Billet invité. À propos de DIX ÊTRES HUMAINS RÉSOLUS POUR SAUVER UNE ESPÈCE EN DANGER !
Je suis un « geek ». J’ai toujours gagné ma vie de près ou de loin dans le domaine des nouvelles technologies.
Et pourtant, à la lecture de DIX ÊTRES HUMAINS RÉSOLUS POUR SAUVER UNE ESPÈCE EN DANGER !, ce n’est pas l’aspect technologique qui m’a interpellé.
C’est la folie des hommes (la technologie n’étant qu’une émanation et un amplificateur de celle-ci).
C’est la noirceur du propos.
C’est l’urgence de l’interpellation.
Ma première réaction fut de me dire : « je plaque tout pour répondre à l’appel de Paul Jorion ».
Ma seconde réaction fut de me dire : « euh, ça va le sentiment de toute-puissance ? Qui es-tu, toi, pour penser pouvoir dévier l’humanité du précipice ? ».
J’ai ensuite ressenti une certaine frustration à la lecture des nombreuses et brillantes réactions au billet initial.
Car elles ne répondent pas à la foultitude de questions plus ou moins naïves et bordéliques que je me suis posées. Alors je les (pro)pose ici, dans le désordre :
- Ne sont-ce pas les mêmes technologies qui menacent de nous engloutir qui permettraient à 10 personnes (et leurs followers) de peser sur le cours de l’Histoire ? En d’autres termes, le salut ne peut-il pas malgré tout venir en partie du détournement des technologies complexes qui irriguent désormais toute la planète ?
- L’humanité est-elle vraiment folle, ou est-elle simplement passive et/ou trop occupée à subvenir à ses besoins primaires, pour s’apercevoir qu’à toute époque, ce sont des individus ou petits groupes d’individus aux profils psychologiques bien particuliers qui dictent leur loi et façonnent le monde en fonction de leurs intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt général ?
- Le fait qu’un petit nombre d’individus puissent à ce point faire basculer toute l’humanité dans le cauchemar suggère que Paul Jorion à raison de croire qu’en principe, une poignée d’esprits éclairés pourraient également infléchir le cours des événements. Mais pourquoi sa parole, celle deLordon et de tant d’autres, vivants ou morts a-t-elle autant de mal à pénétrer l’inconscient collectif ? Problème d’accaparement des moyens de diffusion par les intérêts privés ? Problème de communication ? Problème de complexité du propos ? Problème de tactique (s’adresser à la raison alors que les individus sont tiraillés par le désir et la peur) ? N’est-ce pas là le principal défi ? De se relever de la victoire par KO des idées néolibérales ?
- Pourquoi 10 personnes ? Pourquoi pas une ou 20 ? Ou 100 ? Les pouvoirs en place ne redoutent-ils en fait que la révolte ou révolution des gueux ? L’abstention aux prochaines élections ? Le boycott de leurs produits de grande consommation ?
- Quels seraient les objectifs et la démarche de ces 10 personnes ? De créer une feuille de route pour éviter le désastre ? De fédérer les nombreuses initiatives qui foisonnent dans l’ombre des géants ? De fomenter la révolution ? En détournant ou détraquant les technologies qui nous menacent ?
- Bref comment éviter ou dépasser ou transcender la dimension politique et idéologique du problème ? Ne sont-ce pas des choix éminemment politiques et idéologiques qui nous ont menés au désastre ?
Ou encore et surtout
- Mais à quoi il joue, au fond, Paul Jorion, en publiant ce billet ? Tu ne serais pas tombé dans son panneau en rédigeant puis en envoyant imprudemment cette réaction avant même ta deuxième tasse de café du matin ?
J’ai trouvé le point où Jorion et Thom divergent concernant PSI. C’est tout à la fin du chapitre XI :…