Le changement écologique, serait-ce maintenant ?, par Pascal Sluse

Billet invité.

Le Grand Jury du 6 avril 2014 avait comme invitée Ségolène Royal.

Bien que certains sujets abordés aient été de la pure rhétorique politicienne et que la seconde partie ait été un débat journalistique de niveau -1, j’ai été étonné par certaines réponses de la nouvelle ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.

J’ai noté un raisonnement digne d’attention sur le gaz de schiste : une énergie fossile non renouvelable, qui si elle est développée à grande échelle maintiendra le prix des produits pétroliers à un bas niveau, et empêchera donc une transition vers des énergies renouvelables ; sur la maison positive (même si la notion n’a pas été expliquée) ;  sur le fait qu’il ne faut jamais fermer les portes de la science et de la recherche ; ou encore (dit à demi-mot) sur le fait que les Français devront accepter de réduire leur train de vie pour être plus raisonnables face au monde moderne et à ses contraintes énergétiques…

Des questions plus générales me viennent à l’esprit.

Primo, la sincérité ou non de la ministre.

Secundo, représenter la France et l’idée que l’on peut être la Marianne des temps modernes (souvenir d’une photo de Paris-Match où l’on voit la ministre en Marianne) peut-il vous conduire à défendre des causes tendant vers un monde « plus raisonnable » ?

Tertio, tenir un discours qui atteint parfois en dignité certaines réflexions du plus haut niveau sur notre avenir, niveau que de nombreux Écologistes n’ont malheureusement pas su atteindre, alors que ce même gouvernement devra précisément se passer de ces Écologistes qui auraient pu et auraient dû tenir un tel discours, cela est-il de la sincérité ou de la manipulation politique de haut vol ? Dans le dernier cas, ce gouvernement est extrêmement subtil, malin et pernicieux pour nous faire croire que le changement c’est vraiment maintenant, alors qu’en fait on nous dirait juste ce que l’on veut entendre, à l’instant où on veut l’entendre.

Quarto, la ministre, qui a joué un rôle très particulier dans la vie de François Hollande, peut-elle, si l’hypothèse de la sincérité se vérifie, et grâce aux mécanismes complexes de l’Amour avec un grand A, mener cet homme vers un véritable changement ?

Enfin, et pour finir, j’ai aussi relevé, durant le débat, sur un mode plus idéaliste, le commentaire de la ministre sur l’unité d’une équipe, sur la volonté de réussir, sur la volonté de travailler ensemble, et la comparaison sur ceci avec les équipes de sport, où il ne suffit pas d’aligner côte à côte des individualités pour qu’elles gagnent, mais où il faut surtout la volonté et l’envie de jouer et de gagner ensemble. Paroles inattendues venant d’un ou d’une politique.

Verdict : bénéfice du doute positif. L’avenir dira si j’ai raison. Mais si ce que j’ai entendu ne devait être qu’autant de mots bien choisis, la politique et le pouvoir seraient encore descendus de nombreuses coudées dans le trou qu’ils creusent dans leur périple vers le centre de la manipulation des peuples.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta