Retrouver le vivre ensemble européen et à partir de l’Europe, le vivre ensemble mondial, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

Je ne vois absolument pas pour qui je pourrai voter aux prochaines européennes. Je ne sais même plus si j’ai voté oui ou non au référendum sur la constitution. Le projet européen a été totalement falsifié par la cupidité et la spéculation. Le système est devenu carrément totalitaire : les instutions européennes procèdent à un anéantissement pur et simple des institutions de la démocratie en Europe du Sud. Les gouvernements de l’Europe du Nord piétinnent ouvertement la démocratie pour dissimuler leur faillite financière. L’euro est une machine infernale manipulée par le faux marché pour terroriser toute responsabilité politique vraie. Nous débarquons dans la nuit noire de la politique.

Mon secret espoir vient de la société numérique par laquelle nos institutions déchues tentent cranement de garder la main. L’espace numérique rétablit de fait l’économie politique par la continuité instaurée entre la représentation des individus dans des regroupement improbables et leurs échanges d’opinions, de discours, de prix et de règlements. Hors des frontières artificiellement établies, les opinions peuvent s’échanger, s’apprécier et se transformer en réalités tangibles par des engagements concrets négociables.

Si l’on pousse la nouvelle sociabilité numérique jusqu’au bout de sa logique, nous disposons de nouveaux instruments d’institutionalisation du vivre ensemble européen et à partir de l’Europe, du vivre ensemble mondial. Des institutions politiques européennes sont nécessaires pour négocier une direction commune au service des existences personnelles respectueuses de la pluralité et du cadre de vie commun. Le chantier instutionnel européen doit repartir de son début : l’Etat de droit entre les citoyens libres et responsables de leurs identités, de leurs espérances et de leurs solidarités.

Comment est-il possible de faire comprendre que la compensation est le socle commun de discussion de l’économie politique entre des nations différentes réunies par une société d’Etats ? Comment montrer que la pluralité humaine des Etats est négociable par la monnaie ? Comment forcer la représentation de tous les citoyens européens dans une société fédérale au service des démocraties internationales, nationales et locales ? Répondre à ces questions, c’est techniquement instaurer un marché financier où les ploutocrates soient obligés de racheter leur prime de crédit négative (subprime) sur leur patrimoine personnel… Cela s’appelle aussi plus couramment payer des impôts à des représentations crédibles des citoyens qui soient concrètement et financièrement responsables d’un bien commun vérifiable par la délibération.

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