Courbes (du chômage), par Bertrand Rouziès-Léonardi

Billet invité.

Fixation politique libidinale qui attribue à un mal (le chômage) pas toujours bien identifié (nombre des inscrits à Pôle Emploi ? taux calculé par l’Insee ?) de belles ou de disgracieuses courbes, selon qu’il débande à la baisse ou bande à la hausse. Ce mal est tellement peu assuré du genre auquel il appartient que depuis peu, par un raccourci de communicant ivre, on lui souhaite, à lui seul d’ailleurs, une prompte inversion. Un chômeur inverti en vaut-il deux ?

L’inversion du chômage : on entend par là l’inversion de l’une des deux courbes qu’on aura retenue. Un mathématicien abordera avec circonspection l’inversion de ces courbes que caresse le politique. Le physicien Étienne Klein s’en amuse. Inverser la courbe du chômage pourrait consister, imagine-t-il, à inverser la fonction f(x), qui correspond à cette courbe, autrement dit à remplacer f(x) par 1/f(x). Mais gare ! Il n’est pas permis, dans un graphique sur le chômage, de substituer au nombre de chômeurs l’inverse du nombre de chômeurs. On pourrait aussi bien faire passer cette courbe par un maximum et, à partir de ce point, réduire graphiquement le nombre de chômeurs. Dans ce cas, inverser la courbe reviendrait à changer le signe de sa dérivée. La courbe, aujourd’hui croissante, décroîtrait demain. Dans l’hypothèse où un gouvernement se donnerait pour objectif plus commode à atteindre de freiner la croissance de la courbe, il conviendrait de changer le signe de la dérivée de la dérivée. C’est tout un art de redresser les courbes torses. 

 Caressez la courbe : comme le cercle, elle devient vicieuse. Tandis qu’on se préoccupe, par toutes sortes d’artifices comptables qui brouillent les données, d’inverser les courbes du chômage, on en oublie de le réduire, comme on oublie d’interroger cette fausse évidence du travail salarié. 

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  1. Le danger ne vient pas seulement de D.Trump, mais plus particulièrement de son ‘oligarque’ E.Musk, et l’on comprend mieux maintenant…

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