MEA CULPA !

Je dois reconnaître avoir fait une erreur d’appréciation dans mon évaluation de la crise du milieu financier. Ayant travaillé dans ce secteur dans quatre pays différents (chronologiquement : en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis) durant dix-huit années, j’ai supposé que ma rencontre occasionnelle avec des pratiques frauduleuses constituait un échantillonnage fiable des pratiques à l’intérieur de ce milieu.

Ayant travaillé en particulier dans les milieux spécialement « exposés » du secteur du subprime, du parachute doré, de la retraite « fortifiée » des dirigeants d’entreprise, du prêt (gaspation !) à la voiture d’occasion, j’ai eu le sentiment d’avoir tout vu. Or, j’avais tort !

J’avais tort parce que je n’avais vu chaque fois que la fraude interne à une entreprise isolée et je n’avais pas envisagé l’effet démultiplicateur de la collusion entre de multiples entreprises commettant la même fraude de concert.

J’ai eu l’occasion de couvrir de manière détaillée la fraude du LIBOR (vous trouverez ici sur le blog des billets l’évoquant, non pas l’année dernière quand tout le monde en parla, mais en 2008, au moment même où elle se commettait) et je serai présent de la même manière quand sera déballée la manipulation des taux de change au fil des années par les banques.

Quinze banques ont d’ores et déjà été appelées à coopérer avec les autorités dans ce nouveau scandale, et non des moindres : JP Morgan, Citigroup, Barclays et HSBC en particulier. Elles auront à payer des amendes d’un montant considérable et les 6 milliards de dollars qui durent être versés dans le cas du scandale du LIBOR seront probablement dépassés.

Il y aura cette fois encore des amendes, dont les clients et les actionnaires de ces banques règleront l’ardoise in fine. Aucun dirigeant ne sera inquiété, uniquement des sous-fifres, aucune de ces banques ne sera bannie du marché des changes dont elles ont faussé le mécanisme à leur très grand bénéfice et pendant des années et des années. Pourquoi ? En raison du risque systémique, du risque d’effondrement généralisé, qui résulterait du fait que ces banques et leurs dirigeants soient inquiétés.

Des escrocs nous ont pris en otage. Ils sont intouchables. Que pouvons-nous faire ?

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