L’actualité de demain : LE BONHEUR DES UNS…, par François Leclerc

Billet invité.

L’un des modes favori du commentaire économique et financier repose sur la comparaison entre ce qui était prévu et ce qui s’est réalisé (avant que ce dernier résultat ne soit éventuellement corrigé). Suscitant, selon les cas, un encouragement ou une déception qu’il s’agit de faire partager. La référence aux attentes du marché est un grand classique qui n’apporte que des satisfactions, qu’il y soit ou non répondu.

Les commentateurs se révèlent de grands sensibles, reflétant les états d’âme des marchés et la glorieuse incertitude de leur activité, sans laquelle il n’y aurait ni profits ni pertes puisqu’il s’agit de réaliser des paris. C’est le cas à propos des chiffres du chômage, notamment aux États-Unis, qui sont un indicateur d’autant plus surveillé que l’emploi fait avec l’inflation partie des missions de la Fed, et que de sa tenue dépend accessoirement la poursuite ou non des achats mensuels de 85 milliards de dollars de titres obligataires par cette dernière. Une question qui agite des milieux boursiers en pleine embellie, animés par la crainte du tarissement de cette source de bonheur sans fin.

Voilà ce que cela donne, restitué par une toute récente dépêche de Reuters : « Au total, 162.000 emplois ont été créés en dehors du secteur agricole, un chiffre bien inférieur aux 184.000 prévus. Qui plus est, les chiffres des créations de mai et juin, auparavant estimés à 195.000 chacun, ont été revus en baisse, respectivement à 176.000 et 188.000. » Contradictoirement, il apparaît dans la même dépêche que « le taux de chômage a diminué davantage que ce qui était prévu, à 7,4%, contre 7,6% en juin, alors que les économistes anticipaient 7,5% ».

La clé du mystère n’est pas à rechercher bien loin, mais elle est enfouie dans le corps des dépêches qui rendent compte de l’évènement. Chez Reuters, on apprend que « une partie de l’amélioration de l’emploi est dû à une baisse de la population active », et chez Bloomberg que « une partie de la baisse résulte du comportement d’Américains quittant le marché du travail après avoir abandonné tout espoir d’en trouver ». Charitablement, on n’attribuera pas la conclusion apportée par l’une de ces deux respectables agences, selon laquelle « ces chiffres accréditent l’hypothèse d’un marché de l’emploi sur le chemin de la reprise aux côtés d’une économie qui progresse doucement » : le chemin de la reprise est pavé de bonnes intentions…

Du haut des sommets atteints à Wall Street, les marchés font preuve d’une grande confiance dans l’avenir, des chiffres mitigés sur le chômage éloignant pour eux toute perspective d’arrêt même progressif des mesures de soutien de la Fed, à leur grand soulagement. Le bonheur des uns fait le malheur des autres ! Pour aider à comprendre leur état d’esprit, on apprend au fil des commentaires recueillis par les agences que les investisseurs « regardent au-delà de ces chiffres de l’emploi » (mais on ne sait pas où), et que si « le marché reste porté par une dynamique haussière de fond, il se peut aussi que le marché souffle un peu. Quoi qu’il en soit, le ton du marché reste profondément positif » (on ne cherchera pas le sujet). Pour être honnête, un dernier commentaire d’un analyste va néanmoins droit au but : « la Fed permet à la fête de battre son plein ».

On s’arrêtera là, pour garder des munitions afin de commenter la séance de demain lundi. Dans le domaine du commentaire financier, il faut tenir aussi !

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  1. Croissance des formes. Il y a l’approche de d’Arcy Thomson (dont Thom s’est inspiré) et celle de Turing (dont Wolfram…

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