Je regarde les images des émeutes de la faim à Sarajevo et cela me rappelle mon passage le 8 juin 2011 au Ce soir (ou jamais !) de la télévision albanaise – sauf que nous n’étions que trois invités.
Dans la matinée j’avais parlé à l’Université européenne de Tirana et je vous en avais fait le petit compte rendu suivant :
Je me suis adressé aux étudiants et aux professeurs du département d’économie. Au moment des questions, une professeure a fait une brillante comparaison et distinction entre ce que j’avais dit et ce que l’on trouve chez Marx et Lénine. J’étais très admiratif. On m’a expliqué ensuite que, dans sa bouche, le simple fait qu’un rapprochement soit possible disqualifiait entièrement ce que j’avais pu dire !
À la télé, j’avais tenu à tempérer l’enthousiasme de mon contradicteur en chef, un thuriféraire inconditionnel du capitalisme : plus il était sauvage plus il l’aimait, sans que je manifeste aucune sympathie non plus pour le communisme, ni à l’ancienne sauce albanaise ni à aucune autre.
L’émission passait en fin de soirée en léger différé et au moment où je suis rentré à l’hôtel, le patron était assis à regarder l’émission dans le bar qui complétait l’hôtel. Je me suis assis, je lui ai demandé une bière. Une fois rassis, il s’est mis à regarder en alternance l’écran et moi assis là, jusqu’à ce que son opinion soit faite : sur la chaise de son bar et sur l’écran, c’était bien le même.
À un moment, il s’est levé, il est venu se poster derrière moi et avec une très grande tendresse, il m’a tapé silencieusement sur l’épaule à plusieurs reprises avant d’aller se rasseoir pour regarder la fin de l’émission.
Lui non plus n’était pas un vieux singe à qui l’on apprend à faire des grimaces.
(suite) (« À tout seigneur tout honneur ») PJ : « il n’est pas exclu du tout que je me retrouve dans la…