Finance de la personne, théologie monétaire de la démocratie, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

L’intérêt est au cœur de la guerre de religion où l’humanité est engagée pour définir ce qu’elle appelle la croissance, qui soit croissance de quelque chose plutôt que rien. Concrètement l’intérêt est ce que la réalité ajoute par le temps, au prix nominal à régler au prêteur quand un emprunteur réalise sa promesse de livrer quelque chose à quelqu’un. Au prêteur, le prix nominal est réglé par l’acheteur ; et l’intérêt est réglé par le vendeur qui avait emprunté le prix nominal à terme dans le prix réel anticipé offert par l’acheteur.

L’intérêt est donc l’augmentation de la réalité par le temps pour les sujets du prix. L’intérêt est la matière du temps qui fait religion entre les hommes. L’intérêt lie le prêteur à l’emprunteur, le nominal au réel, le présent au futur. La substance de l’intérêt est la matière de la croissance humaine. L’intérêt forme l’économie des biens. Définir l’intérêt du prix est donc discriminant entre ce que peut vouloir le sujet humain du bien et ce qu’il ne doit pas désirer sous peine de tomber dans le mal.

Les civilisations occidentales monothéistes ont convergé dans l’interdiction de l’intérêt sur l’intérêt, c’est à dire dans la recherche possible d’un surplus de bien dans le crédit nominal du prix nominal qui ne serait pas le prix de quelque chose de réel et saisissable. Par la désagrégation du consensus cognitif sur la distinction nécessaire entre le nominal et le réel, un malentendu a surgi dans la modernité sur la teneur de l’interdiction de l’intérêt et donc sur la réalité que doit recouvrir ou non le calcul de l’intérêt.

Nominalisme de la « religion féroce »

La finance dite islamique est un « story telling » alternatif du même système de nominalisme financier mis en faillite dans la prolifération des subprimes. Un subprime est le prix de quelque chose justifié exclusivement par un intérêt privé qui n’est pas obligé de s’exposer publiquement à une vérification par le commun bien. Le nominalisme est une idéalisation du réel par quoi la seule définition verbale des réalités suffit à leur existence vraie. Les mots absolument savants de l’élite des sachants prouvent seuls que la réalité puissent être vraie.

Dans le monothéisme qui structure la finance mondiale, deux courants religieux se présentent ouvertement par une dogmatique nominaliste : l’islam formel et le protestantisme. Ces deux courants posent que l’écriture sainte est le seul lien véritable entre les hommes qui aiment la vérité. Le crédit d’origine divine n’est donc donné qu’aux hommes qui pratiquent l’écriture sainte à la lettre. L’esprit saint qui fait la vie communale des hommes au-delà de l’écriture, n’est pas la condition du salut. Le capital nominaliste dont la répartition ici bas est régie par l’écriture juridique sans considération des œuvres, est bien la préfiguration terrestre des droits individuels au paradis.

Le nominalisme est financièrement pratique : le problème de la vérité humaine calculable par les prix est entièrement réductible aux mathématiques, c’est à dire aux nombres mécaniquement transformables par des théorèmes. L’hypothèse de l’existence, de la nature et de la fonction de Dieu n’est même pas nécessaire à la résolution de l’équilibre des prix entre les humains, lesquels sont simplement des individus mus par la mécanique du calcul. La finance nominaliste dispense l’homme de l’incarnation ; il n’est pas véritablement utile d’être acteur de sa vie.

La morale des clercs islamiques est tout aussi désincarnée que le christianisme chrématistique. Dans la cosmologie aristotélicienne qui fonde l’économie réelle, en Islam comme dans le Judéo-christianisme, « désincarné » signifie angélique : une volonté sans corps, une science sans réalité, un calcul sans matérialité, une loi sans sujet politique. Le nominalisme financier substitue des titres invérifiables à la réalité des biens servis. L’acheteur par le crédit d’un prix n’est pas une personne responsable de son objet mais un numéro fonction d’autres numéros.

Culte intéressé des mots, des titres et des idoles

Le titre nomme le prix par un nombre et un texte. En l’absence de conformation du prix à la loi discutable, le travail, l’investissement, la responsabilité et la description analytique du bien effectivement livrable, sont nominalement d’intérêt privé. Le titre nominaliste dispense l’émetteur, le vendeur et l’acheteur de s’inscrire dans la république pour donner la réalité par l’objet discutable dans la démocratie. Les prix sont adossés à des idoles produites par le clergé financier dans un système de représentations ininterprétables en vie concrète de citoyens réels.

La finance déclarée islamique par des légistes qui ne représentent qu’eux-mêmes, fonctionne exactement de la même façon que la finance chrétienne capitaliste individualiste. Le système financier monothéiste global est construit sur une loi abstraite unique où le profit n’est pas défini par rapport à l’humanité réelle mais par rapport au désir d’accumulation d’une minorité d’individus angéliques. Les sociétés, les peuples et les corps personnels ne sont pas réellement représentés dans le calcul de ce qui fait office d’intérêt, lequel est un surprix dont la seule justification possible est morale et politique.

Quel que soit le nom qu’on lui attribue et la méthode de calcul appliquée, l’intérêt mesure la croissance des prix de l’humain dans le temps. Bien évidemment dans le nominalisme financier, l’intérêt est calculé pour rémunérer les justes qui sont justes par définition. L’intérêt général est de fait exclu de l’intérêt financier quand la communauté n’est pas représentée en tant que telle dans l’espace de calcul des plus-values et loyers dus à celui qui prête le capital réel. L’intérêt de nier la réalité de l’intérêt général est d’éviter aux agioteurs de reverser à la communauté le prix de la justice et du droit qui permet l’existence du capital.

La finance islamique comme la finance protestante est produite par une écriture sainte incréée ; une écriture de la vérité indistincte de la réalité parce que directement livrée par Dieu dans l’intermédiation financière ; une écriture que l’humain ne doit pas interpréter, qu’il ne peut pas incarner à moins d’usurper le pouvoir du tout puissant. Le financier monothéiste nominaliste est un simple reproducteur d’écriture dans des titres et des contrats sans contre-réalité visible.

Comptabilité monétaire de la vérité réelle incarnée

Le prix politique est réputé non discutable parce que contenu dans l’écriture divine dont les scribes économistes et juristes sont les simples porte-voix. Le lieu du prix juste et vrai est l’espace divin réifié du marché. La loi de l’offre et de la demande, qui est diction de l’écriture sainte dans le contexte islamique, est le dialogue de Dieu avec lui-même dont les hommes ne sont que des locuteurs passifs. La légalité, l’éthique et la morale n’ont pas de rapport avec l’amour.

Au contraire, dans le monothéisme de l’Amour incarné, la vérité est distincte de la réalité par la relation libre entre les personnes. L’écriture n’est pas la réalité mais la trame de la réalité à l’intérieur d’une société qui fait communion entre des individus personnifiés libres de leurs affiliations. Dans l’incarnation de la parole donnée par des sujets corporels, l’écriture est un outil du calcul de la vérité entre des personnes qui choisissent leur réalité entre toutes les offres du possible.

Dans le régime de l’Amour, la réalité n’est ni nécessaire ni unique puisque les personnes choisissent à l’intérieur de leur réalité séparable entre des sujets distincts. En amour, le prix n’est pas calculable, ni l’intérêt qu’il contient, si les états de la société sont absents, qui posent les personnes comme finalité de l’échange. La réalité séparable entre les personnes, c’est l’État de droit entre les citoyens. L’État est l’existence possible des états multiples et divers des personnes différentes.

Dans la scolastique monothéiste fondatrice de la finance à la fin du Moyen Age, la légalité étatique des individus en dépendance contractuelle entre personnes libres est représentée dans les prix par la matière monétaire. Un prix est une forme dont la consistance est acquise par la monnaie. Dans la finance contemporaine islamo-protestante, la monnaie est une réalité exclusivement mathématique, donc neutre sur le plan du sens et de la volonté des sujets. Dans la finance du crédit interpersonnel, la monnaie matérialise l’hypothèse d’une communauté possible d’intérêts de vie.

L’État comme possibilité commune de s’incarner subjectivement

Les finalités existent et se partagent dans le prix si la parole de négociation et d’engagement émane de la personne incarnée ; si l’écriture est un support de verbalisation du réel et non le réel-même. Pour que la monnaie matérialise la présence des personnes dans les prix des objets, il faut qu’elle soit émise par une personne morale politique qui incarne la solidarité ontologique d’existence entre les personnes physiques et morales.

L’athéisme financier christiano-islamique nie que les relations entre les acteurs économiques soient matière de vie humaine par une finalité lisible dans le temps. La vérification de la finalité d’une transaction financière y est uniquement le fait d’intérêts privatisés par une numération privée sur une écriture morte réservée par une poignée d’exégètes. Si la monnaie est la représentation de la préséance du bien commun dans une société vivante, alors il existe dans le prix de tout contrat un État social de l’humain dépositaire et garant de l’unité monétaire choisie par les parties.

Cet État de droit est économiquement efficient s’il a le monopole de l’émission monétaire par quoi les parties au prix domicilient républiquement leurs obligations morales et juridiques. Dans le Droit romain européen continental éliminé par le globalisme islamo-protestant, la justice incarnée est matérialisée dans la monnaie. Le contrat est liquide dans le temps et dans l’espace entre n’importe quelles personnes, même non directement engagées, à la condition d’une régulation publique de l’État.

Sous le régime de la vérité personnelle publiquement et réellement interprétable par les finalités de chacun, une personne élue du bien commun se porte garant de l’intérêt général : elle émet la monnaie contre la dette publique qui est alors la prime d’assurance de réalisation intégrale des droits de chaque citoyen dans le prix de n’importe quel contrat.

L’obligation d’aumône des libéraux islamo-protestants est un vœu pieux issu d’une définition abstraite de la justice. La part du pauvre éventuellement prévue dans le prix d’un contrat reste entre les mains des intérêts privés qui vont choisir par eux-mêmes les bons pauvres qui méritent d’être aidés. Les critères de la justice ne sont pas matériels et ne sont donc pas négociables par les procédures et institutions de la démocratie.

Justice lucrative ou justice incarnée

De fait, la justice islamo-protestante est prédéfinie par les riches qui sont riches parce qu’ils sont du côté d’un dieu qui les a bien jugés dès l’origine. La monnaie libérale déconnectée du budget et de la dette publics, permet une confirmation certaine du jugement de Dieu annoncée dans la répartition marchande empirique du capital. Dans la démocratie réelle abolie par la religion de la liberté formelle, le bien est discutable par la communauté des citoyens intéressés à des objets descriptibles par la loi publique partagée.

Comme la transformation des définitions légales individuelles et collectives en biens réels est incertaine, la démocratie utilise le budget public pour calculer les prix de la loi commune et la dette publique pour capitaliser les réserves d’assurance de la réalité du bien commun. Si la justice est la relation vivante descriptible des personnes solidaires par la réalité, alors les prix d’une même réalité doivent se différencier selon les interprétations différentes que les sociétés incarnent dans un même monde.

Comme le prix est une quantification universelle de la valeur d’échange indépendante des systèmes de justice, la seule manière de réaliser la justice entre des sociétés différentes est de différencier les unités de la monnaie selon les juridictions où le prix s’applique. L’athéisme religieux et le monothéisme impersonnel nient la liberté responsable de la personne pour ne pas payer le prix de la Loi à la communauté des citoyens qui assument justement leurs responsabilités politiques et morales.

L’intégrisme religieux théiste ou agnostique est le refus lucratif de penser la diversité personnelle d’un même prix par la pluralité monétaire. Et pour cause : la monnaie impersonnelle mathématiquement convertible par des scribes cambistes impose l’universalité religieuse du profit sans discussion de la justice réalisable par la foi. La foi n’est plus ni bonne ni mauvaise mais sépare mathématiquement et irrévocablement les justes des damnés.

L’intérêt financier, poison ou remède selon le régime de la monnaie

Les marchands islamo-chrétiens savent d’expérience que si l’intérêt est interdit parce que virtuellement injuste, il suffit d’introduire plusieurs unités monétaires dans un même marché pour prélever par une prime de change le prix de la justice divine ; laquelle est inaccessible par construction aux mécréants de l’économie réelle. Depuis l’origine de la civilisation, un changeur est un prêtre qui convertit par la monnaie la définition des biens en réalités tangibles dans les prix.

Si au contraire du libéralisme, la sainteté est la recherche de la communion et si chaque société matérialise la justice qu’elle produit réellement par une unité monétaire spécifiant ses sujets dans la réalité tangible, alors chaque communion a sa responsabilité juridictionnelle économiquement convertible par la distinction nationale des monnaies. Chaque incarnation étatique de la justice mesure et échange la justice qu’elle produit réellement. Le marché de la monnaie est alors l’identification par des unités monétaires propres et distinctes de chaque autorité publique personnelle de justice.

Le régime monétaire de la justice publiquement relative aux sociétés politiques, a été initié par les accords de Bretton Woods jusqu’en 1971, et auparavant par les empires coloniaux, par l’Eglise « catholique » jusqu’à la réforme protestante, par les empires arabo-musulman, romain et chinois. Tous les empires jusqu’à celui du dollar aujourd’hui ont eu pour fonction de mutualiser dans un régime commun de compensation, les risques d’impayé physique ou métaphysique entre des régimes juridiques distincts et multiples du bien civil.

Tous les empires financiers se sont jusqu’à présent effondrés faute d’une autorité « religieuse » centrale responsable des arbitrages de justice entre les nationalités de l’humain. L’empire du dollar secondé par l’euro est miné par la concentration économiquement injustifiable du capital entre quelques mains. Les paradis fiscaux dispensent de toute comptabilité légale, le prélèvement des primes de change sur les échanges internationaux et sur les échanges nationaux.

Fausse monnaie du titre des choses, vraie monnaie des personnes

Le libre-échange mondialiste est la pratique matérielle de l’anarchie nominaliste. À l’intérieur des marchés nationaux, des États formels correctement corrompus par le nominalisme financier reversent aux intérêts financiers privés les produits de la fiscalité. Dans la liberté falsifiée par le capital formel, la mécanique infernale de destruction des sociétés humaines n’est plus freinée par la présence réelle d’une quelconque personne d’intérêt général. La négociation des prix singuliers n’est pas régulée par les institutions sociales de la réalité humainement plurielle.

Le faux problème nominalement opposé par le libéralisme agnostique islamo-protestant à l’instauration d’un système mondial public de compensation des monnaies nationales du crédit, est celui de l’autorité de régulation. Comme la vérité est réputée indissociable d’une réalité intentionnellement non divisible entre des intérêts purement nominaux, comme l’écriture exprime l’unicité de la vérité et non la diversité possible de ses interprétations, la monnaie reste un succédané d’une matière incréée ininterprétable.

L’anarchisme libéral pose l’autorité centrale de compensation comme forcément unique et de nature divine, donc sans limite rationnelle possible de puissance. Comme l’esprit saint ne peut pas exister en médiation des intérêts personnels, une autorité centrale signifie inéluctablement une dictature mondiale universellement répulsive.

Le matérialisme nominaliste ne peut pas comprendre que la personne puisse être tout à la fois une société de sociétés dans la personne et des personnes de différents degrés réunies dans la multiplicité des sociétés. En économie de la monnaie, cela signifie que les prix de l’intérêt général qui portent la pluralité commune assurée des intérêts personnels particuliers, devraient être calculés dans une monnaie divisible et intégrable en plusieurs degrés d’État : local, national, international et mondial.

Par la divisibilité de la personne en différents degrés de socialité, la monnaie peut s’indexer à la réalité par quatre degrés de matérialité du droit dans l’État. L’unité mondiale de la monnaie doit être la personne physique libre délimitée par le corps-même, celui-là même qui est à l’origine de toute richesse par le travail, l’investissement, la conception et la consommation des biens dans le temps. L’État primaire mondial du droit émetteur de la notion universelle de monnaie, c’est la personne physique concrètement visible et palpable.

Les quatre degrés d’existence de l’État des personnes

L’État secondaire international du droit des personnes, c’est toute organisation multinationale dédiée à l’assurance de la démocratie entre des sociétés identifiées de personnes physiques. En théorie, l’Union Européenne, les États-Unis d’Amérique ou la Fédération Indienne sont des États secondaires de démocratie. En pratique, ce sont des empires financiers totalitaires qui utilisent une unité monétaire unique entre des juridictions différentes pour permettre à une minorité de privilégies d’asservir la majorité à ses intérêts absolus.

L’État tertiaire de la personne, c’est la société nationale pratiquant une même loi écrite sous une souveraineté monétaire gouvernementale commune. Enfin, l’État quaternaire ou économique de la personne, c’est la société locale concrète délimitée par un territoire ou un objet économique ou un intérêt commun descriptible et négociable. Toutes les sociétés de la personne sont pas nature ontologique intégrées les unes dans les autres, sans hiérarchie de pouvoir univoque mais chacune dans son degré propre de partition de la réalité humaine vivante.

Le partitionnement économico-financier de la réalité personnelle dans les prix est accompli par l’unicité monétaire de chaque société étatique et par la convertibilité dans une chambre de compensation centrale appliquant la même loi à toute personne dans toute unité monétaire. Alors la conversion d’un prix d’une monnaie à l’autre implique nécessairement le paiement d’une prime de change à l’État en excédent de justice. En économie morale, un excédent de justice est une position financière d’assureur de tout État en déficit de justice.

Dans la cosmologie monétaire aristotélicienne, la compensation des monnaies est depuis l’origine de la civilisation la cohabitation économique pratique des différentes cultures humaines dans un espace délimité et circonscrit. Pour échanger des biens, c’est à dire la valeur identifiable des choses contre des prix, il faut penser ensemble les prix et les choses, les choses et les personnes, les personnes et les États de justice. La compensation est la réduction des injustices latentes entre personnes reliées par l’échange de leur être commun.

Économie des états publics de la compensation des biens actifs

Dans une économie d’échange stable et prospère, les balances de justice inter-étatiques ne sont pas calculées par des pouvoirs occultes ou absolus mais par la consolidation publique de toutes les transactions de prix entre les personnes physiques représentant les personnes morales. Dans l’économie des prix universels médiés par les États, chaque personne physique est déposée dans la compensation comme État mondial garant par ses décisions du crédit d’États identifiés subsidiaires, internationaux, nationaux et locaux.

L’étatisation économique des personnes dans la compensation a pour but d’intégrer tous les intérêts humains dans la justice financière du prix. Chaque personne physique est un état primaire du monde. L’État mondial de la personne est subsidiaire aux États locaux de la personne que sont les sociétés intermédiaires de production politique économique. L’État local quaternaire est subsidiaire à l’État national secondaire qui réalise les droits de la personne physique et morale dans une culture identifiée.

L’État national est subsidiaire aux États confédéraux internationaux qui monétisent les balances de justice entre les différents degrés du marché des personnes. L’État confédéral tertiaire est subsidiaire aux États primaires d’individualité personnelle corporelle reconnus dans chaque citoyen du monde. L’État universel des droits primitifs de la personne physique est l’égalité absolue en humanité indépendamment des origines et des cultures.

La représentation d’une personne morale par une personne physique est subordonnée au vote personnel uninominal de tous les membres d’une société. Un vote sur le nom d’une personne est par nature dans la théorie actuelle de la finance de marché, un achat à terme du prix nominal de la justice ; justice que la gouvernance incarnée dans la personne élue permettra de livrer à tout citoyen du monde par la société physiquement incarnée. Pour que le nominalisme provoque la réalité bénéfique du bien vivant, il doit être impossible de désincarner la personne morale.

Mathématiques monétaires, unité plurielle et multiplicité singulière

Voter dans une société par son intimité personnelle monétisée revient à vendre la prime du crédit de justice dont on est constitutionnellement propriétaire dans la démocratie. Le prix à terme du crédit monétaire dont on dispose par sa capacité de travail est vendu contre la prime de crédit de l’État où l’on domicilie son travail. La monétisation du vote personnel est devenue courante dans les réseaux sociaux numériques. Mais elle provoque l’aliénation du désir personnel faute de reconnaissance d’un prix justifiable liquide au travail de jugement objectivement fourni.

Quel que soit le degré de l’État où l’on vote par la compensation monétaire, le droit des personnes peut être garanti par des personnes particulières si elles sont toutes objectivement égales les unes aux autres par le prix cardinal de leur existence. La séparabilité des personnes en réalité de prix qui ne soit pas une inégalité en dignité d’existence réelle, est réalisable dans la compensation financière par décomposition numérique de la monnaie entre les quatre degrés étatiques de la personne.

L’interconnexion bancaire des cadastres financiers par un fichier central des personnes propriétaires des titres suffit à garantir la séparation efficiente des degrés de responsabilité des prix. L’équilibre des prix sur un même objet est alors numériquement calculé au niveau local, national, international et mondial dans l’interdiction logique numérique de confusion entre les degrés. Les quatre degrés étatiques de la personne sont obligés de s’assurer réciproquement de l’existence humaine des personnes physiques dans les personnes morales.

La religion libertarienne du capital nominaliste abolit les frontières monétaires entre les cultures juridiques et entre les degrés de la personne. La guerre de tous contre tous est subrepticement instituée par la concurrence juridique et fiscale des États nationaux et par la manipulation réciproque invisible des personnes physiques par les personnes morales. Le système produit par lui-même l’instabilité des prix qui justifie les primes de change du clergé financier et les primes de crédit prélevées par le clergé politique dans les budgets publics.

Mathématiques de la démocratie, unité du sujet, pluralité des objets

Dans la compensation monétaire à quatre degrés d’État des personnes, le président qui est la personne physique représentant la responsabilité de l’État garantit par son patrimoine corporel toutes les décisions judiciaires relatives aux droits des personnes physiques dans le périmètre de souveraineté nationale. Le crédit de la responsabilité politique est financièrement assuré par la majorité vérifiable à tout instant en compensation. Une majorité compensée de citoyens est un ensemble de personnes physiques en position financière acheteuse d’assurance par leur confiance de la personne qu’ils ont élue.

Dans la compensation monétaire quadri-étatique, la citoyenneté des personnes physiques est titrisée dans les États nationaux. La personne physique ne peut plus être totalement réifiée au profit des anges du capital, lesquels se trouvent numériquement enfermés dans les états non nationaux du local, du confédéral et du mondial. Le prix de la personne est incomparable au prix des choses. Tout programme d’idées économiques et politiques est réifié séparément des personnes physiques qui peuvent les appliquer.

Toute personne dirigeante n’est éligible que sur l’application d’un programme titrisé dont le prix nominal est coté et négociable contre monnaie légale compensée. La conversion d’un prix exprimé en vote personnel de monnaie universelle mondiale, en prix économique exprimé dans la monnaie de la société qui vend, société internationale, nationale ou locale, est possible par la compensation publique d’une vente de travail entre deux degrés monétaires différents d’état.

L’État local, confédéral ou mondial à partir duquel on vend est garant par les choses des droits personnels assurés par l’État national garant des citoyens qui le composent. Être assuré dans sa personne signifie, dans la compensation quadri-étatique, être acheteur par la fiscalité de la prime de crédit du pouvoir politique de l’État donateur de la nationalité. Par la même compensation, la personne morale à qui l’on achète est garante du prix effectif des biens livrables dans la durée des personnes physiques.

Nommer et compter sur l’amour en réel numérique

Le nominalisme théorisé dès la République de Platon est la religion de la matière désincarnée, l’idolâtrie du capital virtuel qui privatise la vie politique des personnes par la mathématique du néant. Pour restaurer la croissance de la vie humaine au-dessus de l’accumulation verbale prédatrice de la réalité, il faut réarmer les citoyens de la démocratie contre les anges de la république. Il faut refonder la réciprocité aristotélicienne des causes contre la toute puissance du prix financier négateur de la loi humanisante.

Depuis Abraham, la réciprocité des causes repose sur la multiplicité des personnes unies par la même humanité. L’Homme n’est pas l’objet d’un programme divin ésotérique mais le sujet de sa création communale. A l’orée du troisième millénaire après la Résurrection monothéiste, la société des hommes a fabriqué un réseau numérique mondial d’historisation des connaissances. Pour le moment, la religion du capital nihiliste titrise l’appropriation du travail historique des travailleurs pauvres au profit de la rente divinisée des capitalistes. L’histoire détournée de la création inverse le sens humain de la réalité.

La mémoire réticulaire des richesses produites par l’homme est livrée à l’intérêt privé ; la spéculation monétaire libre exonère les riches des solidarités publiques d’une réalité commune. Un simple registre mondial des naissances distinguant les quatre degrés d’existence politique de la personne suffit à restaurer la possibilité d’une finalité des échanges dans le citoyen. La réalité nouvelle de la virtualité numérique est la traçabilité hypertexte intégrale.

La responsabilité des personnes sur les choses est intégralement traçable en verbe humanisant ; traçable par la solidarité des sujets dans les objets monétisés par le temps dans la diversité humaine des lois. La bonne nouvelle est que le paradis devient séparable de l’enfer. Mais le paradis réalisable par séparation effective de l’enfer exige un vrai travail qui n’a pas de fin puisque l’amour en est la finalité, c’est à dire la relation infinie des personnes par les personnes.

Jusqu’à quel point l’homme vendra-t-il quand même son âme ?

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