles. L’actuel système de prévarication politique et financière est internationalement aboli par une compensation publique transparente de la liquidité internationale entre les banques et les États. Les États sont alors assureurs effectifs en dernier ressort du crédit et des monnaies.

L’officialisation internationale par le FMI réformé de la garantie des banques par les États a nécessairement pour conséquence de contraindre les banques à n’accorder de crédit qu’à l’économie réelle en fonction d’un travail réel d’anticipation et de mesure de la production réelle de richesse. Toutes les erreurs d’anticipation et de couverture des prix réels sont réglées par la dévaluation nationale des banques et des autorités monétaires formellement responsables en monnaie internationale. La compensation en monnaie internationale publique des parités de change transforme le marché des changes en système international d’assurance de la solvabilité des zones monétaires et de leurs dettes internes et externes.

Ce que les pseudo-Etats et pseudo-banques qui gouvernent le monde dans la crise des subprimes cachent avec la plus parfaite malhonnêteté, c’est que la numérisation des monnaies permet une parfaite identification de la responsabilité financière. Ce qu’il a été convenu d’appeler « risque systémique » après la faillite de Lehman Brothers est une dénomination bien pensante officielle du régime libéral d’irresponsabilité financière « off shore » des banques et des États. La dette mondiale est rendue simplement incontrôlable en économie réelle pour que la cupidité politico-financière puisse se servir en toute liberté sur la production non mesurable objectivement dans le système de prédation internationale. S’il devient impossible d’émettre de la monnaie légale en dehors d’une compensation internationale totalement numérique où il soit impossible d’emprunter sans s’identifier comme personne morale responsable, alors la prédation fiscale et financière de la réalité économique n’est plus seulement formellement illégale mais matériellement impossible sans que cela soit visible.

Dès lors que la responsabilité financière est internationalement identifiable et mesurable, il n’est aucune nécessité à instaurer un gouvernement mondial qui fonctionnerait au-dessus des lois comme la mafia politico-financière d’aujourd’hui. Si les gouvernements nationaux ou multi-nationaux sont des personnes morales monétairement responsables dans une unité de compte internationale, toute infraction à la loi d’une quelconque coalition nationale ou internationale est visible par tout citoyen du monde. Toute coalition d’intérêts économiquement hostiles à la légalité d’un bien commun universel est obligée par la monnaie internationale numérique d’agir au grand jour. La seule façon d’imposer ses intérêts aux dépens de tous est de tromper, de voler et de tuer au vu et au su de tout le monde. Les États tels qu’ils existent actuellement sont obligés de se rétablir sur l’hypothèse du bien commun internationalement vérifiable.

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