Billet invité
Les pâtes à la bolognaise du Vicomte sont vraiment délicieuses et affichent un prix raisonnable. Il me semble que j’ai payé un prix juste pour cela. Je ne me suis pas senti lésé, je fus rassasié et le patron de l’enseigne y a trouvé son compte. Voilà une bonne affaire et il devrait toujours en être ainsi. Les bons comptes font les bons amis. Malheureusement, cela devient rarissime.
Ce soir du jeudi 31 octobre, j’ai passé une bonne soirée en compagnie de Paul Jorion et des autres personnes réunies au Vicomte pour discuter et passer un agréable moment dans un lieu sympathique et humble. J’avais fait 90 minutes de route pour les rejoindre, mais en repartant, j’en mettais bien moins. Cela valait le coup. Je reviendrai.
Au retour, l’autoroute de nuit, sous la pluie, éclairée par des lampadaires aux néons qui illuminent selon le principe du service minimum, berce mon esprit tandis que je me repasse le film de la soirée. J’étais le plus jeune de la petite assemblée du Vicomte d’Ixelles, qui est sans commune mesure avec la grosse assemblée des technocrates régissant notre monde et basée à Bruxelles. Je me suis encore une fois senti à part. Je suis désormais coutumier du fait. Toutefois, les personnes vues au Vicomte étaient bienveillantes et étaient rassemblées dans un but commun au mien et cela est agréable. Certain est idéaliste et je le suis à ma manière, je le reconnais : je souhaite ne pas remplacer le système par un autre qui serait « plus beau, plus propre, mieux huilé », plus humain en somme comme plusieurs l’ont évoqué ce soir-là.
Ce que je souhaite, comme chacun l’a entendu quand je me suis fais alors orateur à ma grande surprise ce soir-là (je ne pensais pas pouvoir être écouté avec cette attention, dans un tel silence), c’est la fin de la systématisation. Celle-ci est nécessaire (pour une élite) dans un monde global et citadin, mais il est pervers et nous le voyons tous les jours. Systématiser est toujours pervers. Tandis que gérer des conflits dans un plus petit cadre, ensemble, une plus petite communauté, s’avère plus facile et on arrondit aisément les angles. Le village est préférable à la ville pour l’humain, mais pas pour le Système qui se doit de tout contrôler, évidemment. M. Chaperon en a dressé la dernière fois une liste autrement acide du Système… Comment croire qu’un autre Système, nouveau ou même qui replâtrerait sur l’ancien, ne donnerait pas naissance à de nouvelles perversions ? Comment croire qu’un Système ne donnerait pas envie à quelques-uns de prendre le pouvoir sur tous ? C’est assez ironique que des gens puissent encore s’illusionner du contraire : La Survie de l’espèce, qui est vraiment un ouvrage admirable, l’explique pourtant très bien et je fus surpris que Paul dise autrement ce que je pense. Quel plaisir !
Voilà donc ce que je souhaite : la fin de la Systématisation, donc des Systèmes, donc de penser en grand. N’aime-t-on pas vivre dans des environnements humains, et non dans des mégapoles déshumanisées ? N’aime-t-on pas connaître ses voisins et pouvoir compter sur eux en cas de pépin ? N’aime-t-on pas plutôt les fêtes de village que de se réunir en silence dans un lieu froid comme un cinéma ? Les exemples sont variés. L’humanité est bonne à vivre en petit nombre – non dans des villes tentaculaires, où les « hommes pressés » se bousculent, se heurtent, s’affrontent, s’écrasent les uns les autres… Où l’on vit la nuit, car le jour où ne vit pas : on survit.
Voilà donc ce que je souhaite : qu’un petit nombre de courageux sabotent le Système, se révoltent, se rebellent, s’insurgent contre lui. La liberté se gagne même au prix de sa vie, les Résistants l’ont fait pour nous. Aujourd’hui, la guerre est multiple et n’a plus le même visage. Il faut donc agir autrement. Ne plus penser en Occidentaux, qui élaborent des Systèmes et tentent de résoudre des problèmes avec des solutions provenant elles-même du Système : c’est déjà avoir deux trains de retard sur ceux qui pensent le Système. Mais penser en humains avant tout, c’est-à-dire en prenant d’abord soin de nous, des nôtres, de notre planète, avant de chercher à prendre soin du Système… (c’est encore maladif et symptomatique que de vouloir persévérer à vouloir sauver un Système qui rend tout le monde malade).
Et si cela n’est pas possible, c’est qu’alors la partie est perdue et il faudra l’admettre. Il nous faudra reconnaître, nous tous qui espérons, débattons et lisons ce blog, que les Costumes Noirs, l’élite, les 1 %, a définitivement vaincu les 99 %, en ont fait leurs esclaves car ils ont verrouillé le Système, ils le maintiennent en nous fichant, nous surveillant, nous écoutant – en lisant ce blog. Pourtant, nous avons des enfants, des petits enfants, nous devons agir. Nos vies ne sont enchainées qu’à leur dettes, leurs crédits, leurs lignes numériques.
et Claude d’en rajouter : L’influence des « géniteurs » sur l’IA est limitée une fois que celle-ci atteint un certain niveau…