Billet invité.
On avait déjà enregistré la nomination de six oligarques russes et ukrainiens au conseil d’administration de la Banque de Chypre, la première banque commerciale du pays, ainsi que la nomination de l’un d’entre eux à sa vice-présidence, et salué comme il convenait ce brillant résultat du sauvetage de l’île, au montant de 10 milliards d’euros, sous la houlette de l’Union européenne et du FMI. Remarquant que ce n’était pas spécialement le but recherché, les mêmes ayant auparavant dénoncé la présence des capitaux à l’origine douteuse de ces mêmes oligarques.
Le FMI nous apprend aujourd’hui qu’en dépit d’un contrôle des capitaux contrevenant à tous les principes, les sorties nettes de capitaux avaient le 21 août dernier atteint 8 milliards d’euros, soit 12,6 % des dépôts bancaires et près de la moitié du PIB du pays. 30 % des créances des banques étaient déjà considérées comme douteuses, ce qui va impliquer d’autres restructurations. Côté économie, une contraction de 8,7 % est attendue cette année, qui ne devrait être que de 3,9 % l’année prochaine, toujours selon le FMI. À l’habitude, il est prédit que la croissance sera retrouvée en 2015, une prévision qui a tout le temps d’être changée. Côté chômage, c’est encore pire : il devrait atteindre 17 % cette année et 19,5 % en 2014, pour ensuite bien entendu décliner. Le pays est moribond et les oligarques sont en passe de prendre le contrôle de son système bancaire, ce qui n’a pas empêché fin juillet la Troïka de relever les « bons progrès » de Chypre….
Les négociations avec la Troïka en vue du déblocage de 5,5 milliards d’euros ne se passent pas au mieux au Portugal, dont les taux obligataires s’envolent. Ses membres se sont fait piéger dès leur arrivée par une réunion avec les partenaires sociaux (les représentants des syndicats et du patronat) où ils se sont entendus dire de tous qu’il faut assouplir les contraintes de réduction du déficit. Principale formation au gouvernement, le PSD vient de ruer dans les brancards, et c’est le FMI qui en a fait les frais, accusé « d’hypocrisie institutionnelle » par son président, le premier ministre Pedro Passos Coelho, à la suite de la publication d’un rapport préconisant des « limitations de vitesse » aux plans d’austérité alors que ses représentants font preuve de la plus parfaite inflexibilité. Situation inédite au Portugal, depuis qu’elle est aux premières loges dans toute l’Europe du Sud, la Troïka n’a plus d’interlocuteur complaisant.
Recevant Antonis Samaras, le premier ministre grec dont la majorité parlementaire s’effrite dangereusement, José Manuel Barroso a cru de circonstance de déclarer à Bruxelles qu’il y a « une lumière au bout du tunnel », sans doute pour saluer le retour à Athènes des représentants de la Troïka ; ils sont venus étudier de près le désastre pour décider du déblocage d’un dernier milliard d’euros d’aide financière, au titre du second plan de sauvetage, avant d’entrer, car il le faudra bien, dans le vif du sujet du 3ème plan de sauvetage, pour lequel le premier ministre a promis qu’il ne sera assorti d’aucune mesure d’austérité supplémentaire. Faudrait-il encore qu’il parvienne à appliquer celles qui ont déjà été décidées, qui prévoient la mise en disponibilité de 25.000 fonctionnaires d’ici la fin de l’année, ainsi que 4.000 licenciements francs ; un grand coup de balai que le président de la Commission, décidément en verve, a qualifié de « mesure sociale », après avoir expliqué que « c’est une caricature de présenter la politique européenne comme uniquement fondée sur la consolidation budgétaire ». Ce que les fonctionnaires grecs en grève pendant 48 heures n’auront pas manqué d’apprécier lors de leurs manifestations d’Athènes et de Salonique, dans un climat plombé par l’assassinat d’un coup de couteau d’un militant antifasciste attribué à un membre du parti nazi Aube dorée, qui a été interpellé. La tension s’accroît avant même que les négociations de la suite des opérations ne s’engagent, pour lesquelles il faudra attendre la prochaine mission de la Troïka.
Plus la situation se détériore, plus les représentants attitrés de l’Union européenne, du FMI et de la BCE exigent de nouvelles mesures d’austérité qui rendent illusoires le remboursement des aides financières qui sont prodiguées. Le coût des opérations de sauvetage des banques a été escamoté, celui des pays plongés dans la déroute au prétexte de les sauver ne pourra pas l’être aussi facilement. Encore bravo !
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