Billet invité
Le marché monétaire continue de manifester une grande volatilité, selon cette expression qui affecte de rendre compte de ses soubresauts de manière vénielle. « Les problèmes des pays émergents vont-ils rester ceux des pays émergents ? », se demande-t-on aux États-Unis. Car cela devait arriver, à finance mondialisée, contagion généralisée. La « guerre des monnaies » est relancée sans être déclarée. Une fois encore, les États-Unis exportent leurs problèmes et perturbent l’économie des pays émergents, mais ils craignent cette fois-ci un retour de flamme.
Quels pourraient-être les canaux de transmission empruntés ? Des faillites en série des entreprises des pays émergents, endettées dans des devises étrangères, sont d’abord craintes, car elles affecteraient le commerce international. Ou bien des retraits de capitaux atteignant à leur tour des pays comme l’Espagne et le Portugal, qui relanceraient la crise de la zone euro. Car les banques centrales des pays émergents ne sont pas parvenues à empêcher le plongeon de leur monnaie, en dépit de la palette des mesures mises en œuvre, y compris en augmentant leur taux dans une ultime tentative d’attirer les capitaux étrangers, vitaux étant donné les déficits extérieurs ou budgétaires enregistrés. Plus préoccupant encore, les capitaux nationaux s’enfuient afin d’anticiper de nouvelles dévalorisations et se protéger.
Ces mécanismes n’interviendront que de manière plus ou moins contenue. Mais il est par contre acquis qu’il ne faut plus attendre du dynamisme économique des pays émergents la relance de l’économie des pays développés. La désinflation s’accentue en Europe, désormais sous l’effet supplémentaire de la diminution du prix des importations en provenance des pays émergents. Là où elle intervient, la déflation accroît le poids de la dette. L’appréciation de l’euro résultant de la chute des monnaies va peser sur la croissance de la zone, la demande extérieure diminuant par ailleurs. La stratégie de la relance reposant sur l’accroissement des exportations est prise à contre-pied.
La crise se promène d’un secteur à l’autre de l’économie mondiale, à la faveur des transferts massifs de capitaux que rien ne peut arrêter, dans un système qui a fait de leur libre circulation un principe n’autorisant que dans les cas limites des dérogations ponctuelles et provisoires, quand le mal a été fait et sans garantie de succès. Prendre le problème à la racine supposerait de revenir à la proposition de Keynes : un système monétaire adoptant le mécanisme du bancor.
« Biden vient de soulever un peu la planche de son côté. » « L’élargir hors de l’Ukraine. Zelensky s’y est employé » Ah…