Lettre ouverte à nos responsables (belges), par Marianne Oppitz

Bonjour Mesdames, Bonjour Messieurs,

Simple citoyenne, je n’ai pu trouver les adresses e-mails de chacun de vous et sans doute ai-je oublié bon nombre de personnes qui mériteraient de recevoir ce courrier.

Pour la Banque Nationale, je m’adresse à Monsieur Luc Coene. Et bien sûr « info premier » s’adresse à Monsieur di Rupo. J’espère que les petites mains qui recevront ce courrier le feront suivre à qui de droit.

Je suis avec grand intérêt la situation économique et financière de l’Europe et sans doute suis-je plus assidue à suivre ce qui se passe en France et dans le monde que chez nous. Je l’avoue. Mais je pense avoir une bonne raison qui est sans doute la même que la plupart de nos compatriotes : vous m’ennuyez !

Franchement, je ne veux pas être désagréable mais vous ne vivez vraiment pas sur la même planète que nous qui votons pour vous. D’ailleurs, personnellement je ne vote pour aucun de vous. Et puisque les élections arrivent et que déjà vous affûtez vos saillies dévastatrices les uns contre les autres, ce qui ne dupe personne puisque de toute façon vous trouverez bien un arrangement avec le parti honni pour pouvoir être au gouvernement, puisque les élections arrivent dis-je, tout ce que j’entends autour de moi c’est « tu sais pour qui tu vas voté, moi non », « de toute façon cela ne sert à rien, ils s’entendent toujours entre eux ».

Cela ne vous interpelle pas ? Moi je trouve ça triste. Voilà des gens, dont je fais partie, mais dont la plupart ne votent pas comme moi, qui ont une conscience politique et sociale et qui franchement sont dépassés par la question : pour qui voter ?

Ce qui m’interpelle le plus, petite citoyenne sans bagage politique ou financier particuliers, c’est que j’entends et lis des tas de choses exprimées par des gens compétents et soucieux de l’avenir du genre humain et c’est bizarre, vous n’en parlez jamais. Ou si vous en parlez, cela reste très confidentiel. Ah oui, ce dimanche nous avons eu droit paraît-il à une émission Mise au point qui parlait de la participation citoyenne. Je suis désolée, je ne l’ai pas vue, je ne la regarde que très rarement et franchement pas plus de 10 minutes, comme je vous l’ai dit plus haut, vous m’ennuyez. Les journalistes aussi d’ailleurs parce qu’ils n’ont pas l’air plus perspicaces que vous, ce n’est pas une émission pour faire joli qui va régler le problème. Oui, vous avez amené sur le plateau le G1000, ça fait très participatif et ça dore la pilule mais ne croyez pas que la plupart d’entre nous soient dupes.

Pensez-vous sincèrement que les gens qui ont du mal à finir le mois et ils sont nombreux croyez-moi, ne sont pas interpellés par le salaire mirobolant d’un Didier Bellens qui parvient quand même à partir avec 2.000.000 € de stocks options ? Et seulement 2.000.000 le pauvre parce qu’il a dû vendre en vitesse.

Entendre une question aussi surréaliste que : « Pouvons-nous trouver quelqu’un de compétent pour remplacer Didier Bellens à moins de 250.000 € » ? Ça m’a fait rire. Franchement vous ne manquez pas d’humour.

Ce que je vous reproche ? De nous prendre pour des andouilles, de continuer à nous parler de relance et de croissance alors que vous le savez très bien, tout ça c’est fini. Nous ne nous relèverons jamais de ce qui s’est passé en 2008 avec vos remèdes d’apothicaire. Vous mentez tous autant que vous êtes, pas par malhonnêteté, je vous laisse le bénéfice du doute, mais par lâcheté.

Vous continuez à faire croire à un monde qui n’existe plus. Ou peut-être pire parce que vous n’avez pas idée de ce qui est en train de se passer vraiment. J’ose croire qu’en fait, c’est par manque de temps que vous ne vous informez pas mais prenez quelques minutes pour visiter quelques sites intéressants :

Le blog de Paul Jorion
Frédéric Lordon
Les économistes atterrés
Un petit article
Un livre : Pierre-Antoine Chardel, Zygmunt Bauman. Les illusions perdues de la modernité, CNRS Éditions, 2013.

Ce n’est pas de colifichets dont nous avons besoin, mais d’hommes et de femmes qui regardent la réalité en face et qui se mettent à l’écoute de la population, retroussent leurs manches et agissent pour arrêter une locomotive sans conducteur qui nous mène dans le mur. En fait c’est comme en 1930, le bateau coule mais tout le monde continue à danser sur le pont.

Je vais arrêter ici, j’avais simplement envie que vous sachiez qu’il y a dans ce pays des gens qui se renseignent et qui attendent autre chose de vous. Sans doute, même, feront sans vous. Et ne me lancez pas vos salades habituelles, franchement je sature. Soyez IMAGINATIFS !

Bien à vous

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