Billet invité.
De « modéré », le taux de croissance de l’économie américaine est pour la Fed devenu « modeste », Mario Draghi de la BCE décelant très prudemment une « confirmation de la stabilisation » au sein de la zone euro. De nouveau, le sujet de la croissance est sur toutes les lèvres, ce qui généralement survient quand un miracle est espéré. La palme incontestée revient une fois de plus à Pierre Moscovici, le ministre français de l’économie et des finances, pour son envolée à propos de la « véritable croissance » française qu’il prévoit en 2014 : « notre objectif, c’est 0,8% puis ensuite repasser nettement au-dessus de 1%, 1,5% pourquoi pas 2% en 2015 et 2016 ». Pourquoi pas, mais pourquoi s’arrêter là ?
Si un frémissement devait intervenir, nul doute qu’il sera toutes affaires cessantes présenté comme la fin du tunnel. Avec le retour des banques sur le devant de la scène, on est décidément revenu à la case départ : celle de ces petites pousses vertes annonciatrices de futures récoltes. Encore que l’Autorité prudentielle française (ACP), fidèle en cela à une tradition que le monde entier lui envie, vient de s’appliquer à noyer le poisson à propos des banques du pays en annonçant qu’elles sont « à niveau ou pas loin » du ratio de levier « qui ne s’appliquera d’ailleurs qu’en 2018 », oubliant en cela que celui-ci n’a pas encore été fixé par le Comité de Bâle…
En dépit de la période estivale, l’Europe résonne de la condamnation définitive de Silvio Berlusconi (qui ne pourra pas en conséquence se présenter à des élections pendant six ans), et des tentatives de Mariano Rajoy de conserver son équilibre dans la tourmente qui l’affecte avec une bonne partie de la direction du Partido Popular à la suite des révélations de son ancien trésorier. Les gouvernements italien et espagnol ne tiennent qu’à un fil, dont il est tenté de ne pas le rompre comme cela vient d’être évité au Portugal, et où cela pourrait bien arriver en Grèce à force de défections au sein du groupe parlementaire du Pasok. En Irlande, les tensions montent entre le Labour et le Fine Gael, les deux partis de la coalition, à propos de la préparation du budget 2014 et de nouvelles mesures d’austérité.
La crise peut désormais s’exprimer en jouant de toute la palette de ses manifestations, financière, économique, sociale et politique. La dernière n’est pas la moins redoutable, car elle met en évidence l’absence de solution de remplacement aux équipes en place, leur opposition officielle discrédité en Espagne et au Portugal. Les élections municipales portugaises de septembre s’annoncent d’ailleurs comme pouvant donner la victoire à de nombreux candidats se présentant sous l’étiquette « indépendant ». La formule des gouvernements de grande coalition et d’unité nationale a donc par défaut de l’avenir, car il faut tenir et durer…
Donner de la visibilité sur l’avenir reste la principale préoccupation des banques centrales, qui viennent de se réunir. La Banque d’Angleterre annonce pour la semaine prochaine la publication de ses conclusions à propos de la mise en place d’une trajectoire de taux et d’objectifs macroéconomiques. La BCE confirme qu’elle ne modifiera pas ses taux bas jusqu’à nouvel ordre, et la Fed reste muette à propos de la diminution de ses achats d’actifs après sa reculade précipitée qu’elle tente de faire oublier. De même qu’il faut occuper le terrain politique, il faut rassurer les marchés. Tenir ! toujours tenir ! quitte à parfois raconter vraiment n’importe quoi…
@Vincent Rey bonjour, ne vous êtes vous jamais posé la question comment en présence d’une IA et dorénavant une IAG…