Théorie de la méduse (The jellyfish doctrine), par Timiota

Billet invité.

Médousa, une des trois Gorgones, paralyse ceux qui la regardent, voyant sa tête aux cheveux de serpents que reproduit une iconographie abondante.

C’est la société grecque, toute en sympathie pour une moitié d’elle-même, qui a ainsi associé au genre féminin l’étrangeté et de la nocivité de ces êtres marins de la famille des cnidaires.

La méduse est un pont pour bien des analogies. Son côté primitif, tout de membranes transparentes, rend visible à échelle humaine cet échange simple entre milieu et cellule qu’est la pinocytose.

Echange, échange, … quand tu nous tiens, l’économie n’est pas loin.

Dans cette veine, la « Théorie de la méduse » suggérée dans ce billet est la conjecture d’un effet symétrique et complémentaire  à la  « Stratégie du choc » de Naomi Klein (The Shock Doctrine). On n’adhère pas ici à l’ensemble des thèses de Naomi Klein, mais il est difficile de ne pas voir un « avantage systémique » lorsque les acteurs capitalistes établis profitent grassement des asymétries de position à l’occasion de tout choc exogène (Katrina, Tsunami,…). Mais, à l’inverse de ces moments, il existe aussi des mécanismes lents du capitalisme, qui se développent entre les chocs et conduisent à l’étouffement : c’est une Théorie de la méduse (a « Jellyfish doctrine ») qui pourrait nous faire guide en s’inspirant de l’écologie contemporaine, instructive, de cet être marin.

Voici :

Si un Gershwin nous a apporté une « Rhapsody in Blue », c’est une autre Gershwin, Lisa-Ann, biologiste, qui tire la sonnette d’alarme sur l’envahissement des mers par les méduses, comme il est rapporté ici et en quelques mots en anglais ici. Multiples raisons anthropogéniques à cela : surpêche (moins de concurrents sur la nourriture), eutrophisation (apports de nutriments par la fertilisation-ruissellement), transports « clandestins » dans les ballasts des navires.

Quand la méduse prolifère, les humains dégustent : au hasard, un beau porte-avion américain frise l’incident nucléaire en 2006 en Australie, ainsi que d’ordinaires centrales de bord de mer, etc . On ne connait peut être pas assez les cycles des méduses. Mais je vois dans la conjonction de ces risques marins, des aspects systémiques de leur envahissement et de leurs attributs mythologiques une source d’inspiration pour appréhender cette « chose » qui prolifère dans notre monde moderne :

Oui, cette chose qui était l’ennemi de notre président fort en anaphores en 2012 au discours du Bourget.

Oui, cette chose qui, dès qu’il l’a regardée, l’a paralysée, lui comme tant d’autres.

Oui, cette chose qui pique quand l’huissier vient pour la saisie, au bout d’une tentacule !

Oui, cette chose qui se fait peu visible, chattemitte, tout en transparence, en compensation.

Oui, cette chose qui se recrée par un empilement de créances et de dettes, tout comme le fait une cnidaire.

Toi qui crois voir la finance dans ces mots, tournes-tu encore ta tête, votes-tu ?

Ne te sens-tu pas, déjà, paralysé, ou au moins, comment dire, « anesthésié du bulletin » ?

Bouge donc, alors  !

Mission : Remettre à leur place les chose empoisonnantes(*) ! (toi et tes élus)

_________________________

(*) ici

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