Billet invité.
La BCE et la Banque d’Angleterre viennent d’adopter une attitude similaire en donnant à l’occasion de leurs réunions d’hier des indications inédites sur leur politique à venir. Selon une version allégée par rapport à celle précédemment adoptée par la Fed, elles n’ont donné ni indication de durée, ni critères chiffrés de modification ultérieure de leurs taux très bas. Du jamais vu dans ce monde très particulier où les banquiers centraux se refusent à s’engager pour l’avenir, jouant les Sphinx et utilisant des expressions codées. Des artistes dans leur genre, qui en disent le moins possible pour en exprimer le plus possible afin d’influer sur le cours des événements, c’est à dire sur les marchés. Surtout quand ils n’ont plus que la parole pour tout viatique, après avoir fait l’expérience que leurs outils d’intervention sont inopérants. Pis, comme la Fed a dû se résoudre à implicitement l’admettre, quand ils constatent qu’ils vont faire plus de mal que de bien ! C’est pourquoi, faute de mieux, ils viennent de déroger à l’une des règles de conduite de base du manuel de savoir-vivre des banquiers centraux.
Comment, à ce propos, comprendre l’annonce par la Fed de l’arrêt progressif de ses achats obligataires mensuels de 85 milliards de dollars ? La formation d’une nouvelle bulle financière en est à l’origine, mais la conséquence en est que les banques ne vont plus pouvoir puiser dans une malle sans fonds de liquidités à bas prix pour renforcer leurs fonds propres en utilisant une partie des résultats de leur spéculation. Elles devront se contenter du stock existant, ou des liquidités distribuées par la Banque du Japon. Cela ne fait que renforcer les craintes sur la solidité des banques américaines et explique paradoxalement que la Fed accélère la mise en œuvre de la réglementation Bâle III…
Quel pouvoir d’influence les banquiers centraux ont-ils réellement, dans les circonstances exceptionnelles actuelles ? Peut-on encore leur en accorder, quand leurs décisions se limitent à prédire qu’ils ne vont pas changer de politique, sans annoncer de nouvelles mesures ? Ne reconnaissent-ils pas eux-mêmes être “en territoire inconnu” ? Envisageant le jamais vu d’un taux négatif impliquant que les banques payent pour déposer des fonds dans leur coffre ? Admettant au final que la “transmission du mécanisme monétaire” ne fonctionne plus et reconnaissant par là même leur impuissance ?
Ni la baisse des taux (proches de zéro), ni l’injection de sommes folles de monnaie ne sont parvenus à relancer la machine. Navrés, les banquiers centraux expliquant qu’ils font tout leur travail, mais rien que leur travail, que c’est aux États de prendre le relais en réalisant des “réformes structurelles” et en accomplissant vite leur désendettement “pour rassurer les marchés”. Tout en se gardant bien de diagnostiquer publiquement l’État du système bancaire – qu’ils n’ignorent pas – et en se tenant à leur explication initiale qui fait d’une crise de solvabilité une moins dérangeante crise de liquidité. Car ce que les banquiers centraux ne savent pas non plus faire, c’est traiter comme il le faudrait les banques zombies…
Écartée, cette question est immanquablement revenue sur le tapis. En Europe, où comme à chaque fois les occasions sont ratées, une méthode de renflouement des banques est laborieusement mise au point, ce qui vaut reconnaissance du bien fondé de son principe. Un nouveau simulacre d’examen des banques va être organisé, dont les résultats véritables ne seront pas rendus publics. Pour ne pas effrayer les marchés qui savent à quoi s’en tenir !
Compter sur la portée de la voix des banquiers centraux, c’est s’en remettre à bien peu de choses…
Petite question technique Openai a ébaloré une nouvelle version o3 , soit-disante IAG : l’avenir nous le dira Avant de…