Billet invité
Trois ans après son déclenchement, le bilan de la catastrophe de Fukushima est très loin de pouvoir encore être dressé. 1.200 réservoirs stockant 450.000 tonnes d’eau radioactive dont on ne sait pas quoi faire symbolisent l’impasse dans laquelle se trouvent les autorités japonaises et l’opérateur de la centrale, Tepco, nationalisé de facto sinon de jure. Dans les sous-sols des trois réacteurs qui étaient en activité, invisibles, des coriums hautement radioactifs font du démantèlement des installations une opération inimaginable.
Les autorités se raccrochent à la fiction de ce démantèlement, ne pouvant reconnaître qu’elles sont confrontées à une situation devant laquelle elles sont totalement démunies. En attendant, trois à quatre mille travailleurs s’affairent quotidiennement sur un chantier chaotique dans des conditions très pénibles et dangereuses. Plus de 150.000 sinistrés ont été évacués des régions contaminées autour de la centrale, et seuls 30.000 d’entre eux pourraient être autorisés à regagner leur logement dans les deux ans à venir, entourés de terrains hautement contaminés.
Ne parvenant pas même à imparfaitement décontaminer l’eau de refroidissement des réacteurs à un rythme au moins égal à celui de sa production, Tepco continue de la stocker avec comme seule ressource d’accélérer la construction de nouveaux réservoirs. Les installations de décontamination déployées connaissent en effet des pannes récurrentes et sont insuffisantes.
Si les opérations de retrait du combustible de la piscine n°4 se poursuivent sans encombre, la même opération risque de rencontrer de grandes difficultés dans la piscine n°3, en raison de la déformation probable des casiers immergés sous le poids des installations qui y sont tombées.
Les dirigeants de Tepco assure avoir vérifié que, bien qu’éprouvés, les bâtiments pouvaient résister à un séisme de grande ampleur, mais reconnaissent être inquiets devant le risque de tsunami ou de tornade.
L’exploration de l’intérieur des réacteurs, inaccessibles aux humains, est loin d’être terminée par des robots qui ne peuvent y accéder que très partiellement en raison des obstacles qu’ils rencontrent. Le démantèlement proprement dit supposera des moyens télécommandés et résistant au niveau très élevé de radioactivité, qui n’existent pas, ce qui impliquera – mais le plus tard possible – d’abandonner cette perspective pour en venir à une solution type sarcophage, de dimension bien plus imposante que celui de Tchernobyl.
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