Billet invité.
Longtemps au firmament des grandes banques d’affaire, J.P. Morgan Chase est devenue l’objet de toutes les attentions. Les régulateurs, voulant faire oublier leur propension à détourner le regard, rattrapent leur retard et font de celle-ci sinon leur tête de Turc du moins un exemple, mais à leur manière : les enquêtes se multiplient, les amendes pleuvent. Au total, infligées par la SEC, la Fed et l’OCC (Office of the Comptroller of the Currency) aux États-Unis, et le FCA au Royaume-Uni ; celles-ci représentent 920 millions de dollars sur la seule affaire de la « baleine de Londres ». Elles viennent s’ajouter aux 6 milliards de dollars de pertes que cette dernière a occasionnées à la suite de spéculations ratées sur les produits dérivés, qualifiées en leur temps de « tempête dans un verre d’eau » par Jamie Dimon, le Pdg de la banque. Cela fait cher le clapotis. Contrairement aux usages qui veulent que les faits ne soient pas reconnus dans le cadre d’arrangements négociés, la banque a cette fois-ci du reconnaître ses manquements et avoir violé la loi à la faveur de contrôles internes défaillants. D’autres amendes pourraient suivre, le Departement of Justice et la CFTC (le régulateur des produits dérivés) poursuivant leur enquête.
Ces amendes dont le montant fera date, dépassant celles qui ont été infligées à propos de la manipulation du Libor, font suite à d’autres condamnations et poursuites. 80 millions de dollars pour des ventes fictives d’assurance de protection contre le vol d’identité, assortis de 309 millions de dollars de remboursement des clients lésés ; 6 milliards de dollars réclamés par l’agence fédérale de financement du logement (FHFA) pour avoir vendu pour 33 milliards de dollars de crédits subprimes à Fannie Mae et Freddie Mac, organismes spécialisés dans le refinancement des crédits immobiliers, qui ont encaissé les pertes et été renflouées par l’État.
Ce florilège donne une image saisissante des sources de la prospérité passée de J.P. Morgan Chase, et des talents de ses dirigeants, mais ne s’arrête pas là. La SEC – qui a beaucoup à se faire pardonner – mène une enquête à propos de l’embauche par la banque à Hong Kong d’enfants d’importants dirigeants d’entreprises publiques chinoises, la soupçonnant de trafic d’influence au moment où des affaires de corruption secouent l’appareil du parti-État chinois. Enfin, ce ne serait pas faire justice à J.P. Morgan Chase, leader reconnu du trading des matières premières, qu’oublier l’accord intervenu avec la Federal Energy Regulatory Commission, qui porte sur 410 millions de dollars en raison d’une « stratégie de paris manipulateurs » sur le gaz, la CFTC s’intéressant de son côté à des manipulations du prix des métaux et l’ayant citée à comparaitre à ce propos. La banque n’étant pas toujours seule sur la sellette, souvent accompagnée de sa rivale de toujours Goldman Sachs, qu’il ne faudrait pas oublier. Le talent n’a une fois de plus rien à y voir : les deux banques contrôlent une grande entreprise d’entreposage des métaux, en particulier d’aluminium, qu’ils délivrent sur le marché de Londres en modulant leurs livraisons afin d’influer sur les prix. J.P. Morgan Chase a depuis annoncé qu’elle entendait se désengager du secteur industriel de l’entreposage des métaux.
Serions-nous environnés de gens foncièrement malhonnêtes ?
@ Garorock 16h47 Les points de divergences entre LFI et le PS-EELV sont de trois ordres. D’abord en géopolitique :…