Bon, bien sûr dans mon pays à moi, nous avons aussi notre Woody Guthrie, nous avons même aussi notre hymne national officieux : notre propre « This Land Is Your Land », qui s’appelle « Le plat pays ». Enfin, quand je dis « dans mon pays à moi », je repense aussitôt à l’anecdote suivante : un jour j’étais à Lille, et dans la conversation, il y a un gars du coin qui dit : « Le plat pays, Jacques Brel a écrit ça spécialement pour nous les Lillois : c’est notre chanson à nous ! » Mal m’en prit d’esquisser une moue dubitative : j’ai failli être lynché ! L’amour du pays natal et toute sa symbolique, réelle et imaginaire (surtout imaginaire !), faut faire gaffe : c’est un sujet sensible !
Et ils continuent d’être après moi, ces « Français-flamands-patriotes » ! Reçu au courrier ce matin :
Bonjour,
Effectivement, il faut faire gaffe.
Le plat pays il s’étend jusqu’au pied des collines d’Artois, la limite géographique sud c’est de Béthune à Tournai et en remontant on suit la ligne de crêtes jusqu’au Camp de drap d’or et Bourbourg.
Le plat pays c’est aussi le mien, une partie de ma famille est du dernier village au pied des collines d’Artois et là, jusqu’à Armentières et Halluin, l’on ne se veut pas trop différents des Wallons : mes arrières grands parents venaient de Flandre, sans doute chassés et, dans cette région qui est aussi la Flandre on n’aime pas beaucoup « ché Flamin ». Leur Flandre commence à Hazebrouck.
Lorsqu’il y avait encore un terril sur la première ligne de collines d’Artois, la vue s’étendait sur plus de 50 km, c’est-à-dire bien au délà de la frontière en Belgique.
Alors, de Gand à Hazebrouck, Béthune et Lille, chanter le plat pays c’est chanter aussi le nôtre, c’est la même géographie mais il y a une frontière linguistique qui passe et plutôt passait côté France par La Panne, Bergues, Hazebrouck, Bailleul, Ypres, Courtrai…
Daniel Huchette
P.S. : Essentiellement je crois qu’il ne faut pas enfermer Brel en Flandre. La Flandre est bien plus large que la Région ou la Province Belge. Après Louis XIV, Les Politiques au cours du XIXème siècle ont tracé des frontières au milieu de nulle part. Il est heureux que la Frontière ne soit plus qu’administrative.
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