Billet invité.
La saga des banques est un succès qui ne se dément pas et dont les épisodes ne lassent pas, bien que la cause soit entendue. Non sans conséquences, à en croire les résultats d’une étude mondiale effectuée par Ernst & Young dans 43 pays auprès de 32.642 clients de banques de détail, interrogés entre juillet et octobre 2013. Il en ressort parmi une multitude d’enseignements que seuls 32% des Européens interrogés font « complément confiance » à leur banque.
L’actualité éclaire peut-être les motivations des autres deux tiers d’entre eux, risquant d’en accroître encore la proportion. On a en effet vu dans la même journée de jeudi BNP Paribas et Bank of America suspendre leur responsable du courtage des devises au comptant à Londres. Rappelant à notre bon souvenir que Barclays, Crédit Suisse, Citigroup, Deutsche Bank, Goldman Sachs, JPMorgan, RBS, Société générale et UBS sont également dans la ligne de mire d’enquêtes qui se poursuivent depuis le printemps dernier. Des noms devenus familiers de la chronique des amendes et des condamnations.
Un malheur n’arrivant jamais seul, Barclays, Deutsche Bank, HSBC et Société générale ont été assignées devant la justice américaine par un investisseur sur le marché de l’or, qui estime avoir de bonnes raisons de penser que ces banques se sont entendues pour manipuler son cours depuis janvier 2004. Avec la banque canadienne Scotia, ces quatre banques sont en effet chargées de déterminer deux fois par jour, lors d’une conférence téléphonique, le cours de l’once d’or sur le marché du London Gold Fixing qui fait mondialement référence. L’autorité des marchés allemande a déjà ouvert une enquête, les autorités américaines et britanniques analysent la situation.
Après la manipulation du Libor et des taux de change, n’est-on pas fondé à se demander si les manipulations de cours, de taux, et d’indices ne sont pas l’exception mais la règle ? Où irait alors se nicher le talent ? C’est fou, peut-on remarquer, le nombre de courtiers suspectés d’indélicatesses à des postes-clé de responsabilité, dont la plupart des directions des honorables établissements bancaires dont les noms précèdent ignoraient tout des actes présumés délictueux. En droit, cela s’appelle faisceau de présomptions. Au dernier pointage, ils sont vingt-deux appartenant à neuf établissements différents, sauf erreur ou omission.
La vénérable Banque d’Angleterre s’y est a mise à son tour, dans l’obligation fâcheuse de se résoudre à suspendre un employé (à ce stade de la procédure, son titre et responsabilités ont déjà disparu), après avoir, à toutes fins utiles, tenu à préciser sans tarder que « la banque exige de son personnel qu’il suive des processus de contrôle interne rigoureux ». Comment pourrait-on un seul instant en douter et croire que la Banque d’Angleterre était parfaitement au courant des manipulations sur le Forex (le marché des devises) qui s’étaient instituées sous son nez, comme elle en est suspectée ?
Les limiers poursuivent l’enquête sur tous les continents, les subalternes font leurs cartons, les dirigeants consultent leur cabinet d’avocats…
@Pascal (suite) Mon intérêt pour la renormalisation est venu de la lecture d’un début d’article d’Alain Connes*, où le « moi »…