Ukraine : UNE GÉOPOLITIQUE DE TRÈS MAUVAIS CONSEIL, par François Leclerc

Billet invité

Européens et américains, les diplomates occidentaux se pressent à Kiev, tandis que les dirigeants russes observent le petit effet de leurs déclarations d’hier, et que Vladimir Poutine reste silencieux une fois passés quelques coups de téléphone entre grands de ce monde. L’incertitude sur les intentions russes est pour le moment leur meilleur arme, et leur permet de pousser leur avantage : le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, vient de se déclarer opposé à une élection présidentielle dès le 25 mai prochain…

La tâche du jour est de constituer un gouvernement provisoire, que les Américains ont qualifié de « technique » pour ne pas effaroucher Moscou, mais l’essentiel n’est pas là. L’Institute of International Finance (IIF) – ce lobby des grandes banques mondiales que l’on voit réapparaître à chaque fois qu’une crise se présente, et qui fait désormais autorité – a hier sonné l’alarme : il reste peu de temps pour prévenir la panique financière qui résulterait d’un effondrement de l’Ukraine, prévu dans les semaines qui viennent, car « les caisses de l’État sont vides ». Les réserves du pays sont selon l’IIF de 12 milliards de dollars, et il doit cette année débourser 25 milliards de dollars pour rembourser ses créanciers. Pour payer les dépenses courantes, dont les salaires des fonctionnaires et les retraites, il ne va vite rester comme solution que la planche à billets, avec comme conséquence la montée de l’inflation et la dépréciation de la monnaie ukrainienne.

Voilà qui éclaire la venue à Kiev aujourd’hui d’un haut représentant du Trésor américain dans les bagages de William Burns, le n°2 du Département d’État, dont la mission est de tracer les contours d’une aide sous conditions du FMI. L’IIF annonce à cet égard « des réformes très douloureuses », en contrepartie d’un prêt qui pourrait atteindre 20 milliards de dollars, dont 5 milliards devraient être alloués à consolider les banques. Un tel montant ne laissera qu’une partie du fardeau aux Russes, qui sortiront financièrement soulagés de l’affaire alors que leur situation économique se dégrade. Et les Ukrainiens devront rembourser les prêts accordés après s’être fait spolier par leurs oligarques, qui ont pour le moment décampé.

La géopolitique à l’œuvre, il restera à trouver la solution politique qui laissera l’Ukraine dans la zone d’influence russe. Cette condition-là du soutien financier du FMI figurera-t-elle dans des clauses secrètes ?

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. En sommeil que d’un oeil, mais en quoi ce commentaire peut-il chercher à créer des polémiques ou des conflits ou,…

  2. privé en opposition à Open source veut dire que les développements / les données ne sont pas publiées/définies/accessibles. Peu importe…

  3. @Pascal Bien plus que de leurs « performances », il me semble que le principal souci des IA, en toutes circonstances, et…

  4. Peut-être une piste d’analyse de l’évolution des IA pourrait se baser sur les déclinaisons des éco-systèmes, une belle généralité qu’on…

  5. (suite) Celles-ci pourraient moins leur plaire* : « Le « philosophe de la nature » que j’envisage aura un point de…

  6. Mieux vaut être sourd..as-tu vraiment décider d’écrire ça ou juste oser? Il y a un troll qui someille en toi…

  7. @PJ (« retardés à l’allumage ») Thom n’est pas démarcationniste (à l’inverse de Popper) : « Finalement, le problème de la démarcation entre…

  8. @FrMar Merci d’avoir précisé que la dernière phrase (et l’avant-dernière?) est de vous. En effet, j’ai souvent demandé à ce…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta