LES ÉCHOS : Paul Jorion: « La crise économique est un signe positif, les choses vont devoir changer »
LE CERCLE. Pour la troisième année, Le Cercle Les Echos accueille les travaux des étudiants de l’Institut Français de Presse (IFP). Aujourd’hui, interview de Paul Jorion membre du groupe de réflexion sur l’économie positive mis en place par Jacques Attali depuis septembre 2012.
Au sein même de ce groupe de travail, le principe d’économie positive fait encore débat. Maurice Lévy, le PDG de Publicis, a écrit un courrier pour exprimer ses doutes sur cette forme d’économie alternative. Paul Jorion a décidé de lui répondre.
La lettre ouverte de Maurice Lévy n’est-elle pas la preuve qu’en ces temps de crise économique, le développement du concept d’économie positive passe au second plan ?
Paul Jorion: Oui, c’est vrai que nous avons remarqué que lors de ses dernières allocutions télévisées, François Hollande n’a pas mentionné une seule fois l’économie positive. Le sujet est actuellement un peu éclipsé mais ce n’est pas pour autant qu’il faut l’enterrer. La réflexion de Maurice Lévy serait peut être valable dans le cadre des années 50 mais cela ne correspond pas à la situation actuelle. Dans un monde où tout le système économique s’effondre que peut-on essayer de conserver ? Si on ne change rien l’effondrement va continuer, il faut donc essayer de saisir la balle au bond.
Visiblement convaincre les grands patrons de tout remettre à plat n’est tout de même pas gagné…
PJ: Lors de la première réunion du groupe de réflexion, une femme qui représentait le World International Forum a pris la parole pour dire : « Si vous voulez être entendu en haut lieu, votre discours doit être moins radical ». Il faudrait peut-être demander à Jacques Attali pourquoi il a tenu à ce que des représentants de ce qui est, à mon sens, le conservatisme le plus déconnecté de la réalité soient présents dans ce groupe de réflexion. Je suppose qu’il souhaitait avant tout les faire changer de point de vue et c’est incontestablement un échec. Leur avis n’apporte aucune plus-value et la lettre de Maurice Lévy est clairement une fin de non-recevoir.
Justement, où en sont les travaux du groupe de réflexion menés par Jacques Attali ?
PJ: Nous réfléchissons à l’horizon 2030 et je pense que c’est une bonne chose. D’ici là, soit nous aurons échoué, soit nous serons en passe de réussir. L’opinion est de notre côté. 80 à 90% des Français se disent favorables au développement de l’économie positive. Il faut juste que les dirigeants politiques en prennent un peu plus conscience. Mais leur désarroi actuel face à la crise économique est un signe positif, les choses vont devoir changer.
Personnellement, vous êtes satisfait de la direction que prennent les travaux de ce groupe de travail ?
PJ: Quand j’ai accepté de prendre part à ces réunions et compte-tenu de la composition du groupe, je pensais qu’à la fin des débats j’aurais à exprimer une position dissidente des conclusions tirées par le groupe. Au final, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Ce sont des membres comme Maurice Lévy qui constatent que leur position est opposée à celle de la majorité. Je suis d’ailleurs très content de voir que bon nombre des membres de ce groupe de travail se sont ralliés à plusieurs propositions importantes.
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