À propos du « Rapport sur l’économie positive »

L’ère du capitalisme responsable, un article dans Le Monde par Yan de Kerorguen. On y lit :

« C’est un fait, « depuis le déclenchement de la crise, le monde de la finance est considéré comme un irréductible ennemi », regrette Philippe Zaouati, directeur général délégué de Natixis Asset Management et responsable du pôle d’expertise Mirova.

« La spéculation ponctionne une part considérable de la richesse créée, tout en déréglant le mécanisme de la formation des prix », explique le sociologue Paul Jorion. Une telle situation, où le trading haute fréquence (THF) et les fonds spéculatifs tiennent le haut du pavé, n’est plus soutenable. D’où la question : comment redonner du sens à la finance ?

Certains s’accordent à dire qu’il faut rompre avec la dictature du court-termisme boursier et orienter les activités de marché vers une économie durable. Ils précisent que ce n’est pas le profit qui est en cause, mais la recherche effrénée de sa maximisation.

« Le profit ne doit pas être une fin, mais un moyen », souligne Arnaud Ventura, cofondateur de PlaNet Finance. Tel est le message de l’économie positive : récréer un équilibre entre la spéculation et le rôle traditionnel de la banque, qui est de financer les activités de la société.

NOUVELLE VOIE

Emblématique de l’économie positive, la microfinance illustre cet enjeu. « Les profits qu’elle dégage sont très inférieurs à ceux des entreprises qu’elle finance. Elle considère que sa finalité est d’aider les entreprises clientes à faire des profits plus que d’en faire elle-même », dit Arnaud Ventura.

« L’économie positive a besoin de la finance, poursuit Philippe Zaouati. Elle doit constituer un outil efficace pour le développement d’une nouvelle économie en renouant avec l’utilité des marchés. » Pour lui, il faut une nouvelle voie qui s’appuie sur la coopération et l’altruisme, sans rejeter les outils du capitalisme : « Dans cette économie positive, oui, il y a aussi une place pour les financiers, des financiers responsables. »

Le développement de l’investissement socialement responsable (ISR) le prouve. Les gérants d’actifs et les investisseurs institutionnels tiennent compte des critères d’impact social et environnemental dans leur choix d’investissement. Parce que de plus en plus d’acteurs du marché l’exigent. Des agences de notation sociale et environnementale, comme Vigeo, aident les investisseurs à mesurer la réelle implication des firmes relativement à ces critères.

LE PROJET DE LOI DE RÉGULATION DES ACTIVITÉS BANCAIRES

Le monde politique s’est aussi mobilisé pour concilier spéculation et développement économique durable. Le 18 juillet, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le projet de loi de régulation des activités bancaires. L’objectif : séparer les activités des banques de marché de celles des banques de dépôt.

Un projet de loi qui manque d’ambition et ne sépare pas grand-chose, selon Finance Watch, organisation non gouvernementale qui entend jouer un rôle de contrepoids face à l’industrie financière en portant la voix de la société civile.

Pour elle, le projet de loi devrait interdire les activités « néfastes » : certains fonds alternatifs (hedge funds), ou encore la présence des banques françaises dans les paradis fiscaux. Mais pas question de jeter un opprobre unanime sur les activités de marché des banques, précise-t-elle encore. Celles-ci sont nécessaires à la vie économique, admet Finance Watch. A condition que les contribuables n’en supportent pas les pertes à la place des apporteurs de capitaux.

« Le monde financier doit repenser son rôle dans l’économie, au service de la société », résume l’Institut Louis-Bachelier sur son site Web. « Il faut retrouver le chemin d’une finance utile à l’économie, en misant sur la recherche et sur les thématiques de demain, comme le développement durable », soutient Jean-Michel Beacco, son directeur général. « La parenthèse de l’extraterritorialité éthique de la finance doit être refermée, et son rôle de « servante de l’économie » restauré », conclut Paul Jorion.

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